Fables – Livre II

La Chatte métamorphosée en Femme

 

Un homme chérissait éperdument sachatte ;

Il la trouvait mignonne, et belle, etdélicate,

Qui miaulait d’un ton fort doux :

Il était plus ou que les fous.

Cet homme donc, par prières, par larmes,

Par sortilèges et par charmes,

Fait tant qu’il obtient du destin

Que sa chatte, en un beau matin,

Devient femme ; et, le matin même,

Maître sot en fait sa moitié.

Le voilà fou d’amour extrême,

De fou qu’il était d’amitié.

Jamais la dame la plus belle

Ne charma tant son favori

Que fait cette épouse nouvelle

Son hypocondre de mari.

Il n’y trouve plus rien de chatte.

Un soir quelques souris qui rongeaient de lanatte

Troublèrent le repos des nouveaux mariés.

Aussitôt la femme est sur pieds.

Elle manqua son aventure.

Souris de revenir, femme d’être enposture :

Pour cette fois, elle accourut àpoint ;

Ce lui fut toujours une amorce,

Tant le naturel a de force.

Il se moque de tout, certain âge accompli.

Le vase est imbibé, l’étoffe a pris sonpli.

En vain de son train ordinaire

On le veut désaccoutumer :

Quelque chose qu’on puisse faire,

On ne saurait le réformer.

Coups de fourche ni d’étrivières

Ne lui font changer de manière ;

Et fussiez-vous embâtonnés,

Jamais vous n’en serez les maîtres.

Qu’on lui ferme la porte au nez,

Il reviendra par les fenêtres.

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer