Poèmes

Rêve étoilé

Je me rappelle qu’un soir, sur ma couchetted’écolier, par la demi-fenêtre qui donnait sur le ciel, je vis dansles profondeurs une petite étoile d’une douceur inexprimable ;je ne voyais qu’elle et il me sembla que toute la tendresse quepouvaient contenir les sphères lointaines, que toute la pitiéinconnue, qui répondait peut-être dans l’infini à nos inquiétudeset à nos souffrances, que tous les rêves ingénus et purs quiavaient rayonné des âmes humaines depuis l’origine des temps dansle mystère de la nuit, résumaient leur douceur dans la douceur del’étoile, et un moment je goûtai jusqu’aux larmes cette amitiéfraternelle et mystérieuse de l’âme et de l’espace infini. Puis,peu à peu, et sans qu’aucune pensée précise expliquât cechangement, je sentis comme une rupture étrange. Les profondeursamies se creusèrent en un abîme d’indifférence et de silence. Je medis que le foyer de pensée et de poésie juvéniles qui brûlait enmoi s’éteindrait sans avoir pu réchauffer ces espaces glacés.Bossuet avait dit : « Allons méditer le silence sacré dela nuit. » Pascal : « Le silence éternel de cesespaces infinis m’effraie. » Tous les deux avaient l’âmechrétienne et je venais de passer en quelques instants del’expansion de l’un au resserrement de l’autre.

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