AGATHA CHRISTIE L’AFFAIRE PROTHERO

— Puisque vous assistiez à la conversation, et si vous jugez qu’il est de votre devoir de la rapporter à la police, faites, dis-je enfin.

— Il vaudrait mieux que cela vienne de vous, Mr Clement.

— C’est possible, mais je ne pense pas que je le ferai. Je n’ai pas envie de conduire un innocent à la potence.

— Mais s’il a tué le colonel Protheroe…

— Si… si… si… Rien ne prouve qu’Archer ait tué Protheroe.

— Il l’a menacé.

— Stricto sensu, les menaces ne venaient pas d’Archer mais du colonel qui lui promettait une vengeance mémorable la prochaine fois qu’il le pincerait.

— Je ne vous comprends pas.

— Vous ne me comprenez pas ? répétai-je d’un ton las. Vous êtes encore jeune et vous croyez en la justice, mais lorsque vous aurez mon âge, vous aussi vous accorderez aux hommes le bénéfice du doute.

— Je ne veux pas… enfin… (Il s’interrompit et je le dévisageai, surpris.) Vous n’avez pas la… la moindre idée de… de l’identité du meurtrier ?

— Grand Dieu ! non.

— … ou de ses motifs ? insista-t-il.

— En aucun cas. Et vous-même ?

— Moi ? Non, bien sûr que non, mais je me demandais si, par hasard, le colonel Protheroe ne vous aurait pas fait quelques confidences, s’il n’avait pas mentionné quelque chose devant vous…

— S’il m’a fait des confidences, comme vous dites, tout le village a pu les entendre, hier matin, fis-je d’un ton sec.

— Je sais ! Mais vous ne croyez pas que… pour Archer… ?

— La police sera toujours informée assez tôt de ce qui concerne Archer. Si je l’avais entendu de mes oreilles proférer des menaces, c’eût été différent. Mais une chose est sûre : si Archer avait menacé le colonel, la moitié du village l’aurait entendu, et la nouvelle en serait déjà parvenue au poste de police. Quant à vous, agissez en votre âme et conscience.

Mais, curieusement, Hawes n’avait pas la moindre envie de prendre une quelconque initiative.

Je trouvais son comportement décidément bizarre et sa nervosité ne cessait d’augmenter. Ce devaient être les séquelles de sa maladie, pensai-je en me souvenant des propos de Haydock.

Hawes prit congé à contrecœur, comme s’il avait encore quelque chose à ajouter et ne savait comment aborder le sujet.

Avant de nous séparer, je le chargeai de la réunion de l’association des Mères de familles et des Dames patronnesses, car j’avais de mon côté un après-midi fort occupé.

Je chassai Hawes et ses problèmes de mes pensées et pris le chemin de la maison de Mrs Lestrange.

Sur une table dans l’entrée, je vis le Guardian et Church Times encore intacts.

En chemin, je m’étais souvenu que Mrs Lestrange avait eu une entrevue avec le colonel Protheroe, la veille du crime. Peut-être leur conversation avait-elle recelé quelque indice susceptible de jeter un peu de lumière sur le meurtre.

On me fit entrer directement dans le petit salon et Mrs Lestrange vint à ma rencontre. Je remarquai de nouveau l’atmosphère subtile qu’elle parvenait à créer autour d’elle. Sa robe d’un noir profond mettait merveilleusement en valeur la blancheur de son teint ; ses traits restaient impassibles mais elle me fixait de son regard fiévreux, avec une expression inquiète.

— C’est très aimable à vous d’être venu, Mr Clement, dit-elle en me serrant la main. J’aurais aimé vous parler l’autre jour mais je ne l’ai pas fait. J’aurais dû.

— Je vous réitère ma proposition : je serai très heureux de vous aider, si je le puis.

— C’est ce que vous m’avez dit, et vous étiez sincère. J’ai rencontré bien peu de gens, au cours de ma vie, qui ont sincèrement voulu m’offrir leur aide.

— Je ne saurais le croire, Mrs Lestrange.

— C’est malheureusement vrai. La plupart des gens, et en particulier les hommes, ne pensent qu’à eux.

L’amertume perçait dans sa voix. Comme je ne répondais pas, elle m’invita à m’asseoir.

Elle s’installa sur une chaise en face de moi, hésita un instant et commença à parler avec lenteur, d’un ton réfléchi, pesant chaque mot avant de le prononcer :

— J’aimerais connaître votre avis sur la situation délicate qui est la mienne, Mr Clement. J’ai besoin d’être éclairée sur ce que j’ai à faire. Le passé est le passé et l’on ne peut revenir sur ses actes. Vous voyez ce que je veux dire ?

Je n’eus pas le temps de répondre car la bonne qui m’avait introduit apparut sur le seuil et dit, d’un ton alarmé :

— Excusez-moi, madame, il y a là un inspecteur qui demande à vous parler.

Il y eut un silence. Mrs Lestrange resta impassible ; seules ses paupières se fermèrent lentement avant de se rouvrir. Elle déglutit une ou deux fois et articula de sa voix égale :

— Faites-le entrer, Hilda.

J’allais me lever mais, d’un geste, elle m’ordonna impérieusement de ne pas bouger.

— Si vous le voulez bien… J’aimerais que vous restiez.

— Comme vous voudrez, murmurai-je en me rasseyant tandis que Flem entrait sans façon.

— Bonjour, madame, commença-t-il.

— Bonjour, inspecteur.

C’est alors qu’il s’aperçut de ma présence. Son visage se ferma. Il fallait admettre que Flem n’avait aucune sympathie pour moi.

— Vous n’avez pas d’objection à parler devant notre pasteur, j’espère ? lui demanda Mrs Lestrange.

Il eût été grossier de sa part de prétendre le contraire.

— Non…, grogna-t-il. Mais j’aurais peut-être préféré…

Mrs Lestrange ne prêta aucune attention à ces sous-entendus.

— Que puis-je pour vous, inspecteur ?

— Eh bien, il s’agit du meurtre du colonel Protheroe. C’est moi qui suis chargé de l’enquête. (Mrs Lestrange acquiesça d’un signe de tête.) J’enquête pour la forme sur l’emploi du temps des habitants du bourg, dans la journée d’hier, entre 18 heures et 19 heures. Entendons-nous : c’est purement formel.

Mrs Lestrange n’avait rien perdu de son calme.

— Vous voulez savoir où j’étais hier, entre 6 et 7 heures du soir ?

— C’est bien cela, madame.

— Eh bien… (Elle réfléchit un instant.) J’étais à la maison, chez moi.

— Ah ! (Les yeux de l’inspecteur jetèrent des éclairs.) Et votre bonne – vous n’en avez qu’une à votre service, si je ne me trompe ? – peut confirmer votre déclaration, sans doute ?

— Non. Hilda avait son après-midi, hier.

— Je vois.

— Il faudra vous contenter de ma parole, dit Mrs Lestrange avec un sourire.

— Vous êtes sûre que vous étiez chez vous, hier après-midi ?

— Votre première question portait sur mon emploi du temps entre 18 et 19 heures, inspecteur. Je suis allée me promener au début de l’après-midi et suis revenue un peu avant 17 heures.

— Si donc une certaine dame – disons miss Hartnell – affirme qu’elle a sonné en vain à votre porte vers 18 heures, et qu’elle a dû repartir sans vous avoir vue, vous allez prétendre qu’elle a eu la berlue, peut-être ?

— Oh ! mais non ! rétorqua Mrs Lestrange.

— Mais…

— Si votre bonne est à la maison, vous pouvez lui faire prétendre que vous êtes absente, mais si vous êtes seule et sans la moindre envie de recevoir des visites… la seule solution est de les laisser sonner à leur guise.

L’inspecteur Flem était décontenancé.

— Ces dames ont le don de m’ennuyer, ajouta Mrs Lestrange, et en particulier miss Hartnell. J’ai dû supporter cinq ou six sonneries avant qu’elle ne se décide à repartir.

Elle adressa un sourire suave au policier.

L’inspecteur changea de tactique.

— Et si l’on affirmait vous avoir vue dehors vers les…

— Qui aurait pu vous raconter une chose pareille ? (Elle avait aussitôt repéré son point faible.) Personne n’a pu me voir dehors puisque j’étais chez moi !

— C’est évident, chère madame. (L’inspecteur rapprocha sa chaise.) Mais je me suis laissé dire que vous aviez rendu visite au colonel Protheroe, la veille de sa mort.

— En effet, dit-elle de sa voix calme.

— Pourriez-vous me dire de quoi vous avez parlé ?

— Notre entrevue était strictement personnelle, inspecteur.

— Permettez-moi d’insister : je suis obligé de vous demander de me révéler la teneur de cette entrevue.

— Je n’ai pas à vous répondre sur ce point, mais sachez que rien, dans ce que nous nous sommes dit, n’avait la moindre incidence sur le meurtre.

— Comment pourriez-vous en juger ?

— Quoi qu’il en soit, vous n’avez que ma parole, cette fois encore, inspecteur.

— Cela me fait beaucoup de choses à croire, à mon goût.

— Hé oui, fit-elle, sereine.

L’inspecteur Flem était devenu écarlate.

— C’est une affaire grave, madame. Je veux la vérité… et je l’aurai, ajouta-t-il en frappant du poing sur la table.

Mrs Lestrange se taisait.

— Vous ne voyez donc pas que vous vous mettez dans un mauvais cas ? (Mrs Lestrange continua à se taire.) Vous aurez des preuves à fournir.

— Je ne l’ignore pas.

Et ce fut tout. Quelques petits mots prononcés sans emphase, sur un ton presque indifférent. L’inspecteur changea encore de tactique :

— Connaissiez-vous le colonel Protheroe ?

— Je le connaissais. (Elle s’interrompit un bref instant avant de préciser 🙂 Mais je ne l’avais pas vu depuis plusieurs années.

— Connaissiez-vous Mrs Protheroe ?

— Non.

— Pardonnez mon indiscrétion, mais c’était un moment plutôt mal choisi pour une visite.

— Pas pour moi.

— Je ne comprends pas.

— Je désirais voir le colonel Protheroe et non pas Mrs ou miss Protheroe, dit-elle à haute et intelligible voix. Et je désirais le voir seul. J’ai donc jugé que c’était le meilleur moyen.

— Puis-je savoir pourquoi vous ne vouliez pas voir Mrs ou miss Protheroe ?

— Ceci me regarde, inspecteur.

— Vous refusez d’en dire davantage ?

— Je refuse.

L’inspecteur se leva.

— Méfiez-vous, Mrs Lestrange. Vous êtes en train de jouer avec le feu, et cela pourrait mal finir.

Mrs Lestrange éclata de rire ; elle n’était pas femme à se laisser impressionner facilement, voilà ce que j’eusse pu affirmer à l’inspecteur Flem.

— Bien, conclut-il dignement. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenue. C’est tout ce que j’avais à vous dire. Au revoir, madame, et n’oubliez pas que nous finirons par connaître la vérité.

Et il sortit. Mrs Lestrange se leva.

— Je suis obligée de vous renvoyer, dit-elle en me tendant la main. C’est mieux ainsi. Il est trop tard pour vous demander conseil, à présent. Ma décision est prise. Oui, ma décision est prise, répéta-t-elle avec du désespoir dans la voix.

16

Sur le seuil, je me heurtai au Dr Haydock.

— L’a-t-il interrogée ? me demanda-t-il avec un coup d’œil sévère en direction de Flem qui franchissait la grille.

— Oui.

— J’espère qu’il s’est montré courtois.

Dans mon esprit, le tact et la courtoisie sont des arts ignorés de l’inspecteur Flem, mais sans doute pouvait-on convenir qu’il avait été poli, du moins selon ses propres critères ; et en tout cas, je n’eusse pas voulu inquiéter davantage le Dr Haydock. Je me bornai donc à lui répondre par l’affirmative.

Sur un signe de tête approbateur, Haydock disparut à l’intérieur et j’eus, quant à moi, tôt fait de rattraper l’inspecteur qui avait dû ralentir le pas à dessein. Son antipathie pour moi n’allait pas jusqu’à se priver de me soutirer quelques informations utiles.

— Que savez-vous d’elle ? me demanda-t-il sans ambages.

— Rien, dis-je.

— Savez-vous pourquoi elle s’est installée ici ?

— Non.

— Pourtant, vous lui rendez visite ?

— Il est dans mes attributions de visiter mes paroissiens, répondis-je en omettant de préciser que c’était Mrs Lestrange qui m’avait fait appeler.

— Hum ! (Il resta silencieux pendant un instant puis, incapable de résister à l’envie de revenir sur son échec, il reprit 🙂 Il y a du louche, là-dessous, à mon avis.

— Du louche ?

— Vous voulez que je vous dise ? Je parierais que c’est une histoire de chantage. À première vue, ça ne colle pas avec la position du colonel Protheroe, mais il faut se méfier : on a déjà vu des marguilliers mener une double vie.

La remarque de miss Marple à ce sujet me revint à l’esprit.

— Pensez-vous qu’il pourrait s’agir de quelque chose de ce genre ?

— En tout cas, ça concorde avec les faits, Mr Clement. Pourquoi une femme élégante et raffinée serait-elle venue se retirer dans ce trou perdu ? Pourquoi a-t-elle rendu visite à Protheroe à cette heure indue ? Pourquoi tenait-elle à éviter Mrs Protheroe et miss Protheroe ? Tout concorde, vous dis-je ! Elle était gênée d’en convenir, bien sûr… le chantage est un délit puni par la loi. Mais elle sera bien obligée de passer aux aveux. Cela pourrait se révéler d’une grande importance pour la suite de l’affaire. Imaginez que le colonel Protheroe ait eu quelque vilain petit secret à cacher, eh bien, vous voyez où cela nous mènerait ?

Pourquoi pas ? pensai-je. C’était logique.

— J’ai essayé de tirer les vers du nez au maître d’hôtel, au cas où il aurait surpris quelques mots entre le colonel et sa visiteuse. On sait bien comment sont ces gens-là… Mais il jure sur ses grands dieux qu’il n’a pas saisi un traître mot. Croiriez-vous qu’il a failli être congédié à cause de cette visite ? Le colonel lui a reproché d’avoir introduit cette femme dans la maison, et le maître d’hôtel a aussitôt rendu son tablier, sous prétexte qu’il ne se plaisait pas à Old Hall et qu’il avait déjà pensé à quitter sa place.

— Ah oui ?

— Encore un qui nourrissait des griefs contre le colonel Protheroe.

— Le soupçonneriez-vous sérieusement ?… Comment s’appelle-t-il, déjà ?

— Reeves. Ce n’est pas que je le soupçonne sérieusement mais on ne sait jamais, avec ses manières onctueuses…

J’aurais bien voulu savoir ce que Reeves, de son côté, pensait des manières de Flem…

— Maintenant, au chauffeur ! dit-il.

— Si vous allez à Old Hall, peut-être pourriez-vous m’emmener dans votre voiture ? J’ai une petite affaire à régler avec Mrs Protheroe.

— Peut-on savoir à quel sujet ?

— Nous devons parler de l’enterrement.

— Ah ! grogna-t-il, déçu. L’enquête se poursuit demain, samedi.

— Je le sais. Les funérailles pourraient avoir lieu mardi, je pense.

L’inspecteur parut un peu penaud de sa balourdise et sortit le drapeau blanc en m’invitant à assister, à l’interrogatoire du chauffeur, un dénommé Manning.

Manning était un brave garçon âgé de vingt-cinq ou vingt-six ans. Il fut vivement impressionné par l’inspecteur de police.

— Eh bien, voilà, mon garçon, dit Flem, j’ai certaines questions à vous poser.

— Oui, monsieur, bafouilla le chauffeur. Je suis à votre disposition, monsieur.

Il n’aurait pas été plus inquiet s’il avait été l’auteur du meurtre.

— Vous avez conduit le colonel à St. Mary Mead, hier ?

— Oui, monsieur.

— À quelle heure ?

— 5 heures et demie, monsieur.

— Mrs Protheroe était-elle du voyage ?

— Oui, monsieur.

— Les avez-vous emmenés directement à St. Mary Mead ?

— Oui, monsieur.

— Ne vous êtes-vous arrêtés nulle part en route ?

— Non, monsieur.

— Que s’est-il passé, une fois au village ?

— Le colonel est descendu de voiture en disant qu’il n’avait plus besoin de moi, et il est parti à pied. Mrs Protheroe a fait des courses et a chargé les paquets dans la voiture, puis elle m’a dit que c’était terminé et je suis rentré à Old Hall.

— Vous avez laissé Mrs Protheroe au village ?

— Oui, monsieur.

— À quelle heure ?

— 6 heures et quart, monsieur. Très exactement.

— Où l’avez-vous laissée ?

— Devant l’église, monsieur.

— Savez-vous où devait aller le colonel ?

— Chez le vétérinaire, je crois, pour un de ses chevaux.

— Je vois. Et vous êtes rentré tout droit à Old Hall ?

— Oui, monsieur.

— Il y a deux entrées à Old Hall, l’entrée sud et l’entrée nord. Vous avez dû sortir par le sud pour aller au village ?

— Oui, monsieur. Nous passons toujours par là.

— Et vous êtes rentré par le même chemin ?

— Oui, monsieur.

— Hum ! Eh bien, ce sera tout. Ah ! voilà miss Protheroe.

Lettice nous rejoignait d’un pas nonchalant.

— J’ai besoin de la Fiat, Manning, dit-elle. Faites-la chauffer, s’il vous plaît.

— Très bien, miss, fit le chauffeur qui se dirigea aussitôt vers une biplace dont il souleva le capot.

— Un instant, miss Protheroe, dit Flem. Nous procédons à la vérification des emplois du temps, hier en fin de journée, soit dit sans arrière-pensée offensante.

— Je ne sais jamais l’heure qu’il est, fit-elle en le regardant droit dans les yeux.

— J’ai appris que vous étiez sortie aussitôt après le déjeuner.

Elle acquiesça sans mot dire.

— Puis-je savoir où êtes-vous allée ?

— Jouer au tennis.

— Chez qui ?

— Chez les Hartley Napier.

— À Much Benham ?

— Oui.

— Et à quelle heure êtes-vous rentrée ?

— Je l’ignore. Je vous répète que je ne fais pas attention à ces détails.

— Ce devait être vers 7 heures et demie, précisai-je.

— Vous avez raison, dit Lettice. En pleine crise : Anne avait ses nerfs et Griselda était venue la réconforter.

— Merci, miss, fit l’inspecteur. Ce sera tout.

— Bizarre ! Tout cela ne présente aucun intérêt, conclut Lettice en se dirigeant vers sa voiture.

Flem eut un geste rapide en direction de son front.

— Il lui manque une case, non ?

— N’en croyez rien, dis-je. Mais elle aime à jouer les originales.

— Allons ! Il ne me reste qu’à interroger les bonnes.

On peut ne pas apprécier Flem, mais on ne peut qu’admirer son dynamisme.

Chacun partit de son côté et je m’en fus demander à Reeves si je pouvais parler à Mrs Protheroe.

— Elle se repose, monsieur.

— Dans ce cas, je n’ose la déranger.

— Voulez-vous attendre un instant, s’il vous plaît. Au déjeuner, Mrs Protheroe a dit qu’elle était très désireuse de vous voir.

Il me fit passer au salon et donna de la lumière, car les rideaux étaient tirés.

— Une bien triste histoire, dis-je.

— Oui, monsieur.

Il parlait d’une voix glacée et respectueuse.

Je l’observai. Quels sentiments l’agitaient derrière son masque d’impassibilité ? Savait-il des choses qu’il aurait pu nous dire ? Je ne connais rien de plus inhumain que le masque d’un domestique zélé.

— Y aurait-il du nouveau, monsieur ?

Devais-je saisir une touche d’anxiété sous cette question polie ?

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