Fables – Tome I
Un Coq en grattant un fumier, y trouva par hasard une Pierre précieuse ; il la considéra pendant quelque temps, et dit avec une espèce de mépris : – De quoi me peut servir une chose si belle et si brillante ? Elle serait bien mieux entre les mains d’un Lapidaire qui en connaîtrait le prix, et l’usage qu’il en faut faire. Mais pour moi qui n’en puis retirer aucune utilité, je préférerais un seul grain d’orge à toutes les Pierres précieuses du monde. –
D’un Loup et d’un Agneau.
Un Loup buvant à la source d’une fontaine,aperçut un Agneau qui buvait au bas du ruisseau ; il l’aborda tout en colère, et lui fit des reproches de ce qu’il avait troublé son eau. L’Agneau, pour s’excuser, lui représenta qu’il buvait au-dessous de lui, et que l’eau ne pouvait remonter vers sa source.Le Loup redoublant sa rage, dit à l’Agneau qu’il y avait plus de six mois qu’il tenait de lui de mauvais discours. – Jen’étais pas encore né, répliqua l’Agneau. Il faut donc, repartit leLoup, que ce soit ton père ou ta mère. – Et sans apporterd’autres raisons, il se jeta sur l’Agneau et le dévora, pour lepunir (disait-il) de la mauvaise volonté et de la haine de sesparents.