Catherine Blum

Chapitre 15LE SERPENT

Le jeune homme était si changé que ses deuxcamarades furent un instant à le regarder sans le reconnaître. Puisenfin, Lajeunesse se hasardant :

– Tiens, dit-il, c’est Bernard. Bonjour,Bernard.

– Bonjour, répondit brusquement Bernard,visiblement contrarié de les voir là.

– Te voilà ici, toi ? hasarda à sontour Bobineau.

– Et pourquoi pas ! Est-ce défendude venir à la fête, quand on veut s’amuser ?

– Oh ! je ne dis pas que cela soitdéfendu, troun de l’air ! reprit Bobineau, seulement, çam’étonne de te voir seul.

– Seul ?

– Oui.

– Et avec qui donc veux-tu que jesois ?

– Mais il me semble que lorsqu’on a unefiancée, une jeune et belle fiancée…

– Ne parlons plus de cela, dit Bernard enfronçant le sourcil.

Puis frappant une table avec la crosse de sonfusil.

– Du vin ! cria-t-il.

– Chut ! dit Lajeunesse.

– Pourquoi chut ?

– Monsieur l’inspecteur est ici.

– Eh bien ! après ?

– Je te dis : fais attention,monsieur l’inspecteur est ici ; voilà tout.

– Eh bien ! qu’est-ce que ça me faità moi, qu’il soit ici ou qu’il n’y soit pas, monsieurl’inspecteur ?

– Oh ! oh ! c’est autre chosealors.

– Il y a de la brouille dans le ménage,dit Bobineau à Lajeunesse en le touchant du bras.

Lajeunesse fit signe que c’était aussi sonopinion, puis se retournant du côté de Bernard :

– Ce que j’en disais, vois-tu, Bernard,continua-t-il ce n’est point pour te régenter ou t’êtredésagréable ; mais c’est que, tu sais, monsieur l’inspecteur,il n’aime pas qu’on nous voie au cabaret.

– Et si j’aime à y aller, moi ?répondit Bernard. Crois-tu que c’est monsieur l’inspecteur quim’empêchera de faire à ma volonté ?

Frappant alors une seconde fois sur la table,avec plus de violence que la première :

– Du vin ! criait-il, duvin !

Les deux gardes virent alors que c’était unparti pris.

– Allons ! allons ! ditBobineau, il ne faut pas empêcher un fou de faire sa folie. ViensLajeunesse, viens.

– N’en parlons plus, dit Lajeunesse.Adieu ! Bernard.

– Adieu ! répondit celui-ci de savoix brève et tranchante, adieu !

Les deux gardes s’éloignèrent du côté opposé àcelui par lequel venait l’inspecteur, qui, du reste, absorbé danssa conversation et ayant la vue basse, passa près du cabaret sansvoir ni les deux gardes ni Bernard.

– Mais viendra-t-on ? cria celui-cien donnant à la table un coup de crosse qui faillit la faire tomberen éclats.

La mère Tellier accourut, une bouteille dechaque main, et sans savoir encore quel était le buveur impatientqui demandait du vin avec tant de violence.

– Voilà ! voilà ! voilà !dit-elle, notre provision de vin en bouteille est épuisée, et il afallu le temps de tirer du tonneau.

Puis, reconnaissant alors seulement celui àqui elle avait affaire :

– Ah ! c’est vous, dit-elle, chermonsieur Bernard. Mon Dieu ! comme vous êtes pâle !

– Vous trouvez, la mère ? dit lejeune homme, eh bien ! c’est pour cela que je veuxboire : le vin donne des couleurs.

– Mais vous êtes malade, monsieurBernard, insista la mère Tellier.

Bernard haussa les épaules et, lui arrachantune des bouteilles de la main :

– Donnez donc ! dit-il.

Et, portant la bouteille à ses lèvres, il butà même.

– Seigneur Dieu ! s’écria la bonnefemme, regardant avec stupéfaction Bernard accomplir cette actionsi fort en dehors de ses habitudes ; vous allez vous fairemal, mon enfant.

– Bon ! dit Bernard en s’asseyant etposant violemment la bouteille sur sa table, laissez-moi boirecelui-là ; qui sait si vous m’en servirez jamaisd’autre ?

La stupéfaction de la mère Tellier allaitcroissant, elle oubliait toutes ses autres pratiques pour nes’occuper que du jeune homme.

– Mais qu’est-il arrivé donc, chermonsieur Bernard ? insista-t-elle.

– Rien ; seulement, donnez-moi uneplume, de l’encre et du papier.

– Une plume, de l’encre et dupapier ?

– Oui, allez.

La mère Tellier s’empressa d’obéir.

– Une plume, de l’encre et du papier,répéta Molicar, de plus en plus ivre et en achevant la troisièmebouteille de Lajeunesse et de Bobineau. Excusez, monsieur lenotaire ! Est-ce qu’on vient au cabaret pour demander desplumes, de l’encre et du papier ? on vient au cabaret pourdemander du vin.

Puis joignant l’exemple au précepte :

– Du vin ! la mère Tellier, duvin ! cria-t-il.

Pendant ce temps, la mère Tellier, laissant àBabet le soin de servir Molicar, était revenue à Bernard, et avaitdéposé devant lui les trois choses demandées.

Bernard leva les yeux sur elle, ets’apercevant qu’elle était habillée de noir :

– Pourquoi êtes-vous en deuil ?demanda-t-il.

La bonne femme pâlit à son tour, et d’une voixà moitié suffoquée :

– Ô mon Dieu ! dit-elle, vous nevous souvenez donc plus du grand malheur qui m’estarrivé ?

– Je ne me souviens de rien, dit Bernard.Pourquoi donc êtes-vous en deuil ?

– Eh ! vous le savez bien, mon bonmonsieur Bernard, puisque vous êtes venu à son enterrement. Je suisen deuil de mon pauvre enfant, Antoine, qui est mort il y a unmois.

– Ah ! pauvre femme !

– Je n’avais que lui, monsieur Bernard,un fils unique, et le bon Dieu me l’a repris tout de même.Oh ! il me manque bien, allez ! Quand une mère a eu sonenfant vingt ans sous les yeux et que tout à coup son enfant n’estplus là, que faire ? pleurer. On pleure ; mais quevoulez-vous ? ce qui est perdu est perdu.

Et la bonne femme éclata en sanglots.

Molicar choisit ce moment pour entonner unechanson ; c’était sa chanson favorite et le thermomètre de ceque le bonhomme pouvait jauger de liquide.

Quand il commençait sa chanson c’est qu’ilétait ivre.

Il commença :

Si j’avais dans mon jardin

Un seul carré de vignes.

Cette chanson, venant pour insulter à ladouleur de la mère Tellier, douleur si sympathique à Bernardderrière sa fausse indifférence, fit bondir celui-ci comme si ladouleur l’eût frappé d’un aiguillon aussi nouveau qu’inattendu.

– Veux-tu te taire ! cria-t-il.

Mais Molicar, ne faisant aucune attention à ladéfense de Bernard, reprit :

Si j’avais dans mon jardin…

– Tais-toi ! te dis-je, fitle jeune homme avec un geste de menace.

– Et pourquoi ça, me taire ? ditMolicar.

– N’entends-tu pas ce que dit cettefemme ! ne vois-tu pas qu’il y a là une mère qui pleure, etqui pleure son enfant ?

– C’est vrai, dit Molicar, je vaischanter tout bas.

Et il reprit à demi-voix :

Si j’avais…

– Ni bas, ni haut ! criaBernard. Tais-toi, ou va-t’en.

– Oh ! dit Molicar, c’est bon, jem’en vas. J’aime les cabarets où l’on rit et pas ceux où l’onpleure. Mère Tellier, mère Tellier, fit-il en frappant sur latable, venez chercher votre dû.

– C’est bien ! dit Bernard, jeréglerai ton compte. Laisse-nous.

– Bon ! fit Molicar chancelant, jene demande pas mieux.

Et il s’éloigna, s’appuyant aux arbres etchantant toujours plus haut à mesure qu’il s’éloignait :

Si j’avais dans mon jardin

Un seul carré de vignes.

Bernard le regarda s’éloigner avec un profonddégoût, puis revenant à l’hôtelière qui continuait depleurer :

– Oui vous avez raison, dit-il, ce quiest perdu est perdu ; tenez, mère Tellier, je voudrais être àla place de votre fils, et que votre fils ne fût pas mort.

– Oh ! que Dieu vous garde !s’écria la bonne femme ; vous, monsieur Bernard ?

– Oui, moi ! paroled’honneur !

– Vous qui avez de si bons parents !reprit-elle. Ah ! si vous saviez le mal que cela fait à unemère de perdre son enfant, vous ne risqueriez pas un pareilsouhait.

Pendant ce temps, Bernard essayait d’écrire,mais inutilement ; la main lui tremblait si fort, qu’il nepouvait former une lettre.

– Oh ! je ne peux pas ! je nepeux pas ! s’écria-t-il en écrasant la plume sur la table.

– En effet, dit la bonne femme, voustremblez comme si vous aviez la fièvre.

– Tenez, reprit Bernard, rendez-moi unservice, mère Tellier.

– Oh ! bien volontiers, monsieurBernard ! s’écria la bonne femme ; lequel ?

– Il n’y a qu’un pas d’ici à la maisonneuve du chemin de Soissons, n’est-ce pas ?

– Dame ! pour un quart d’heure dechemin, en marchant bien.

– Alors, faites-moi l’amitié… je vousdemande bien pardon de la peine.

– Dites donc toujours.

– Faites-moi l’amitié d’aller là-bas, dedemander Catherine.

– Elle est donc revenue ?

– Oui, ce matin ; et de lui dire queje lui écrirai bientôt.

– Que vous lui écrirez bientôt ?

– Demain, aussitôt que je ne trembleraiplus.

– Vous quittez donc le pays ?

– On dit que nous allons avoir la guerreavec les Algériens.

– Qu’est-ce que ça vous fait, la guerre,à vous, qui avez tiré à la conscription et qui avez pris un bonnuméro ?

– Vous allez aller où je vous dis,n’est-ce pas, mère Tellier ?

– Oui, à l’instant même, cher monsieurBernard ; mais…

– Mais quoi ?

– À vos parents ?

– Après, à mes parents ?

– Que voulez-vous que je leurdise ?

– À eux ?

– Oui.

– Rien.

– Comment ! rien ?

– Non, rien, sinon que je suis passé parici, qu’ils ne me reverront plus, et que je leur dis adieu.

– Adieu ! répéta la mèreTellier.

– Dites-leur encore qu’ils gardentCatherine avec eux, que je leur serai reconnaissant de toutes lesbontés qu’ils auront pour elle ; et puis encore que, si parhasard je venais à mourir, comme votre pauvre Antoine, je les priede faire Catherine leur héritière.

Et le jeune homme, au bout de sa fièvre, etpar conséquent de sa force, laissa tomber, avec un soupir quiressemblait à un sanglot, sa tête entre ses deux mains.

La mère Tellier le regardait avec une profondepitié.

– Eh bien ! c’est dit, monsieurBernard, reprit-elle. Voici la nuit tout à fait venue ; jen’aurai plus beaucoup de monde maintenant ; Babet suffira pourservir. Je cours à la Maison-Neuve.

Puis, à elle-même et en rentrant chezelle :

– Je crois, dit-elle, que c’est unservice à lui rendre, pauvre garçon !

On entendait dans le lointain la voix avinéede Molicar qui chantait :

Si j’avais dans mon jardin

Un seul carré de vignes.

Bernard resta quelques minutes plongé dans sesréflexions, réflexions douloureuses et profondes qui setrahissaient par les soubresauts convulsifs de ses épaules ;puis enfin, relevant le front, secouant la tête et se parlant àlui-même :

– Allons ! du courage, dit-il,encore un verre de vin, et partons.

– Oh ! c’est égal, dit derrièreBernard une voix dont le timbre le fit tressaillir ; moi, jene partirais pas comme cela.

Bernard se retourna, quoique à la rigueur iln’eût pas besoin de se retourner. Il avait reconnu la voix.

– C’est toi, Mathieu ? dit-il.

– Oui, c’est moi, répondit celui-ci.

– Que disais-tu ?

– Vous n’avez pas entendu ?Bon ! vous avez l’oreille dure.

– J’ai entendu, mais je n’ai pascompris.

– Eh bien ! je vais répéter.

– Répète.

– Je disais qu’à votre place, je nepartirais pas comme cela.

– Tu ne partirais pas ?

– Non ; du moins sans… suffit, jem’entends.

– Sans quoi ? voyons.

– Eh bien ! sans me venger de l’unou de l’autre. Voilà le grand mot lâché.

– Qui ?… quoi ?… de l’un ou del’autre ?

– Oui, de l’un ou de l’autre, de lui oud’elle.

– Est-ce que je puis me venger de monpère et de ma mère ? fit Bernard en haussant les épaules.

– Allons donc ! de votre père ou devotre mère ! Est-ce qu’il est question d’eux dans toutcela ?

– Mais de qui est-il doncquestion ?

– Bon ! il est question du Parisienet de mademoiselle Catherine.

– De Catherine et de monsieurChollet ! s’écria Bernard en se dressant sur ses pieds commesi une vipère l’eût mordu.

– Eh ! oui.

– Mathieu ! Mathieu !

– Bon ! voilà qui m’avertit de nerien dire.

– Pourquoi cela ?

– Tiens ! parce que ça retomberaitencore sur moi ce que je dirais.

– Non, non, Mathieu ; non, je te lejure ; parle.

– Mais vous ne devinez donc pas ?dit Mathieu.

– Que veux-tu que je devine ?Voyons, je te le répète, parle.

– Ah ! par ma foi ! continua levagabond, ce n’est pas la peine d’avoir de l’esprit et del’éducation pour être sourd et aveugle.

– Mathieu ! s’écria Bernard, as-tuvu ou entendu quelque chose ?

– La chouette voit clair la nuit, ditMathieu ; elle a les yeux ouverts quand les autres les ontfermés. Elle veille quand les autres dorment.

– Voyons, répéta Bernard en essayantd’adoucir sa voix, qu’as-tu vu et qu’as-tu entendu ? Ne mefais pas languir plus longtemps, Mathieu.

– Eh bien ! répondit celui-ci,l’obstacle à votre mariage, car il y a un obstacle, n’est-cepas ?

– Oui, après ?

– Savez-vous d’où il vient ?

La sueur coulait sur le front de Bernard.

– De mon père, dit-il.

– De votre père ! Ah ! bienoui ! Il ne demanderait pas mieux que de vous voir heureux. Ilvous aime, pauvre cher homme !

– Ah !… et l’obstacle alors vient dequelqu’un qui ne m’aime pas ?

– Dame ! reprit Mathieu, sans perdrede son œil louche aucune des émotions qui se succédaient sur levisage de Bernard, dame ! vous savez, il y a quelquefois desgens qui font comme ça semblant de vous aimer, qui disent :Mon cher Bernard par-ci, mon cher Bernard par-là, et, au fond, quivous trompent.

– Voyons, de qui vient l’obstacle, moncher Mathieu, de qui vient-il ? dis.

– Oui, pour que vous me sautiez à lagorge et que vous m’étrangliez.

– Non, non, foi de Bernard, je tejure !

– En attendant, dit Mathieu, laissez-moim’éloigner un peu de vous.

Et il fit deux pas en arrière.

Puis, se sentant un peu plus en sûreté par ladistance :

– Eh bien ! dit-il, ne voyez-vouspas que l’obstacle vient de mademoiselle Catherine.

Bernard devint livide, mais il ne fit pas unmouvement.

– De Catherine ? reprit-il ; tuavais dit de quelqu’un qui ne m’aimait pas ; prétendrais-tuque Catherine ne m’aime pas, par hasard ?

– Je prétends, dit Mathieu s’enhardissantau calme affecté de Bernard, qu’il y a des jeunes filles, quandelles ont tâté de Paris surtout, qui aiment mieux être à Paris lamaîtresse d’un jeune homme riche que d’être la femme d’un jeunehomme pauvre dans un village.

– Tu ne dis pas cela pour Catherine etpour le Parisien, j’espère ?

– Hé ! hé ! fit Mathieu, quisait ?

– Malheureux ! s’écria Bernard ens’élançant d’un seul bond sur Mathieu et en le saisissant des deuxmains à la gorge.

– Eh bien ! que vous avais-jedit ! s’écria Mathieu d’une voix étranglée, et en faisantd’inutiles efforts pour se débarrasser de l’étreinte de fer. Voilàque vous m’étranglez, monsieur Bernard. Monsieur Bernard, nom d’unnom ! je ne vous dirai plus rien.

Bernard voulait tout savoir. Quiconque atrempé ses lèvres dans la coupe amère de la jalousie veut boiredepuis l’écume jusqu’à la lie.

Bernard lâcha Mathieu et laissa retomber sesdeux bras inertes.

– Mathieu, dit-il, je te demande pardon,parle, parle ; mais si tu mens !

Et ses poings se fermèrent et ses bras seraidirent.

– Eh bien ! si je mens, dit Mathieu,il sera temps de vous fâcher ; mais comme vous vous fâchezd’abord, je ne parlerai pas.

– J’ai eu tort, reprit Bernard en forçanttous ses traits d’exprimer le calme, quand toutes les vipères de lajalousie lui mordaient le cœur.

– Eh bien ! à la bonne heure, ditMathieu, vous voilà raisonnable.

– Oui.

– Mais n’importe, continua levagabond.

– Comment ! n’importe.

– Oui, j’aime mieux vous faire voir,j’aime mieux vous faire toucher la chose. Ah ! vous êtes del’acabit de saint Thomas, vous !

– Oui, dit Bernard, tu as raison ;fais-moi voir, Mathieu, fais-moi voir.

– Je veux bien.

– Ah ! tu veux bien.

– Mais à une condition.

– Laquelle ?

– Vous me donnerez votre parole d’honneurde voir jusqu’au bout.

– Jusqu’au bout. Oui, paroled’honneur ! Mais quand saurai-je que je suis au bout ?Quand saurai-je que j’ai tout vu ?

– Dame ! quand vous aurez vumademoiselle Catherine et monsieur Chollet à la fontaine duPrince.

– Catherine et monsieur Chollet à lafontaine du Prince ! s’écria Bernard.

– Oui.

– Et quand verrai-je cela,Mathieu ?

– Il est huit heures. Huit heurescombien ? Voyez à votre montre, monsieur Bernard.

Bernard tira sa montre d’une main qui étaitdevenue ferme. En approchant de la lutte, l’athlète reprenait sesforces.

– Huit heures trois quarts, dit-il.

– Eh bien ! dans un quart d’heure,reprit Mathieu ; ce n’est pas bien long, n’est-cepas ?

– À neuf heures, alors, dit Bernard,passant sa main sur son front couvert de sueur.

– À neuf heures, oui.

– Catherine et le Parisien à la fontainedu Prince ! murmura Bernard, demeurant incrédule malgrél’assurance de Mathieu : mais que viennent-ils yfaire ?

– Dame ! je n’en sais rien, ditMathieu, qui ne perdait pas un mot de Bernard, pas un mouvement desa physionomie, pas un des tressaillements de son cœur :organiser leur départ, peut-être.

– Leur départ ! fit Bernard serrantsa tête entre ses deux mains comme s’il allait devenir fou.

– Oui, continua Mathieu. Ce soir, àVillers-Cotterêts, le Parisien cherchait de l’or.

– De l’or ?

– Il en demandait à tout le monde.

– Mathieu, murmura Bernard, tu me faisbien souffrir ; si c’est pour le plaisir de me faire souffrir,gare à toi !

– Chut ! dit Mathieu.

– Le pas d’un cheval, murmuraBernard.

Mathieu posa une de ses mains sur le bras deBernard, et, allongeant l’autre dans la direction d’où venait lebruit :

– Regardez, dit-il.

Et Bernard vit, à travers les arbres et aumilieu de l’obscurité, s’avancer un cavalier qu’à sa haine surtoutil reconnut pour son rival.

Un mouvement instinctif le fit se jeterderrière l’arbre qui se trouvait le plus proche de lui.

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