Fables – Livre II

Le Coq et le Renard

 

Sur la branche d’un arbre était ensentinelle

Un vieux coq adroit et matois.

« Frère, dit un renard, adoucissant savoix,

Nous ne sommes plus en querelle :

Paix générale cette fois.

Je viens te l’annoncer, descends, que jet’embrasse.

Ne me retarde point, de grâce ;

Je dois faire aujourd’hui vingt postes sansmanquer.

Les tiens et toi pouvez vaquer,

Sans nulle crainte, à vos affaires ;

Nous vous y servirons en frères.

Faites en les feux dès ce soir,

Et cependant, viens recevoir

Le baiser d’amour fraternelle.

– Ami, reprit le coq, je ne pouvais jamais

Apprendre une plus douce et meilleurenouvelle

Que celle

De cette paix ;

Et ce m’est une double joie

De la tenir de toi. Je vois deux lévriers,

Qui, je m’assure, sont courriers

Que pour ce sujet on m’envoie.

Ils vont vite et seront dans un moment ànous

Je descends : nous pourrons nousentre-baiser tous.

– Adieu, dit le renard, ma traite est longue àfaire,

Nous nous réjouirons du succès del’affaire

Une autre fois. » Le galand aussitôt

Tire ses grègues, gagne au haut,

Mal content de son stratagème.

Et notre vieux coq en soi-même

Se mit à rire de sa peur ;

Car c’est double plaisir de tromper letrompeur.

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