Guerrier De Lumière – Volume 2

Chapitre 17Le prix de la haine et du pardon

Je découvre dans mes annotations de 1989 quelques notes d’uneconversation avec J., que j’appelle mon « maître ». À cette époque,nous parlions d’un mystique inconnu, appelé Kenan Rifai, sur lequelon a peu écrit.

« Kenan Rifai dit que lorsque les gens font notre éloge, nousdevons surveiller notre comportement, dit J. Parce que celasignifie que nous cachons très bien nos défauts. À la fin, nousfinissons par croire que nous sommes meilleurs que nous ne lepensons, et de là à nous laisser dominer par un faux sentiment desécurité qui risque de nous mettre en danger, il n’y a qu’un pas.»

– Comment prêter attention aux opportunités que la vie nousoffre ?

– Si tu n’as que deux opportunités, sache en faire douze. Quandtu en auras douze, elles se multiplieront automatiquement. C’estpourquoi Jésus a dit : “A celui qui a beaucoup, il sera donnédavantage. Celui qui a peu, le peu qu’il a lui sera retiré.”

– C’est l’une des phrases les plus dures de l’Évangile. Maisj’ai observé, au cours de ma vie, que c’était absolument vrai.Cependant, comment vais-je pouvoir identifier lesopportunités ?

– Prête attention à chaque moment, car l’opportunité, l’“instantmagique”, est à notre portée, même si nous le laissons toujourspasser, à cause du sentiment de culpabilité. Par conséquent, évitede perdre ton temps en te culpabilisant : l’univers se chargera dete corriger, si tu n’es pas digne de ce que tu fais.

– Et comment l’univers va-t-il me corriger?

– Ce ne sera pas par des tragédies ; celles-ci arriventparce qu’elles font partie de la vie, et il ne faut pas les voircomme une punition. Généralement, l’univers nous indique que nousfaisons erreur quand il nous enlève ce que nous avons de plusimportant : nos amis.

Kenan Rifai a aidé beaucoup de gens à se trouver, et à réussirune relation harmonieuse avec la vie. Pourtant, certains se sontmontrés ingrats, et il ne leur est jamais venu à l’idée de dire aumoins “merci”. Ils ne sont revenus vers lui que quand leursexistences étaient de nouveau en pleine confusion. Rifai les aidaitencore, sans faire allusion au passé : c’était un homme qui avaitbeaucoup d’amis, et les ingrats finissaient toujours seuls.

– Ce sont là de belles paroles, mais je ne sais pas si je suiscapable de pardonner l’ingratitude aussi facilement.

– C’est très difficile. Mais on n’a pas le choix : si tu nepardonnes pas, tu penseras à la douleur que l’on t’a causée, etcette douleur ne passera jamais.

Je ne suis pas en train de dire que tu dois aimer celui qui t’afait du mal. Je ne te dis pas de fréquenter de nouveau cettepersonne. Je ne suggère pas que tu te mettes à voir en lui un ange,ou quelqu’un qui a agi de manière insensée, sans intention deblesser. J’affirme seulement que l’énergie de la haine ne te mèneranulle part ; mais l’énergie du pardon, qui se manifeste àtravers l’amour, parviendra à transformer positivement ta vie.

– J’ai été blessé très souvent.

– C’est pour cela que tu portes encore en toi le gamin quipleurait en se cachant de ses parents, qui était le plus faible del’école. Tu portes encore les marques du garçon délicat quin’arrivait pas à se trouver une petite copine, qui n’a jamais étébon dans aucun sport. Tu n’as pas pu effacer les cicatrices dequelques injustices commises envers toi au cours de ta vie. Maisqu’est-ce que cela t’apporte de bon ?

Rien. Absolument rien. Seulement le constant désir d’avoir pitiéde toi-même, parce que tu as été victime de ceux qui étaient lesplus forts. Ou alors, de revêtir les habits du vengeur prêt àblesser encore plus celui qui t’a écrasé. Ne penses-tu pas que tuperds ton temps avec cela ?

– Je pense que c’est humain.

– C’est vraiment humain. Mais ce n’est ni intelligent, niraisonnable. Respecte ton temps sur cette Terre, sache que Dieu t’atoujours pardonné, et toi aussi, pardonne. »

Après cette conversation avec J., qui a eu lieu peu avant levoyage que j’ai fait pour passer 40 jours dans le désert de Mojave(États-Unis), j’ai commencé à mieux comprendre l’enfant,l’adolescent, l’adulte blessé que j’avais été un jour. Unaprès-midi, me rendant de la Vallée de la Mort (Californie) àTucson (Arizona), j’ai fait mentalement une liste de tous ceux queje pensais haïr parce qu’ils m’avaient blessé. Je leur ai pardonnéun à un, et six heures plus tard, à Tucson, mon âme était pluslégère, et ma vie avait changé en mieux.

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