Escal-Vigor

Chapitre 8

 

 

Demeuré seul, pour la première fois l’idéevint à Kehlmark de parcourir ses livres de comptes ; des’édifier par lui-même sur l’état de ses affaires. Il avait donnésa procuration à Blandine. C’est elle qui gérait sa fortune. Ilsavait dans quel meuble elle serrait les pièces relatives à lacomptabilité. La clef n’était point sur le tiroir. Sans hésiter ilfit sauter la serrure. Et le voilà furetant parmi lespaperasses ; parcourant des colonnes de chiffres, des actesnotariés… Avant qu’il soit arrivé au bout de ses vérifications, ila vu clair : il est aussi bien que ruiné. L’Escal-Vigor est àpeu près la seule de ses terres qui ne soit hypothéquée. Mais alorsd’où vient l’argent par lequel on subvient à son faste, à seslargesses, à son train de vie princier ? Quel banquiergénéreux lui avance des sommes considérables sans garantie, sans lamoindre chance d’être jamais remboursé ?

Soudain, il comprit.

Blandine ! Blandine qu’il venaitd’insulter si grossièrement. Les rôles étaient renversés. C’étaitlui l’entretenu ! Au lieu de le calmer, dans les dispositionsd’esprit où il se trouvait, cette découverte l’exaspéra.

Au diapason où il était monté, rien ne pouvaitbalancer l’injustice dont il avait à se plaindre.

Il relança la jeune femme :

– De mieux en mieux, fit-il. je saistout. Tu m’achètes, tu m’entretiens ; je ne possède plus unsou vaillant. L’Escal-Vigor devrait t’appartenir. C’est à peines’il représente la valeur des sommes que tu m’as données. Mais, machère, vous avez fait un faux calcul en vous flattant ainsi de melier à vous, de me rendre votre chose lige… Non, non, je ne suispas à vendre. Je sortirai d’ici. Je vous laisse le château. Je neveux rien de vous…

Puis, reprit-il, atrocement persifleur, commes’il se mutilait lui-même, après ce que je t’en ai avoué, tu eussesfait une piètre acquisition en ma personne ! Ah !Ah ! Ah !

Notre situation mutuelle est encore plusextravagante que je le croyais… Tu n’es vraiment pas dégoûtée.Mais, petite sotte, avec l’argent que te laissait mon aïeule, tuaurais pu te procurer un mâle, un solide amateur de femmes. Tiens,j’y pense, tu ne devais même pas chercher bien loin… CeLandrillon…

Malheureux Kehlmark !

Dans son besoin de révolte et de représailles,il venait de porter à Blandine la pire des blessures. Ah, lemisérable ! Il ne se doutait pas encore du plus grand dessacrifices qu’elle lui avait faits ! L’abandon de sa fortunen’était rien comparé à cet autre holocauste ! Quel démonvenait de mettre sur les lèvres imprécatoires du Dykgrave ledernier nom qu’il eût dû prononcer.

Kehlmark ne devait jamais connaître jusqu’àquel point il s’était montré abominable en ce moment, mais à peinele nom de Landrillon fut-il sorti de sa bouche qu’une détente seproduisit en lui : le blanc visage, les yeux implorateurs deBlandine lui révélèrent une partie du coup qu’il venait de luiporter.

Il reçut la femme défaillante dans sesbras :

– Ce n’est pas moi qui viens de parler,ma chérie. Pardonne-moi. C’est un passé de douleur inouïe et desecret opprobre ; ce sont mes sens exaspérés qui sevengent.

Et pour obtenir son pardon, il lui fit uneconfession générale, ou mieux un tableau complet de sa vieintérieure.

En se rappelant ses heures sombres ilredevenait cruel et agressif comme tout à l’heure, puis il sereprenait à la caresser, et son exaltation sardonique confinait parmoments à la folie :

– Ah, Blandine ! Blandine ! Ceque j’ai souffert, ce que je souffre encore, on ne le saura jamaisque si on a passé par les mêmes affres !

Pauvre chérie, tu as cru que je t’en voulaiset que je me plaisais à te faire du mal…

Voyons, sois raisonnable. Tu observesquelqu’un attaché au bûcher et brûlant à petit feu ; et c’esttoi qui lui reproches le spectacle atroce que son supplice infligeaux âmes sensibles !… Ah ! un spectacle qu’il t’offritbien malgré lui !

Et c’est cette victime martyrisée, ce patientendolori dont tout l’être est une perpétuelle torture, unecrispante lancinance, c’est ce brûlé vif que tu accuses d’être tonbourreau.

Désormais, ô ma sœur, fais-lui grâce de tesmines dégoûtées, de ta vertueuse réprobation.

Ah, j’en ai assez ! Puisque je t’ai faitdu mal inconsciemment, à toi la meilleure des femmes, je me demandepourquoi je ménagerais les sentiments de la turbe. Loin dem’humilier, je me redresse…

Tu me jugerais, tu me condamnerais, comme lesautres ? À ton aise. Mais je te conteste même le droit dem’absoudre. Je ne suis ni malade, ni coupable. Je me sens le cœurplus grand et plus large que leurs apôtres les plus vantés. Aussine te montre point pharisienne à mon égard, ô mon irréprochableBlandine !

Et surtout plus de ces mots insultants etflétrisseurs, n’est-ce pas, en parlant de mes amours, de mes seulespossibles amours !

Ces mots, ô mon ange, te faisaient perdre enune seconde tout le bénéfice de ton existence entière de bonté etde compréhension. Assez, de ce dévouement qui vous brûle au ferrouge… Assez de cautères !

– Henry, gémissait la pauvre femme, nerevenons point sur le passé ; arrache-moi le cœur mais ne meparle plus ainsi… C’en est fait. Loin de te blâmer, je fais plusque t’excuser, je t’approuve. Est-ce là ce que tu veux demoi ? Tiens, je me damne avec toi, je renie le baptême,l’Évangile et Jésus !

Il l’écoutait à peine, se débondait, levaittoutes les vannes de son cœur.

Elle, transfigurée, l’avait assis doucementdans un fauteuil ; elle lui faisait un collier de ses bras et,joue contre joue, ils mêlaient leurs larmes. Mais elle convenaitque le désespoir de Kehlmark avait la préséance sur le sien et elleconsentait à n’être plus que maternelle.

– Dis-moi, Blandine, poursuivait-il, àqui m’est-il arrivé de faire du mal ? À toi ? Mais sansle vouloir ; je n’étais point celui que tu avais rêvé, ou dumoins tel que tu l’eusses voulu. Je n’en puis rien. Tout le premierj’ai souffert de ta souffrance. Tu pleures en m’écoutant ; tuas raison, Blandine, si tu verses ces larmes à l’image de moncalvaire, de ma longue Passion… Ta compassion m’honore et me faitdu bien. Mais si c’est de honte pour moi que tu pleures, ma chérie,si tu me réprouves et me renies, si tu partages le préjugé de cemonde occidental et protestant… oh alors, abandonne-moi, rengainetes larmes, je n’ai que faire de ta sympathie honteuse.

Oui, à partir d’aujourd’hui je n’aurai plus derespect humain et de lâche pudeur, Blandine.

Un moment viendra où je proclamerai ma raisond’être à la face de l’univers entier…

Il en est temps. Mon enfer n’a que trop duré.Il avait commencé dès ma puberté. Envoyé au collège, mescamaraderies contractèrent toute la vivacité et la mélancolie duplus tendre des sentiments. Aux baignades, la nudité frileuse demes compagnons m’induisait en de troublantes extases. En dessinantd’après l’antique, je goûtai les nobles académies masculines ;païen de vocation, je ne découvrais pas de vertu sans la revêtirdes harmonieuses formes d’un athlète, d’un héros adolescent ou d’unjeune dieu, et j’accordai voluptueusement les rêves et lesaspirations de mon âme à l’hymne de la chair gymnique. En mêmetemps, je trouvai coqs et faisans plus beaux que leurs poules,tigres et lions plus prestigieux que lionnes et tigresses !Mais je taisais et dissimulais mes prédilections. Je tentai mêmed’en imposer à mes yeux et à mes autres sens ; je me broyai lecœur et la chair, à les persuader de leurs méprises et del’aberration de leurs sympathies. Ainsi, au pensionnat, j’aimai, endésespéré, William Percy, un jeune lord anglais, celui-là même quiavait failli me noyer, sans jamais oser lui témoigner que par uneferveur fraternelle l’ardeur dont je me consumais pour lui[5].

Au sortir de Bodenberg Schloss, quandje te rencontrai, Blandine, je crus rentrer, par mon amour pourtoi, dans l’ordre commun. Mais, malheureusement pour tous deux,cette rencontre ne fut qu’un accident dans ma vie sexuelle. Malgrédes efforts loyaux et héroïques, une tyrannique concentration devolonté pour les fixer sur la meilleure et la plus désirable desfemmes, mes postulations charnelles se détournèrent bientôt de toiet je ne t’aimai plus que de toute mon âme, ô Blandine ! Àcette époque, des restes de scrupules chrétiens, ou plutôtbibliques, me dégoûtaient de moi-même. Je me faisais horreur et mecroyais véritablement maudit, possédé, désigné aux feux deSodome !

 

Puis, l’injustice, l’iniquité de mon destin meréconcilia, sourdement, avec moi-même. J’en arrivai à n’accepter enmon for intérieur que le témoignage de ma propre conscience. Fortde mon honnêteté absolue, je m’insurgeai à part moi contrel’orientation amoureuse du plus grand nombre. Des lecturesachevèrent de m’édifier sur la raison d’être et la légitimité demes penchants. Des artistes, des sages, des héros, des rois, despapes, voire des dieux justifiaient et exaltaient même par leurexemple le culte de la beauté mâle. En mes rechutes de doute et deremords, pour me retremper dans ma foi et ma religion sexuelle, jerelisais les brûlants sonnets de Shakespeare à William Herbert,comte de Pembroke, ceux, non moins idolâtres, de Michel-Ange, auchevalier Tommoso di Cavalieri, je me fortifiai en reprenant despassages de Montaigne, de Tennyson, de Wagner, de Walt Whitmann etde Carpenter ; j’évoquais les jeunes gens du banquet dePlaton, les amants du bataillon sacré de Thèbes, Achille etPatrocle, Damon et Pythias, Adrien et Antinoüs, Chariton etMélanippe, Dioclès, Cléomaque, je communiai en toutes cesgénéreuses passions viriles de l’Antiquité et de la Renaissancequ’on nous vante cuistreusement au collège en nous en taisant lesuperbe érotisme inspirateur d’art absolu, de gestes épiques et desuprêmes civismes.

Cependant ma vie extérieure continuait à êtreune contrainte, une dissimulation perpétuelle. J’atteignis, au prixd’une discipline impie, à la maîtrise du mensonge. Mais ma naturedroite et probe ne cessait de se soulever contre cette imposture.Représente-toi, ma pauvre amie, l’antagonisme atroce entre moncaractère ouvert et expansif, et ce masque dénaturant et calomniantmes impulsions et mes affinités ! Ah, je puis bien te l’avouerà présent, plus d’une fois, mon indifférence charnelle pour lafemme menaça de tourner en une véritable haine. Et toi-même, maBlandine, tu faillis m’exaspérer contre ton sexe tout entier, toi,la meilleure des femmes ! Le jour où tu te flattas de meséparer de Guidon Govaertz, je sentis ma piété presque filiale pourtoi se transformer en une complète exécration. Dans ces conditions,tu comprendras que souvent, refoulé et isolé, virtuellementanathème, je pensai perdre la raison !

Plus d’une fois, je roulai sur la pente desaberrations. Puisqu’on me taxe de monstruosité, me disais-je,puisque je suis déchu, socialement réprouvé, autant jouir dubénéfice de mon ignominie.

Les forfaits sadiques d’un Gilles de Raistentaient mon insomnie.

Te rappelles-tu l’enfant que tu arrachas unjour de mes bras ? Rageur, je te frappai d’un couteau, et,cependant, tu n’avais pas lu dans mon arrière-pensée ! Unautre jour, quand nous habitions encore à la ville, j’accostai unjeune rôdeur du port, déguenillé comme les petits coureurs desgrèves de Klaarvatsch. Aiguillonné par une perversion abominable,j’allais l’emporter à l’écart, derrière un monceau de ballots.

Je soulevai le mioche sur mes bras : legarçonnet souriait à pleines lèvres, il n’avait point peur, quoiqueje dusse avoir, en ce moment, la face congestionnée d’unapoplectique strangulé par l’asphyxie. Le monsieur voulait jouersans doute et lui donnerait ensuite la pièce. L’enfant était potelécomme une pêche, aussi brun que ses haillons de velours, et sesyeux marrons pétillaient d’espiègle caresse. Tandis que je pressaisle pas, la gorge sèche, il se mit même, câlin, à me tirer labarbiche. Le voile de soufre et de bitume se déchira devant mesyeux. Je me rappelai mon enfance, ma grand’mère, toi, Blandine, monange ! Non, non ! Je déposai le petiot et m’enfuis.Depuis lors je répudiai ces sinistres suggestions enfantées par lafoi catholique. Non, ne déflore point l’innocence ou du moinsépargne la faiblesse, me disais-je. N’aspire que le parfum quis’exhale vers toi ! N’abuse de l’enfant qui s’ignore ou dumâle à venir !

Peu de temps après, mon aïeule mourut. Jerésolus de me mettre à la recherche de l’être que je pourrais aimerselon ma nature ; c’est pourquoi je m’exilai en cetteîle ; j’avais le pressentiment d’y rencontrer mon élu. Guidonn’eut qu’à se montrer pour que mon cœur se projetât aussitôt verslui. Je lui reconnus, avec des aptitudes aux arts que j’aime, desorgueils et des notions de vies différentes de ceux de la fouledomestiquée. Comment, d’ailleurs, demeurer insensible à la muetteet délicate imploration de ses yeux ? Il m’avait deviné aussibien que je l’avais senti. Lui seul, le premier, assouvirait monpremier besoin d’être ! Si notre chair a mal fait, la plustotale ferveur morale fut notre complice. Nos sentimentss’accordèrent avec nos désirs !…

Mais non, la nature ne désavoue, ne répudierien de ce qui nous béatifie. Ce sont les religions bibliques quiveulent que la terre nous ait enfantés pour l’abstinence et ladouleur. Imposture ! L’exécrable créateur que celui qui secomplairait en la torture de ses créatures ! À ce compte, lepire des sadismes serait celui d’un prétendu Dieu d’amour !Notre supplice ferait sa volupté !…

Tu t’expliques à présent ma vie, et tucomprends pourquoi je te parle si orgueilleusement malgré tasplendeur d’âme, ô Blandine !

Tu m’as connu autrefois quelques amis de macaste, des gens excellents, une élite capable de toutes lesindulgences et de toutes les compréhensions, des penseurs, desesprits d’avant-garde, qu’aucune spéculation, fût-elle la plusosée, ne semblait devoir effaroucher. Tu te rappelles combien ilsme recherchaient. Eh bien, souviens-toi de mes subites tristessesen leur compagnie pourtant si cordiale ; de mes éclipsesprolongées, de mes apparentes bouderies. Quelle en était lacause ? Au milieu d’une conversation enjouée, au plus fort denos confidences et de nos épanchements, je me demandais quelaccueil me feraient ces mêmes amis s’ils lisaient dans mon âme,s’ils se doutaient de ma différence. Et à cette seule idée, jem’insurgeais intérieurement contre cet opprobre qu’ils n’eussentpoint manqué de m’infliger, tout supérieurs et audacieux qu’ils seprétendaient. Les plus généreux se seraient abstenus de tout blâme,mais m’eussent évité comme un lépreux. Combien de fois en desmilieux moins cultivés, lorsque j’entendais flétrir, avec desgestes et des sobriquets horribles, les amants de ma sorte, nefus-je pas sur le point d’éclater, de proclamer ma solidarité avecles prétendus transgresseurs et de cracher au visage de tous cesimplacables honnêtes gens !

Et mes souffrances aussi, quand on mettait laconversation sur la galanterie et les bonnes fortunes ! Forcéde rire, de me mêler à cet assaut d’historiettes croustilleuses etmême de raconter à mon tour une gaudriole ou une prouesselibertine, je me sentais lever le cœur et me reprochais ma lâchecomplaisance.

Le Berger de Feu dont tu m’entendis naguèreconter la légende refusa de se rendre en pèlerinage à Rome pour sejeter aux pieds du pape et implorer sa miséricorde. Ce pécheurrépudiait tout arbitre entre sa conscience et la foule. Je fus plushumble. Un jour j’écrivis à un révolutionnaire illustre, à un deces porteurs de torches, qui passent pour être en avance sur toutleur siècle et qui rêvent un monde de fraternité, de bonheur etd’amour. Je le consultai sur mon état comme s’il s’était agi decelui d’un de mes amis. L’homme de qui j’attendais la consolation,une parole rassurante, un signe de tolérance, me répondit par unelettre d’anathème et d’interdit. Il criait raca sur letransfuge de la morale amoureuse, se montrant aussi implacable pourles êtres d’exception que le pape de la légende pour le chevalierTannhäuser. Ah ! Ah ! ce pape de la révolution me vouapour la vie au Venusberg ou mieux à l’Uranienberg !

Cette excommunication majeure qui aurait dû medésespérer me rendit au sentiment de ma dignité individuelle, demes devoirs envers ma nature. J’ai puisé la force de vivreconformément à ma conscience, à mes besoins, dans l’iniquité mêmequi m’était faite par l’humanité ; mais, isolé, je passai pardes alternatives de découragement et de révolte, et tut’expliqueras à présent, ma pauvre chérie, mes humeurs bizarres,mes prodigalités, mes excès, mes exploits de casse-cou. Oui, jecherchais toujours l’oubli, et plus d’une fois la mort !

– Tu as souffert plus que moi, lui ditBlandine, comme il s’arrêtait soulagé, avec une sorte de sérénité,le visage presque épanoui, illuminé de franchise, – mais du moinsne souffriras-tu plus par ma faute !… Je me convertis à tareligion d’amour, je me dépouille de mes derniers préjugés. Nonseulement je t’excuse, mais je t’admire et t’exalte… je consens àce que tu voudras… Sois tranquille, Henry, tu n’entendras plus uneplainte, encore moins un reproche…

Guidon, celui que tu chéris de corps et d’âme,sera mon ami, je serai sa sœur. Nous quitterons ce pays, si tuveux, Henry, nous irons vivre ailleurs, à trois, modestement maisdésormais apaisés et réconciliés…

Confondu par tant d’abnégation, le Dykgraves’écria :

– Oh, ne pouvoir t’aimer que comme unemère, une mère encore plus tendre que la meilleure, ma sainteBlandine, mais seulement une mère !…

Elle lui ferma la bouche par ce cri :

– Ah ! voilà pourquoi quelque chosem’empêcha jadis d’aller rechercher l’autre dans saprison !

Il y avait du triomphe, de la jubilation dansce désespoir de Blandine. C’était la folie sublime du sacrifice. Lafemme s’élevait jusqu’à l’ange.

Elle devait monter plus haut encore, rejetertoute jalousie charnelle.

Joignant le geste à la promesse, elle demandaà Kehlmark d’appeler Guidon, et quand le jeune homme se futprésenté, elle lui prit les mains, elle les mit elle-même danscelles du maître, puis elle déposa un baiser chaste, maissecourable comme la tombe, sur le front rougissant du disciple.

 

 

 

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