De l’Âne et du Chien.
Le Chien flattait son Maître, et le Maître yrépondait en le caressant de son côté. Ces caresses réciproquesdonnèrent de la jalousie à l’Âne, qui était maltraité et battu detous ceux de la maison. Ne sachant quelles mesures prendre poursoulager sa misère, il s’imagina que le bonheur du Chien ne venaitque des caresses qu’il faisait à son Maître, et que s’il leflattait aussi de la même sorte, on le traiterait comme le Chien,et qu’on le nourrirait de même de viandes délicates. Quelques joursaprès, l’Âne ayant trouvé son Maître endormi dans un fauteuil,voulut venir le flatter, et lui mit les deux pieds de devant surles épaules, commençant à braire, pour le divertir par une mélodiesi harmonieuse. Le Maître réveillé par ce bruit, appela ses Valets,qui chargèrent l’Âne de coups de bâton, pour le récompenser de sacivilité, et des caresses trop rudes qu’il avait faites à sonMaître.