Fables – Livre II

La Chauve-souris et les deuxBelettes

 

Une chauve-souris donna tête baissée

Dans un nid de belettes ; et sitôtqu’elle y fut,

L’autre, envers les souris de longtempscourroucée,

Pour la dévorer accourut.

« Quoi ? vous osez, dit-elle, à mesyeux vous produire,

Après que votre race a tâché de menuire !

N’êtes-vous pas souris ? Parlez sansfiction.

Oui, vous l’êtes, ou bien je ne suis pasbelette.

– Pardonnez-moi, dit la pauvrette,

Ce n’est pas ma profession.

Moi souris ! Des méchants vous ont ditces nouvelles.

Grâce à l’auteur de l’univers,

Je suis oiseau ; voyez mesailes :

Vive la gent qui fend les airs. »

Sa raison plut, et sembla bonne.

Elle fait si bien qu’on lui donne

Liberté de se retirer.

Deux jours après, notre étourdie

Aveuglément va se fourrer

Chez une autre belette, aux oiseauxennemie.

La voilà derechef en danger de sa vie.

La dame du logis avec son long museau

S’en allait la croquer en qualitéd’oiseau,

Quand elle protesta qu’on lui faisaitoutrage :

« Moi, pour telle passer ! Vous n’yregardez pas

Qui fait l’oiseau ? C’est le plumage.

Je suis souris : vivent lesrats ! »

Jupiter confonde les chats ! »

Par cette adroite répartie

Elle sauva deux fois sa vie.

 

Plusieurs se sont trouvés qui, d’écharpechangeant,

Aux dangers ainsi qu’elle, ont souvent fait lafigue.

Le sage dit, selon les gens,

« Vive le Roi ! vive laligue ! »

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