Dix petits nègres d’ Agatha Christie

Son porteur, qui chancelait un tantinet sous le poids d’une volumineuse valise de cuir, lui indiqua Vera et Lombard.
Vers marcha à sa rencontre, la compétence faite femme :
— Je suis la secrétaire de Mrs O’Nyme. Un taxi nous attend. Je vous présente Mr Lombard, ajouta-t-elle.
Les yeux d’un bleu délavé, perçants malgré leur âge, jaugèrent Lombard. L’espace d’un instant, ils exprimèrent un jugement – mais bien malin qui aurait pu le lire.
« Beau garçon. Mais avec un je-ne-sais-trop-quoi de pas net… »
Ils montèrent tous les trois dans le taxi. Ils parcoururent les rues assoupies du petit bourg d’Oakbridge et empruntèrent sur un bon kilomètre et demi la grand-route de Plymouth. Puis ils s’enfoncèrent dans la campagne, à travers un labyrinthe de chemins tortueux et verdoyants.
— Je ne connais absolument pas cette partie du Devon, déclara le général Macarthur. Moi, mon bled, c’est dans l’est du comté, à la lisière du Dorset.
— C’est ravissant, par ici, dit Vera. Ces collines, cette terre rouge – tout est si vert et luxuriant…
Philip Lombard émit une réserve :
— C’est un peu encaissé… Personnellement, je préfère les espaces découverts, Les endroits d’où on peut voir ce qui se passe…
— Vous avez pas mal bourlingué, j’imagine ? remarqua le général Macarthur.
Lombard eut un haussement d’épaules un peu dédaigneux.
— J’ai roulé ma bosse, répondit-il tout en pensant à part lui : « Et maintenant, il va me demander si j’étais en âge de faire la guerre. Avec ces anciens combattants, ça ne rate jamais. »
Mais le général Macarthur ne parla pas de la guerre.

*

Parvenus au sommet d’une colline escarpée, ils en redescendirent par un chemin en lacet menant à Sticklehaven – minuscule agglomération de cottages avec deux ou trois bateaux de pêche tirés à sec sur la plage.
Ce fut alors qu’ils eurent leur premier aperçu de l’île du Nègre : illuminée par le soleil couchant, elle émergeait des flots au sud.
— Elle est bien loin, fit observer Vera, surprise.
Elle se l’était représentée différemment : proche du rivage et couronnée d’une somptueuse maison blanche. Hélas ! il n’y avait aucune maison en vue, rien qu’une masse rocheuse plus ou moins à pic qui se profilait sur le ciel en évoquant vaguement une gigantesque tête de nègre. Le spectacle avait quelque chose de sinistre. Vera réprima un frisson.
A la terrasse d’une petite auberge, le Seven Stars, trois personnes étaient installées. Il y avait là le vieux juge, silhouette voûtée, miss Brent, guindée, le buste raide, et un troisième individu – un costaud, du genre esbroufeur – qui vint vers eux et se présenta :
— On s’est dit qu’on ferait aussi bien de vous attendre. Histoire de se trouver tous dans le même bateau, ha, ha ! Permettez-moi de me présenter. Davis, je m’appelle. Ma ville natale, c’est Natal, en Afrique du Sud, ha, ha, ha !
Il partit d’un grand rire aussi cordial que tapageur.
Le juge Wargrave le fixa avec une malveillance quasi palpable. Il semblait avoir très envie d’ordonner qu’on évacue la salle d’audience. Quant à miss Emily Brent, elle était manifestement en train de se demander si elle n’exécrait pas, au fond, les coloniaux dans leur ensemble.
— Quelqu’un veut un petit verre avant d’embarquer ? demanda Mr Davis, histoire de mettre tout le monde à l’aise.
Comme personne ne sautait sur sa proposition, Mr Davis se retourna, l’index levé :
— Dans ce cas, ne tardons pas. Notre bon hôte et notre aimable hôtesse doivent nous attendre.
Il aurait pu déceler un étrange malaise chez les autres membres du groupe. Comme si le simple fait de mentionner leurs hôtes avait sur eux un effet paralysant.
En réponse au doigt levé de Davis, un homme se détacha du mur contre lequel il était adossé et vint vers eux. Sa démarche chaloupée trahissait le marin. Il avait le visage hâlé par le grand large et l’œil noir et quelque peu fuyant.
— Vous êtes prêts à partir pour l’île, m’sieurs-dames ? demanda-t-il de sa voix teintée du doux accent du Devon. Le bateau est paré. Il y a encore deux autres messieurs qui doivent arriver en voiture, mais on ne sait pas à quelle heure au juste, alors Mr O’Nyme a décidé comme ça qu’on les attendrait pas.
Les invités se levèrent. Leur guide les conduisit sur une petite jetée de pierre. Un canot à moteur y était amarré.
— Il est bien petit, ce bateau, grinça Emily Brent.
— C’est un bon bateau, m’dame. Il vous emmènerait à Plymouth en un rien de temps, riposta son propriétaire d’un ton persuasif.
— Nous sommes nombreux, fit observer sèchement le juge Wargrave.
— Je pourrais en embarquer deux fois autant, m’sieur.
De sa voix plaisante, Philip Lombard intervint :
— Ça ira très bien. Grand beau temps… pas de houle.
Guère convaincue, miss Brent se laissa néanmoins aider et monta à bord. Les autres suivirent le mouvement. Les invités ne fraternisaient pas encore. Ils avaient tous l’air intrigués les uns par les autres.
Ils s’apprêtaient à larguer les amarres quand leur guide interrompit sa manœuvre, gaffe en main.
Une voiture dévalait le raidillon menant au village. Une voiture d’une si incroyable puissance, d’une si phénoménale beauté qu’elle avait tout d’une apparition. Un jeune homme était au volant, cheveux flottant dans le vent. Dans l’éclatante lumière de l’après-midi, il avait l’air non pas d’un homme mais d’un jeune dieu, un dieu héroïque issu de quelque légende nordique.
Il donna un coup de klaxon – rugissement formidable que les rochers de la baie renvoyèrent en écho.
Ce fut un instant inouï. Un instant pendant lequel Anthony Marston parut transcender le simple mortel. Par la suite, plus d’une des personnes présentes devait se remémorer ce moment-là.

*

Assis près du moteur, Fred Narracott se disait qu’il s’agissait d’une drôle d’équipe. Ce n’était pas ça l’idée qu’il s’était faite des invités de Mr O’Nyme. Il s’attendait à un peu plus de classe. À des femmes sur leur trente et un, et à des hommes en tenue de yachting – tous pleins aux as et l’air important.
Rien à voir avec les relations de Mr Elmer Robson. Un léger sourire effleura les lèvres de Fred Narracott au souvenir des amis du milliardaire. Ça, c’était des réceptions, si vous voulez que je vous dise… et qu’est-ce que ça picolait !
Ce Mr O’Nyme, ça ne devait pas être le même genre de bonhomme. Bizarre, d’ailleurs, se dit Fred, qu’il ne l’ait encore jamais aperçu… ni lui ni sa bourgeoise. N’avait pas encore mis les pieds ici, parole. Tout ce qui était commandes et factures, c’était ce Mr Morris qui s’en chargeait ; Les instructions étaient toujours très claires, le paiement ne traînait pas, mais c’était quand même bizarre. D’après les journaux, il y avait comme un mystère au sujet de O’Nyme. Fred Narracott était d’accord avec eux.
Peut-être qu’après tout c’était bien miss Gabrielle Turl qui avait acheté l’île. Mais il écarta cette hypothèse en observant ses passagers. Pas ce ramassis – il n’y en avait pas un dans le lot qui ait quelque chose à voir avec une star de cinéma. Il les passa en revue d’un œil impartial.
Une vieille fille – le style revêche… il en connaissait un tas, des comme ça. C’était une harpie, à tous les coups. Un vieux militaire – ça se voyait à son allure rantanplan. Une jeune femme pas vilaine – mais plutôt quelconque, pas un morceau de roi… rien de la magie hollywoodienne. Le joyeux drille qui faisait de l’esbroufe – lui, en tout cas, ça n’était pas un gars de la haute. Un commerçant retiré des affaires, voilà ce que c’est, estima Fred Narracott. L’autre bonhomme, le grand maigre à la mine famélique et au regard en coin, c’était un drôle d’oiseau. Lui, ça n’était pas impossible qu’il ait quelque chose à faire avec le cinéma.
Non, il n’y avait qu’un seul passager potable dans le canot. Le dernier type, celui qui était arrivé en voiture (et quelle voiture ! Une bagnole comme on n’en avait encore jamais vu à Sticklehaven. Ça avait dû coûter des mille et des cents, un engin pareil). Celui-là, il était bien dans la note. Né dans le fric, le beau gosse. Si tous les autres avaient été comme lui… là, d’accord, il aurait compris.
Drôle d’histoire, quand on réfléchissait deux secondes. Tout ça, c’était bizarre – très bizarre…

*

Traçant un long sillon d’écume, le canot contourna le rocher. Alors, enfin, la maison apparut. Le côté sud de l’île présentait un aspect tout différent. Il descendait en pente douce vers la mer. La maison était là, face au sud : basse, carrée, moderne, avec des fenêtres cintrées qui laissaient entrer toute la lumière.
Une maison sensationnelle – une maison à la mesure de leur attente !
Fred Narracott coupa le moteur, et le canot se faufila en douceur dans un petit goulet naturel entre les rochers.
— Ça ne doit pas être commode d’accoster ici par gros temps, fit observer Philip Lombard.
— Par vent de sud-est, il n’y a pas moyen d’aborder l’île du Nègre, répondit gaiement Fred Narracott. Il y a des fois, elle est coupée de tout pendant une semaine et plus.
« L’approvisionnement ne doit pas être facile, pensa Vera Claythorne. C’est ça le pire, sur une île. Les problèmes domestiques prennent des proportions effarantes. »
La coque du bateau grinça contre les rochers. Fred Narracott sauta à terre et, secondé par Lombard, aida les autres à descendre. Narracott amarra le canot à un anneau scellé dans le roc. Puis il leur fît gravir un escalier taillé dans la falaise.
— Ah ! Quel coin charmant ! s’exclama le général Macarthur.
Mais il se sentait mal à l’aise. Sacrément bizarre, cet endroit.
Lorsque les invités débouchèrent sur une terrasse, en haut des marches, leur moral remonta. Sur le pas de la porte les attendait un majordome impeccable dont la solennité les rassura. De plus, la maison était splendide, et superbe la vue de la terrasse…
Le majordome s’inclina légèrement. Grand, maigre, grisonnant, c’était un homme d’allure éminemment respectable.
— Si vous voulez bien me suivre…, leur dit-il.
Dans le vaste hall, des boissons les attendaient. Une kyrielle de bouteilles. Anthony Marston se rasséréna un brin. Il commençait justement à la trouver saumâtre. Personne de son monde ! Qu’est-ce qui avait pris à ce brave vieux Badger de l’entraîner là-dedans ? Quoi qu’il en soit, question boissons, rien à redire. Côté glaçons non plus.
Qu’est-ce qu’il racontait, le larbin ?
« Mr O’Nyme… fâcheux contretemps…, ne pourrait pas arriver avant demain. Instructions… leurs moindres désirs… souhaitaient-ils monter dans leurs chambres ?… le dîner serait servi à 8 heures… »

*

Vera avait suivi Mrs Rogers à l’étage. La domestique avait ouvert tout grand une porte, au bout d’un couloir, et Vera était entrée dans une chambre ravissante, avec une grande fenêtre donnant sur la mer et une autre orientée à l’est. Elle poussa une exclamation de plaisir.
— J’espère que vous avez tout ce qu’il vous faut, mademoiselle ? dit Mrs Rogers.
Vera embrassa la pièce du regard. On avait monté et défait ses bagages. Sur le côté, une porte ouverte donnait sur une salle de bains au carrelage bleu pâle.
— Oui, tout, je crois, répondit-elle.
— Vous sonnerez si vous avez besoin de quelque chose, mademoiselle ?
Mrs Rogers parlait d’une voix blanche, monocorde. Vera la dévisagea avec curiosité. Quel spectre exsangue et blafard, cette femme ! À part ça, l’air tout ce qu’il y a de respectable, avec ses cheveux tirés en arrière et sa robe noire. Bizarres quand même, ces yeux clairs qui ne semblaient jamais en repos.
« On dirait qu’elle a peur de son ombre », pensa Vera.
Oui, c’était ça : elle avait peur !
Elle avait tout de la femme en proie à une frayeur mortelle…
Vera eut un léger frisson. De quoi diable cette femme pouvait-elle bien avoir peur ?
— Je suis la nouvelle secrétaire de Mrs O’Nyme, lui confia-t-elle, aimable. Vous devez être au courant.
— Non, mademoiselle, je ne suis au courant de rien, répondit Mrs Rogers. J’ai juste la liste de ces messieurs-dames avec les chambres qui leur sont destinées.
— Mrs O’Nyme ne vous a pas parlé de moi ?
Mrs Rogers battit des cils :
— Je n’ai pas vu Mrs O’Nyme – pas encore. Nous ne sommes arrivés qu’avant-hier.
« Drôles de gens, ces O’Nyme », pensa Vera.
— Combien y a-t-il de domestiques ? demanda-t-elle tout haut.
— Rien que Rogers et moi, mademoiselle.
Vera fronça les sourcils. Huit personnes à demeure – dix avec l’hôte et l’hôtesse – et seulement un couple de domestiques pour s’occuper d’eux ?
— Je suis bonne cuisinière, dit Mrs Rogers, et Rogers se débrouille avec la maison. Évidemment, je ne me doutais pas que vous seriez si nombreux.
— Vous arriverez quand même à vous en sortir ?
— Oh ! oui, mademoiselle, j’y arriverai. Et s’il doit y avoir souvent autant de monde, Mrs O’Nyme fera sans doute appel à des extra.
— Oui, sans doute, acquiesça Vera.
Mrs Rogers tourna les talons. Ses pieds glissèrent sans bruit sur le parquet. Et elle sortit de la pièce, silencieuse comme une ombre.
Vera alla s’asseoir sur la banquette, devant la fenêtre. Elle était vaguement troublée. Tout cela était… comment dire ?… un peu bizarre. L’absence des O’Nyme, la pâle et spectrale Mrs Rogers… Et les invités ! Oui, les invités étaient bizarres, eux aussi. Et curieusement mal assortis.
« J’aurais bien voulu voir les O’Nyme, se dit Vera. Je voudrais quand même savoir à quoi ils ressemblent. »
Incapable de tenir en place, elle se leva et se mit à arpenter la pièce.
Une chambre parfaite, à la décoration entièrement moderne. Tapis écrus sur un parquet comme un miroir, murs de couleur claire, long miroir encadré d’ampoules. Sur la cheminée, aucun ornement à part un énorme bloc de marbre blanc en forme d’ours, sculpture moderne dans laquelle était encastrée une pendule. Au-dessus, dans un étincelant cadre chromé, il y avait une grande feuille de parchemin. Un poème.
Vera s’approcha de la cheminée pour le lire. C’était une des vieilles comptines qui avaient bercé son enfance :

Dix petits nègres s’en furent dîner.
L’un d’eux but à s’en étrangler
– n’en resta plus que neuf.
Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L’un d’eux à jamais s’endormit
– n’en resta plus que huit.
Huit petits nègres dans le Devon étaient allés,
L’un d’eux voulut y demeurer
– n’en resta plus que sept.
Sept petits nègres fendirent du petit bois,
En deux l’un se coupa ma foi
– n’en resta plus que six.
Six petits nègres rêvassaient au rucher,
Une abeille l’un d’eux a piqué
– n’en resta plus que cinq.
Cinq petits nègres étaient avocats à la cour,
L’un d’eux finit en haute cour
– n’en resta plus que quatre.
Quatre petits nègres se baignèrent au matin,
Poisson d’avril goba l’un
– n’en resta plus que trois.
Trois petits nègres s’en allèrent au zoo,
Un ours de l’un fit la peau
– n’en resta plus que deux.
Deux petits nègres se dorèrent au soleil.
L’un d’eux devint vermeil
– n’en resta donc plus qu’un.
Un petit nègre se retrouva tout esseulé,
Se pendre il s’en est allé
– n’en resta plus… du tout.

Vera sourit. Bien sûr ! On était sur l’île du Nègre !
Elle retourna s’asseoir devant la fenêtre et contempla la mer.
Qu’elle était immense, la mer ! D’ici, pas la moindre terre à l’horizon – juste une vaste étendue d’eau bleue qui ondulait au soleil vespéral.
La mer… si paisible aujourd’hui… parfois si cruelle… La mer qui vous entraînait dans ses profondeurs. Noyé… retrouvé noyé… noyé en mer… noyé, noyé, noyé…
Non, elle ne voulait pas se souvenir… elle n’y penserait pas !
Tout ça, c’était du passé…

*

Le Dr Armstrong arriva à l’île du Nègre au moment précis où le soleil s’enfonçait dans la mer. Pendant la traversée, il avait bavardé avec le passeur, un homme du cru. Il mourait d’envie d’obtenir quelques renseignements sur les propriétaires de l’île, mais le dénommé Narracott semblait curieusement mal informé – ou tout au moins peu enclin aux confidences.
Le Dr Armstrong se contenta donc de parler du temps et de la pêche.
Il était fatigué après son long trajet en voiture. Il avait mal aux yeux. Quand on roulait vers l’ouest, on avait le soleil dans la figure.
Oui, il était très fatigué. La mer, le calme absolu : voilà ce qu’il lui fallait. En fait, il aurait aimé prendre de longues vacances. Mais ça, il ne pouvait pas se le permettre. Financièrement, il n’y avait bien sûr pas de problème, mais pas question de laisser tomber ses clients. De nos jours, on est vite oublié. Non, maintenant qu’il avait réussi, il ne pouvait plus dételer.
« Malgré tout, ce soir, je vais faire comme si j’étais parti pour de bon, comme si j’en avais fini avec Londres, Harley Street et le reste. »
Une île, ça avait quelque chose de magique ; le mot seul frappait l’imagination. On perdait contact avec son univers quotidien – une île, c’était un monde en soi. Un monde dont on risquait parfois – qui sait ? – de ne jamais revenir.
« Je laisse derrière moi ma vie de tous les jours », pensa-t-il.
Souriant à part lui, il entreprit de faire des projets, de grandioses projets d’avenir. Il souriait encore lorsqu’il gravit l’escalier taillé dans le roc.
Sur la terrasse, un vieux monsieur auquel le Dr Armstrong trouva un air vaguement familier était assis dans un fauteuil. Où donc avait-il déjà vu cette face de crapaud, ce cou de tortue, ces épaules voûtées – oui, et ces petits yeux pâles au regard rusé ? Ah ! oui : le vieux Wargrave. Il avait un jour témoigné devant lui. Sous son air à moitié endormi, il était retors comme ce n’est pas permis dès qu’il s’agissait d’un point de droit. Avec les jurés, il avait la manière : on le disait capable de les manipuler à sa guise et de les retourner comme un gant. Il leur avait ainsi arraché quelques condamnations douteuses. Le pourvoyeur de la potence, comme l’appelaient certains.
Drôle d’endroit pour le rencontrer… ici – loin du monde et du bruit.

*

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