La voix des choses
Même pour la conscience superficielle, le soncontient évidemment quelque chose des existences qu’il traduit. Leson pesant et large de la cloche met en nous un moment l’âme lenteet lourde du métal ébranlé. Et, au contraire, j’imagine qu’àentendre, sans en avoir jamais vu, un verre de cristal, nous nousfigurerions je ne sais quoi de délicat et de pur. Le bruitmélancolique, monotone et puissant d’une chute d’eau traduit bien àl’oreille cette sorte d’existence confuse du fleuve où aucunegoutte ne peut vivre d’une vie particulière distincte, où tout estentraîné dans le même mouvement et dans la même plainte.