Chapitre 6La recherche de la simplicité
Le tout dans tout
Quand Ketu atteignit l’âge de douze ans, on l’envoya chez unmaître, auprès duquel il étudia jusqu’à ce qu’il eût vingt-quatreans. Son apprentissage terminé, il rentra à la maison plein defierté.
Son père lui dit alors :
«Comment pouvons-nous connaître ce que nous ne voyons pas ?Comment pouvons-nous savoir que Dieu, le Tout-Puissant, se trouvepartout ?»
Le garçon commença à réciter les écritures saintes, mais le pèrel’interrompit :
«C’est trop compliqué ; n’aurions-nous pas un moyen plussimple pour nous renseigner sur l’existence de Dieu ?
– Pas que je sache, mon père. Aujourd’hui, je suis un hommecultivé et j’ai besoin de cette culture pour expliquer les mystèresde la sagesse divine.
– J’ai perdu mon temps et mon argent en envoyant mon fils aumonastère !», protesta le père.
Et prenant Ketu par la main, il l’emmena à la cuisine. Là, ilremplit une bassine d’eau et y mêla un peu de sel. Puis ilssortirent se promener en ville.
Quand ils furent de retour à la maison, le père demanda à Ketu:
«Apporte le sel que j’ai mis dans la bassine.»
Ketu chercha le sel, mais il ne le trouva pas, car il s’étaitdéjà dissous dans l’eau.
«Alors, tu ne vois plus le sel ? interrogea le père.
– Non, le sel est invisible.
– Alors, goûte un peu l’eau qui est la surface de la bassine.Comment est-elle ?
– Salée.
– Goûte un peu l’eau du milieu : comment est-elle ?
– Aussi salée que celle de la surface.
– Maintenant, goûte l’eau du fond de la bassine, et dis-moi quelgoût elle a.»
Ketu goûta, et l’eau avait toujours le même goût.
Tu as étudié pendant des années et tu ne peux pas expliquersimplement comment le Dieu invisible se trouve partout, dit lepère. En me servant d’une bassine d’eau et en appelant Dieu “sel”,je pourrais faire comprendre cela à n’importe quel paysan. S’il teplaît, mon fils, oublie la sagesse qui nous éloigne des hommes, etremets-toi à chercher l’Inspiration qui nous rapproche.