L’Effrayante aventure

III – Sous Paris

 

Pour tout homme de sens rassis, se défendantcontre les suggestions d’une imagination fantaisiste, il n’est pasdouteux que, si un kiosque à journaux et trois hommes sontentraînés dans la débâcle de centaines de mètres cubes de matériauxdivers, les probabilités militant en faveur de leur écrasement sepeuvent chiffrer par – sur mille – 999 à une chance pour leursalut.

Cependant étudiez les faits divers que nousapportent les journaux, et vous serez surpris de voir le rôle qu’enles cas les plus effrayants, joue cette force que nous nommons –sans la comprendre – le hasard.

Sans qu’il y ait miracle, sans qu’aucune deslois connues et vérifiées soit violée, ce couvreur tombe du sixièmeétage, rebondit sur un balcon et vient s’étaler sur une voitured’ordures ménagères, qui lui fait un lit moelleux et sauveur.

Sur deux automobilistes emportés par la mêmevoiture, mis en péril par la même rupture de frein, culbutant surle même obstacle, sous la même voiture qui capote, l’un d’eux esttué raide, l’autre en est quitte pour quelques douleurs internes etprovisoires, dont le seul intérêt sera de servir de justificationpour réclamer une indemnité au célèbre Qui de droit, anonyme auteurde tous nos maux.

Sous les rafales de la tempête, sur dixnavires, neuf parviennent à fuir devant le vent et atteignentl’accalmie. Le dixième, le plus solide, le plus neuf, le mieuxcommandé disparaît, happé par la mer et des passagers, un seulsurvit, un boiteux qui n’avait jamais navigué et, bien entendu,ignorait les plus élémentaires principes de la natation.

Il y a, sur mon trottoir, une pelured’orange : depuis le matin cent personnes ont déambulé, aupas, au trot, au galop, sans même y prendre garde. Je sors, je voisla pelure et, d’un coup de pied, l’envoie dans le ruisseau. Jetombe et me casse la jambe.

La vie et la mort sont à la merci de milliersde circonstances, les unes visibles et dont nous croyons pouvoirnous écarter, les autres invisibles et sournoises qui règlent notrecompte, sans que nous ayons supposé qu’il y avait un calcul àfaire.

Il n’est rien de moins vraisemblable que levrai, rien de plus vrai que l’invraisemblable.

C’est pourquoi, si étrange, si stupéfiant queparaisse la suite de ce récit, l’incrédulité du lecteur ne seraitqu’une preuve d’inexpérience.

Le mot – impossible – a dit Arago, n’existepas, sinon dans les mathématiques pures… et encore !

C’est pourquoi ce serait faire preuve d’unefâcheuse étroitesse d’esprit que de s’étonner quand nousretrouvons, à une profondeur que nous n’avons pas encore eu letemps d’évaluer numériquement…

Sir Athel Random, assis, le front dans la mainet réfléchissant profondément…

Assis ? oh ? sur quoi ?

Très simplement sur le plancher de sonkiosque, de sa guérite, de quelque nom qu’on veuille la nommer.

Brisé ? Ou tout au moins étourdi ?Point. Très calme, très valide et en possession de toutes sesfacultés.

Seulement un peu étonné : 1° de setrouver à l’intérieur de son appareil d’aviation, 2° de n’entendreaucun bruit, et de se sentir en pleine et lourde solitude, 3°d’avoir la sensation d’une descente plutôt que d’une chute, sansheurt violent.

Naturellement l’obscurité était profonde et cen’était qu’à tâtons que sir Athel avait reconnu le plancher et lesparois.

Encore n’avait-il hasardé ces gestes qu’avecune infinie précaution ; il savait trop, par expérience, quelspérils pouvait présenter une brusquerie de geste dans un local munide tous côtés d’une machinerie aussi délicate que dangereuse.

Donc il avait pris le parti le plus sage, quiétait de se tenir aussi immobile que possible et de réfléchir,aussi nettement et aussi froidement que les circonstances lepermettaient.

Sir Athel – on l’a deviné du reste – était unesprit précis, méthodique, sériant les questions.

Le fait de se trouver à de nombreux mètressous terre, enfermé dans une caisse d’explosifs, n’était pas, àpremier examen, de ceux que l’on choisirait bénévolement pouroccuper ses loisirs.

Mais, d’autre part, c’était satisfactionréelle que de sentir son cœur battre, que de faire jouer sesmuscles, que de constater l’activité de son cerveau ; en unmot, de se retrouver, après pareille alerte, parfaitementvivant.

Sir Athel monologua, à la muette, bienentendu.

– Je me rappelle fort bien, se disait-il, queje touchais au succès. J’allais en quelques minutes – et par laseule force du vrilium, convenablement adaptée, soulever lentementle vriliogire.

« Mon but était, aussitôt que j’auraisdégagé la porte, de m’introduire à l’intérieur, avec lesprécautions convenables, d’atteindre l’isolateur central et ainside neutraliser l’effet du vrilium, redevenu provisoirement inerte.Et alors on aurait achevé le sauvetage de l’appareil par les moyensordinaires. Quelques cordes solides et de vigoureux bras auraientachevé l’œuvre.

« Que s’est-il alors passé ? Je mesouviens que j’avais déjà déchargé certaines parties descondensateurs… encore quelques instants et je touchais au but.Seulement j’eus besoin – ma mémoire est très fidèle – d’une destiges que j’avais préparées et qui, par sa forme recourbée, mepermettait de la faire pénétrer à l’intérieur. J’atteignais ainsile ressort supérieur de la porte dont une partie se repliait etlivrait passage à ma main qui achevait l’œuvre…

« J’eus le tort, je le reconnaismaintenant, de faire appel à autrui – à M. Labergère, si je neme trompe – pour obtenir l’outil désiré… ce fut alors qu’un corpslourd se précipita sur moi… détermina le choc de ma baguette àvrilium contre une partie de la paroi… »

Il se donna à lui-même quelques explicationsdont le résultat fut qu’il ignorait comment la porte avait pus’ouvrir et se refermer sur lui… en même temps que les charges devrilium contenues dans des baguettes, et soudain libérées,déterminaient un éboulement et la chute de l’appareil.

Mais la science constate nombre de faits dontles modalités lui échappent.

Le phénomène actuel les augmentait d’uneunité. C’était tout.

Ce qui était évident, c’est que, par les chocssubis, tels déclanchements s’étaient produits dans les ressortsmoteurs qui avaient opéré la neutralisation du vrilium. Car aumoment actuel il semblait en vérité que l’appareil fût pour ainsidire mort, ne produisant plus ni force, ni chaleur, ni lumière.Question à étudier de plus près, si jamais on avait encore leloisir de l’étude.

– Tout ceci, pensa sir Athel, ne me renseigneque très médiocrement sur les moyens qui me restent de sortir de laposition plus que précaire dans laquelle je me trouve.

Et tout à coup il eut un frisson.

Une pensée – un instant écartée – lui sautaitau cerveau.

Il n’était pas la seule victime de cettecatastrophe. Il avait deux compagnons ! Labergère, Bobby, lereporter génial, le détective si fortement britannique. Les… deuxmalheureux avaient-ils péri, soit qu’ils eussent été foudroyés parles décharges vriliennes qui avaient déterminé et accompagnél’effondrement ; soit, ce qui était plus horrible encore,qu’ils eussent été écrasés par les décombres…

Sir Athel avait le cœur essentiellement bon.Toutes ses recherches scientifiques n’avaient d’autre objet qued’augmenter, si possible, la somme de bien-être dont disposaitl’humanité.

Qu’importait sa vie à lui ! Dèslongtemps, il en avait fait le sacrifice. Mais avait-il le droit dedisposer de celle d’autrui ? Or ici sa responsabilité étaitentière et indéniable. Pourquoi, connaissant les périls del’opération, sachant que lui seul pouvait les conjurer ;comment, pourquoi, avait-il été assez faible pour autoriser cesdeux hommes à l’accompagner ?

Encore pour le cas de Coxward, pouvait-ilalléguer pour sa défense personnelle que c’était par la propreimprudence du boxeur que l’accident s’était produit. Sir Athel enavait été témoin sans y participer en quoi que ce fût.

Mais là, il ne pouvait pas adresser le moindrereproche à ces deux hommes, qui ne l’avaient suivi que par intérêtpour lui… il aurait dû, c’était son devoir d’honnête homme, lesrepousser, rejeter impitoyablement leur requête.

Et sir Athel se demandait en rougissant s’iln’avait pas obéi à un ridicule instinct de vanité en les acceptantpour proches témoins de ce qu’il croyait être une victoire.

Il se dit qu’après tout il avait expié cecrime : car quel espoir de sortir du gouffre où il étaitenlisé ! Eh bien, qu’il mourût, ce n’était après tout que lechâtiment qui lui était dû !

Sous le poids de ces pensées douloureuses, sirAthel se sentait faiblir. Toute son énergie l’abandonnait. Était-cemanque d’air ou simplement l’effet de la tension morale, ses nerfsse brisaient, son cerveau s’embrumait, un voile s’étendait sur sesyeux. Il éprouvait la sensation épouvantable de l’inhumationprématurée, et ses deux mains, en un geste désespéré, se crispèrentcontre sa poitrine, secouée par un spasme convulsif. Ce gesteinconscient le sauva.

Sous ses doigts, il sentit des objets dursqu’il connaissait bien : c’étaient de petites boîtes plates,pareilles à des bonbonnières, dans lesquelles il avait enfermé desparcelles de vrilium !

Le vrilium ! Quoi ! Il était enpossession de ce produit étonnant, de ce moteur universel, de cettepanacée à laquelle rien ne résistait ! Et il se laissait allerau découragement !

À quoi donc eût servi de s’être rendu maîtred’un des plus puissants secrets de la nature, si cette découvertene lui eût pas apporté le salut dans les circonstances les plusdésespérées ?

Après tout, puisqu’il n’était pas mort,pourquoi ses deux compagnons eussent-ils nécessairementsuccombé ?

Rien que pour avoir touché une des boîtes quirenfermaient le vrilium, déjà sir Athel se sentaitréconforté ! Non, non, il ne s’abandonnerait pas, illutterait, il vaincrait !…

Et il lui sembla voir, dans une vaguepénombre, le doux visage de Mary Redmore qui l’encourageait.

– Je suis dans le vriliogire, se dit-il. Maisoù se trouve l’appareil. C’est là ce qu’il faut savoir, et pourcela il faut de la lumière. Le vrilium va m’en procurer.

Il y avait encore un danger, c’était dehasarder un faux mouvement qui agit sur quelqu’un des ressorts dela machinerie et déchaînât encore quelque décharge. Car sir Athelqui, avant le 1er avril, ne songeait pas encore à utiliser sonavion, s’en servait volontairement pour emmagasiner les parties devrilium qu’il obtenait dans son laboratoire.

Avec d’infinies précautions, il tira de lapoche de son gilet le menu porte-crayon qui lui avait servi naguèreà dissocier l’encrier de marbre. Il le palpa, fit jouerdélicatement une virole, destinée à modifier les effets à obtenir,puis poussa un ressort. Il y eut un léger déclic et une languettede feu jaillit, assez semblable à la flamme de l’acétylène.

Une clarté éblouissante envahit la cabinedisposée comme celle d’un poste téléphonique ; et sur toutesles parois, étaient installées des petites caisses, munies depoignées ou de boutons, le tout formant, pourrait-on dire, unesorte de clavier dont les touches agissaient sur les diversesparties du mécanisme. Un faisceau de fils reliait ce système à unesphère, de très petite dimension, fixée sur une tige métallique quitraversait la cabine de haut en bas, et qui, nous le savons déjà,commandait les deux hélices, aux deux extrémités verticales del’appareil.

Au premier coup d’œil, sir Athel comprit cequi s’était passé. Dans le choc brutal qu’avait produit sa chute,un des ressorts de l’intérieur s’était déclanché, et le moteur semettant en marche avec une rapidité énorme avait fait agir l’arbredes hélices.

À son extrémité supérieure, l’hélice qui avaitété brisée n’existait plus ; mais, à la partie inférieure,elle subsistait dans son entier, et tournant avec une vélocitévertigineuse, elle s’était enfoncée dans le sol friable, faisant enquelque sorte office de tire-bouchon – ou mieux de vis d’Archimède.Et elle avait creusé un puits dans lequel l’appareil tout entierétait descendu, comme dans une gaine où il s’était frayé sa voie,ralenti cependant par le frottement.

Ce qui expliquait comment la descente, au lieude présenter le caractère d’une chute dans laquelle tout se fûtfracassé, avait pris celui d’un glissement.

Mais pourquoi l’arrêt ?

Ayant allumé une lampe attachée à la paroi,Athel, libre de ses mouvements et complètement maître de lui-même,chercha. La charge de vrilium qui actionnait le moteur et lesdiverses parties du mécanisme était presque épuisée, et pourtantsuffisante encore pour produire de très réels effets. Il étaitévident qu’un obstacle puissant s’était opposé à la continuation dumouvement, et bientôt Athel en reconnut la cause.

Après avoir perforé les diverses couches deterre, de sable, de pierres désagrégées qui ne lui avaient opposéqu’une résistance relative, l’hélice inférieure s’était trouvéesubitement arrêtée. L’énorme foret dont elle était garnie à soncentre s’était engagé dans une matière dont la dureté était tellequ’il n’avait pu la percer ; son mouvement de rotation s’étaitarrêté et l’appareil se trouvait, par le fait même, immobilisé parl’obstacle.

Cependant Athel savait qu’à la force duvrilium pas une substance connue ne pouvait résister : cetarrêt devait donc provenir d’une cause spéciale qu’il ne tarda pasà découvrir. Par un accident dû à la rupture d’un des ressortsmétalliques, la communication se trouvait interrompue entre l’arbrede couche et le moteur, ce qui était facile à réparer.

En somme, et grâce à un hasard incroyable,mais qui prouvait l’excellente qualité des matériaux employés à laconstruction de l’armature, le vriliogire était pour ainsi direintact et Athel ne doutait pas qu’il pût facilement le remettre enactivité.

Mais ici se posait la question la plusgrave.

Y avait-il lieu de provoquer un nouveaudéplacement ? Dans quel sens devait-il être dirigé ? Enun mot, où se trouvait-on ? À quelle profondeur ?

Le savant anglais avait la sensation trèsnette qu’il avait perdu connaissance… pendant combien detemps ? Était-il à dix, vingt, trente, cent mètres au-dessousdu sol ? La descente s’était-elle opérée en ligne droite ouinclinée ? Toutes interrogations qui restaient nécessairementsans réponse.

Athel regarda sa montre. Elle marquait uneheure. C’est-à-dire que depuis le moment où il avait commencél’opération – dix heures du matin – trois heures s’étaientécoulées. Et encore où était la preuve que ce fût trois heuresplutôt que quinze heures. Ceci pouvait se vérifiermécaniquement.

Il fit jouer soigneusement le remontoir. Lenombre de tours lui démontra que c’était bien une heure del’après-midi. Mais pendant combien de temps était-il resté inerteet inconscient ?

Les termes du problème ne se simplifiaientpas.

Enfin de quoi était enveloppé levriliogire ? Dans quelle sorte de matière se trouvait-ilencastré, enchâssé ?… Comment le savoir ?…

Pour se donner de la force, Athel ouvrit unepetite boîte qui contenait des pilules Berthelot. On sait que notregrand chimiste avait émis cette hypothèse qu’un jour viendrait oùla nourriture de l’homme par les substances organiques seraitremplacée par les éléments chimiques qui les composaient.

Si bien que l’alimentation en serait assuréepar des condensés de l’essence même des choses, des éléments,azote, carbone, phosphore dont sont formés les viandes, leslégumes, le lait, etc., tablettes ou pilules qui sous un très petitvolume serviraient à la réparation des forces.

Sir Athel avait étudié cette question depuislongtemps et l’avait en partie résolue.

Dans une boîte d’un décimètre carré, Athelétait en possession de provisions suffisantes pour assurer sonalimentation pendant des mois entiers.

Craignant donc une nouvelle défaillancephysique, il prit deux pilules riches en azote et y ajouta même,afin d’éclaircir son cerveau, une tasse de café (en pilule).

Il se sentit rasséréné, alerte ! etéprouva cette sensation qu’il était vraiment trop vivant pourmourir. Il savait enfin, qu’en dernier ressort, il lui restait unesuprême ressource : l’injection sous-cutanée du vrilium, qui,tant que les organes étaient intacts, rendait à l’être toute savitalité.

La confiance en soi est la première conditiondu succès.

Dans le très petit espace où Athel pouvait semouvoir, il examina un à un tous les divers mécanismes de samachine, interrompit les contacts qui pouvaient encore développerl’action du vrilium. Il ne laissa rien au hasard et comme ungénéral qui a inspecté toutes les parties de son champ de bataille,il se décida à agir.

Ce fut alors que, levant les yeux pour lapremière fois jusqu’au plafond du kiosque, il s’aperçut que lapartie supérieure était soulevée. N’avait-il pas été pratiqué eneffet une sorte d’arrachement du casque prussien qui le couronnait.Dans la chute, ce couvercle – il n’est pas de terme plus clair –avait basculé et par l’orifice ainsi pratiqué, il était possible dejeter un regard au dehors.

Il se hissa sur un escabeau, et grâce à sahaute taille, il atteignit le sommet et passa sa tête parl’orifice. L’obscurité était noire, mais une tiédeur lui monta auvisage. On eût dit qu’un certain espace s’étendait alentour.

Il prit le fameux porte-crayon – bon à toutfaire – et ayant passé le bras, fit jaillir la lueur claire etblanche. Il eut une exclamation de surprise. Le vriliogire n’étaitpas engainé, comme il l’avait cru d’abord. Au-dessus de lui,l’espace était libre ; et aussi, devant l’une des parois,celle justement où se trouvait la porte, qu’il n’avait pas jugéprudent d’ouvrir jusqu’ici, dans la crainte d’un éboulement àl’intérieur.

Il lui parut que ce qui l’entourait fût depierres dures, de roc même.

Alors il n’hésita plus : il fit jouer lesressorts de la porte et se pencha sur le seuil, avançant dans lesténèbres la torche minuscule qui répandit des flots de lumière.

Athel avait devant lui une caverne, une grottetrès spacieuse, dont l’ossature était faite de pierres énormes,tassées, encastrées les unes dans les autres, donnant la sensationd’une solidité inébranlable.

Il ne voyait pas distinctement le sol :regardant prudemment à ses pieds, avant de franchir le seuil, ils’aperçut qu’entre le vriliogire et le terrain de la caverne,s’étendait un espace vide, large de plus d’un mètre.

Il pencha le jet de lumière, et il lui semblaqu’il y avait là un abîme très profond, dans lequel ses regards nedistinguaient rien. Au delà de cet intervalle était le sol de lacaverne qui lui parut fait d’une voûte peu épaisse, comme d’unecroûte de ciment qui aurait recouvert un espace creuxau-dessous.

Cependant cette sorte de carapace étaitd’apparence solide. Décidé à tout, Athel prit son élan, franchitl’espace vide et se trouva debout, sain et sauf, sous la hautevoûte de la caverne.

L’air y était épais, lourd, presque suffocant,avec un relent de moisissure qui écœurait.

Mais on n’en était pas à s’émouvoir de cesdétails. Athel éprouvait comme une sensation de libération.N’avait-il pas ressenti cette crainte, inavouée à lui-même, qu’ilresterait séquestré, inhumé dans le vriliogire transformé encercueil ! La mort lente, horrible, dans l’immobilité etl’asphyxie.

Jamais touriste en face de l’espace, du ciel,des bouquets d’arbres, des vastes paysages, n’éprouva joie plusintense que celle de notre bon savant, enveloppé de tous côtésd’une calotte de pierres, avec, sous les pieds, un abîme sansfond ? Preuve nouvelle de la relativité des jouissanceshumaines !…

Et sir Athel, emporté par son enthousiasme,s’écria :

– Vive la vie !… Vive lascience !

– Qui est-ce qui piaille là-haut ?répondit une voix qui semblait sortir des profondeurs de laterre.

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