Les Mystères du peuple – Tome IV

Les Mystères du peuple – Tome IV

d’ Eugène Sue
L’AUTEUR AUX ABONNÉS DES MYSTÈRES DU PEUPLE.

CHERS LECTEURS,

Il faut vous l’avouer, notre œuvre n’est point du goût des gouvernements despotiques : en Autriche,en Prusse, en Russie, en Italie, dans une partie de l’Allemagne, les MYSTÈRES DU PEUPLE sont défendus ; à Vienne même, une ordonnance royale contre-signée Vindisgraëtz (un des bourreaux de la Hongrie), prohibe la lecture de notre livre. Les préfets et généraux de nos départements en état de siège font les Vindisgraëtz au petit pied ; ils mettent notre œuvre à l’index dans leurs circonscriptions militaires ; ils vont plus loin : le général qui commande à Lyon a fait saisir des ballots de livraisons des Mystères du Peuple que le roulage, muni d’une lettre de voiture régulière, transportait à Marseille. Dans les villes qui ne jouissent pas des douceurs du régime militaire, les libraires et les correspondants de notre éditeur ont été exposés aux poursuites, aux tracasseries, aux dénis de justice les plus incroyables. Pourquoi cela ? Notre ouvragea-t-il été incriminé par le procureur de la République ?Jamais. Contient-il quelque attaque directe ou indirecte à la RELIGION, à la FAMILLE, à la PROPRIÉTÉ ? Vous en êtes juges,chers lecteurs. En ce qui touche la religion, j’ai exalté de toute la force de ma conviction, la céleste morale de Jésus de Nazareth, le divin sage ; en ce qui touche la famille, j’ai pris pour thème de nos récits l’histoire d’une famille, idéalisant de mon mieux cet admirable etre ligieux esprit familial, l’un des plus sublimes caractères de la race gauloise ; en ce qui touche la propriété,j’essaye de vous faire partager mon horreur pour la conquête franque, sacrée, légitimée par les évêques ; conquête sanglante, monstrueuse, établie par le pillage, la rapine et lemassacre ; en un mot l’une des plus abominables atteintes quiaient jamais été portées au droit de propriété, de sorteque l’on peut, que l’on doit dire de l’origine des possessions dela race conquérante, rois, seigneurs ou évêques : laroyauté, c’est LE VOL ! la propriété féodale,c’est LE VOL ! la propriété ecclésiastique,C’EST LE VOL !… puisque royauté, biens féodaux, biens del’Église, n’ont eu d’autre origine que la conquête franque. Notrelivre est-il immoral, malsain, corrupteur ? Jugez-en, cherslecteurs, jugez-en. Nous avons voulu populariser les grandes ethéroïques figures de notre vieille nationalité gauloise et inspirerpour leur mémoire un filial et pieux respect ; nous neprétendons pas créer une œuvre éminente, mais nous croyonsfermement écrire un livre honnête, patriotique, sincère, dont lalecture ne peut laisser au cœur que des sentiments généreux etélevés. D’où vient donc cette persécution acharnée contre lesMystères du Peuple ? C’est que notre livre est un livred’enseignement : c’est que ceux qui auront bien voulule lire et se souvenir, garderont conscience et connaissance desgrands faits historiques, nationaux, patriotiques etrévolutionnaires qui ont toujours épouvanté lesgouvernements ; car jusqu’ici tout gouvernement, tout pouvoira tendu plus on moins, lui et ses fonctionnaires, à jouer le rôlede conquérant et à traiter le peuple en race conquise.Qu’était-ce donc, sous le dernier régime, que ces deux centmille privilégiés gouvernant la France par leurs députés,sinon une manière de conquérants dominant trente-cinq millionsd’hommes de par leur droit électoral ? Qu’est-ce quecette armée, ces canons, en pleine paix, au milieu de la cité, aumilieu de citoyens désarmés, sinon l’un des vestiges del’oppression brutale de la conquête ?… Aussi, le jour del’avènement définitif de la République démocratiqueeffacera-t-il les dernières traces de ces traditionsconquérantes, et la France, sincèrement, réellement gouvernéepar elle-même, sera seulement alors un pays libre. – Cela dit,passons.

Nous voici donc arrivés à l’une des plusdouloureuses époques de notre histoire. Les Franks,appelés, sollicités par les évêques gaulois, ontenvahi et conquis la Gaule. Cette conquête, accomplie, nous l’avonsdit, par le pillage, l’incendie, le massacre ; cette conquête,inique et féroce comme le vol et la meurtre, le clergé l’a désirée,choyée, caressée, légitimée, bénie, presque sanctifiée dans lapersonne de Clovis, roi de ces conquérants barbares, en lebaptisant, dans la basilique de Reims, fils soumis de la sainteÉglise catholique, apostolique et ROMAINE, par lesmains de saint Rémi. Pourquoi les prêtres d’un Dieu d’amour et decharité ont-ils ainsi légitimé des horreurs qui soulèvent le cœuret révoltent la conscience humaine ? Pourquoi ont-ils ainsitrahi et livré la Gaule, hébétée, avilie, châtrée par eux à desseinet de longue main ? Pourquoi l’ont-ils ainsi trahie et livrée,notre sainte patrie, elle, ses enfants, ses biens, son sol, sondrapeau, sa nationalité, son sang, au servage affreux del’étranger ? Pourquoi ? Trois des grands historiens quirésument la science moderne, quoique à des points de vuedifférents, vont nous l’apprendre.

« …… Presque immédiatement après laconquête des Franks, les évêques et les chefs des grandescorporations ecclésiastiques, abbés, prieurs etc., prirentplace parmi les LEUDES[1] DU ROIClovis… Aucune magistrature, aucun pouvoir n’a été enaucun temps le sujet de plus de brigues et d’efforts quel’épiscopat. La vacance d’un siège devenait mêmesouvent un sujet de guerre : Hilaire, archevêqued’Arles, écarta plusieurs évêques contre toute règle, et en ordonnad’autres de la manière la plus indécente, malgré le vœuformel des habitants des cités. Et comme ceux qui avaient éténommés de la sorte ne pouvaient se faire recevoir de bonne grâcepar les citoyens qui ne les avaient pas élus, ils rassemblaient desbandes de gens armés et allaient exiger la ville où ils avaientété nommés évêques… On peut voir dans l’édit d’Athalarik, roides Visigoths, quelles mesures le législateur civil dutprendre contre les candidats à l’épiscopat. Nul code électoral nes’est donné plus de peine pour empêcher la violence, la fraudeet la corruption.

»……… Loin de porter atteinte à la puissance duclergé, l’établissement des Franks dans les Gaules ne servitqu’à l’accroître ; par les bénéfices, les legs, les dévotionsen tous genres, ils acquéraient des biens immenses et prenaientplace parmi L’ARISTOCRATIE DES CONQUÉRANTS.

» Là fut le secret de la puissance duclergé. Il en pouvait faire, il en faisait chaque jour desusages coupables et qui devaient être funestes àl’avenir : … Souvent conduit, comme les Barbares, par desintérêts et des passions purement terrestres, le clergé partageavec eux la richesse, le pouvoir, TOUTES LES DÉPOUILLES DE LASOCIÉTÉ, etc., etc. » (Guizot, Essais sur l’histoire deFrance.)

M. Guizot, en signalant aussiénergiquement et en déplorant la part monstrueuse que le clergé sefit lors de la conquête et de l’asservissement de la Gaule, ajouteque c’était presque un mal nécessaire en un temps désastreux où ilfallait chercher à opposer une puissance morale à ladomination sauvage et sanglante des conquérants. Nous nouspermettrons de ne pas partager l’opinion de l’illustre historien,et nous dirons tout à l’heure en quelques mots les raisons de notredissidence.

« À la tête des Franks se trouvait unjeune homme nommé Hlode-Wig (Clovis), ambitieux, avare etcruel : les évêques gaulois le visitèrent et luiadressèrent leurs messages ; plusieurs se firent lescomplaisants domestiques de sa maison, que dans leurlangage romain ils appelaient sa royale cour…

»…… Des courriers portèrent rapidement au papede Rome la nouvelle du baptême du roi des Franks ; deslettres de félicitations et d’amitié furent adressées de la villeéternelle à ce roi QUI COURBAIT LA TÊTE SOUS LE JOUG DESÉVÊQUES… Du moment que le Frank Clovis se fut déclaré le fils del’Église et le vassal de saint Pierre, SA CONQUÊTES’AGRANDIT EN GAULE, etc.… Bientôt les limites du royaume desFranks furent reculées vers le sud-est, et, à l’instigation desévêques qui l’avaient converti, le néophyte (Clovis) entra àmain armée chez les Burgondes (accusés par le clergé d’êtrehérétiques). Dans cette guerre les Franks signalèrent leur passagepar le meurtre et par l’incendie, et retournèrent au nord de laLoire avec un immense butin ; le clergé orthodoxequalifiait cette expédition sanglante de pieuse, d’illustre, desainte entreprise pour la vraie foi.

» La trahison des prêtres livra auxFranks les villes d’Auvergne qui ne furent pas prisesd’assaut ; une multitude avide et sauvage se répandit jusqu’aupied des Pyrénées, dévastant la terre et traînant les hommesesclaves deux à deux comme des chiens à la suite deschariots ; partout où campait le chef frankvictorieux, les évêques orthodoxes assiégeaient sa tente.Germinius, évêque de Toulouse, qui reste vingt jours auprès delui, mangeait à la table du Frank, reçut en présent des croix d’or,des calices, des patènes d’argent, des couronnes dorées et desvoiles de pourpre, etc. » (Augustin Thierry, Histoire dela Conquête de l’Angleterre par les Normands.)

M. Augustin Thierry ne voit pas, commeM. Guizot, une sorte de nécessité de salut publicdans l’abominable trahison, dans la hideuse complicité du clergégaulois, lançant les Barbares sur des populations inoffensives etchrétiennes (les Visigoths étaient chrétiens, mais n’admettaientpas la Trinité), et, partageant avec les pillards et les meurtriersles richesses des vaincus. M. Augustin Thierry signale surtoutce fait capital : les félicitations du pape de Rome à Clovis,après que le premier de nos rois de droit divin, souillé de tousles crimes, se fût déclaré le vassal du pape, en courbantle front devant saint Rémi, qui lui dit : Baisse le front,fier Sicambre ! de ce moment, le pacte sanglant des roiset des papes, de l’aristocratie et du clergé, était conclu…Quatorze siècles de désastres, de guerres civiles ou religieusespour le pays, d’ignorance, de honte, de misère, d’esclavage et devasselage pour le peuple devaient être les conséquences de cettealliance du pouvoir clérical et du pouvoir royal.

« La monarchie franque s’étaitsurtout affirmée par l’accord parfait du clergé avec le souverain,il s’en est fallu de peu que Clovis n’ait été reconnu POURSAINT, et qu’il n’ait été honoré à ce titre par l’ÉGLISE,aussi bien que l’est encore aujourd’hui son épouse SAINTECLOTIDE. À cette époque, les bienfaits accordés à l’Égliseétaient un meilleur titre pour gagner le ciel que les bonnesactions. La plupart des évêques des Gaules contemporains deClovis furent liés d’amitié avec ce prince, et sontréputés saints ; on assure même que saint Rémi fut sonconseiller le plus habituel… Des conciles réglèrent l’usagedes donations immenses faites par Clovis aux églises. Ilsdéclarèrent les biens-fonds du clergé exempts de toutes les taxespubliques, inaliénables, et le droit que l’Église avait acquis sureux imprescriptible. » (Sismondi, Histoire desFrançais, tome I.)

Les plus éminents historiens sont d’accord surce fait : Le clergé a appelé, sollicité, consacré laconquête franque et a partagé avec les conquérants les dépouillesde LA GAULE. Certes, dit M. Guizot, ainsi que lesécrivains de son école, la conduite du clergé était déplorable,funeste au présent et à l’avenir ; mais il fallait avant toutopposer une puissance morale à la domination brutale desBarbares. La divine mission du christianisme était de civiliser,d’adoucir ces sauvages conquérants. Soit. Admettons que la trahisonenvers le peuple, que d’une cupidité effrénée, que d’une ambitionimpitoyable, il puisse naître une puissance moralequelconque, le devoir du clergé était donc de montrer à cesfarouches conquérants que la force brutale n’est rien ; que lapuissance morale est tout ; que le fidèle selon le Christ estsaint et grand par l’humilité, par la charité, par l’égalité. Ilfallait surtout prêcher à ces barbares que rien n’était plushorrible, plus sacrilège que de tenir son prochain en esclavage,Jésus de Nazareth ayant dit : Les fers des esclavesdoivent être brisés. Il fallait enfin, et par l’influencedivine dont il se disait dépositaire, et surtout par ses propresexemples, que le clergé s’occupât sans relâche de rendre les Frankshumbles, humains, charitables, sobres, chastes, désintéressés. Or,que fait le clergé gaulois pour établir cette puissance moralecivilisatrice ? Des richesses ensanglantées, fruit du pillageet du meurtre de ses concitoyens, il en demande sa part auxconquérants. Ces esclaves, ses frères, il les reçoit en don ou lesachète, les exploite et les garde en esclavage !… lui !…qui prétend agir et parler au nom du Christ !… Oui… Jusqu’auhuitième siècle le clergé a eu des esclaves, comme il a eudes serfs et des vassaux jusqu’audix-huitième : il n’y a pas de cela soixante ans. Les crimeshorribles des conquérants, le clergé les absout moyennant finance,et les tolère quand il ne les sanctifie. Lisez plutôt saintGrégoire, évêque de Tours, le seul historien complet de laconquête.

Après une nomenclature des crimes innombrablesdu roi Clovis, l’évêque poursuit ainsi :

« Après la mort de ces trois rois (qu’ilfit tuer), Clovis recueillit leurs royaumes et leurs trésors. Ayantfait périr encore plusieurs autres rois et même ses plus prochesparents, dans la crainte qu’ils ne lui enlevassent son royaume, ilétendit son pouvoir sur toutes les Gaules ; cependant ayant unjour rassemblé les siens, on rapporte qu’il leur parla ainsi desparents qu’il avait lui-même fait périr :

« Malheur à moi, qui suis resté commeun voyageur parmi des étrangers, et qui n’ai plus de parents quipuissent, en cas d’adversité, me prêter leur appui ! – Cen’était pas qu’il s’affligeât de leur mort (ajoute Grégoire deTours), mais il parlait ainsi par ruse et pour découvrir s’illui restait encore quelqu’un à tuer (si forte potuisset adhucaliquem reperire ut interficeret). Après ces événements,Clovis mourut à Paris, et fut enterré dans la basilique des saintsapôtres. » (L. II, p. 261.)

Cette scène atroce, où la ruse du sauvage ledispute à sa férocité, inspire-t-elle au prêtre chrétien unelégitime horreur ? Va-t-il crier anathème ?… ou du moinsgardera-t-il un silence presque criminel ?… Écoutons encorel’évêque de Tours :

« Le roi Clovis, qui confessal’Indivisible Trinité, dompte les hérétiques, parl’appui qu’elle lui prête, et étend son royaume par toutes lesGaules. (L. III, p. 255.)

» Chaque jour, Dieu faisait ainsi tomberles ennemis de Clovis sous sa main, et étendait son royaume,parce qu’il marchait avec un cœur pur devant lui, et faisait cequi était agréable aux yeux du Seigneur. » (L. II,p. 255.)

De bonne foi, quelle puissance moraleet civilisatrice attendre d’un clergé dont l’un des plus éminentsreprésentants s’exprime ainsi ? d’un clergé qui comptait parmises membres ce saint Rémi, le conseiller habituel de cemonstre couronné, dont les forfaits révoltent la nature ?

« Que voulez-vous ? c’étaient lesmœurs du temps ! – disent certains historiens… – Et puis, quepouvaient faire les évêques contre cette invasion barbare ? Nedevaient-ils pas tâcher de dominer les Franks par l’ascendant denotre sainte religion, afin de leur reprendre, par la persuasion,une partie des biens et des richesses qu’ils avaient conquis àl’aide de la violence… Il fallait enfin civiliser ces barbares parl’influence chrétienne. »

Or, l’histoire apprend quelle fut l’influencecivilisatrice de la religion sur ces fils de l’Église etsur leur descendance, dont les crimes surpassèrent encore ceux dufondateur de cette dynastie de meurtriers, de fratricides etd’incestueux.

Les mœurs du temps ! les mœurs dutemps ! répètent les historiens. Que fait le temps à la moraledes choses ? Est-ce que le meurtre, l’inceste, le fratricide,n’ont pas été réprouvés avec horreur, même par l’antiquitépaïenne ? Et vous, prêtres catholiques, cédant à votreambition et à votre cupidité traditionnelles, loin de tonner duhaut de votre chaire évangélique contre les crimes inouïs desconquérants de votre pays, vous les sanctifiez, parce que cesféroces barbares confessent votre Trinité, votre Dieu et surtoutenrichissent vos églises en se laissant subalterniser par votrehabituelle astuce !

Je me trompe, les évêques qui enregistraientsi benoîtement les crimes des rois, dont ils étaient grassementpayés, avaient parfois de véhémentes paroles de blâme contre lespuissants du monde. Grégoire de Tours traita de NéronChilpéric, un des fils de Clovis. Ce pauvre Chilpéric n’étaitpourtant ni plus ni moins Néron que ceux de sa race.« Mais, – dit l’évêque de Tours, – ce Chilpéric invectivaitcontinuellement contre les prêtres du Seigneur, ne trouvant pas deprétexte plus fécond pour ses dérisions et ses persécutions que lesévêques des églises : l’un, selon lui, était léger ;l’autre superbe ; l’autre débauché ; l’autre tropriche ; il ne haïssait rien tant que les églises. Il disaitordinairement : – Voici que notre fisc est appauvri ; nosrichesses ont passé aux églises. – Et en se plaignant ainsi, ilannulait souvent des donations faites au clergé. »

On le voit, la tradition ultramontaine n’a pasvarié : ambition effrénée, cupidité implacable…

Que pouvaient faire les évêques contrel’invasion des Franks, dites-vous ? Ils devaient imiter lepatriotique héroïsme des Druides, qu’ils ont fait périr jusqu’audernier dans les supplices !… Oui, la croix d’une main,l’étendard gaulois de l’autre, les évêques, au lieu de prêcher uneguerre de religion et de pillage contre les ariens,devaient prêcher la guerre nationale contre les Franks, la guerrede l’indépendance, cette guerre sainte, trois fois sainte, duPeuple qui défend son foyer, sa famille, son pays et sonDieu !… Que pouvaient faire les évêques ?… Appeler auxarmes la vieille Gaule au nom de la Patrie et de la Foi chrétiennemenacées par les barbares !…

Oh ! alors, à cette voix véritablementdivine, les Peuples se soulevaient en masse, et comme au jour de lasublime influence druidique, les Vercingétorix, lesMarik, les Civilis, les Sacrovir, lesVindex, héros patriotes, auraient surgi du flotpopulaire ; vieillards, femmes, enfants, comme aux jours del’invasion romaine, auraient marché à l’ennemi ; lances,épées, fourches, faux, pierres, bâtons, tout eût servi d’armes. LesBarbares étaient refoulés hors des frontières ; l’indépendancede la Gaule sauvée, la doctrine évangélique acclamée de nouveau,dans l’enthousiasme du plus saint des triomphes, celui d’un Peuplelibre triomphant de l’oppression étrangère !… Alors des débrisdu monde païen et barbare s’élevait pure, fière, radieuse, lasociété nouvelle réalisant enfin ce vœu suprême de Jésus :Liberté ! Égalité ! Fraternité !

Mais non, les évêques ne l’ont pasvoulu ! Leur alliance sacrilège avec les Franks a coûté à nospères esclaves, serfs ou vassaux, quatorze siècles d’ignorance, dedouleurs et de misères… Mais qu’importait aux princes de l’Églisecatholique ? Ils dominaient les Peuples par les rois,savouraient l’orgueil de leur toute-puissance, riaient des sotsqu’ils épouvantaient, jouissaient des biens de la terre, en ne seplongeant que trop souvent dans la débauche, la crapule et les plussanglants excès !…

Est-ce exagération que de parler ainsi ?Empruntons à Grégoire de Tours, évêque lui-même, quelques portraitsd’évêques de son temps. « L’évêque Priscus, qui avaitsuccédé à Sacerdos (évêque de Lyon), d’accord avec Suzanne, sonépouse[2], se mit à persécuter et à faire périrplusieurs de ceux qui avaient été dans la familiarité de sonprédécesseur. Le tout par malice et uniquement par jalousie de cequ’ils lui avaient été attachés ; lui et sa femme serépandaient en blasphèmes contre le saint nom de Dieu, et malgré lacoutume observée depuis longtemps de ne permettre l’entrée de lamaison épiscopale à aucune femme, celle de Priscus entrait dans sachambre avec des jeunes filles. » (Grégoire de Tours,L. IV, p. 105.)

« Palladius, comte de la ville de Javolsen Auvergne, disait à l’évêque Parthénius, qu’il accusaitde sodomie : – Où sont-ils tes maris, avec lesquels tu visdans le désordre et l’infamie ? »

« Felix, évêque de Nantes, étaitd’une jactance et d’une avidité extrêmes ; mais je m’arrêtepour ne pas lui ressembler. » (Liv. V, p. 183).

« Les gens de Langres, après la mort deSylvestre, demandèrent un autre évêque ; on leur donnaPappol, autrefois archidiacre d’Autun. Au rapport deplusieurs, il commit beaucoup d’iniquités ; mais nous n’endirons rien pour qu’on ne nous croie pas détracteurs de nosfrères. » (Liv. V, p. 189.)

« … Le mari accusa vivement l’évêqueBertrand. – Tu as enlevé, dit-il, ma femme et ses esclaves, et cequi ne convient point à un évêque, vous vous livrez honteusement àl’adultère, toi avec mes servantes, elle avec tes serviteurs –Alors le roi, transporté de colère, exigea de l’évêque la promessede rendre la femme à son mari. » (Liv. IX, p. 349,v. 3.)

« La ville de Soissons avait pour évêqueDroctigisill, qui, par excès de boisson, avait perdu laraison depuis quatre ans. » (liv. IX, p. 359,v. 3)

« Sunigésill, livré à latorture, avoua qu’Égidius, évêque de Reims, avait étécomplice de Raukhing dans le projet de tuer le roi Childebert (lacomplicité fut prouvée.) L’on trouva dans le trésor de cet évêque,des masses considérables d’or et d’argent, fruit de soniniquité. » (P. 4, liv. X, p. 97.)

« L’évêché de Paris fut donné à unmarchand nommé Eusèbe, qui, pour obtenir l’épiscopat, fitde nombreux présents. » (T. IV, p. 113.)

« Berthécram, évêque deBordeaux, et Pallado, évêque de Sens, avaient souventtrompé le roi par leurs fourberies. Dans la suite, Palladoet Berthécram s’emportèrent l’un contre l’autre et sereprochèrent mutuellement un grand nombre d’adultères et defornications. Ils se traitèrent aussi de parjures. Cela donna àrire à plusieurs. » (Liv. VIII, p. 139).

« L’abbé Dagulf commettait àchaque instant des vols et des meurtres, et se livrait à l’adultèreavec une extrême dissolution. Épris de passion pour la femme de sonvoisin, il chercha tous les moyens d’attirer cet homme dans sonmonastère pour le tuer. » (Liv. VIII, p. 179,t. 3.)

« Badegesil, évêque du Mans,était un homme très-dur au peuple ; qui enlevait de force oupillait le bien d’autrui ; il avait une femme nomméeMagnatrude, encore plus méchante et plus cruelle que lui,et qui par de détestables conseils, excitait sa cruauté naturelle,et le poussait à commettre des crimes. Cette femme coupasouvent à des hommes les parties naturelles et la peau du ventre,et brûla à des femmes avec des lames rougies au feu les parties lesplus secrètes de leurs corps. » (Liv. VIII, p. 231,tom. 3.)

« Le neveu de l’évêque, ayant fait mettrel’esclave à la torture, il dévoila toute l’affaire : – J’aireçu, dit-il, pour commettre le crime cent sous d’or de la reineFrédégonde, cinquante de l’évêque Mélanthius et cinquanteautres de l’archidiacre de la ville. » (T. 3, liv. VIII,p. 235.)

« Salone et Sagittairefurent évêques, le premier d’Embrun, le second de Gap ; maisune fois en possession de l’épiscopat, ils commencèrent à sesignaler avec une fureur insensée, par des usurpations, desmeurtres, des adultères et d’autres excès ; quittant la tableau lever de l’aurore, ils se couvraient de vêtements moelleux etdormaient ensevelis dans le vin et le sommeil jusqu’à la troisièmeheure du jour. Ils ne se faisaient pas faute de femmes pour sesouiller avec elles. » (Liv. V, p. 263.)

« L’évêque Oconius était adonnéau vin outre mesure ; il s’enivrait souvent d’une manière siignoble qu’il ne pouvait faire un pas. » (Liv. V,p. 313).

« Nous avons appris, – dit le concile de589, – que les évêques traitent leurs paroisses non épiscopalement,mais cruellement. Et tandis qu’il a été écrit : Nedominez pas sur l’héritage du Seigneur, mais rendez-vous lesmodèles du troupeau, ils accablent leurs diocèses depertes et d’exactions. »

Un autre concile, tenu en 675, dit :

« Il ne convient pas que ceux qui ontdéjà obtenu les degrés ecclésiastiques, c’est-à-dire les prêtres,soient sujets à recevoir des coups, si ce n’est pour deschoses graves ; il ne convient pas que chaque évêque, à songré et selon qu’il lui plaît, frappe de coups et fasse souffrirceux qui lui sont soumis. »

Un autre concile de 527 : – « Ilnous est parvenu que certains évêques s’emparent des chosesdonnées par les fidèles aux paroisses ; de sorte qu’il nereste rien ou presque rien aux églises. »

Le concile de 633 est non moins formel :« Ces évêques, ainsi que l’a prouvé une enquête, accablentd’exactions leurs églises paroissiales, et pendant qu’ils viventeux-mêmes avec un riche superflu, il est prouvé qu’ils ontréduit presque à la ruine certaines basiliques. Lorsque l’évêquevisite son diocèse, qu’il ne soit à charge à personne par lamultitude de ses serviteurs, et que le nombre de ses voitures nesoit pas de plus de cinq. »

M. Guizot, dans son admirableouvrage : Histoire de la civilisation en France,après avoir cité des preuves nombreuses, irréfragables de lahideuse cupidité de l’épiscopat et de son implacable ambition,ajoute : « En voilà plus qu’il n’en faut sans doute pourprouver l’oppression et la résistance, le mal et la tentation d’yporter remède ; la résistance échoua, le remède futinefficace ; le despotisme épiscopal continua de sedéployer ; aussi au commencement du septième siècle,l’Église était tombée dans un état de désordre presque égal àcelui de la société civile… Une foule d’évêques selivraient aux plus scandaleux excès ; maîtres desrichesses toujours croissantes de l’Église, rangés aunombre des grands propriétaires, ils en adoptaient les intérêts etles mœurs ; ils faisaient contre leurs voisins desexpéditions de violence et de brigandage, etc., etc. »(P. 396, v. 1.)

« Cautin, devenu évêque, seconduisit de manière à exciter l’exécration générale ; ils’adonnait au vin outre mesure, et souvent il se plongeaittellement dans l’ivresse, que quatre hommes avaient peine àl’emporter de table. Il en devint épileptique ; il était enoutre excessivement livré à l’avarice, et quelle que fût la terredont les limites touchaient à la sienne, il se croyait mort s’il nes’appropriait pas quelque partie des biens de ses voisins,l’enlevant aux plus forts par des procès et des querelles,l’arrachant aux plus faibles par la violence. » (L. IV,p. 29, v. 2.)

Dans son amour pour le bien d’autrui, l’évêqueCautin fit un autre tour fort longuement raconté par saintGrégoire. Il s’agissait d’un prêtre nommé Anastase, qui,par une charte de la reine Clotilde, possédait une propriété ;ce bien, l’évêque Cautin le convoita ; il le demanda àAnastase ; celui-ci refusa de se déposséder ; l’évêquel’attire alors chez lui sous un prétexte, le renferme et luisignifie qu’il le laissera mourir de faim s’il ne lui abandonne sestitres de propriété ; Anastase persiste dans ses refus ;alors, dit Grégoire de Tours :

« Anastase est remis à des gardiens etcondamné par Cautin, s’il ne remet les chartes, à mourir defaim ; dans la basilique de saint Cassius, martyr, était unecrypte antique et profonde ; là se trouvait un vaste tombeaude marbre de Paros, où avait été déposé le corps d’un grandpersonnage dans le sépulcre. Anastase (par l’ordre de Cautin) estenseveli avec le mort ; on met sur lui une pierre qui servaitde couvercle au sarcophage, et on place des gardes à l’entrée dusouterrain. »

Entre autres détails que donne Grégoire deTours sur cette torture atroce, il cite celui-ci :

« … Des os du mort, – c’est Anastase quile racontait ensuite, – s’exhalait une odeur pestilentielle, et ilaspirait, non-seulement par la bouche et par les narines, mais, sij’ose le dire, par les oreilles même cette atmosphèrecadavéreuse. » (L. IV, p. 31)

Au bout de quelques heures, Anastase putsoulever la pierre du sépulcre, appela à son aide, et fut délivré.Quant à l’évêque Cautin, il songea à d’autres tours, et conservabel et bien son évêché.

Certes, il y eut des évêques purs de cescrimes abominables ; mais les plus purs de ces prêtresachetaient, vendaient, exploitaient des esclaves, crime inexpiablepour un prêtre du Christ ; aucune puissance humaine, morale ouphysique, ne pouvait les forcer à conserver leur prochain enesclavage ; mais les plus purs de ces prêtres étaient enrichisdes dépouilles ensanglantées de leurs concitoyens ; mais lesplus purs de ces prêtres se rendaient complices des conquérantspour asservir la Gaule, leur patrie ; mais le nombre de cesévêques, moins coupables que l’universalité de leurs confrères,était bien minime. Citons encore l’histoire :

« La religion, – écrivait saint Bonifaceau pape Zacharie, – est partout foulée aux pieds ; les évêchéssont presque toujours donnés à des laïques avides derichesses, on à des prêtres débauchés et prévaricateursqui en jouissent selon le monde. J’ai trouvé, parmi les diacres,des hommes habitués dès l’enfance à la débauche, à l’adultère,aux vices les plus infâmes ; ils ont dans leur lit, pendant lanuit, quatre ou cinq concubines et même davantage ; toutrécemment on a vu des gens de cette espèce monter ainsi de grade engrade jusqu’à l’épiscopat…, etc., etc. »

Vous avez eu et vous aurez connaissance, cherslecteurs, des crimes et des mœurs de ces rois franks, nospremiers rois de droit divin, ainsi que disent les royalisteset les ultramontains ; quant aux mœurs des seigneurs ducs etdes seigneurs comtes franks, leurs compagnons de pillage, de violet de massacre, nous emprunterons au hasard à Grégoire de Toursquelques traits caractéristiques des habitudes de nos douxconquérants :

« Le comte Amal s’éprit d’amourpour une jeune fille de condition libre ; quand vint la nuit,pris de vin, il envoya des serviteurs chargés d’enlever la jeunefille et de l’amener dans son lit. Comme elle résistait, on laconduisit de force dans la demeure du comte, et comme ou luidonnait des soufflets, le sang coulait à flots de ses narines, etle lit du comte en fut tout rempli ; lui-même lui donna descoups de poing, des soufflets et autres coups ; puis il laprit dans ses bras et s’endormit accablé par le sommeil. »(L. IX, p. 331).

Un autre de ces seigneurs franks, amis etcomplices des évêques, le duc Runking, était plus inventifet plus recherché dans ses cruautés :

« Si un esclave tenait devant lui uncierge allumé, comme c’est l’usage pendant son repas, il luifaisait mettre les jambes à nu et le forçait d’y serrer avec forcele flambeau jusqu’à ce qu’il fût éteint ; quand on l’avaitrallumé, il faisait recommencer jusqu’à ce que les jambes del’esclave fussent toutes brûlées. » (L. V.,p. 175).

Une autre fois, on lui demanda de ne passéparer deux de ses esclaves, un jeune homme et une jeune fille quis’aimaient : « – Il le promet, et les fait enterrer tousdeux vivants, disant : Je ne manque pas au serment quej’ai fait de ne pas les séparer. » (Ibid., V.,p. 177.)

Je vais donc tâcher, chers lecteurs, dans lerécit suivant, de retracer à vos yeux cette funeste période denotre histoire : la conquête de la Gaule par l’invasionfranque, appelée, soutenue par les évêques. Ce récit nous leferons moins encore au point de vue de la fondation de la royautéde droit divin et de l’énorme puissance de l’Église, qu’aupoint de vue de l’asservissement, des douleurs, des misères dupeuple. Hélas ! ce peuple gaulois que nous avons vu jadis sousl’influence druidique, si fier, si vaillant, si intelligent, sipatriote, si impatient du joug de l’étranger, nous allons leretrouver déchu de ses mâles et patriotiques vertus des tempspassés, hébété, craintif, soumis devant les Franks et lesévêques ; il n’a plus de Gaulois que le nom, et ce nom, il nele conservera pas longtemps. Aux lueurs divines de l’Évangileémancipateur, vers lesquelles ce peuple a d’abord couru confiant etcrédule à la voix des premiers apôtres prêchant l’égalité, lafraternité, la communauté, ont succédé pour lui les menaçantesténèbres de l’obscurantisme, mettant le salut au prix del’ignorance, de l’asservissement et de la douleur. Le soufflemortel, cadavéreux de l’Église romaine, a glacé ce noble peuplejusque dans la moelle des os, refroidi son sang, arrêté lesbattements de son cœur, autrefois palpitant d’héroïsme etd’enthousiasme, à ces mots sacrés : patrie et liberté.Cependant, pour quelque temps encore, l’antique patriotisme de lavieille Gaule s’est réfugié dans un coin de ce vaste pays,l’indomptable Bretagne, encore toute imbue de la foi druidique, siétroitement liée au sentiment d’indépendance et de nationalité,mais rajeunie, vivifiée par l’idée purement chrétienne etlibératrice, l’indomptable Bretagne avec ses dolmens surmontésde la croix, avec ses vieux chênes druidiques greffés dechristianisme, ainsi que l’ont dit les historiens, résistaseule, résistera seule jusqu’au huitième siècle, luttant contrela Gaule… Que disons-nous ! les conquérants lui ont,hélas ! volé jusqu’à son nom ! résistera seule, luttantcontre la FRANCE royale et catholique. Ceci, comme toutesles leçons de l’histoire, porte en soi, un grave enseignement.L’Église de Rome a de tout temps été fatale, mortelle à la libertédes peuples ; voyez même à cette heure, les états purementcatholiques ne sont-ils pas encore plus ou moins asservis, laPologne, la Hongrie, l’Irlande, l’Espagne ? dites quel estleur sort ? Et cet abominable système d’abrutissementsuperstitieux et d’esclavage, le parti absolutiste et ultramontainrêve encore de nous l’imposer. N’avez-vous pas entendu à la tribuneun représentant de ce parti demander une expédition de Rome àl’intérieur de la France ? N’entendez-vous pas chaquejour les nombreux journaux de ce parti répéter, selon le motd’ordre des ennemis de la révolution et de la république,« la société menacée n’a plus de salut que dansl’antique monarchie de droit divin, soutenue par une religiond’État puissamment organisée, et au besoin défendue par uneformidable armée étrangère. Écoutez les absolutistes ultramontains,que disent-ils tous les jours ? Nous aimons mieux lesCosaques que la République. »

Oui, le jésuite pour anéantir l’âme, leCosaque pour garrotter le corps, l’inquisiteur pour appliquer latorture ou la mort aux mécréants rebelles, voilà l’idéal de ceparti qui n’a pas changé depuis quatorze siècles, tel est sondésir, tel est son espoir dans sa réalité brutale. Un de nos amis,causant un jour avec un des plus fougueux champions du particlérical, lui disait :

« – Je vous crois fort peupatriote ; cependant, avouez que vous ne verriez pas sanshonte une nouvelle invasion étrangère occuper la France… votrepays, puisque, après tout, vous êtes Français ?…

« – Je ne suis pas plus Françaisqu’Anglais ou Allemand, – répondit l’ultramontain avec un éclat derire sardonique, – je suis citoyen des États de l’Église ; monsouverain est à Rome, seule capitale du monde catholique ;quant à votre France, je verrais sans déplaisir lesCosaques chargés de la police en ce pays, ils n’entendent point lefrançais, l’on ne pourrait les pervertir, comme on amalheureusement perverti notre armée. »

Voilà donc le dernier mot du parti clérical etabsolutiste : appeler de tous ses vœux l’invasion desCosaques, de même qu’il y a quatorze siècles, il appelait, par lavoix des évêques, l’invasion des Franks…

Qui sait ? quelque nouveau saintRémi rêve peut-être à cette heure, sous sa cagoule, le baptêmede l’hérétique Nicolas de Russie dans la basilique de Notre-Dame deParis, espérant dire à son tour à l’autocrate du Nord :« Courbe la tête, fier Sicambre… te voici catholique,partageons-nous la France… »

Nous allons donc tâcher, chers lecteurs, devous montrer au vrai quel a été le berceau de la monarchiede droit divin et de la terrible puissance de l’Église catholique,apostolique et romaine.

Eugène SUE,

Représentant du Peuple.

18 septembre 1850.

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