L’Ensorcelée

Chapitre 8

 

Ce dut être un moment solennel que le silence qui saisit tout àcoup ces deux femmes après le récit de la Clotte. La Clotte, seridant d’attention inquiète devant la pâleur de morte qui avaitenveloppé Jeanne et qui semblait s’incruster jusqu’au fond de sachair, regardait ce visage passant au bloc de marbre, et cespesantes paupières qui couvraient rigidement de leurs voilesopaques les yeux disparus. L’absorption en elle-même deJeanne-Madelaine était si complète que, si elle ne se fût pas tenuedroite, comme une figure de bas-relief, sur son siège sans dossier,on eût pu la croire évanouie.

La Clotte mit une de ses mains aux doigts ténus comme la serred’un oiseau de proie sut la paroi de glace de ce front sans sueur,sans frémissement d’épiderme, n’ayant plus rien d’humain, un vraifront de cataleptique.

« Ah ! tu es donc ici, ô Jéhoël de La Croix-Jugan ! »– cria-t-elle.

Cette femme exaltée avait-elle conscience de ce qu’elledisait ?… Parlait-elle de la vision intérieure qu’il y avaitsous la coupole de ce front fermé, dans cette tête vivante, sousson écorce momentanée de cadavre, et qu’elle palpait curieusementde ses doigts, comme le fossoyeur d’Hamlet touchait et retournaitson crâne vide ?… Ou parlait-elle seulement du retour du moinede Blanchelande dans la contrée ?… Quoi qu’il en pût être,cette espèce d’évocation sembla réussir, car une grande ombre sedressa dans le cadre clair de la porte ouverte, et une voix sonorerépondit du seuil :

« Qui donc parle de La Croix-Jugan et peut dire, s’il l’a connu,quel est celui-là qu’on appelait autrefois Jéhoël ? »

Et l’ombre épaissie devint un homme qui entra, enveloppé dansune carapousse portée de manière à lui cacher le bas du visage,comme la visière à moitié levée d’un ancien casque.

« Laquelle de vous a parlé, femmes ? – fit-il en les voyantlà toutes les deux. Mais son regard, errant de l’une à l’autre,s’arrêta bientôt sur la Clotte. – Clotilde Mauduit ! –cria-t-il, – c’est donc toi ? Je te cherchais, et je tetrouve ! Je te reconnais. Les malheurs du temps n’ont donc pasaboli ta mémoire, puisque tu te rappelles l’ancien moine deBlanchelande, le Jéhoël de La Croix-Jugan…

– J’apprenais, quand vous êtes entré, que vous étiez revenu àBlanchelande, frère Ranulphe, – dit la vieille femme avec unrespect troublé dû à la religion de ses souvenirs et aussi àl’ascendant surnaturel de cet homme.

– Il n’y a plus de frère Ranulphe, Clotilde ! – dit leprêtre d’une voix âpre en jetant ces paroles comme la derrièrepelletée de terre sur un cercueil. – Le frère Ranulphe est mortavec son ordre. Les puissants chanoines de Saint-Norbert sontfinis. En venant ici, il n’y a qu’une heure, j’ai vu la statuemutilée de notre saint fondateur servir de contrefort à la ported’un cabaret, et les ruines de l’abbaye que je devais gouvernersont en poussière. Il y a devant toi un prêtre obscur, isolé,désarmé, vaincu, qui a répandu le sang des hommes et le sien commel’eau, et qui n’a rien sauvé, au prix de son sang, et peut-être deson âme, de tout ce qu’il voulait sauver. Vanités folles du vouloirhumain ! Il n’y a plus rien du passé, Clotilde ! Te voilàvieille, infirme, m’a-t-on dit, paralysée. Le château desSang-d’Aiglon de Haut-Mesnil a été rasé, jusque dans le sol, parlesColonnes Infernales. Tiens, vois ! ceci est noir ! –continua-t-il en frappant sa manche de sa main ; – le blanchabit des Prémontrés ne brillera plus dans nos églises appauvrieset esclaves. Et ceci… regarde encore ! – fit-il avec un gested’une majesté tragique, en détachant la mentonnière de velours noirqui lui cachait la moitié du visage, – de quelle couleur et dequelle forme c’est-il devenu ! »

L’espèce de chaperon qu’il portait tomba, et sa tête gorgonienneapparut avec ses larges tempes, que d’inexprimables douleursavaient trépanées, et cette face où les balles rayonnantes del’espingole avaient intaillé comme un soleil de balafres. Ses yeux,deux réchauds de pensées allumés et asphyxiants de lumière,éclairaient tout cela, comme la foudre éclaire un piton qu’elle afracassé. Le sang faufilait, comme un ruban de flamme, sespaupières brûlées, semblables aux paupières à vif d’un lion qui atraversé l’incendie. C’était magnifique et c’étaitaffreux !

La Clotte demeura stupéfaite.

« Eh bien ! – dit-il, orgueilleux peut-être de l’effet queproduisait toujours le coup de tonnerre de sa sublime laideur, –reconnais-tu, Clotilde Mauduit, dans ce restant de torture,Ranulphe de Blanchelande et Jéhoël de La Croix-Jugan ? »

Quant à Jeanne, elle n’était plus pâle. Sur sa pâleur sortaientde partout des taches rouges, un semis de plaques ardentes, commesi la vie, un instant refoulée au cœur, revenait frapper contre sacloison de chair avec furie. À chaque mot, à chaque geste del’abbé, apparaissaient ces taches effrayantes. Il y en avait sur lefront, aux joues. Plusieurs se montraient déjà sur le cou et sur lapoitrine, et c’était à croire, à tous ces désordres de teint, quemaître Tainnebouy avait raison avec sa grossière physiologie, etqu’elle avait le sang tourné !

« Si, – dit la Clotte, – je vous reconnais, malgré tout. Vousêtes toujours le même Jéhoël qui nous imposait, à nous toutes, dansnos folles jeunesses ! Ah ! vous autres seigneurs,qu’est-ce qui peut effacer en vous la marque de votre race ?Et qui ne reconnaîtrait pas ce que vous étiez, aux seuls os de voscorps, quand ils seraient couchés dans la tombe ? »

Cette vassale idolâtre de ses maîtres, cette fille d’une sociétéfinie, disait alors la pensée de Jeanne la mésalliée, qui, depuisl’histoire du curé Caillemer, ne voyant plus dans les cicatrices del’ancien moine que la parure faite par la guerre et le désespoir aufront martial d’un gentilhomme. Ce chêne humain, dévasté par lesballes à la cime, avait toujours la forte beauté de son tronc.Jéhoël n’avait perdu que les lignes muettes d’un visage superbeautrefois ; mais il s’était étendu sur ces lignes brisées unesurhumaine physionomie, et, partout ailleurs qu’à la face, danstout le reste de sa personne, l’imposant abbé se distinguait parles formes et les attitudes des anciens Rois de la Mer, de cesimmenses races normandes, qui ont tout gardé de ce qu’elles ontconquis, et qui faisaient pousser, à la fin du IXe siècle, ce grandcri dont l’Histoire tressaille : A furoreNormanorum libera nos,Domine !

« Oui, bon sang ne saurait mentir ; regardez à votre tour,abbé ! – dit la Clotte. – La femme que voilà, et qui n’a pashonte d’être assise sur l’escabeau de Clotilde Mauduit, ne lareconnaissez-vous pas aux traits de son père ? C’est la fillede Loup de Feuardent.

– Loup de Feuardent ! l’époux de la belleLouisine-à-la-hache ! mortavant nos guerres civiles ! » – reprit l’abbé, regardantattentivement Jeanne, dont le visage n’était plus qu’écarlate dutour de gorge jusqu’aux cheveux.

L’idée de son mariage, de sa chute volontaire dans les bras d’unpaysan, lui fondait le front dans le feu de la honte. Elle avaitbien souffert déjà de sa mésalliance, mais pas comme aujourd’hui,devant ce prêtre gentilhomme qui avait connu son père. Heureusementpour elle, la nuit, qui venait et envahissait, en s’y glissant, lachaumière enfumée de la Clotte, la sauva du regard de l’abbé, quandla Clotte parla de son mariage avec Le Hardouey et le déplora commeune nécessité cruelle et un éternel chagrin. Si le sentiment de lafamille était plus fort dans Jéhoël de La Croix-Jugan que l’espritde son sacerdoce, Jeanne n’en sut rien, du moins ce jour-là. Leprêtre laissa tomber d’austères paroles sur les malheurs de lanoblesse, mais la nuit empêcha de voit le dédain ou la condamnationde l’homme de race, au blason pur, se mouler dans ces traitstatoués par le plomb, le feu et la cendre, et ajouter les froideshorreurs du mépris à leurs autres épouvantements. Dans ladisposition de son âme, elle n’eût pas supporté une telle vue.

Ferai-je bien comprendre ce caractère ? Si on ne lecomprenait pas, ce récit serait incroyable. On serait alors obligéd’en revenir aux idées de Maître Tainnebouy, et ces idées ne sontplus dans la donnée de notre temps. Pour l’observateur qui s’abîmedans le mystère de la passion humaine et de ses sources, ellesn’étaient pas plus absurdes qu’autre chose, nais le scepticismed’un siècle comme le nôtre les repousserait.

Cependant l’abbé de La Croix-Jugan s’était assis chez ClotildeMauduit avec la simplicité des hommes grandement nés, qui sesentent assez haut placés dans la vie pour ne pouvoir jamaisdescendre. D’ailleurs la Clotte n’était pas pour lui une vieillebonne femme ordinaire. S’il était aigle, elle était faucon. Ellereprésentait, à ses yeux des souvenirs de jeunesse, ces premièresheures de la vie, si chères aux caractères qui n’oublient pas,qu’elles aient été heureuses, insignifiantes ou coupables !Puis, on était à une époque où l’infortune sociale avait mêlé tousles rangs et où la pensée politique était le seul milieu réel. LaFrance, rouge de sang, s’essuyait. La Clotte, aristocrate,comme on disait alors de tous ceux qui respectaient la noblesse,aurait, sans sa paralysie, été dans la maison d’arrêt de Coutances,pour, de là, charriée à l’échafaud. L’abbé, Jeanne Le Hardouey elleparlèrent donc des temps qui venaient de s’écouler, et leurs âmespassionnées vibrèrent toutes trois à La Clotte avait des rancunesplus grandes peut-être que celles du terrible défiguré qui était làdevant elle, et dont le visage avait été si atrocement déchiré parles Bleus.

« Ils vous ont fait bien du mal, – lui dit-elle ; – maismoi, qui les bravais, eux et leur guillotine, et qui n’ai jamaisvoulu porter leur livrée tricolore, faites état qu’ils ne m’ont pasépargnée ! Ils m’ont prise à quatre, un jour de décade, et ilsm’ont tousée sur la place du marché, à Blanchelande, avecles ciseaux d’un garçon d’écurie qui venait de couper le poil à sesjuments. »

Et cet outrage rappelé creusa la voix de la vieille et donna àses yeux pers l’expression d’une indéfinissable cruauté.

« Oui, – reprit-elle, – ils se mirent à quatre pour faire cecoup de lâches ! et, quoique je n’eusse déjà plus l’usage demes jambes, ils furent obligés de me lier, avec la corde d’unlicou, au poteau où l’on attache les chevaux pour les ferrer.J’avais bien aimé et choyé mon corps, mais la maladie et l’âgel’avaient brisé. Qu’étaient, pour moi, quelques poignées de cheveuxgris de plus ou de moins ? Je les vis tomber, l’œil sec etsans mot dire ; mais je n’ai jamais oublié le son clair et lefroid des ciseaux contre mes oreilles, et cela, que j’entends et jesens toujours, m’empêcherait, même à l’article de la mort, depardonner.

– Ne te plains pas, Clotilde Mauduit, ils t’ont traitée commeles rois et les reines ! – dit ce singulier prêtre, qui avaitle secret de consoler par l’orgueil les âmes ulcérées, comme s’ilavait été un ministre de Lucifer au lieu d’être l’humble prêtre deJésus-Christ.

– Et je ne me plains pas non plus, – fit-elle fièrement, – j’aiété vengée ! Tous les quatre sont morts de malemort, hors deleur lit, violemment et sans confession. Mes cheveux ont repousséplus gris et ont couvert l’injure faite au front de celle qu’àHaut-Mesnil vous appeliez l’Hérodiade. Mais le cœur outragé estresté plus tousé que ma tête. Rien n’y a repoussé, rienn’y a effacé la trace de l’injure ressentie, et j’ai compris querien n’arrache du cœur la rage de l’offense, pas même la mort del’offenseur.

– Et tu as raison », – dit sombrement le prêtre, qui aurait dû,à ce qu’il semblait, faire couler l’huile d’une parolemiséricordieuse sur cet opiniâtre ressentiment, et qui ne lefaisait pas ; ce qui, par parenthèse, démentait bien un peul’idée de cette grande pénitence et de cet édifiant repentir dontavait parlé le curé Caillemer, la veille, au repas du soir, chezmaître Thomas Le Hardouey.

…  …  …  …  …  …  …  …. .

Ce soir-là, on attendit Jeanne-Madelaine au Clos. Elle étaitrégulière dans ses habitudes et ordinairement toujours rentréeavant son mari. Ce soir-là, par exception, ce fut le mari quirentra le premier à la maison. On ne vit point maîtresse LeHardouey assister au repas de ses gens, et on entendit maîtreThomas demander plusieurs fois où donc sa femme était allée. Plusétonné qu’inquiet, cependant, il se mit à table, après un quartd’heure d’attente prolongée. C’est à ce moment qu’elle rentra.

« Vous êtes bien désheurée, Jeanne, – fit Le Hardouey enl’apercevant et pendant qu’elle ôtait ses sabots dans l’angle de laporte.

– Oui, – dit-elle, – la nuit nous a surpris chez la Clotte, etelle est si noire que nous avons perdu deux notre route envenant.

– Qui, vous ? » – répondit Le Hardouey trèsnaturellement.

Elle hésita ; mais, surmontant une répugnance queconnaissons tous quand il s’agit de prononcer tout haut le nom quenous lisons éternellement dans notre pensée et dont les syllabesnous effrayent comme si elles allaient trahir notre secret, elleajouta :

« Moi et cet abbé de La Croix-Jugan dont nous parlait hier M. lecuré, et qui est venu chez la Clotte pendant que je m’y trouvais.»

Elle avait posé sa pelisse sur une chaise, et elle s’assit enface de son mari, qui devint soucieux. Elle n’avait pas perdu lescouleurs foncées que la vue de Jéhoël avait étendues sur sonvisage.

« Il m’a quittée au bout de l’avenue, – ajouta-t-elle ; –je l’ai prié d’entrer chez nous, mais il m’a refusée…

– Comme moi hier, – dit Le Hardouey avec amertume. – Sans doute,il s’en allait encore chez la comtesse de Montsurvent. »

L’ironie haineuse de l’homme du peuple qui se croit dédaignégrinçait dans ce peu de paroles. Elles trouvèrent un triste échodans le cœur de Jeanne, car elle aussi pensait au dédain du prêtre,et elle en souffrait d’autant plus qu’il lui paraissaitlégitime.

La haine se pressent comme l’amour. Elle est soumise aux mêmeslois mystérieuses. L’ancien Jacobin de village, l’acquéreur desbiens d’Église, maître Le Hardouey, avait senti, à la première vue,que le moine dépouillé, le chef de Chouans vaincu, cet abbé de LaCroix-Jugan que les évènements ramenaient à Blanchelande, devaitêtre toujours son ennemi, son ennemi implacable, et que lespacifications politiques en avaient menti dans le cœur deshommes.

Il ne disait rien, mais il coupa au chanteau un morceau de pain,qu’il tendit à sa femme avec un mouvement dont la brusquerie agitéeet farouche aurait épouvanté un être plus faible et d’uneimagination plus nerveuse que Jeanne de Feuardent.

Maître Thomas Le Hardouey n’aimait pas de voir sa femme allerchez la Clotte, sur laquelle il partageait toutes les opinions dupays. Il fallait le caractère de Jeanne et l’empire de ce caractèresur un homme grossièrement passionné comme Le Hardouey pour qu’ilsupportât les visites que sa femme faisait à cette vieille, quin’était bonne, pensait-il, qu’à monter la tête à une femme sage, etil n’en parlait jamais qu’avec une rancune concentrée.

« Ah ! la vieille Clotte, c’est une Chouanne, – dit-il, –et c’est trop juste qu’un ancien chef de Chouans aille la visiterdès son débotté dans le pays ! Elle en a caché plus d’un dansses couvertures, la vieille gouge ! et les chouettes nes’abattent que sur l’arbre où d’autres chouettes ont déjà perché. –Mais comme Jeanne prenait cet air sévère qui lui imposait toujours: – Vous aussi, Jeannine, – ajouta-t-il en riant d’un air faux, –vous êtes un petit brin aristocrate ; c’est de souche chezvous, et vous ne vous plaisez que trop avec des gens comme cettevision de Bréha de la Clotte et ce nouveau venu d’abbé.

– Ils ont connu mon père », – fit gravement Jeanne.

Ce mot produisit l’effet qu’il produisait toujours entre eux, unsilence. Le nom de son père était comme un bouclier sacré queJeanne-Madelaine dressait entre elle et son mari, et qui lacouvrait tout entière ; car, si ennemi des nobles qu’il fût,comme tous les hommes d’extraction populaire qui ne haïssent lanoblesse que par vanité ou par jalousie, Thomas Le Hardouey étaittrès flatté, au fond, d’avoir épousé une fille de naissance ;et le respect qu’elle avait pour la mémoire de son père, malgré luiil le partageait.

Du reste, ce jour-là et les jours suivants, il ne fut question,au Clos, ni de l’abbé de La Croix-Jugan ni de la Clotte. On n’enparla plus. Jeanne-Madelaine enferma ses pensées dans son tour degorge, dit Tainnebouy, et continua de s’occuper de son ménage et deson faire-valoir comme par le passé. Les moiss’écoulèrent ; les temps des foires vinrent, et elle y alla.Elle se montra enfin la même qu’elle avait été jusqu’alors et qu’onl’avait toujours connue. Elle était si forte ! Seulement lesang qu’elle avait tourné,croyait maître Tainnebouy, parla pour elle ! Il lui étaitmonté du cœur à la tête le jour où elle avait rencontré l’abbé deLa Croix-Jugan chez la Clotte, et jamais il n’en redescendit. Commeune torche humaine, que les yeux de ce prêtre extraordinaireauraient allumée, une couleur violente, couperose ardente de sonsang soulevé, s’établit à poste fixe sur le beau visage deJeanne-Madelaine.

« Il semblait, Monsieur, – me disait l’herbager Tainnebouy, –qu’on l’eût plongée, la tête la première, dans un chaudron de sangde bœuf. »

Elle était belle encore, mais elle était effrayante tant elleparaissait souffrir ! Et la comtesse Jacqueline de Montsurventajoutait qu’il y avait des moments où, sur la pourpre de ce visageincendié, il passait comme des nuées d’un pourpre plus foncé,presque violettes ou presque noires ; et ces nuées,révélations d’affreux troubles dans ce malheureux cœur volcanisé,étaient plus terribles que toutes les pâleurs ! Hors cela, quitouchait à la maladie, et qui finit par inquiéter maître Thomas LeHardouey et lui faire consulter le médecin de Coutances, on ne sutrien, pendant bien longtemps, du changement de vie deJeanne-Madelaine ; et cependant cette vie était devenue unenfer caché, dont cette cruelle couleur rouge qu’elle portait auvisage était la lueur.

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