Chapitre 6Les camps.
Au premier camp, selon la méthode de sirGarnet et de M. d’Ussonville, La Feuille fit faire quatre tasde bagages aux quatre angles du camp.
Puis il fit élever quatre bastions avec ces,bagages.
Une tente au milieu de chaque bastion et descréneaux ménagés.
– Sacrebleu, disait La Renardière àBalle-Franche, il est malin, le Français, et je comprends sonidée.
Mais il approuva encore bien plus quand, lanuit venue, il vit tendre les cordes d’un bastion à l’autre.
– Les cavaliers butteront dedans, dit-il,et ils tomberont les uns sur les autres comme des capucins decarte.
Il se frottait les mains.
La Feuille prit le commandement d’un bastion,il donna celui d’un autre à La Futaie, le troisième à La Rosée, lequatrième à la Renardière et à son compagnon.
Dans chaque bastion, il y avait cinq fusilstenus par des mains expertes ; dans le quatrième, il y enavait sept, parce que les deux Indiennes ne pouvaient encorecompter comme étant bien exercées.
La Feuille fit remarquer à chacun la force dechaque bastion.
Deux cent cinquante coups de fusil à tirer enune minute.
Deux cent quarante coups de revolver en uneautre minute.
Pour les quatre bastions, deux mille quatrecent cinquante coups de feu en deux minutes. Et nous tirons àl’abri.
Comprenez bien que nous sommes très forts etne vous laissez pas intimider par le nombre. Il ne signifierien.
À partir de dix heures du soir, on mit unesentinelle dans chaque bastion ; le soleil se levant à deuxheures et demie du matin, cela faisait à peine une heure de factionpour chacun ou chacune.
Ces dispositions prises, on attendit les Oursavec confiance.