Journal d’Anne Franck

Après mûre réflexion, Otto Frank décida d’exaucer le vœu de sa fille en faisant éditer les écrits qu’elle avait laissés. À cette fin, il composa à partir des deux versions d’Anne, l’originale (version a) et la retouchée (version b) une troisième version abrégée, dite version c. Le texte devait en effet paraître dans une collection où la longueur des volumes était prédéterminée par l’éditeur néerlandais.

Lorsque le livre parut aux Pays-Bas en 1947, il n’était pas encore d’usage d’évoquer sans contrainte la sexualité, en particulier dans des ouvrages destinés à la jeunesse. Une autre raison majeure avait présidé à la suppression de passages entiers ou de formulations de détail : le désir d’Otto Frank de préserver la mémoire de sa femme et de ses autres compagnons d’infortune de l’Annexe. Anne avait écrit son journal entre treize et quinze ans et y manifestait ses antipathies et ses conflits avec la même franchise que ses sympathies.

Otto Frank est décédé en 1980. Il léguait par testament l’original des journaux de sa fille à l’Institut national néerlandais pour la documentation de guerre, devenu depuis lors l’Institut pour l’étude de la guerre, de l’holocauste et du génocide (NIOD), dont le siège est à Amsterdam. L’authenticité du journal n’ayant cessé d’être mise en doute depuis les années cinquante, les chercheurs de l’institut firent expertiser l’intégralité des écrits qui le composaient. Une fois leur authenticité établie sans contestation possible, ils publièrent l’ensemble de ces documents, assorti des résultats de leurs recherches. Outre une enquête sur le milieu familial d’Anne et sur les circonstances de son arrestation et de sa déportation, ceux-ci comprenaient une analyse du support matériel du journal et une expertise graphologique de son auteur. Le volumineux ouvrage présentait enfin un historique de la diffusion du journal1.

Le Anne Frank Fonds de Bâle, en sa qualité de légataire universel d’Otto Frank, détient également l’ensemble des droits d’auteur de sa fille ; en 1986, il a décidé de constituer une version actualisée du journal en y insérant des passages de tous les textes désormais disponibles d’Anne Frank. Cette nouvelle version n’enlève rien de sa valeur au travail éditorial accompli par Otto Frank, qui a apporté au journal sa diffusion et sa signification politique. L’écrivaine et traductrice allemande Mirjam Pressler a été chargée de la nouvelle rédaction. Elle a repris intégralement la version d’Otto Frank (version c), qu’elle a complétée par des passages des versions a et b du journal. La version ainsi réalisée par Mirjam Pressler, dite « version d », est plus longue que la précédente d’au moins vingt-cinq pour cent. Officiellement autorisé par le Anne Frank Fonds, ce texte vise à permettre au lecteur de pénétrer plus avant dans l’univers d’Anne Frank.

À la fin des années quatre-vingt-dix, cinq pages de manuscrit du journal inconnues jusqu’alors ont été retrouvées. De ce fait, et avec l’autorisation du Anne Frank Fonds, on a ajouté un assez long passage daté du 8 février 1944 à l’entrée déjà existante à la même date. En revanche, on a laissé de côté la version courte de l’entrée du 20 juin 1942, dans la mesure où une version plus développée figure déjà dans le texte du journal. Enfin l’entrée du 7 novembre 1942 a été avancée au 30 octobre, ce qui correspond à sa date véritable selon les recherches les plus récentes.

Au moment de rédiger sa deuxième version (version b), Anne Frank a dressé une liste, reproduite ci-après, où elle détaillait les pseudonymes qu’elle voulait donner aux différents personnages dans l’optique d’une éventuelle publication. Elle s’en était même attribué un, Anne Aulis, qu’elle changea ensuite pour Anne Robin. Otto Frank n’a pas conservé le pseudonyme d’Anne ni celui de la famille Frank, mais il a repris ceux qu’elle avait donnés à tous les autres personnages. Les protecteurs des clandestins, désormais largement reconnus, méritent à présent d’être désignés sous leur vrai nom ; les noms de toutes les autres personnes citées sont conformes à ceux de l’édition critique de l’Institut pour la documentation de guerre. Pour celles qui préféraient l’anonymat, l’Institut avait retenu des initiales arbitraires.

Les vrais noms des clandestins étaient :

– Famille Van Pels (d’Osnabrück) : Augusta (née le 29 septembre 1890), Hermann (né le 31 mars 1889), Peter (né le 8 novembre 1926), appelés respectivement par Anne dans sa liste Petronella, Hans et Alfred van Daan, et dans la présente édition : Petronella, Hermann et Peter van Daan.

– Fritz Pfeffer (né en 1889 à Giessen) : appelé par Anne dans sa liste et ici même Albert Dussel.

  1. Cf. Les Journaux d’Anne Frank, Calmann-Lévy, Paris 1989, 762 p., pour l’édition française. Sauf indication contraire, toutes les notes sont des traducteurs.
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