JÉRÉMIE, LE FILS DE LA FORÊT
Dans le silence de tous, Floarea Codrilor mescruta d’un œil inquiet, mais tendre :
– Jérémie, le fils de laforêt ! Fils de Cosma et mon fils : chez leshaïdoucs, la naissance ne donne droit à aucune priorité, à aucunefaveur, sauf celle d’occuper, dans la bataille, le premier rang. Tune joueras donc pas, ici, le rôle de beïzadé[72]. Si, malgré ton jeune âge, jete compte parmi mes conseillers, cela est dû uniquement à tesaptitudes, à ton courage : c’est sur la générosité de ton sangque nous compterons dans les heures de défaillance qui nousattendent.
» Qui tu es, nous le savons tous.Dis-nous ce que tu penses, ce que tu crois.
Je me levai : un peu fier de ce qu’onm’attribuait, un peu tzantzoche[73] de cequ’on me refusait, très content de ce que j’étais.
Il est vrai que je n’étais pas beïzadé, maisj’en avais le petit ventre. L’origine aussi : Cosma avait étésultan de la tête aux pieds. Les trois choses qui faisaient Cosmafont les sultans à toutes les époques, c’est-à-dire : l’allurearrogante, le nombre des femmes et l’inconscience. J’étais bien dela lignée.
Je répondis à l’invitation :