Guerrier De Lumière – Volume 1

Chapitre 28Des pièges de la quête

Il semblerait qu’à mesure que l’on s’intéresse davantage auxchoses de l’esprit, l’on devienne plus intolérant envers la quêtespirituelle d’autrui. Ainsi chaque jour je reçois des revues, desmessages électroniques, des lettres, des pamphlets supposés prouverque tel chemin est meilleur que tel autre, et édictant une série derègles pour atteindre « l’illumination». En raison du volumecroissant de ce genre de correspondance, j’ai décidé d’écrire unpeu sur ce que je considère dangereux dans cette quête.

Mythe 1 : l’esprit peut tout soigner. Ce n’estpas vrai ; et je préfère illustrer ce mythe par une histoire.Il y a quelques années, une de mes amies – profondément engagéedans la quête spirituelle – sentit qu’elle avait de la fièvre. Elleallait très mal et passa la nuit à tenter de se représentermentalement son corps, recourant pour cela à toutes les techniquesdont elle avait connaissance, afin de se soigner par le seulpouvoir de la pensée. Le lendemain, inquiets, ses enfants luiconseillèrent d’aller consulter un médecin, mais elle s’y refusa,affirmant qu’elle « purifiait « son esprit. Ce n’est qu’au moment oùla situation devint insupportable qu’elle consentit à se rendre àl’hôpital, où l’on dût l’opérer immédiatement – après avoirdiagnostiqué une appendicite. Donc attention : mieux vaut parfoisprier Dieu afin qu’il guide les mains d’un médecin que prétendre sesoigner seul.

Mythe 2 : la viande rouge éloigne la lumièredivine. Il est évident que si vous appartenez à unereligion déterminée, vous devez en respecter les règles ; lesjuifs et les musulmans, par exemple, ne mangent pas de viande deporc et, dans ce cas, il s’agit d’une pratique inhérente à leurfoi. Cependant, le monde est inondé par une vague de « purification »par la nourriture ; les végétariens radicaux considèrent lesgens qui mangent de la viande responsables de l’assassinat desanimaux. Mais les plantes ne sont-elles pas aussi des êtresvivants ? La nature est un cycle de vie et de mort constant etun jour, c’est nous qui irons nourrir la terre. Donc si vousn’appartenez pas à une religion prohibant un aliment déterminé,mangez ce que votre organisme réclame.

Je voudrais rappeler ici l’histoire du mage russe Gurdjieff.Quand il était jeune, il alla rendre visite à un grand maître et,pour l’impressionner, il ne mangea que des végétaux. Un soir, lemaître voulut savoir pourquoi il suivait un régime aussi rigide, etGurdjieff répondit : « Pour garder propre mon corps.» Le maître ritet lui conseilla de cesser immédiatement cette pratique ; s’ilcontinuait ainsi, il finirait comme une fleur dans la serre : trèspure mais incapable de résister aux défis des voyages et de la vie.Comme le disait Jésus : « Le mal n’est pas ce qui entre dans labouche de l’homme, mais ce qui en sort.»

Mythe 3 : Dieu est sacrifice. Beaucoup de genscherchent la voie du sacrifice et de l’auto-immolation, affirmantque nous devons souffrir dans ce monde afin de connaître le bonheurdans le prochain. Mais si ce monde est une bénédiction de Dieu,pourquoi ne pas savoir profiter au maximum des joies que donne lavie ? Nous sommes habitués à une image du Christ cloué sur lacroix, mais nous oublions que sa passion n’a duré que troisjours ; le reste du temps, il l’a passé à voyager, rencontrerles gens, manger, boire, porter son message de tolérance ; àtel point que son premier miracle fut « politiquement incorrect» -quand la boisson manqua aux noces de Cana, il transforma l’eau envin. Il fit cela, à mon avis, pour montrer à tous qu’il n’y a aucunmal à être heureux, à se réjouir, à faire la fête, car Dieu estbeaucoup plus présent quand nous sommes avec les autres. « Si noussommes malheureux, nous apportons aussi le malheur à nos amis»disait Mahomet. Le Bouddha, après une longue période d’épreuve etde renoncement, était si faible qu’il manqua se noyer ; quandil fut sauvé par un berger, il comprit que l’isolement et lesacrifice nous éloignent du miracle de la vie.

Mythe 4 : il n’y a qu’un seul chemin qui mène àDieu. Voici le plus dangereux de tous les mythes, celuiqui est à l’origine des explications du Grand Mystère, des guerresde religion, du jugement de notre prochain. Nous pouvons choisirune religion (moi, par exemple, je suis catholique), mais nousdevons comprendre que si notre frère a choisi une religiondifférente, il atteindra le même point de lumière que celui quenous cherchons à travers nos pratiques spirituelles. Finalement, ilvaut la peine de rappeler qu’il n’est possible en aucune manière defaire porter au prêtre, au rabbin, à l’imam, la responsabilité denos décisions. C’est nous qui construisons, à travers chacun de nosactes, la route qui mène au Paradis.

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