Chapitre 8La mort de Christiano Oiticica, mon beau-père
Peu avant de mourir, mon beau-père a appelé la famille :
« Je sais que la mort n’est qu’un passage, et je veux pouvoirfaire cette traversée sans tristesse. Pour que vous ne soyez pasinquiets, j’enverrai un signe pour montrer qu’il valait la peined’aider les autres dans cette vie. « Il a souhaité être incinéré, etque ses cendres soient dispersées sur la plage de l’Arpoador,tandis qu’un lecteur de cassettes jouerait ses morceaux de musiquepréférés.
Il est décédé deux jours plus tard. Un ami s’est occupé de lacrémation à São Paulo et, de retour à Rio, nous sommes tous partisvers l’Arpoador avec une radio, les cassettes, le paquet contenantla petite urne de cendres. Arrivant devant la mer, nous avonsdécouvert que le couvercle était scellé par des vis. Nous avonstenté de l’ouvrir, inutilement.
Il n’y avait personne près de là, sauf un mendiant, qui s’estapproché et nous a demandé ce que nous voulions.
Mon beau-frère a répondu : « Un tournevis, parce que les cendresde mon père se trouvent là-dedans.»
– Il a dû être un homme très bon, parce que je viens de trouvercela « , a dit le mendiant.
Et il nous a tendu le tournevis.