Scène II
Bérénice, Phénice
Bérénice
Chère Phénice, eh bien? as-tu vu l’empereur?
Qu’a-t-il dit? Viendra-t-il?
Phénice
Oui, je l’ai vu, Madame,
Et j’ai peint à ses yeux le trouble de votre âme.
J’ai vu couler des pleurs qu’il voulait retenir.
Bérénice
Vient-il?
Phénice
N’en doutez point, Madame, il va venir.
Mais voulez-vous paraître en ce désordre extrême?
Remettez-vous, Madame, et rentrez en vous-même.
Laissez-moi relever ces voiles détachés,
Et ces cheveux épars dont vos yeux sont cachés.
Souffrez que de vos pleurs je répare l’outrage.
Bérénice
Laisse, laisse, Phénice, il verra son ouvrage.
Et que m’importe, hélas! de ces vains ornements?
Si ma foi, si mes pleurs, si mes gémissements,
Mais que dis-je mes pleurs? si ma perte certaine,
Si ma mort toute prête enfin ne le ramène,
Dis-moi, que produiront tes secours superflus,
Et tout ce faible éclat qui ne le touche plus?
Phénice
Pourquoi lui faites-vous cet injuste reproche?
J’entends du bruit, madame, et l’empereur s’approche.
Venez, fuyez la foule, et rentrons promptement;
Vous l’entretiendrez seul dans votre appartement.