La Femme de cire

Chapitre 2UN SOUVENIR D’AMOUR

Le bon Saunders avait bien entendu parler deces villages indiens composés de tentes faites de peaux de bisons,et il n’ignorait pas tout à fait qu’il existât toujours despeuplades nomades que la civilisation repoussait dans ledésert ; mais tout cela, jusqu’alors, l’avait peu intéressé,et voilà que lui, paisible négociant, homme positif et espritpratique, il se trouvait transporté au milieu de ce mondebizarre.

Aussi examinait-il avec autant de stupéfactionque de curiosité ces demeures primitives et ces individusétrangement accoutrés qui s’étaient groupés, au nombre d’unetrentaine au moins, en avant des cases, pour recevoir lesvoyageurs.

Ceux-ci mirent pied à terre et s’avancèrentvers les Sioux.

Buttler, qui marchait le premier, s’approchad’un des Indiens, le chef ; lui fit un petit discours quiparut obtenir l’approbation générale ; le Sioux lui réponditpar quelques mots prononcés d’une voix gutturale, et le trappeur,se tournant vers ses compagnons leur dit :

– Jimïn, l’Élan-Rapide, chef de cevillage, donne la bienvenue à ses frères de l’Est, lesvisages-pâles, et il leur offre l’hospitalité sous sa tente.

Puis Buttler ajouta, cessant de traduire lesparoles du Sioux et n’exprimant plus que sa proprepensée :

– J’ai dit à Jimïn que vous êtes deriches marchands de fourrures ayant l’intention de fonder uncomptoir à Omaha et que votre seul but, en venant dans la Prairie,est d’établir des rapports directs avec sa peuplade, afin de luiacheter les peaux à un prix supérieur à celui qu’en donnent lesagents des compagnies.

– C’est très ingénieux, répondit WilliamDow.

– Bon ! me voilà maintenant marchandde fourrures, murmura Saunders.

Quant à Young, son intrépidité s’humiliait decette nouvelle situation sociale, et, sans sortir de son mutismeaccoutumé, il protestait en tortillant sa longue moustache d’ungeste plus guerrier que jamais.

Cependant, la présentation terminée, lesexcursionnistes se dirigèrent vers la tente du chef, à travers lapopulation entière du village, hommes, femmes et enfants, qui sepressait curieusement autour d’eux.

Cette tente de Jimïn ressemblait à toutes lesautres, sauf qu’elle était un peu plus grande. Faite de peaux debisons grossièrement cousues, elle était divisée en deuxparties : l’une occupée par la famille du chef, l’autredestinée aux réceptions officielles, lorsque Jimïn réunissait sesguerriers en conseil.

C’est dans cette seconde partie de la tenteque les voyageurs furent introduits.

De grosses nattes de paille de maïs entapissaient le sol ; les parois en étaient ornées d’armes etd’ustensiles de pêche ; il ne s’y trouvait pas d’autres siègesque des caisses et des paquets de peaux si mal préparées qu’ellesexhalaient une détestable odeur.

Ainsi que ses compagnons, Saunders dut secontenter de ces divans primitifs ; il s’y assit ou plutôt s’ylaissa tomber ; on servit immédiatement du lait et des gâteauxde maïs, puis le chef alluma sa longue pipe, et après avoir fumésilencieusement pendant un grand quart d’heure, il entama avecButtler une conversation que celui-ci traduisait au fur et àmesure.

Jimïn s’informait des dispositions dugouvernement à l’égard des Indiens, du prix des denrées, et il seplaignait amèrement des agents des grandes compagnies de fourruresqui, en échange du produit de la chasse des Indiens, ne leurlivraient que de la poudre éventée, de mauvaises armes, del’eau-de-vie frelatée et du tabac exécrable.

Le trappeur lui affirmait au nom de ses amisque ses justes griefs seraient transmis au président de l’Union,qui ne manquerait pas de faire une enquête, et il lui conseillaitde se rendre lui-même à Washington pour y formuler sesplaintes.

– À quoi cela nous servira-t-il ?reprit Jimïn en hochant tristement la tête ; nos frères lesvisages-pâles promettent mais oublient leurs serments. Il y aquatre lunes, je suis allé avec dix de mes guerriers àWashington ; on nous a juré qu’il serait fait droit à nosréclamations, et rien n’est changé. Le Grand-Esprit abandonne sesenfants.

– Demandez-lui, dit à Buttler WilliamDow, qui écoutait attentivement les moindres paroles du chef sioux,s’il n’est pas revenu émerveillé de la splendeur de nos villes.

Le trappeur traduisit fidèlement cettequestion.

– L’Indien, répondit Jimïn, ne voit rienlorsqu’il va dans vos villes ; ses regards comme son cœurfranchissent l’espace pour retrouver son wigwam et ses prairies. Jene serais resté à Washington qu’un seul jour, si je n’avais dûattendre deux de mes guerriers qui s’étaient égarés.

– Lesquels ? interrogea Buttler à laprière du détective.

– Washali et Winka, fit le chef endésignant de la main deux Sioux accroupis à sa droite. Un desvôtres, dont la femme avait été ravie, leur a demandé le secours deleurs bras. Il savait que l’Indien, opprimé lui-même, est toujoursau service de celui qui souffre. Le visage-pâle n’a pas été ingrat,car avec l’or qu’il a donné à Washali et à Winka, ils ont achetédes armes supérieures à celles que les agents nous vendent sicher.

Chacun des deux guerriers avait, en effet,auprès de lui, une solide carabine à double canon.

Au fur et à mesure que le trappeur luitraduisait ces dernières phrases de Jimïn, la physionomie deWilliam Dow exprimait une satisfaction de plus en plus vive.

– Cher monsieur, dit-il en s’adressant àSaunders lorsque l’interprète eut terminé, et en désignant les deuxSioux, dont les regards brillaient d’orgueil, vous ne reconnaissezpas deux de vos invités ?

– Hein ! quoi ? répondit lenégociant que la fatigue, la fumée, l’odeur de peaux et surtout lepeu d’intérêt qu’il portait à la conversation avaient à moitiéendormi.

– Ces deux indiens, là, à la droite duchef, reprit le détective.

– Oui, eh bien ?

– Vous ne les reconnaissez pas ?

– Où diable voulez-vous que j’aie jamaisvu ces singes-là ?

– Chez vous.

– Chez moi !

– Ou plutôt chez miss Ada Ricard.

– Chez Ada ? Voyons, cher monsieurDow… Ah !

Le pauvre Saunders exprimant assez, par cecri, qu’il commençait à comprendre, son ami eut pitié de soncerveau déjà si ébranlé et poursuivit :

– Oui, chez miss Ada Ricard, au bal. CesIndiens sont deux des trois masques qui ont enlevé votremaîtresse.

– Mais le troisième ?

– C’est son mari !

– James Gobson ?

– Lui-même, ce n’est pas douteux.

– Celui qui l’a enlevée l’a conduite aucolonel Forster, ce ne peut être son mari ; il l’aurait gardéepour lui !

– Vous allez trop vite ; ceci est unautre ordre d’idées ; nous y viendrons plus tard. Enattendant, voulez-vous vous assurer du rôle qu’ont joué ces deuxhommes dans cette fameuse nuit ?

– Je le crois bien ; maishâtons-nous, car je vous jure que je n’y suis plus du tout.

Le bonhomme, en effet, prenait sa tête à deuxmains et implorait de ses gros yeux hébétés le capitaine Young qui,fort intéressé par cette scène inattendue, ne quittait pas duregard Willam Dow.

– Vos deux vaillants guerriers, ditcelui-ci à Jimïn, par l’organe de Buttler, ont rendu ce jour-là ungrand service à l’un de mes amis. Sachant que venais dans lesRéserves, il m’a chargé de les remercier une seconde fois, sesouviennent-ils au moins de ses traits ?

– L’Indien n’oublie jamais celui dont ila reçu un bienfait, répondit sentencieusement le chef.

Les deux Sioux, en forme d’affirmation, firentrésonner leurs carabines.

Le détective avait tiré de son portefeuille laphotographie de James Gobson ; il la remit à Jimïn, qui la fitpasser à ses guerriers.

Ceux-ci s’écrièrent aussitôt :

– Oui, c’est bien le visage-pâle que nousavons aidé à reprendre sa femme à un infâme ravisseur.

À cette épithète, qu’il lui fallait bienaccepter pour lui, Saunders eut un air si complètement ahuri queses deux compagnons, et Buttler lui-même, eurent de la peine àgarder leur sérieux.

Dow, qui avait remis le portrait du mari demiss Ada dans sa poche, se leva, et après avoir fait dire à Jimïn,en son nom et au nom de ses amis, qu’il le remerciait de sonhospitalité, mais qu’ils ne pouvaient en user davantage, car ilsvoulaient rentrer au fort Dakota le soir même, il le priad’accepter, comme souvenir, un de ses revolvers.

Le chef se saisit de l’arme que lui tendaitson hôte et, sans dissimuler le plaisir que lui faisait ce cadeau,il le remercia avec une kyrielle de métaphores tout à fait dignesde l’Indien des prairies.

– Regardez donc là, derrière vous, dit àce moment le capitaine Young à William Dow, au bras de cette jeunefille !

Il lui montrait une Indienne assez jolieaccroupie et les deux mains sur ses genoux.

À son poignet gauche brillait un gros braceletd’or.

– C’est la femme ou la fille de l’un devous ? demanda le détective à Washali et à Winka.

– C’est ma femme, répondit le dernier deces Sioux.

– Permets-moi de voir le cercle d’orqu’elle porte au bras ?

Visiblement embarrassé, le guerrier prononçaquelques mots, et l’Indienne, levant sur l’étranger ses grands yeuxnoirs, le laissa lui prendre la main.

– Voyez donc, monsieur Saunders, fitWilliam en montrant le bracelet au fabricant de biscuits, si vousne connaissez pas ce bijou ?

Le gros homme se pencha sur la jeune femme ets’écria :

– Mais c’est un des bracelets de missAda ; c’est moi qui le lui ai donné ; je lui en avaisoffert deux semblables. Ils sortaient de chez Jefferie Muller. Nosinitiales entrelacées sont gravées en dedans.

Le tendre Yankee était tout ému à la vue de cegage de son amour à l’infidèle.

– Si cette femme voulait me levendre ? hasarda-t-il avec un soupir.

Buttler transmit cette proposition àl’Indienne, qui retira aussitôt sa main.

– C’est la femme du visage pâle qui m’adonné ce cercle d’or, dit le Sioux ; je l’ai donné àMaheni ; il lui appartient.

– Ou cet homme l’a tout simplement volé àmiss Ada, répondit Young, lorsque le trappeur eut traduit laréponse du guerrier.

– La femme du visage pâle est morte, ditWilliam Dow, et il serait bien heureux si nous lui rapportions dela Prairie ce souvenir de sa compagne. Je t’en offre vingt livresde poudre, trente de tabac, vingt-cinq bouteilles d’eau-de-vie. Tuviendras avec nous au fort où tout cela te sera remis. De plus, aunom du Grand-Esprit, je m’engage à envoyer à Maheni, par Buttler, àson premier voyage aux Réserves un bracelet plus lourdencore que celui-ci.

C’était un marché d’or qu’offrait là ledétective au guerrier Sioux. Aussi se hâta-il de l’accepter. Surson ordre, la jeune Indienne, les yeux humides de larmes, fitglisser le bijou de son bras de bronze.

Saunders s’en saisit, l’ouvrit et montra àDow, gravées à l’intérieur du joyau, deux initiales amoureusemententrelacées et une date : celle du jour où il avait fait cecadeau à miss Ada.

Pendant qu’il restait les yeux fixés sur cesinitiales et sur cette date qui lui rappelaient des souvenirs sidivers, la physionomie du brave négociant exprimait tout à la foistant de colère et tant d’amour, que Young, n’y tenant pas pluslongtemps, éclata de rire, à la stupéfaction des Indiens.

Mais William Dow, lui, pour qui tout étaitsérieux, conservait sa gravité, et il dit à Saunders :

– Confiez-moi ce bracelet, je vous lerendrai plus tard.

Sans prononcer un seul mot, mais non sanspousser un soupir de regret, le bonhomme remit le bijou audétective, qui donna aussitôt le signal du départ.

Il avait été décidé que Washali et Winkaaccompagneraient les étrangers jusqu’au fort Dakota, afin d’yrecevoir les objets promis.

Cinq minutes plus tard, tout le monde était enselle, et les voyageurs, après avoir serré les mains de Jimïn etsalué le village par une décharge de leurs carabines, s’élançaientde nouveau dans la Prairie.

Montés sur d’excellents petits chevaux, lesdeux guerriers sioux les escortaient sur les flancs.

En deux heures la petite troupe franchit ladistance qui séparait la réserve du poste américain.

Là, William Dow se procura aisément le tabac,la poudre et l’eau-de-vie qu’il désirait ; il remit le toutaux Indiens, en renouvelant à Winka sa promesse d’un bracelet d’orpour sa femme, et, sans se reposer un instant, les Sioux reprirentle chemin de leur village.

La nuit commençait à tomber et Saunders, briséde fatigue, n’adressa ce soir-là aucune question audétective ; mais le lendemain matin, lorsque celui-ci vintl’avertir qu’il fallait se remettre en route, le fabricant debiscuits crut pouvoir lui demander quelques explications.

– Mon cher monsieur, lui répondit lemystérieux personnage, nous causerons de tout cela à Sioux-City, oùnous nous séparerons. En attendant, croyez-en ma parole : nousn’avons pas fait une excursion inutile à travers la Prairie. J’enai bien rapporté, comme je l’espérais, un bout de la corde àlaquelle sera suspendu James Gobson.

Sans insister davantage, car il savait quec’eût été inutile, Willie Saunders remonta à cheval et les quatrevoyageurs quittèrent le fort Dakota.

Quarante-huit heures plus tard ils étaientrentrés à Sioux-City.

– Ici, dit le lendemain William Dow à sescompagnons, après le déjeuner, nous allons nous séparer ; nousavons terminé tout ce que nous avions à faire ensemble ; vousêtes libres !

Puis il ajouta en s’adressant autrappeur :

– Quand à vous, Buttler, votre concoursm’a été précieux ; voici les cent dollars que je vous avaispromis de vous donner au retour de notre petite expédition, etvoici de plus cent dollars de gratification, car j’ai réellementrapporté de chez les Indiens tout ce que j’y allais chercher.M. Saunders n’oubliera pas de vous faire parvenirprochainement, à l’hôtel de l’Union à Jefferson, le braceletdestiné à la femme de Winka.

L’ex-amant de miss Ada confirma la promesse dudétective et le trappeur, qui avait glissé dans sa ceinture lesdeux cents dollars, serra les mains aux trois amis et les laissaseuls.

– Alors, demanda Saunders à William, vousne rentrez pas avec nous à New-York ?

– Non, répondit celui-ci, je me dirige ducôté opposé ; je vais à San-Francisco.

– À San-Francisco !

– Oui, c’est là que je compte trouver lerestant de la corde que je destine à James Gobson. Vous aurezbientôt de mes nouvelles, dans un mois au plus tard ; maispromettez-moi, à ma première dépêche, de venir me rejoindre.

– Si ça n’est pas trop loin.

– Vous n’en aurez que pour quelquesheures de chemin de fer. Maintenant, avant de nous séparer,résumons-nous.

– J’avoue que je ne demande pas mieux. Ilserait temps que je comprisse un peu. Je suis sûr que le capitaineest de mon avis.

Young, qui, renversé sur sa chaise et lespieds sur la table, fumait son cigare, opina de la tête, et Dowpoursuivit :

– Nous avons acquis à Jefferson lacertitude que James Gobson s’y trouvait quelques jours avantl’enlèvement de miss Ada, et, chez les Sioux, celle que c’est bienlui qui a exécuté cet enlèvement.

– Oui, c’est incontestable, ditSaunders ; cela prouve que, si cet homme est un misérable, sonancienne femme ne vaut pas mieux que lui, puisque, après avoir étélivrée à un amant par son mari, non seulement elle a sauvé cegredin de la potence, mais encore lui a pardonné.

– Mieux que cela, cher monsieur, elle estredevenue sa femme, sa femme légitime.

– Sa femme légitime ! Gobson aépousé Ada ?

– En secondes noces, puisqu’ils avaientdivorcé. Vous n’ignorez pas que les lois américaines autorisent cesmariages, tandis que, dans tous les autres pays où le divorceexiste, la seule femme qu’on ne puisse pas épouser est précisémentcelle dont on a été séparé judiciairement.

– Les misérables !

Le pauvre Willie Saunders n’en put diredavantage. Toujours amoureux, il avait conservé l’espoir deretrouver Miss Ada, et voilà qu’une nouvelle barrière s’élevaitmaintenant entre elle et lui.

– Mais alors, mon cher Dow, observaYoung, en prenant à son tour la parole, à quoi diable vousserviront ces constatations que nous venons de faire !

– Oui, à quoi ? murmuraSaunders.

– Ce Gobson, reprit le capitaine, aenlevé une femme, qu’elle ait été ou n’ait pas été la sienne, peuimporte ; il l’a vendue à un amoureux ; puis cette femme,lui pardonnant et les mauvais traitements qu’elle en a reçus jadiset cette dernière conduite, qui n’est pas précisément celle d’ungalant homme, cette femme, lui pardonnant tout cela, a accepté uneseconde fois son nom. C’est odieux, ignoble, mais la justice n’arien à y voir. Il n’y a là ni crime ni délit ; et, ce qu’il ya de plus curieux, c’est que, lors même qu’il y aurait là crime oudélit, ce James Gobson ne pourrait plus être inquiété, puisque lacour a revisé son procès et l’a acquitté.

Il y avait des semaines, peut-être des moisque le capitaine ne s’était permis un discours d’une telle longueuret qu’il n’avait raisonné avec autant de logique.

Il était émerveillé lui-même et attendait d’unair vainqueur la réponse de son ami Dow.

– Mon cher Young, dit ce dernier, vousparlez d’or. James Gobson a été acquitté par le jury, c’est vrai,mais il n’a pas été acquitté par William Dow, et William Dow vousréserve, ainsi qu’à lui, une surprise. Ne m’en demandez pasdavantage ni l’un ni l’autre, retournez à New-York et tenez-vousprêts à me rejoindre lorsque je vous ferai signe.

Le capitaine et Saunders connaissaient tropbien leur ami pour lui adresser d’autres questions, et c’est aprèsce dernier entretien que les trois voyageurs se séparèrent.

Quelques heures plus tard, Young et lefabricant de biscuits prenaient à Sioux-City la voie ferrée quiallait les reconduire à New-York en passant par le Nord, et ledétective, au contraire, refaisait la route qu’il avait déjàparcourue, descendant au Sud.

Le lendemain, au moment où Saunders, enchantéde retrouver toutes ses aises, faisait servir pour le capitaine etlui un excellent dîner dans la luxueuse salle à manger de l’hôtelSherman, à Chicago, William Dow montait à Omaha dans le train qu’ilne devait quitter qu’à Benton, dans le territoire de Wyoming.

Benton était à cette époque la dernièrestation de l’Erie railway ; c’était le terminus commedisent les Américains.

Ceux qui voulaient aller au delà dans l’Ouestn’avaient d’autre moyen de locomotion que le stage,horrible et massif véhicule, qui ne pouvait contenir plus de septou huit voyageurs et n’arrivait à destination qu’après avoirtraversé mille obstacles et couru tous les périls.

Non seulement les chemins étaient mauvais, lesauberges détestables et les compagnons de route dangereux, mais, deplus, on avait souvent à repousser les attaques des Indiens.

Tout cela, sans doute, inquiétait peu WilliamDow, dont l’âme était de bronze et qui allait droit à son but, caril monta dans la diligence du désert avec autant de calme que s’ileût pris place dans un de ces splendides wagons-salons quepossèdent tous les chemins de fer américains.

Dix jours après son départ de Benton, alorsque Young et Saunders peut-être ne pensaient déjà plus à lui, ilarrivait à San-Francisco.

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