L’étonnement éternel
L’Infini, en même temps qu’il est la suprêmeclarté, est le suprême mystère. L’être infini est une inépuisableréponse à une inépuisable question ; Dieu même, en secomprenant comme être et en comprenant tout par soi, s’étonned’être ; le jour où nous saurions tout, où nous verrions tout,nous aurions mis un terme à notre ignorance, mais point à notreétonnement ; l’étonnement n’est pas seulement à l’origine dela science, il est au bout et, à l’infini, il se confond avec lascience elle-même ; l’infini a besoin, pour résister à lanégation, de s’affirmer sans cesse, et c’est cette affirmationrenouvelée qui renouvelle le monde ; il y a au fond de toutechose un étonnement divin qui met dans la monotonie des matinsrenaissants une fraîcheur d’aurore première et qui prolonge dans lerêve les perspectives voilées du soir.