Du Chat et du Coq.
Un Chat s’étant jeté sur un Coq, et voulanttrouver des raisons apparentes pour le tuer avec quelque espèce dejustice, lui reprocha qu’il était un importun, et qu’il empêchaitpar son chant tous les voisins de dormir. – Ce que j’enfais, repartit le Coq, n’est pas pour les incommoder ; c’estpour leur utilité, et pour les appeler au travail, que je lesréveille. – Au moins, lui répliqua le Chat, tu es uninfâme, puisque tu n’épargnes ni ta mère, ni tes soeurs dans tessales amours. – Ce que j’en fais, dit encore le Coq,c’est pour le profit de mon Maître, et afin qu’il ait une plusgrande quantité d’oeufs. – Voilà, répondit le Chat, desraisons spécieuses ; mais je meurs de faim, il faut que jemange, et tu ne m’échapperas pas aujourd’hui. – Alors ilse jeta sur le Coq, et l’étrangla.