Le trappeur La Renardière – Au Canada, la tribu des Bois-Brûlés – Voyages, explorations, aventures

Chapitre 10Pieds-Fourchus.

 

L’on trouva les porteurs rassemblés en ungrand convoi. C’étaient des Indiens de la tribu desPieds-Fourchus.

Ils doivent ce nom à la conformation de leurpied.

Le pouce en est très allongé et très séparédes autres doigts, serrés au point de paraître soudés. CesPieds-Fourchus doivent cette conformation à leur manière de monterà cheval.

De chaque côté de la selle pend une cordeterminée par un nœud dit ouvert.

Le cavalier passe le pouce de chaque pied dansle nœud.

Par atavisme, le pouce est devenu gros,puissant, très long, très ouvert, les autres doigts, au contraire,tendent à se lier entre eux.

On a prétendu que les Pieds-Fourchus avaientmême les doigts palmés et j’ai voulu vérifier le fait.

Je puis affirmer que la vérité est qu’ils sontdemi-palmés.

Ces Pieds-Fourchus ont autant de chevauxqu’ils en veulent.

L’entre rivière au partage est couvert dechevaux sauvages, en raison de l’abondance des pâturages et de laqualité de l’herbe fine et aromatique.

On sait comment les chevaux sauvages oudomestiques vivent en hiver.

La neige couvre le sol.

Mais les chevaux s’y creusent des galeries etarrivent à l’herbe très succulente, très nutritive qu’ilsbroutent.

Mais, pour retenir leurs chevaux domestiquesattachés à eux, les Indiens récoltent du foin et le conservent.

Chaque jour, à la même heure, ils portent cefoin à leurs chevaux qu’ils sifflent et qui accourent.

On étonne beaucoup les paysans français enleur expliquant cela.

Il n’y a pas besoin d’aller en Amérique pourvoir des chevaux passant l’hiver dehors et pourvoyant à leurnourriture.

Il suffit d’aller en Hongrie, quand la neige acouvert ses immenses plaines où trouvent à pâturer des milliers dechevaux à demi-sauvages.

Mais nous voyageons si peu que tout nousétonne.

Ces Pieds-Fourchus sont depuis bien longtempsles porteurs d’entre Caribou et l’Athabaska, père du fleuveMackensie.

Ce sont de très braves gens, très attachés àla Compagnie de pelleteries qui les paie bien.

L’hiver ils pêchent, ils chassent, ilstrappent.

Jamais ni le poisson, ni le gibier ne leurmanquent.

Ils trouvent de belles martes-zibelines dansles montagnes et tirent bon profit des peaux.

Mais ce qui les fait riches, c’est le portaged’été.

La Compagnie le leur paie en poudre, balles,objets de quincaillerie, étoffes, armes, outils, etc.

Ainsi, ils ont outre le tomahawk (hache deguerre traditionnelle), des cognées de bûcherons, des scies, deslimes, des marteaux, des clous, des râpes, des limes, des vrilles,des tarières, des pelles, des bêches, des pioches, des râteaux,etc.

Ils font de l’agriculture, du moins leursfemmes en font.

Ils sont un objet d’envie pour les autrestribus.

Nombreux et prospères, ils ne craignent pas laguerre.

Les autres Indiens évitent toutes querellesavec les Pieds-Fourchus. On leur conta ce qui était arrivé auxCaramans.

Ils blâmèrent ceux-ci.

Qu’auraient-ils gagné ces Caramans en prenantle fort Nelson ?

Un pillage.

Et après ?

Plus rien.

Où acheter de la poudre ?

Partout les autres forts leur en auraientrefusé.

On le voit, ces Pieds-Fourchus voyaient plusloin que les Caramans.

On fit marché avec eux.

Il leur fallait faire trois voyages deva-et-vient.

De plus, d’autres voyages en pirogue depuis lasource de Mackensie jusqu’à l’entrée de celui-ci dans le lacAthabaska, qui est le point terminus de la navigation des vapeursdu grand fleuve.

La Feuille et ses compagnons partirent avec lepremier navire.

Cinq jours après, ils campaient près du lacAthabaska.

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