SCÈNE III
Alceste, Célimène
Alceste
Quoi ! l’on ne peut jamais vous parler tête à tête ?
À recevoir le monde on vous voit toujours prête ;
Et vous ne pouvez pas, un seul moment de tous,
Vous résoudre à souffrir de n’être pas chez vous ?
Célimène
Voulez-vous qu’avec lui je me fasse une affaire ?
Alceste
Vous avez des égards qui ne sauraient me plaire9.
Célimène
C’est un homme à jamais ne me le pardonner,
S’il savait que sa vue eût pu m’importuner.
Alceste
Et que vous fait cela pour vous gêner de sorte ?…
Célimène
Mon Dieu ! de ses pareils la bienveillance importe ;
Et ce sont de ces gens qui, je ne sais comment,
Ont gagné, dans la cour, de parler hautement.
Dans tous les entretiens on les voit s’introduire ;
Ils ne sauraient servir, mais ils peuvent vous nuire ;
Et jamais, quelque appui qu’on puisse avoir d’ailleurs,
On ne doit se brouiller avec ces grands brailleurs.
Alceste
Enfin, quoi qu’il en soit, et sur quoi qu’on se fonde,
Vous trouvez des raisons pour souffrir tout le monde ;
Et les précautions de votre jugement…
9VAR. Vous avez des regards qui ne sauraient me plaire.
Anciennement on disait regard au lieu d’égard, qui n’en est que l’abréviation. Au regard de, pour à l’égard de, se trouve fréquemment dans les vieux auteurs.
Anciennement on disait regard au lieu d’égard, qui n’en est que l’abréviation. Au regard de, pour à l’égard de, se trouve fréquemment dans les vieux auteurs.