Fables – Livre II

Le Corbeau voulant imiter l’Aigle

 

L’oiseau de Jupiter enlevant un mouton,

Un corbeau, témoin de l’affaire,

Et plus faible de reins, mais non pas moinsglouton,

En voulant sur l’heure autant faire.

Il tourne à l’entour du troupeau,

Marque entre cent moutons le plus gras, leplus beau,

Un vrai mouton de sacrifice :

On l’avait réservé pour la bouche desDieux.

Gaillard corbeau disait, en le couvant desyeux :

« Je ne sais qui fut tanourrice ;

Mais ton corps me paraît en merveilleuxétat :

Tu me serviras de pâture »

Sur l’animal bêlant à ces mots il s’abat.

La moutonnière créature

Pesait plus qu’un fromage, outre que satoison

Était d’une épaisseur extrême,

Et mêlée à peu près de la même façon

Que la barbe de Polyphème.

Elle empêtra si bien les serres ducorbeau,

Que le pauvre animal ne put faireretraite.

Le berger vient, le prend, l’encage etbeau

Le donne à ses enfants pour servird’amusette.

Il faut se mesurer ; la conséquence estnette :

Mal prend aux volereaux de faire lesvoleurs.

L’exemple est un dangereux leurre :

Tous les mangeurs de gens ne sont pas grandsseigneurs ;

Où la guêpe a passé, le moucheron demeure.

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