Mister Flow

Chapitre 4

 

En ce qui la concernait, elle paraissait toutà fait consolée quand elle me rejoignit pour le dîner intime dansle petit salon où Fathi lui-même nous servit. Elle était nue sousun pyjama vert d’eau que nouait, très lâchement, une large ceintureorange.

Elle nous eut vite débarrassés de Fathi. Elleparaissait inquiète de mes réponses brèves et de la méchanceté demon regard, aussi de mon peu d’appétit.

« Deary, je vois que vous n’êtespas content. Why ?C’est moi qui devrais. Je vousavais dit de ne pas jouer !… »

Je fis un gros effort :

« Helena, cette fantasmagorie doitprendre fin… Je regrette qu’elle finisse si tôt, voilà tout !Je vous dois de trop belles heures pour que vous doutiez que j’engarderai – et pour moi seul – l’ineffaçable souvenir… Helena, jevais partir ce soir… Arrangez-vous, avec Mary… Vendez-lui une devos robes !… Vous mettrez le comble à vos bontés en meprocurant vingt-cinq louis… »

Elle se retourna vers moi, brusquement, et meprit la tête entre ses doigts crispés :

« C’est vrai, darling, tu veuxme quitter parce que je suis pauvre ?

– Je vais vous quitter pour ne pas devenirfou ! Vous ne vous rendez pas compte une seconde de lasituation dans laquelle m’a placé Durin !… Et je sais que monséjour ici ne fait que la compliquer… Helena, j’entrevois un abîme.S’il en est temps encore, Helena, chère Helena, laissez-moi ensortir !…

– Mais vous ne pensez qu’à vous ! Quevais-je devenir toute seule ? Je vous aime tant, cher,cher Rudy !… I love you so much !… Etqu’est-ce que dira Sir Archibald quand il saura que vous m’avezquittée si tôt ?… Je lui ai écrit que vous étiez heureusementarrivé et que vous consentiez… à être… comment on dit enItalie ?… sigisbée ?… enfin, mon flirt jusqu’àson retour ! Il a la plus grande confiance en vous,darling !… Naturellement, avant son retour, vousseriez parti, car, lui aussi, il verrait le mensonge de votrevisage. Songez que nous avons passé six semaines ensemble… et puisil faut que vous plaidiez pour ce pauvre Durin !… Mais nousavons le temps ! Pourquoi précipiter les choses ?… Vousêtes vraiment tragique, cher… Why ?Tout s’arrangedans la vie, je vous assure !… Pour les robes, il ne faut pasy penser… vous ne connaissez rien du monde. Oh ! je vous dis,vous êtes un enfant, juste un simple baby !… Elles sont déjàtoutes vendues… C’est une affaire faite depuis longtemps avec Maryet Fathi… Je ne puis, moi, Lady Skarlett, porter une robe plus dedeux fois… Now, I couldn’t, alors, j’en ai fait del’argent… tout de suite… J’ai déjà même touché sur les robes de lasaison prochaine… Mary est très bonne… mais elle ne peut faireplus. Je vous dis que je suis dans la dernière des misères, lareine des paupers (mendiants), ajouta-t-elle en riant detoutes ses dents éclatantes. Je suis cassée. Vous n’aurezpas le cœur, Rudy, de quitter une petite femme aussimisérable !… »

Et, câline comme une chatte d’appartement,cette lionne me mettait ses petites pattes redoutables sur labouche pour m’empêcher de répondre, me baisait les paupières, mefrôlait de toute sa chair odorante.

Du coin de sa serviette trempée dans lechampagne, elle chassait encore l’image de l’autre et c’était moi,bien moi, qui roulais, pantelant, sur sa gorge d’airain brûlant.Inutile de dire que les jeux les plus sérieux succédèrent à cesmenues tendresses.

Le cerveau vide, anéanti, je gisais entre sesbras comme une bête morte. Elle put croire que je dormais.Mensonge ! Entre mes cils mi-clos, je l’observais. Elle avaità nouveau ce regard dur, froid comme l’acier, ce regard brutal deceux qui se préparent au combat, qui rassemblent avant de lesextérioriser toutes les facultés dont ils espèrent la victoire, ceregard que je lui avais vu à plusieurs reprises, quand je l’avaisretrouvée, après nos premières heures d’amour, dans l’auto qui nousconduisait à Rouen.

Elle vit tout à coup que je ne dormais pas…Elle se pencha sur moi, brusquement :

« Ah ! tu me regardes ?… Tu tedemandes à quoi je pense ! Rudy, je vais te le dire !…toi aussi, tu vas me connaître sous mon vrai visage ! Lookhere ! J’ai bien réfléchi depuis hier, depuis cettenuit ! La vie avec toi me plairait… La vie dont j’ai un teldégoût que je me vautre sur elle comme sur un tapis de luxure dansune boîte à plaisir !… Et s’il n’y avait que le dégoût, maisil y a aussi l’ennui. I am sick of it all,je suis malade de tout ! Avec toi, je nem’ennuierais pas. Tu es si jeune… et joli vraiment… et sibêta ! Durin t’a tenu par le bout du nez, il t’a eu sur uncrochet… mais je t’apprendrai, et si tu veux, nous auronsDurin, tous les deux !…

– Oh ! fis-je en me redressant, car laconversation prenait un tour qui commençait à m’intéresserénormément…

– Tu dis, oh ? Quoi ?… Tu sais quec’est une dernière partie que celle que je vais te proposer làcontre l’illustre Mister Flow. Tâte bien ton cœur. Te sens-tu detaille ?… »

Elle avait perdu son babil enfantin. Sesétranges formules, ses discours étaient directs et dans un françaisqui oubliait de se parer d’idiotismes étrangers.

« Dame ! Je ne sais pas. » Ellerepartit à rire, puis, redevenant sérieuse : « Au fait,tu as raison d’hésiter ; peut-être vaut-il mieux que turepartes et que tu ne penses plus à moi ; j’attendrai uneautre occasion, voilà tout !

– Laquelle ?…

– L’occasion de tout quitter.

– Vous voulez quitter le baronnet ?… Etcette réputation dont vous vous dites si jalouse… votre situationdans le monde, vous n’y avez pas pensé, Helena ?

– Je ne pense qu’à cela depuis deuxans !… Mon petit, tu te demandes quelle est cetteénigme ?… Sais-tu quel âge a le baronnet ?

– Non !

– Soixante ans ! Et notre vie intime, unechose dont on ne peut se douter. Mais cela ne regarde que nous. Etpuis, ce n’est pas de quitter le baronnet qui m’inquiète…

– Alors ?…

– C’est de quitter Durin ! Durin ne melâchera pas comme cela. Elle est là, la partie à jouer… etpeut-être à perdre !…

– Vous me stupéfiez… En attendant, il est enprison !…

– Oh ! s’il voulait s’échapper, il n’yserait plus demain ! Tu as cru me révéler le célèbre MisterFlow ; je le connaissais avant toi, mon pauvre petit…

– Vous saviez qui il était ?

– Tu penses ! En prison, Mister Flow,mais il y a été dix fois et dix fois il s’est envolé !… Lesgardiens deviennent ses complices sans le savoir… et peut-être enle sachant. N’a-t-il pas su faire de son avocat son complice !Jeux pour lui que tout cela ! Seulement, Durin ne s’échapperapas. Il ne commettra pas cette faute. Durin est un pauvre niais dedomestique, bien dévoué à son maître et qui, dans un mouvementd’égarement, a chipé une épingle de cravate pour l’offrir à samaîtresse. Car Durin me trompe. Je ne le lui reproche pas, sois-enbien assuré…

– Vous craignez qu’il ne dise tout aubaronnet ?…

– Enfant ! tu déraisonnes : si tucrois qu’il a été le valet de chambre de Sir Archibald pendant deuxans pour le plaisir de venir lui dire : « Vous savez, jecouche avec votre femme ! »

Elle essuya son front en sueur :« Tu vas comprendre, mon chéri, tu vas comprendre ! Je tedis que tu vas tout savoir. Si tu me trahis, toi, tant pis !…Je suis vraiment lasse de tout ! Il me faut une autre vie dansun autre coin du monde… Quelque chose de tout à fait nouveau, ou lamort… oui, la mort… après une nuit d’amour avec toi, cherRudy !… »

Elle m’étreignit à me faire crier de douleur.Elle commençait à m’épouvanter avec ses idées de suicide. Elle m’enavait assez dit pour que je la crusse aussi profondément enliséeque moi dans la vase où m’avait poussé l’ahurissante machination deDurin. Mais je ne voulais pas mourir, moi !… Je ne trouvaispas que ce fût une solution à envisager. Pas le moins dumonde ! À part moi, j’en revenais toujours là : j’ai faitla commission de Durin, je n’ai plus qu’à m’en aller et à ne riendire !… Possible ! mais je ne m’en allais pas !… Cesbras qui me tenaient prisonnier, je n’essayais pas de lesdétacher.

L’exaltation de cette femme arrivait à sonparoxysme et ce fut dans une sorte de délire qu’elle me jeta toutson programme qui tenait en peu de mots :

« Je brûle la politesse à Fathi avec mesbijoux et il y en a pour des millions. Ils sont à moi ! Lebaronnet me les a donnés. J’ai le droit d’en faire ce que je veux.Je les vends et nous allons sous des noms tout neufs faire del’élevage en Argentine… Nous achetons une province, loin, derrièrele Rio-Negro. Comme tant d’autres qui ne voulaient plus du Vieuxmonde !… Le baronnet fera prononcer le divorce et nous nousmarierons, Rudy !… Je veux que tu dises oui tout de suite, ounon !

– Oui », jetai-je. Dame ! ceprogramme était simple et m’allait comme un gant. Je trouvais mêmeque c’était trop beau. Trop beau, en effet, car il y avait un« mais ».

« Oui, mais il y a Durin…Il faudra biennous cacher, tu sais, petit chéri, pour que Durin ne nous trouvepas !…

– La Guyane est là pour un coup, fis-je… Vousn’avez qu’à le dénoncer !…

– Fou ! Vous êtes fou ! ou vous nevoulez pas comprendre !… Rudy, je suis la complice deDurin !… » Elle aussi !… Je me redressai et, laregardant bien en face :

« Si vous êtes sa complice comme moi,cela pourrait peut-être encore s’arranger !…

– Je suis sa complice depuis toujours !…avoua-t-elle sur un air assez sinistre… Je suis sa complice depuisqu’il y a un illustre Mister Flow !…

– Vous, Lady Helena !…

– Plus bas, je vous en prie !… C’est luiqui a fait mon mariage avec Sir Archibald. Oui, il y a trois ans,aux Indes !… Archibald croyait qu’il était mon frère !…C’était mon amant !…

« Tu vois, je me perds avec toi, mais tuas l’air si bon, si jeune, si bêta, j’ai confiance !… Jet’aime et je te dis tout ! Quand je me suis mariée aubaronnet, j’avais vingt-deux ans… Depuis cinq ans, Mister Flowétait mon amant et j’avais partagé toutes sesaventures ! Quelquefois, dans les galas costumés, on peutme voir en rat d’hôtel… un petit costume de soie noire qui rendtous les hommes fous… et cela me rappelle des heures… des heuresbien curieuses… Dans ce temps-là, je ne m’ennuyais pas… Oh !Mister Flow m’avait fait aimer le métier !… C’est trèsamusant, si tu savais ! Maintenant encore, quand je suis sansargent, j’ai des envies folles de sortir la nuit dans lescorridors… Mais maintenant je risque trop et Durin ne me lepardonnerait jamais. Il a eu trop de mal à faire de moi une trèsrespectable lady ! »

Je l’écoutais bouche bée. J’ai entendu biendes histoires au palais. Je croyais y avoir appris à ne plusm’étonner de rien dans le genre. Nous avons eu quelques révélationsretentissantes sur les dessous mondains. La pègre dorée pouvait s’ypayer cent mille francs des avocats qui la saluaient bien bas. Lepublic se retenait d’applaudir. La pince monseigneur et lepied-de-biche se trouvaient à l’honneur, maniés qu’ils avaient étépar des mains gantées chez le bon faiseur. Tout de même, l’histoirede Lady Helena me coupait le souffle !

Elle se prétend Roumaine, d’une excellentefamille, qui lui a donné une éducation parfaite… Littérature, art,danse, musique, et un don exceptionnel pour les langues. Sesparents la destinaient à un diplomate qui a fait parler de luidernièrement à la Société des Nations, très riche, mais peuséduisant pour une enfant pleine d’inspiration. Dans un bal, auCasino de Constantza, elle connut un jeune Anglais qui voyageaitpour son plaisir et qui avait fait ses études à Cambridge.Vingt-deux ans, amusant, bon danseur, bonne raquette. Elle l’aima.Elle déclara à ses parents qu’elle n’épouserait que lui. C’étaitDurin. Alors, il portait son véritable nom. Elle ne me dit pointlequel. Les parents prirent des renseignements. Le jeune homme, quirecevait une pension d’une façon assez mystérieuse, avaitbrusquement quitté Cambridge dans des conditions qui restaientobscures. Au fait, depuis qu’il avait passé le détroit, il nevivait que d’expédients et de larcins. Doué de l’imagination laplus vive, il réalisait avec une chance jamais troublée un rêved’extravagantes aventures qui séduisit singulièrement Helena àlaquelle il avoua tout, se posant en héros au-dessus des lois quin’ont été inventées que pour la protection des imbéciles.

Helena avait eu une scène terrible avec sesparents. On l’avait conduite dans la montagne et claustrée chez despaysans. C’est là que Doug (diminutif de Douglas) vint la chercher,la voler !… Elle était prête à le suivre au bout du monde.Elle devint sa chose, sa maîtresse, son élève !…

Helena semblait avoir conservé de cespremières années un souvenir plein d’ivresse. Leur audace étaitsans bornes et leurs mensonges joyeux. Leurs plus belles nuitsd’amour étaient des nuits de cambriole dans les palaces ou sur lespaquebots, car ils menaient une vie des plus luxueuses, puisantavec autant de grâce que de sûreté dans les richesses accumuléespar le labeur des autres. Cette existence, comme on pense bien,n’était point sans danger, mais l’imminente catastrophe ajoutait unpiment au plat de leur quotidienne aventure. Ils avaient changé dixfois de nom, de personnages, n’ayant qu’à se baisser pour ramasserpapiers et passeports à leur convenance.

Ils s’étaient fait prendre plusieurs fois,mais ils « s’en sortaient » toujours. La beauté d’Helena,unie à l’astuce et à l’adresse de Doug, avait tôt fait de leslibérer de toutes les chaînes, de leur ouvrir toutes les portes.Cependant, il leur devenait bien difficile de travailler ensemble.Pour dépister la police, ils durent se séparer. Ils exercèrentleurs petits talents chacun de son côté. Et ils se retrouvaient leplus honnêtement du monde pour épuiser leurs bénéfices qu’ilsmettaient en commun. Avec quelle joie ils se faisaient l’étalage durésultat ! de leurs travaux ! Et c’était à qui seraconterait la plus belle histoire. Charmante émulation ! Unjour, Doug avait été si content de son élève qu’il lui avaitcommandé à Londres une trousse de cambrioleur de haut luxe… C’étaitle fameux sac ! Ainsi, j’appris que le sac que j’avais apportéà Helena n’était pas celui de Durin, mais son bien à elle !« Je l’ai revu avec plaisir, me dit-elle ; je craignaisqu’il ne lui arrivât malheur dans cette stupide affaire. Vousm’avez été sympathique tout de suite quand je vous ai vu avec monsac, mon sac qui vous a tant ennuyé, petit ami ! »

Je crois qu’il est tout à fait inutile deperdre mon encre à décrire ma psychologie pendant qu’Helena, lesyeux brillants du feu de ses chers souvenirs, et heureuse depouvoir s’épancher au sein de son bon Rudy, me faisait revivre lesheures enchantées de son premier amour et de ses premiers travaux.Je me demandais si c’était elle qui était inconsciente ;j’hésitais maintenant à m’étonner, sinon de moi-même. Je ne savaisplus où était la règle. La règle de quoi ? La règle devie ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Il nous est resté unelocution de la guerre : le système D… et uneautre : ne pas s’en faire !… Bigre ! on valoin avec ces deux locutions-là !… Oui, on devient lady ouDurin… Ou l’on sauve Verdun !…

Mais pourquoi Durin était-il Durin tandisqu’Helena était lady ? Je n’allais pas tarder à l’apprendre.Vous allez voir que tout s’enchaîne, mais autant Helena s’étaitétendue avec joie sur les temps heureux où elle parcourait le mondecomme un petit rat d’hôtel, autant elle mit de précision et desécheresse à me narrer sa dernière et pourtant glorieuse aventure.Doug s’étant aperçu, un jour, qu’Helena était devenue d’unesurprenante beauté, conçut qu’avec une associée aussi rare il yavait mieux à faire que d’ouvrir des tiroirs ou de courir lescouloirs d’hôtel, la nuit. Il rêve d’un coup énorme qui rétabliraitdéfinitivement leur fortune à tous les deux : faire faire àHelena un mariage féerique, et, le mari disparu (de sa belle mortou autre), prendre sa place.

En attendant, il devient le frère d’Helena etcommence ses opérations aux Indes. Il avait pensé d’abord à unmaharadjah. Mais l’affaire se compliquait de plusieurs ménages etaussi de diplomatie. C’est dans les salons de Bombay qu’ils furentprésentés à un gouverneur célèbre par ses derniers services rendusà l’Empire, aux moments des troubles, dans les provinces voisinesde l’Afghanistan. Ici, Sir Archibald Skarlett entre en scène.Personnage très austère, très presbytérien et très cruel. Il enavait donné d’horribles preuves lors des dernières répressions.Tout de suite, il devint amoureux fou d’Helena. Et il l’épousa endépit de tout ce que put lui dire son frère cadet, Sir Philip.

Malgré toutes les précautions prises par Doug,Sir Philip soupçonnait fort le frère d’Helena d’être autre choseque son frère. Aux premiers mots qu’il en dit à son aîné, il y eutrupture entre Archibald et Philip. Sir Archibald ne pouvaitimaginer, en vérité, qu’il était la prise de deux malfaiteurs, carHelena ne faisait rien pour le séduire. Ce mariage, dit-elle, luirépugnait. Sir Archibald lui faisait peur ! Enfin, elle nepouvait se faire à cette idée que son cher Doug la poussât dans lelit d’un autre !…

« – Laisse donc, me dit Doug, ton mariest phtisique… Il n’en a pas pour trois ans !… Trois ans,c’est bien vite passé !… »

« Trois ans avec un vieillard phtisique,cruel, presbytérien et sadique ! Voilà l’enfer qui s’ouvraitdevant moi !

« Doug ne se laissa point toucher. Il futterrible.

« Et je laissai s’accomplir cettehorreur !… Passons !… Archibald était fou de moi. Pour unsourire, il me couvrait de pierreries. J’avais à ma dispositiontoutes les sommes que je voulais ! Doug en abusa. Mon mariapprit que les trois quarts de ce qu’il me donnait passait à monfrère. Alors, il me défendit de le revoir et il inventa Fathi. Vouscomprenez, maintenant, pourquoi Lady Helena, fabuleusement riche,ne peut faire un banco de deux mille louis si elle n’a pas le ducde Wister derrière elle ou son cher petit Rudy pour lui avancercent mille francs ! »

Doug, patient, redevint Mister Flow. Il fitencore quelques bons coups en attendant que Sir Archibald sedécidât à trépasser. Mais on ne sait par quel miracle, la santé dubaronnet s’améliora, surtout quand il eut quitté les Indes pourl’Europe. Un séjour en Italie lui fit le plus grand bien. MisterFlow, inquiet pour sa combinaison, décida de venir surveiller sesaffaires de plus près. C’est à ce moment que Sir Archibald faitconnaissance de Mr. Prim dont il ne peut bientôt plus se passer.Celui-ci, cependant, se voit dans la nécessité de fausser compagnieau baronnet et à la séduisante Helena, car des affaires urgentesl’appellent en Amérique. Avant de partir, il rend à son ami undernier service. Il fait entrer chez lui, sous son exceptionnellerecommandation, la perle des valets de chambre, le nommé Durin, quile servira très fidèlement pendant deux ans.

Si Durin est dans la place, c’est queMister Flow trouve que Sir Archibald est bien long à mourir…Un cri d’Helena : « Tu comprends, petit chéri, unassassinat, jamais !… »

Elle parle sérieusement. Tant mieux, me voilàrassuré… Cette femme n’a jamais assassiné personne. C’est déjàquelque chose, à notre époque, et pour quelqu’un qui n’appartientpas à la classe moyenne.

Et voilà ! Il ne s’agit plus maintenantque de savoir si je vais partir avec cette femme et les quelquesmillions que représentent ses bijoux. Elle m’explique trèsnettement comment les choses vont se passer :

« Me sauver, moi, avec les bijoux, il n’yfaut pas penser. Cela est impossible, assurément ! Nousaurions Fathi dans le dos tout de suite. Et puis, je seraissignalée… Sir Archibald accourrait… et Durin nous donnerait de sesnouvelles, je te prie de le croire !… Non… Il faut que jereste insoupçonnable… et toi aussi, naturellement, pendant que nouspréparons tranquillement notre petit voyage…

– Insoupçonnable de quoi ?

– D’avoir fait le coup !

– Quel coup ?

– Rudy, vous ne comprendrez jamais rien !Vous avez tant d’innocence, mon chéri… Écoutez : une nuit,vous cambriolez Fathi !… Puis tu pars, petit chéri !… Jete rejoins un peu plus tard ! »

Je bondis : je cambriole Fathi,moi ?… Mais je ne sais pas cambrioler, moi !…« Oh ! je vous l’apprendrai,darling !… »

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