CLAIR DE LUNE
La lune bleuit le jardin et, dans l’ombre,Zeineh rêve. Elle est accroupie tout au bord du ruisseau limpide,un jasmin aux lèvres, l’âme resplendissante d’amour. Chaquebattement de son cœur scande le nom du bien-aimé et la chanson del’eau le lui répète. Zeineh sourit ; la fleur de jasminpalpite.
L’heure s’écoule. Le jardin bleuit davantage.La lune a quitté le palmier dentelé et glisse derrière lacolline ; un rossignol prélude ; ses notes énamouréess’égrènent une à une dans la nuit écouteuse.
Zeineh lève le visage et rit.
Mais la fleur de jasmin s’est échappée de seslèvres. Elle est recueillie par le ruisseau où ne se mire plus lalune.
Zeineh tressaille. Son regard cherche lespétales tombés au fil du courant. Mais le courant a emporté lafleur de jasmin et, là-bas, la grenouille mélancolique semblepleurer une joie évanouie.
La fleur de jasmin est loin ; elleparfume l’eau fuyante.
Dans le cœur de Zeineh plus rien, que lesouvenir du parfum.