Le Pouce crochu

Chapitre 12

 

 

Après le départ deM. de Menestreau, Camille était tombée dans unesorte de découragement. Elle avait pris l’existence en dégoût etelle voyait l’avenir sous des couleurs sombres, plus encore que lelendemain de la mort de son père.

Depuis ce malheur, tout tournait contreelle. Le meurtrier lui avait échappé. Ceux qui la secondaientavaient mal fini. Courapied était mort tragiquement, et si lesjournaux disaient la vérité, Georget était en prison. Ceux quis’intéressaient à elle l’abandonnaient : les Gémozac seretiraient : la mère ne voulait plus la voir ; le pèreétait parti froissé et il paraissait douteux qu’il revint ; lefils, blessé dans son amour-propre, allait céder la place à sonrival.

Enfin, Brigitte elle-même désapprouvaitévidemment le choix qu’avait fait sa maîtresse en la personnede M. de Menestreau et refusait nettement dela suivre en Angleterre.

Et, pour compenser toutes cesdéfections, il restait à mademoiselle Monistrol l’amour de Georgesde Menestreau, c’est-à-dire l’amour d’un homme qu’elle connaissaità peine et dont elle s’était éprise comme s’éprennent les jeunesfilles qui ne savent rien de la vie.

Elle l’avait aimé tout d’un coup, dansun moment d’exaltation chevaleresque, et elle s’obstinait à prendrecet amour au sérieux ; mais elle commençait à comprendrevaguement qu’elle avait tort de lier pour toujours sa destinée àcelle d’un beau cavalier dont le principal mérite était d’avoirrossé et mis en fuite deux chenapans.

Elle persistait pourtant et elle étaitprête à tenir l’imprudente promesse qu’elle lui avait faite del’aller rejoindre à l’étranger et de l’épouser.

Et, plus crédule que jamais, ellen’attendait, pour la tenir, que les renseignements qu’il devait luirapporter sur le sort de Georget.

Elle n’attendit pas longtemps. Moins dedeux heures après avoir tué Vigoureux,M. de Menestreau reparut et la trouva seule dans lepetit salon où son père était mort, étranglé par unassassin.

Il put y arriver sans que personne levît, car Brigitte, vertement rabrouée par mademoiselle Monistrol,était allée aux provisions pour passer sa mauvaisehumeur.

Camille l’accueillit avec moinsd’empressement que de coutume. Elle n’avait pas le cœur à la joieet elle commença par s’informer de Courapied et de sonfils.

– Les journaux se trompent toujours, luidit d’un air dégagé M. de Menestreau.L’accident de la plaine Saint-Denis a bien eu lieu, à peu prèscomme ils le racontent, mais les victimes sont deux pauvresdiables… un homme et un enfant… qui couchaient là, faute dedomicile, et qui n’ont rien de commun avec les gens que vouscherchez… ils ont été surpris par l’explosion.

– Quoi ! l’enfant est mortaussi ! murmura Camille.

– Il a survécu quelques heures à sesblessures, mais elles étaient si graves qu’il n’a pas passé lajournée. On l’a enterré ce matin. Je tiens tous ces détails ducommissaire de police qui a dressé le procès-verbal.

– Morts tous les deux !… morts pourmoi ! répétait la jeune fille qui avait les larmes auxyeux.

– Quoi ! vous croyez encore qu’ilsse sont dévoués pour vous ? Que faut-il donc pour vouspersuader que ces drôles sont allés retrouver leur compliceZig-Zag !

– Jamais je ne me déciderai à admettrequ’ils m’ont trahie. Si c’est une illusion que je me fais,laissez-la moi. Il me serait cruel de laperdre.

– Dieu me garde de vous affliger,mademoiselle, s’écria Georges. Je ne vous parlerai plus jamaisd’eux. Mais souffrez que je vous parle de moi, car je n’ai plus quequelques instants à passer avec vous. Je viens de recevoir unedépêche de Londres qui m’oblige absolument à partir ce soir, et…vous l’avouerai-je ?… je n’espère plus vous revoir.

– N’avez-vous pas maparole ?

– Oui, mademoiselle, et je ne doute pasque vous n’ayez l’intention de la tenir. Mais que va-t-il sepasser, après mon départ ? Vous êtes entourée de personnes quine me veulent aucun bien et qui ne manqueront pas de mecalomnier…

– Quelles personnes ?

– Mais, quand ce ne serait queM. Gémozac… il veut vous garder pour son fils, àcause de votre fortune… qui l’empêche de vous dire qu’on lui adonné sur moi les plus mauvais renseignements ?… Je ne seraiplus là pour me défendre.

– M. Gémozac est un honnête homme,incapable de mentir, répondit la jeune fille. Je lui ai déclaré,devant vous, que j’étais résolue à vous épouser. Je vous ai juréd’être votre femme. Que voulez-vous de plus ?

– Je ne veux rien… Je n’ai pas le droitde vouloir… Mais je vous supplie de partir avec moi.

– Vous savez bien que c’estimpossible ?

– Pourquoi ?… vous n’avez plus rienà démêler avec M. Gémozac, puisque vous êtes enpossession de l’acte d’association qui assure votreindépendance.

Camille tressaillit. Cette insistance àmêler aux transports passionnés les questions d’intérêt lachoquait. M. de Menestreaus’en aperçut etjugea que le moment était venu de recourir aux grandsmoyens.

– Partez avec moi, je vous le demande àgenoux, dit-il en tombant aux pieds de Camille avec une grâce quelui eût enviée un jeune premier du Gymnase.

Mademoiselle Monistrol, surprise etpresque effrayée, recula, mais il lui prit les mains et il se mit àles couvrir de baisers brûlants.

– Laissez-moi, cria-t-elle en sedébattant.

Georges la tenait bien. Il se relevad’un bond, il la prit par la taille et il l’attira contre sapoitrine, malgré les efforts désespérés qu’elle faisait pour sedéfendre.

Tout à coup une main s’abattit surl’épaule de M. de Menestreau et une voix luicria :

– Face au parterre, mauvaisgueux !

Il lâcha prise et il se retournafurieux, pendant que Camille, bouleversée, s’affaissait dans unfauteuil.

Elle avait eu le temps d’entrevoir unefemme, et elle croyait rêver.

Mais Georges l’avait reconnue, cettefemme, et il se rua sur elle en disant :

– Ah ! drôlesse ! tu mevends ! eh bien, tu vas mourir. Je vais te tordre lecou.

– Pas ici, monsieur Tergowitz, répondittranquillement le baron de Fresnay, qui émergea tout à coup de lasalle à manger où il se tenait derrière le rideau.

Madame de Lugos m’a affirmé que vousétiez ici, reprit le baron de Fresnay avec un flegme étonnant, etelle m’a à peu près forcé de l’y conduire. Elle éprouve le besoinde s’expliquer avec vous.

Puis, s’avançant le chapeau à la mainvers Camille Monistrol, éperdue :

– Pardonnez-moi, mademoiselle, d’envahirvotre domicile, dit-il de sa voix la plus douce. Je me flatte quevous me remercierez plus tard de m’être présenté chez vous sansvotre autorisation. Du reste, j’ai déjà eu l’honneur de vous voirdans une circonstance que vous n’avez pas oubliée, j’en suis sûr…j’accompagnais, ce soir-là, mon meilleur ami, JulienGémozac.

Camille ne bougea point. Elle necomprenait pas encore, mais M. de Menestreaupâlit horriblement.

– Maintenant, monsieur, lui dit Fresnay,je laisse la parole à madame de Lugos. Vous la connaissez beaucoup,à ce qu’il parait, et elle tient énormément à ne pas vous perdre,puisqu’elle est venue vous chercher ici.

– Assez, monsieur !répliquaM. de Menestreauavec violence. Faites-moiplace ! je ne vous connais pas plus que je ne connais cettefemme.

Fresnay ne s’écarta point pour lelaisser passer et madame de Lugos lui dit en lui montrant lepoing :

– Tu oses me renier, misérable !Répète-moi donc en face que tu n’es pas mon amant ! Je t’endéfie !

– Monsieur, vous me rendrez raison decette scène… C’est vous qui l’avez provoquée, s’écriaGeorges…

– Tais-toi, scélérat ! reprit lafausse Hongroise. Est-ce qu’on se bat avec un homme de tonespèce ? Ce n’est pas de la main d’un baron que tu mourras.Oh ! tu as beau me faire les gros yeux. Je sais ce qu’il m’encoûtera de te dénoncer, mais ça m’est égal. Ah ! tu m’asbernée ! Ah ! tu veux me lâcher au moment oùtu pourrais m’épouser, puisque depuis hier, je suis veuve ! Ehbien ! tu finiras sur la guillotine, assassin !… oui,assassin !… voleur !…

– Oh ! oh ! grommela Fresnay,en feignant la surprise.

– Vous ne saviez pas ça, vous, lui ditla Lugos ; vous croyiez que cet homme n’était qu’un intrigant…je vais vous l’apprendre, moi, ce qu’il est. Il a commencé parvoler son père qui en est mort de chagrin… il a trichéau jeu… il s’est fait saltimbanque pour échapper aux gendarmes quile cherchaient… je l’ai connu sur les planches, et j’ai été assezbête pour me toquer de lui… j’aurais mieux fait de me pendre… aumoins je ne serais pas crevée à la centrale, comme ça va m’arriver…et s’il n’y avait que cela ! mais le reste !… vous ledevinez, le reste… Si vous aviez été moins bêtes, vous et votre amiGémozac, il y a quinze jours que Zig-Zag serait coffré.

– Zig-Zag ! murmura mademoiselleMonistrol, en interrogeant des yeux le visage de Georges deMenestreau qui dit en haussant les épaules :

– Cette femme est folle.

– Gredin ! s’écria la faussecomtesse. Nous allons voir si je suis folle. Regardez-moi,mademoiselle ; vous ne me reconnaissez pas parce quemes cheveux sont teints Vous m’avez vuepourtant, le soir où on a tué votre père… vous m’avezvue sur la place du Trône, où je faisais la parade, c’est moi quivous ai fait mettre à la porte de la baraque… où vous étiez entréeen poursuivant l’assassin.

Camille poussa un cri et regardaGeorges.

– Et lui, le reconnaissez-vousmaintenant ? reprit Amanda qui ne se possédaitplus.

– Non… non, murmura la jeunefille ; ce n’est pas vrai… c’est impossible…

– Vous ne voulez pas me croire, parceque ce vil coquin vous a débarrassée de deux voyous dans la plaineSaint-Denis. Il savait bien ce qu’il faisait, allez !Il s’était renseigné et il avait appris que vous étiez riche.C’est cette nuit-là qu’il a commencé à me trahir. J’étais avec luià la maison rouge. Quand cette brute de Courapied est tombé dans lacave avec son petit, vous vous êtes sauvée. Devinez un peu ce qu’ilm’a dit avant de courir après vous. Il m’a dit qu’il allait vousassommer sur la route, et je l’ai cru. Eh bien ! il avait sonplan. Il espérait qu’on vous attaquerait, et ça n’a pas manqué. Ilest arrivé tout à point pour vous sauver… et vous avez donnélà-dedans. Parions que si je n’étais pas venue aujourd’hui, vousalliez l’épouser, la semaine prochaine… Mais je suis là, et vous netomberez pas dans ses griffes… vous ne m’avez rien fait, vous…c’est de lui que je veux me venger… et je mevenge !

Allons, baron ! il y a bien ici undomestique ou une servante. Appelez-les et commandez-leur d’allerchercher deux sergents de ville qui nous arrêteront, Zig-Zag etmoi…

Fresnay ne se pressa pointd’obéir. Il n’avait pas prévu que les chosesiraient si vite et si loin, et il commençait à se repentir d’avoirexposé mademoiselle Monistrol à une si terriblescène.

La pauvre enfant était tout près dedéfaillir et M. de Menestreau osa encore luiadresser la parole :

– Vous comprendrez, mademoiselle, luidit-il, que je dédaigne de me défendre, car vous savez aussi bienque moi que je ne suis pas Zig-Zag. Vous l’avez vu, ou plutôt vousavez vu ses mains…

– Oui… et je vois les vôtres, balbutiaCamille.

– De quoi, ses mains ? répondit lafausse comtesse. Elles sont fines et blanches, mais si vous vousfigurez qu’elles n’ont pas pu étrangler votre père, c’est que vousne connaissez pas Zig-Zag. Il est fort comme quatre hommes. Unefois, il s’est battu avec notre hercule, à la foire de Neuilly, et,avec ces petites mains-là, il lui a tordu les poignets.

– Non !… non !… ce n’est pasla main de l’assassin… elle était énorme… et puis, ce pouce crochu…ces doigts recourbés comme des griffes…

– Les reconnaîtriez-vous,mademoiselle ? demanda Fresnay. Oui ? Eh bien ! jevais vous les montrer.

Et il tira des poches de son pardessusles deux gantelets d’acier qu’il avait pris, rue Mozart, dans lacassette.

Mademoiselle Monistrol recula d’horreuret ferma les yeux pour ne pas voir ces horribles engins qui avaientservi à étrangler son père.

– Voilà donc pourquoi tu y tenais tant,à ta boîte plate, dit Amanda. Ah ! gueux ! je ne savaispas comment tu t’y étais pris. Eh bien ! elles ne t’ont pasporté bonheur, tes mécaniques à ressort. Si tu n’avais pas envoyéVigoureux les chercher, on ne t’auraitjamais pincé. Maintenant, ton affaire est claire et la mienneaussi. En route pour Mazas, mon vieux !

Menestreau-Zig-Zag écarta sa compliced’un coup de poing, bouscula Fresnay, et se précipita dansl’escalier.

– Tu ne m’échapperas pas, gredin, criala danseuse de corde en s’élançant à la poursuite de sonamant.

Fresnay courut au secours demademoiselle Monistrol, à moitié évanouie. Il ne tenait pas du toutà rattraper ce couple scélérat. Il lui suffisait d’être débarrasséde la comtesse de Lugos.

Elle aurait pu fuir, et Zig-Zag aussi,car Brigitte n’était pas rentrée, mais Georgetveillait dans la cabane où il s’était caché.

Quand il les vit sortir de la maison, ilsauta aux jambes de Zig-Zag, qui trébucha et il s’accrocha à lui encriant d’une voix perçante : à moi !… àl’assassin !

Amanda, folle de colère, avait saisi soncomplice et se cramponnait au collet de son pardessus.

À ce moment, attirés par les cris deGeorget, deux gardiens de la paix, en tournée sur le boulevardVoltaire, s’approchèrent de la clôture qui protégeait lacour.

Le cocher qui avait amené Amanda etFresnay se réveilla et sauta en bas de son siège.

Zig-Zag, en voyant poindre les tricornesdes sergents de ville, comprit qu’il était perdu. Il se dégagead’un bond qui envoya Georget rouler à dix pas et tira de sa pocheson revolver, qui ne le quittait jamais.

– Tue-moi, canaille ! lui ditAmanda en présentant sa poitrine. J’aime mieux ça quede finir à la centrale, et ça ne t’empêchera pas definir place de la Roquette.

Zig-Zag fit feu et lamalheureuse tomba, frappée au cœur. Du second coup, ilabattit, d’une balle dans l’épaule, Georget qui se relevait. Dutroisième, il se cassa la tête.

Les sergents de ville trouvèrent deuxcadavres et un enfant qui n’était pas tout à fait mort, mais quin’en valait guère mieux.

Le cocher accourut et s’exclama enreconnaissant, dans le tas, la dame qu’il avait amenée de la rueMozart.

Il n’arriva pas seul sur le théâtre decette boucherie. Julien Gémozac, qui n’était pas loin, avaitentendu les détonations, et il entra précipitamment dans lacour.

Il venait de voir son père qui lui avaitdit où en était mademoiselle Monistrol avecM. de Menestreau et il arrivait dans l’intentionbien arrêtée de souffleter cet homme, au risque de se brouilleravec la jeune fille qu’il adorait, malgré tout.

On croira sans peine qu’il ne perdit pasde temps à s’apitoyer sur le sort de son rival et qu’au lieu de sejoindre aux gens qui s’occupaient des morts et du blessé, il seprécipita dans la maison, où il craignait de ne trouver que lecadavre de Camille.

Au haut de l’escalier, il tomba dans lesbras de son ami Fresnay qui descendait sur le champ de bataille etqui lui dit tranquillement :

– Ton amoureuse est là-haut. Va laconsoler.

Julien ne s’attarda point à demander deplus amples explications. Il entra dans le salon et ily vit mademoiselle Monistrol affaissée sur un fauteuil, les braspendants, les yeux hagards, la bouche entrouverte.

– Vous êtes blessée ? luidemanda-t-il en lui prenant les mains.

Elle lui fit signe que non.

– Ce misérable a essayé de vous tuer,reprit Gémozac ; qui donc vous a sauvée ?

Et comme elle setaisait :

– Je devine. C’est ce brave Fresnay. Etmoi qui l’accusais ! mais, rassurez vous !… l’homme estmort.

– Il s’est tué, n’est-cepas ?

– Je ne sais… il y a une femme… unenfant… tous couchés dans une mare de sang…

– Un enfant ! conduisez-moi près delui…

Mademoiselle Monistrol fit un effortpour se lever. Julien la retint.

– Épargnez-vous cet affreux spectacle,lui dit-il. Je ne sais qui est l’enfant, mais j’ai reconnu lafemme… une créature qui s’était emparée de notreami…

– La complice, murmuraCamille.

– Quant à l’homme…

– L’homme ! c’est l’assassin de monpère !

– Que dites-vous ?

– La vérité. Et je croyais l’aimer… jevoulais partir avec lui… Ah ! pourquoi ne m’a-t-il pastuée !

Julien Gémozac n’y comprenait plus rien,et il ne sut que répondre :

– Vous souhaitez de mourir !… Vousoubliez donc que je vous aime ?

– Ne parlez pas ainsi. Je suis indignede vous.

Julien allait protester, mais Fresnayrentra brusquement et leur cria :

– C’est fini. Zig-Zag s’est faitjustice, après avoir envoyé Amanda dans l’autre monde. Le petit enreviendra. Du diable si je devine d’où il sortait, celui-là. Il aune veste de chasseur de restaurant.

– Georget ! s’écria mademoiselleMonistrol, je veux le voir.

– Vous ne le verrez que trop tôt. Lessergents de ville vont venir vous interroger. Je mecharge de leur répondre.

En attendant qu’ils montent, laissez-moivous unir… je suis un piètre marieur, mais, dans des cas commecelui-ci, on prend ce qu’on trouve. Écoutez-moidonc !

Toi, Julien, tu es passionnémentamoureux de mademoiselle Monistrol et tu ne demandes qu’àl’épouser. Ce n’est pas ta faute si tu n’as pas mis la main surZig-Zag, et c’est bien par hasard que j’ai gagné le prix proposépar mademoiselle. Aussi ne lui ferai-je pas l’injure de leréclamer. Les mauvais sujets comme moi sont de détestables maris etje te cède la place de très bon cœur.

Vous, mademoiselle, vous vous êtestrompée… ça arrive, ces choses-là… mais vous êtes née pour faire lebonheur de mon ami, qui fera le vôtre.

Votre main, je vous prie.

Camille, profondément émue, la tendit àFresnay qui la mit dans la main de Julien.

– Voilà qui est fait, dit-il avec unegravité comique, vous êtes fiancés. À quand lanoce ? Je m’invite.

Maintenant, laissez-moi recevoir lesagents. J’entends leurs pas dans l’escalier…

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L’affaire a fait du bruit, mais elle aété tirée au clair, et elle n’a pas troublé le bonheur des jeunesépoux.

Ils voyagent en Italie et leur lune demiel est sans nuages. Camille ne pleure plus qu’en pensant à sonpère.

Fresnay a repris son train de viehabituel et ne réussit pas à s’amuser. Il y a desjours où il regrette Amanda, comtesse de Lugos.

Olga est allée dire la bonne aventuredans le Midi.

Georget travaille dans lesbureaux de M. Gémozac, qui se charge de sonavenir.

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