Escal-Vigor

Chapitre 1

 

 

À la suite de cette explication suprême, leDykgrave, à qui Blandine avait révélé une partie des manœuvres deLandrillon, celles dont elle n’avait pas été directement victime,mit le domestique à la porte. Le comte préférait affronter lespires conséquences de ce renvoi, plutôt que de continuer à respirerle même air que ce fourbe, et Blandine, entièrement acquise auxvues de son maître, ne redoutait plus le scandale dont le drôlel’avait toujours menacée.

Landrillon fut stupéfait de cette exécutioninattendue.

Il croyait toucher au but, les tenir tousdeux, Blandine et le comte, à sa merci ? Comment osaient-ilsbien le chasser ?

Vrai, il n’en revenait pas.

Mais, quoique interloqué un moment, quandKehlmark, l’ayant fait appeler, lui signifia ce congé àbrûle-pourpoint, son effronterie reprit bientôt ledessus :

– Ouais, monsieur le comte,gouailla-t-il, vous croyez que nos relations vont en resterlà ! Que nenni ! Vous n’aurez pas fini de sitôt avec moi.On sait beaucoup de choses, car on n’a pas eu les yeux et lesoreilles en poche.

– Canaille ! fit Kehlmark en faisantbaisser les yeux par un regard intrépide et loyal au coquin qui seflattait de l’intimider. Sortez ! Je me ris de voscomplots ! Toutefois, apprenez qu’à la moindre diffamation quinous viserait, moi ou les êtres qui me sont chers, je vous enrendrais responsable et vous ferais traîner devant lestribunaux…

Et comme le valet contractait les lèvres pourlancer quelque parole immonde, d’un geste Kehlmark le mit dehors,tête basse, en lui faisant rentrer l’injure dans la gorge.

 

Ayant fait ses paquets, Landrillon, blême derage, ivre de vengeance, rejoignit Blandine, se flattant de serabattre sur celle-ci et de la terroriser pour deux.

– C’est sérieux. On me déclare donc laguerre ? Gare à vous ! lui dit-il.

– Vous ferez ce que vous voudrez !répondit Blandine, désormais aussi calme et rassurée que Kehlmark.Nous nous attendons à tout de votre part !

– Nous ! On s’est donc remis avecle… bougre. Soyons poli ! Pas dégoûtée la petite ! Nousallons le partager avec son… gamin. Pour être poli, toujours !Ménage à trois ! Tous mes compliments !…

Ces insinuations ne lui arrachèrent même pasun tressaillement. Elle se borna à le considérer d’un air demépris.

Cette impassibilité mit le comble à lastupéfaction du groom.

La coquine lui échappait. N’aurait-il plusaucun pouvoir sur elle ? Pour s’en assurer :

– Il ne s’agit pas de tout cela,reprit-il. Assez plaisanté ! Tu as souscrit un pacte avec moi.On me chasse ; tu me suivras. !

– Jamais !

– Comment dis-tu cela ? Tu es à moi…As-tu raconté à ton piteux seigneur que tu t’es poussé du plaisiravec moi ? Ou bien veux-tu que je l’en informe ?

– Il sait tout ! dit-elle.

Elle mentait à dessein pour parer touteattaque de la part de Landrillon. S’il parlait, le comte ne lecroirait pas. La noble femme voulait que Kehlmark ignorât toujoursjusqu’à quel point elle s’était sacrifiée pour son repos ;elle ne voulait point l’humilier, ou plutôt lui causer un éternelchagrin en lui prouvant combien elle l’avait aimé.

– Et malgré cela, il te reprend !constata Landrillon. Pouah ! Vraiment vous êtes dignes l’un del’autre… Ainsi tu l’aimes encore, ce décati, ce panné ?…

– Tu l’as dit. Et, si possible, plus quejamais…

– Tu m’appartiens. Je te veux, etsur-le-champ… Ne fût-ce qu’une dernière fois ?

– Plus jamais ; je suis libre et meris désormais de toutes tes entreprises !

 

Landrillon fut tellement pris au dépourvu parcette volte-face et maté par l’air désespérément résolu des maîtresde l’Escal-Vigor, qu’au dehors il n’osa donner suite à saconspiration et divulguer ce qu’il avait vu ou, tout au moins,parler de ce qu’il soupçonnait.

Au village, il prétendit avoir quittél’Escal-Vigor de son propre gré afin de s’établir, et comme, duchâteau, on ne démentit point cette version, cet événement inopinéne donna point lieu à trop de commérages.

N’osant encore rompre ouvertement en visière àson ancien maître, il entreprit d’entamer sa popularité.

Ainsi il fit une cour assidue à Claudie, quesa luronnerie égrillarde avait toujours amusée, et il flattal’amour-propre du fermier des Pèlerins. Rebuté par Blandine, iljetait son dévolu sur la riche héritière de la ferme, mais cecaprice nouveau il le mettrait au service de la haine inextinguiblequ’il portait désormais à la maîtresse du Dykgrave, une de ceshaines qui représentent l’aberration de l’amour. Car il s’étaitrepris à désirer follement la femme qui lui échappait et quil’avait joué. Elle le frustrait, elle le volait, elle lespoliait.

Landrillon parut aussi aux offices, auxprêches de Dom Balthus. Il s’insinua dans les grâces de la femme dupasteur et des deux vieilles filles, les sœurs du fermier desPèlerins.

L’ancien valet n’osait encore agirouvertement, mais il déchaînerait un terrible orage contreKehlmark, sa concubine et leur mignon. Leur fierté, leur audace lepassaient : « Vrai, ils en ont de l’aplomb et untoupet ! Concilier des mœurs pareilles avec de ladignité ! Il ne leur manque plus que de tirer gloire de leurignominie ! »

Le gaillard ne se savait point si bon devin.Il se croyait le droit de mépriser profondément son ancien maître.Les mille gredineries auxquelles, troupier vendu de corps et d’âme,absolu prostitué, il s’était livré durant son temps de bagnemilitaire ne représentaient que bagatelles ne tirant pas àconséquence. De tout temps, le vice a condamné l’amour vrai, et lesKehlmark ont été la réhabilitation des Landrillon. La turbepréférera toujours Barrabas à Jésus.

Pour commencer, Landrillon s’appliquerait àdétacher Michel Govaertz du châtelain de l’Escal-Vigor, à refroidirle bel enthousiasme du père et de la fille, à chauffer la rancunede la virago contre Blandine, puis à incriminer vaguement lesrapports de Guidon et de Kehlmark :

– À votre place, se hasarda-t-il à direun jour à Michel et à Claudie, je ne laisserais pas le jeune Guidonau château. Le faux ménage du comte et de cette chipie est unmauvais exemple pour un jeune homme !

À leur sourire étonné, il comprit qu’ilfaisait fausse route et n’insista point.

Landrillon n’aurait pu fournir la preuve desscandaleuses imputations qu’il brûlait de formuler contre le maîtrede l’Escal-Vigor. Dire qu’un instant le fourbe s’était flatté deproduire Blandine contre lui !

Prévenu, averti, le comte se tiendrait àquatre, n’aurait garde de se livrer, de se compromettre, de tomberdans un traquenard. Il sauvait parfaitement les apparences.

La présence de Guidon au château se justifiaitsous tous les rapports. Loin de s’en séparer, le comte venait de sel’attacher comme secrétaire.

Un instant, Thibaut songea à suborner destémoins, à corrompre les manouvriers de Klaarvatsch, les cinqhercules que le comte employait aux corvées du château et quiposaient dans son atelier. Mais ces gars simples et rudes étaientfous de leur patron et eussent assommé l’ennemi dès le premier motqu’il leur eût touché de son plan. Il fallait ruser, les prendre,les gagner d’une autre façon et peu à peu sans brusquer leschoses.

Il se borna pour le quart d’heure àcirconvenir ceux de Klaarvatsch qui ne travaillaient pas à demeureau château, les plastiques marins, les comparses des jeuxathlétiques et des tournois décoratifs, les personnages des sortesde « masques » et tableaux vivants composés par leDykgrave.

Landrillon les indisposa graduellement contreles cinq privilégiés et surtout contre le petit favori, les grandsrôles de ces mascarades, comme les appelait le valet, d’ailleursrigoureusement exclu, pour cause de trivialité, de ces intermèdesesthétiques. Les figurants finissaient par convenir avec Landrillonque l’ascendant de Guidon Govaertz, ce petit morveux encoreimberbe, sur le Dykgrave était par trop considérable. Indisposéscontre le page, ils ne tarderaient point, calculait ce machiavel dufumier, à voir de moins bon œil, le châtelain.

D’autre part, l’ancien domestique, qui avaitouvert une sorte de tourne-bride entre le parc de l’Escal-Vigor etle village de Zoudbertinge, attirait l’attention ombrageuse desnotables sur le trop d’intérêt témoigné par Henry aux va-nu-piedsde Klaarvatsch, au rebut de l’île smaragdine.

Landrillon voyait souvent Balthus Bomberg àprésent. Il se bornait à l’entretenir du faux ménage de Blandine etdu comte, mais sans lui faire entrevoir encore une irrégularitémorale autrement choquante, énorme.

Le dominé, qui se cassait la tête pourrenverser et perdre le Dykgrave, ne se fût jamais arrêté, même enimagination, à une arme si maléfique que celle dont Landrilloncomptait se servir. Ah la terrible explosion ! Si cettemine-là éclatait un jour, les pires chenapans devraient lâcherl’indigne favori ! Pas un homme honnête dans l’île ne tendraitencore la main au réprouvé.

– Comment faire, mon cher monsieurLandrillon, demandait, en attendant, le curé à son nouvel allié,pour exorciser, pour retourner ces fanatiques, pour les détacher decet ensorceleur, de ce corrupteur ?…

– Oui, oui, corrupteur n’est pas tropdur ! l’interrompait Landrillon, avec un rire en dedans quieût donné à supposer bien des choses à un autre qu’à ce pasteurrigoriste mais borné.

– Notez, protestait celui-ci, que je n’enveux pas à ce mauvais noble, mais que je suis uniquement entraînépar mon zèle pour la religion, les bonnes mœurs et la cause dubien !…

– Pour bien faire, mon révérend Monsieur,reprenait Landrillon, avec sa mine chafouine, il nous faudraitdécouvrir chez le comte de Kehlmark une transgression quiheurterait un préjugé terrible et en quelque sorte indéracinabledans notre ordre social et chrétien ; vous comprenez ce que jeveux dire, une abomination qui crierait non seulement vengeance auciel, mais aux pécheurs les moins timorés…

– Oui, mais qui nous fournira la preuved’un forfait de ce genre ! soupirait Bomberg.

– Patience, mon révérend Monsieur,patience ! nasillait cauteleusement le mauvais domestique.

 

Bomberg tenait ses supérieurs ecclésiastiquesau courant de la tournure plus favorable que prenaient leursaffaires.

Continuellement entreprise par Landrillon,Claudie commençait à s’impatienter des lenteurs et destemporisations du comte de Kehlmark. Ce qui contribuait àl’irriter, c’est que dans le pays les prétendants évincés ne segênaient point pour se moquer d’elle et même la chansonner dans lescabarets. Landrillon lui faisait accroire que Blandine tenaitencore le Dykgrave. Aussi la pataude en voulait-elle de plus enplus à l’intendante, à cette pimpesouée. Tout aussi réservé qu’avecBomberg, Landrillon n’avait garde de mettre déjà la véhémentepaysanne sur la véritable piste. « Ah nous en verrons dedrôles le jour où la Claudie saura toute la vérité ! Y enaura-t-il de la casse ! » songeait le trigaud en sefrottant les mains et en riant sous cape.

Il jubilait à l’avance, savourait, recuisaitsa vengeance, aiguisait voluptueusement l’arme décisive, larepassant sur la pierre, ne voulant frapper qu’à coup sûr et entoute sécurité pour lui.

Claudie, pourtant, ne renonçait point à songrand projet. Elle conquerrait Kehlmark sur sa pâle rivale.

La voyant toujours si férue du Dykgrave,Landrillon, à qui sa haine vigilante tenait lieu de vertudivinatoire, commença par lui révéler la gêne financière du comte,puis il prédit la déconfiture du grand seigneur et même sonprochain départ.

Contre l’attente du valet, Claudie, assezsurprise, ne s’en montra pourtant que plus portée pour legentilhomme ruiné. Elle se réjouit presque de cette débâcle, carelle se flattait de prendre le comte sinon par l’amour, du moinspar l’argent. À partir de ce moment, elle caressa même un petitprojet, infaillible à son sens, dont elle ne souffla mot àpersonne.

Si Kehlmark était ruiné ou à peu près, Claudiese trouvait assez riche pour deux. Puis, restaient toujours letitre de comtesse, le prestige attaché à l’Escal-Vigor ! LesGovaertz se sentaient de taille à pouvoir redorer le blason desKehlmark.

En attendant, Claudie entrait en apparencedans le mouvement de désapprobation entretenu et attisé parLandrillon contre le Dykgrave, et semblait même encouragerostensiblement les poursuites du larbin.

Dans la paroisse, les lurons ne se gênèrentpoint pour dire que, dépitée de ne pouvoir décrocher la couronnecomtale, elle s’était rabattue sur la livrée.

Il entrait dans la tactique personnelle deClaudie, d’isoler complètement le Dykgrave, de lui mettre toutSmaragdis à dos ; puis, lorsqu’il serait réduit à quia, ellelui apparaîtrait comme une providence. Elle brouillerait mêmeKehlmark avec le bourgmestre, et lui reprendrait le jeuneGuidon.

Déjà Kehlmark avait donné sa démission deDykgrave ; il renonçait aussi aux présidences des confrérieset des sociétés d’agrément ; il se désintéressait de la viecollective. Plus de largesses, plus de fêtes. Il n’en fallut pasplus pour lui faire perdre les deux tiers de sa popularité.

Claudie s’était réconciliée avec les deuxsœurs de son père, à l’insu de celui-ci. Autorisées, instiguées parleur nièce, elles forcèrent leur frère à mettre les pouces :« Tu rompras avec le maître de l’Escal-Vigor, ou tu nous ferasdéshériter ta chère Claudie ! »

Govaertz se serait peut-être rebiffé, mais iln’avait pas le droit de compromettre l’avenir de ses enfants.Claudie vint à la rescousse et déclara ne plus vouloir devenircomtesse. En outre, elle attaqua son père par la vanité. Depuis quele comte était revenu au pays, lui, Michel Govaertz, ne comptaitplus pour rien. Il n’était plus bourgmestre que de nom.

Govaertz finit par se jeter dans les bras dudominé.

Ce fut un événement lorsque le père et lafille rentrèrent à l’église.

Le pasteur tonna avec plus de virulence quejamais contre le châtelain et sa concubine. Durant l’office,Claudie contemplait, avec une curiosité avide, les fresquesreprésentant le martyre de saint Olfgar.

En se rapatriant avec Bomberg, le bourgmestrese brouillait infailliblement avec Kehlmark. Govaertz, toujoursconseillé par sa fille, accentua cette rupture, en rappelant lejeune Guidon. Mais, sur ces entrefaites, celui-ci avait atteint samajorité, et il fit à son père, l’accueil qu’il avait faitautrefois à la démarche du dominé.

Cette insubordination du gamin surpritClaudie, mais sans lui donner autrement à réfléchir.

Quant aux hôtes de l’Escal-Vigor, ils nevivaient plus que pour eux-mêmes. Depuis le renvoi de Landrillon,Kehlmark avait cessé ses visites aux Pèlerins. C’est ce qui avaitmême déterminé Claudie à lui faire la guerre.

Kehlmark, de nouveau transfiguré, avait repristout son courage et sa belle philosophie.

Durant la période de ses déchirantesexplications avec Blandine, il était retombé dans ses humeurssombres ; à présent il s’était reconquis, il répudiait sesdernières attaches chrétiennes ; il se croyait, mieux qu’unrévolté, un apôtre ; c’est lui qui prendrait l’offensive etqui jugerait ses juges.

 

En attendant l’occasion d’entrer en scène, ils’armait de lectures, compilait des documents, réunissait dansl’histoire et la littérature des exemples illustres etapologétiques.

Certes, le médecin consulté autrefois parMme de Kehlmark, ne supposait point à quel genred’apostolat se serait livré celui dont il prévoyait le génie etl’exceptionnelle destinée…

 

À quel moment Landrillon s’avisa-t-il de fairepart secrètement à Bomberg, et seulement à celui-ci, desprésomptions majeures à établir contre la conduite du comte ?Probablement le jour où Claudie lui donna à entendre qu’elle entenait encore profondément pour Kehlmark.

Au premier mot que le dominé apprit del’aberration passionnelle de son ennemi, il feignit une sorte dedouleur scandalisée et de commisération professionnelle. Au fond ilexultait ! Mais comment exploiter ce bienheureux opprobrecontre le comte ? Il n’y avait pas de preuves. Et en eût-ontenu, qu’il eût fallu se résoudre à publier la honte du jeuneGovaertz ! Les deux alliés convinrent d’attendre encore uneoccasion opportune. Qui sait peut-être, parviendrait-on à retournerun jour le petit dévoyé contre son exécrable naufrageur ?

En attendant, la popularité du Dykgravecontinuant à baisser, Landrillon se remettrait à« travailler », avec quelque espoir de succès, cesrôdeurs de Klaarvatsch dont le comte avait fait si longtemps sonentourage de prédilection et dont les plus rogues demeuraientencore à son service.

– Comment n’ai-je pas deviné tout cela,plus tôt ! songea Bomberg après le départ du délateur, en sefrappant la tête. Triple buse que je suis ! Mais tout auraitdû m’avertir, me donner l’intuition de ces horreurs ! Lesparents de ce libertin ne s’étaient-ils pas aimés à un excès quicrie vengeance au ciel ! Ne vivant que pour eux-mêmes, poureux deux ; limitant la raison d’être de l’univers à leurexclusive dualité corporelle et morale, dans leur monstrueuxégoïsme ils n’avaient même pas voulu avoir d’enfants, tant ilscraignaient de se distraire l’un de l’autre !

Le dominé avait été renseigné sur cetteparticularité par son prédécesseur. Henry n’était même né que parhasard, après plusieurs années de ce mariage dénaturé.

D’ailleurs, à l’époque déjà lointaine où Henryde Kehlmark se bourrelait la conscience à cause de son inversion,ayant appris par son aïeule à quel excès ses parents s’étaientadorés, il attribuait cette anomalie au regret impie que les siensdurent éprouver lors de sa conception.

Sans doute s’en étaient-ils voulu d’avoir misau monde un être qui s’introduirait en tiers dans leur tendresse.Le jeune comte s’imagina longtemps avoir été engendré sous l’empirede cette maternelle rancune. Ce sentiment d’aversion n’avait paspersisté chez cette femme aimante. Henry en avait eu la preuve.Néanmoins il demeura persuadé, jusqu’au jour de son completaffranchissement moral, que l’enfant procréé sous l’influence d’uneantipathie devait fatalement être bouleversé aussi dans sesaffinités et rendre à la femme en général la répugnance que luiavait un moment témoignée sa mère.

Telle était encore la conviction deBomberg.

Mais à présent, Henry était revenu ausentiment de sa dignité, de son autonomie et de sa conscience.

Avec Guidon et Blandine, il se sentait deforce à créer la religion de l’amour absolu, aussi bien homoqu’hétérogénique.

Il s’exaltait comme un confesseur à la veilled’un départ pour une mission impérieuse, fatale.

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