Chapitre 10Comment on détruit son prochain
Malba Tahan illustre ainsi les dangers de la parole : une femmeaccusa tant son voisin d’être un voleur qu’à la fin le garçon futarrêté. Quelques jours plus tard, on découvrit qu’il étaitinnocent ; libéré, le garçon fit juger la femme.
« Les critiques malicieuses ne sont pas si graves», dit-elle aujuge.
« D’accord», répondit le magistrat. « Aujourd’hui, quand vousrentrerez chez vous, écrivez tout le mal que vous avez dit de cegarçon ; ensuite coupez le papier en petits morceaux etjetez-les sur la route. Demain vous reviendrez écouter lasentence.»
La femme obéit et revint le lendemain.
« Vous êtes pardonnée si vous me remettez les morceaux de papierque vous avez répandus hier. Sinon, vous serez condamnée à un an deprison « , déclara le magistrat.
« Mais c’est impossible ! Le vent a déjà toutdispersé !
– De la même façon, une simple médisance peut être dispersée parle vent, détruire l’honneur d’un homme, et ensuite, il estimpossible de réparer le mal qui est fait.»
Et il fit incarcérer la femme.