L’Île du docteur Moreau

Chapitre 6UNE SECONDE ÉVASION

Quand je fus assez près, je vis que la lumière venait de laporte ouverte de ma chambre, et j’entendis, sortant de l’obscuritéqui cernait cette échappée de clarté, la voix de Montgomery,m’appelant de toutes ses forces.

Je continuai à courir. Bientôt, je l’entendis de nouveau. Jerépondis faiblement et l’instant d’après j’arrivai jusqu’à lui,chancelant et haletant.

« D’où sortez-vous ? questionna-t-il en me prenant par lebras et me maintenant de telle façon que la lumière m’éclairait enpleine figure. Nous avons été si occupés, tous les deux, que nousvous avions oublié et il n’y a qu’un instant qu’on s’est préoccupéde vous. »

Il me conduisit dans la pièce et me fit asseoir dans le fauteuilpliant. La lumière m’aveugla pendant quelques minutes.

« Nous ne pensions pas que vous vous risqueriez à explorer l’îlesans nous en prévenir, dit-il… J’avais peur… mais… quoi ?… ehbien ?… »

Mon dernier reste d’énergie m’abandonna et je me laissai aller,la tête sur la poitrine. Il éprouva, je crois, une certainesatisfaction à me faire boire du cognac.

« Pour l’amour de Dieu, implorai-je, fermez cette porte.

– Vous avez rencontré quelque… quelque bizarre créature,hein ? » interrogea-t-il.

Il alla fermer la porte et revint. Sans me poser d’autresquestions, il me donna une nouvelle gorgée de cognac étendu d’eauet me pressa de manger. J’étais complètement affaissé. Il grommelade vagues paroles à propos d’ « oubli » et d’ « avertissement» ; puis il me demanda brièvement quand j’étais parti et ceque j’avais vu. Je lui répondis tout aussi brièvement et parphrases laconiques.

« Dites-moi ce que tout cela signifie ? lui criai-je dansun état d’énervement indescriptible.

– Ça n’est rien de si terrible, fit-il. Mais je crois que vousen avez eu assez pour aujourd’hui.

Soudain, le puma poussa un hurlement déchirant, et Montgomeryjura à mi-voix.

« Que le diable m’emporte, si cette boîte n’est pas pire que lelaboratoire… à Londres… avec ses chats…

– Montgomery, interrompis-je, quelle est cette chose qui m’apoursuivi ? Était-ce une bête ou était-ce un homme ?

– Si vous ne dormez pas maintenant, conseilla-t-il, vous battrezla campagne demain.

– Quelle est cette chose qui m’a poursuivi ? » répétai-jeen me levant et me plantant devant lui.

Il me regarda franchement dans les yeux, et une crispation luitordit la bouche. Son regard, qui, la minute d’avant, s’étaitanimé, redevint terne.

« D’après ce que vous en dites, fit-il, je pense que ce doitêtre un spectre. »

Un accès de violente irritation s’empara de moi et disparutpresque aussitôt. Je me laissai retomber dans le fauteuil etpressai mon front dans mes mains. Le puma se reprit à gémir.Montgomery vint se placer derrière moi, et, me posant la main surl’épaule, il parla :

« Écoutez bien, Prendick, je n’aurais pas dû vous laisservagabonder dans cette île stupide… Mais rien n’est aussi terribleque vous le pensez, mon cher. Vous avez les nerfs détraqués.Voulez-vous que je vous donne quelque chose qui vous feradormir ? Ceci… (il voulait dire les cris du puma) va durerencore pendant plusieurs heures. Il faut tout bonnement que vousdormiez ou je ne réponds plus de rien. »

Je ne répondis pas, et, les coudes sur les genoux, je cachai mafigure dans mes mains. Bientôt, il revint avec une petite fiolecontenant un liquide noirâtre qu’il me fit boire. Je l’ingurgitaisans résistance et il m’aida à m’installer dans le hamac.

Quand je m’éveillai, il faisait grand jour. Je demeurai assezlongtemps sans bouger, contemplant le plafond. Les chevrons,remarquai-je, étaient faits avec les épaves d’un vaisseau. Tournantla tête, j’aperçus un repas préparé sur la table. J’avais faim etje me mis en devoir de sortir du hamac, lequel, allant trèspoliment au-devant de mon intention, bascula et me déposa à quatrepattes sur le plancher.

Je me relevai et m’installai à table ; j’avais la têtelourde, et, tout d’abord, je ne retrouvai que de vagues souvenirsde ce qui s’était passé la veille. La brise matinale, soufflantdoucement par la fenêtre sans vitres, et la nourriture que je priscontribuèrent à me donner cette sensation de bien-être animal quej’éprouvai ce matin-là. Soudain, la porte intérieure qui menaitdans l’enclos s’ouvrit derrière moi. Je me retournai et aperçusMontgomery.

« Ça va ? fit-il. Je suis terriblement occupé. »

Il tira la porte après lui, et je découvris ensuite qu’il avaitoublié de la fermer à clef.

L’expression qu’avait sa figure, la nuit précédente, me revintet tous les souvenirs de mes expériences se reproduisirent tour àtour dans ma mémoire. Une sorte de crainte s’emparait à nouveau demoi, et, au même moment, un cri de douleur se fit encore entendre.Mais cette fois ce n’était plus la voix du puma.

Je reposai sur mon assiette la bouchée préparée et j’écoutai.Partout le silence, à part le murmure de la brise matinale. Jecommençai à croire que mes oreilles me décevaient.

Après une longue pause, je me remis à manger, demeurant auxécoutes. Bientôt, je perçus un autre bruit, très faible et bas. Jerestai comme pétrifié. Bien que le bruit fût affaibli et sourd, ilm’émut plus profondément que toutes les abominations que j’avaisentendues jusqu’ici derrière ce mur. Cette fois, il n’y avait pasd’erreur possible sur la nature de ces sons atténués etintermittents ; aucun doute quant à leur provenance. C’étaientdes gémissements entrecoupés de sanglots et de spasmes d’angoisse.Cette fois, je ne pouvais me méprendre sur leur signification :c’était un être humain qu’on torturait !

À cette idée, je me levai ; en trois enjambées, j’eustraversé la pièce, et, saisissant le loquet, j’ouvris toute grandela porte intérieure.

« Eh ! là, Prendick ! arrêtez ! » criaMontgomery, intervenant.

Un grand chien, surpris, aboya et gronda. Je vis du sang dansune rigole, du sang coagulé et d’autre encore rouge, et je respirail’odeur particulière de l’acide phénique. Par l’entrebâillementd’une porte, de l’autre côté de la cour, j’aperçus, dans l’ombre àpeine distincte, quelque chose qui était lié sur une sorte decadre, un être tailladé, sanguinolent et entouré de bandages, parendroits. Puis, cachant ce spectacle, apparut le vieux Moreau, pâleet terrible.

En un instant, il m’eut empoigné par l’épaule d’une main toutesouillée de sang, et, me soulevant de terre, comme si j’eusse étéun petit enfant, il me lança la tête la première dans ma chambre.Je tombai de tout mon long sur le plancher ; la porte claqua,me dérobant l’expression de violente colère de sa figure. Puis laclef tourna furieusement dans la serrure, et j’entendis la voix deMontgomery se disculpant.

« … ruiner l’œuvre de toute une vie ! disait Moreau.

– Il ne comprend pas, expliquait Montgomery, parmi d’autresphrases indistinctes.

– Je n’ai pas encore le loisir… » répondait Moreau.

Le reste m’échappa. Je me remis sur pied, tout tremblant, tandisque mon esprit n’était qu’un chaos d’appréhensions des plushorribles. Était-ce concevable, pensais-je, qu’une chose pareillefût possible ? La vivisection humaine ! Cette questionpassait comme un éclair dans un ciel tumultueux. Soudain, l’horreurconfuse de mon esprit se précisa en une vive réalisation du dangerque je courais.

Il me vint à l’idée, comme un espoir irraisonné de salut, que laporte de ma chambre m’était encore ouverte. J’étais convaincumaintenant, absolument certain que Moreau était occupé à viviséquerun être humain. Depuis que j’avais, pour la première fois après monarrivée, entendu son nom, je m’étais sans cesse efforcé, d’unefaçon quelconque, de rapprocher de ses abominations le grotesqueanimalisme des insulaires ; et maintenant je croyais toutdeviner. Le souvenir me revint de ses travaux sur la transfusion dusang. Ces créatures que j’avais vues étaient les victimes de seshideuses expériences.

Les abominables sacripants qu’étaient Moreau et Montgomeryavaient simplement l’intention de me garder, de me duper avec leurpromesse de confidences, pour me faire bientôt subir un sort plushorrible que la mort : la torture, et, après la torture, la plushideuse dégradation qu’il fût possible de concevoir, m’envoyer, âmeperdue, abêtie, rejoindre le reste de leurs monstres. Je cherchaides yeux une arme quelconque rien. Une inspiration me vint. Jeretournai le fauteuil pliant et, maintenant un des côtés par terreavec mon pied, j’arrachai le barreau le plus fort. Par hasard, unclou s’arracha en même temps que le bois, et, le traversant de parten part, donnait un air dangereux à une arme qui, autrement, eûtété inoffensive. J’entendis un pas au-dehors et j’ouvrisimmédiatement la porte.

Montgomery était à quelques pas, venant dans l’intention defermer aussi l’issue extérieure.

Je levai sur lui mon arme, visant sa tête, mais il bondit enarrière. J’hésitai un moment, puis je m’enfuis à toutes jambes ettournai le coin du mur.

« Prendick !… hé !… Prendick ! … l’entendis-jecrier, tout étonné. Prendick !… Ne faites donc pasl’imbécile !… »

Une minute de plus, pensais-je, et j’aurais été enfermé, toutaussi certain de mon sort qu’un cobaye de laboratoire. Il parut aucoin de l’enclos d’où je l’entendis encore une fois m’appeler. Puisil se lança à mes trousses, me criant des choses que je necomprenais pas.

Cette fois, j’allais à toute vitesse, sans savoir où, dans ladirection du nord-est formant angle droit avec le chemin quej’avais suivi dans ma précédente expédition. Une fois, commej’escaladais le talus du rivage, je regardai par-dessus mon épaule,et je vis Montgomery suivi maintenant de son domestique. Jem’élançai furieusement jusqu’au haut de la pente et m’enfonçai dansune vallée rocailleuse, bordée de fourrés impénétrables. Je courusainsi pendant peut-être un mille, la poitrine haletante, le cœur mebattant dans les oreilles ; puis, n’entendant plus niMontgomery ni son domestique et me sentant presque épuisé, jetournai court dans la direction du rivage, suivant ce que jepouvais croire, et me tapis à l’abri d’un fouillis de roseaux.

J’y restai longtemps, trop effrayé pour bouger et même beaucouptrop affolé pour songer à quelque plan d’action. Le paysagefarouche qui m’entourait dormait silencieusement sous le soleil etle seul bruit que je pusse percevoir était celui que faisaientquelques insectes dérangés par ma présence. Bientôt, me parvint unson régulier et berceur – le soupir de la mer mourant sur lesable.

Au bout d’une heure environ, j’entendis Montgomery qui criaitmon nom, au loin vers le nord. Cela me décida à combiner un pland’action. Selon ce que j’interprétais alors, l’île n’était habitéeque par ces deux vivisecteurs et leurs victimes animalisées. Sansdoute, ils pourraient se servir de certains de ces monstres contremoi, si besoin en était. Je savais que Moreau et Montgomery avaientchacun des revolvers, et à part mon faible barreau de bois blanc,garni d’un petit clou – caricature de massue – j’étais sansdéfense.

Aussi, je demeurai où j’étais jusqu’à ce que je vinsse à penserà manger et à boire, et, à ce moment, je me rendis compte de ce quema situation avait d’absolument désespéré. Je ne connaissais aucunmoyen de me procurer de la nourriture. Je savais trop peu debotanique pour découvrir autour de moi la moindre ressource deracine ou de fruit ; je n’avais aucun piège pour attraper lesquelques lapins lâchés dans l’île. Plus j’y pensais et plus j’étaisdécouragé. Enfin, devant cette position sans issue, mon espritrevint à ces hommes animalisés que j’avais rencontrés. J’essayai deme redonner quelque espoir avec ce que je pus me rappeler d’eux.Tour à tour, je me représentai chacun de ceux que j’avais vus etj’essayai de tirer de ma mémoire quelque bon augured’assistance.

Soudain, j’entendis un chien aboyer, et cela me fit penser à unnouveau danger. Sans prendre le temps de réfléchir – sans quoi ilsm’auraient attrapé – je saisis mon bâton et me lançai aussi viteque je pus du côté d’où venait le bruit de la mer. Je me souviensd’un buisson de plantes garnies d’épines coupant comme des canifs.J’en sortis sanglant et les vêtements en lambeaux, pour déboucherau nord d’une longue crique qui s’ouvrait au nord. Je m’avançaidroit dans l’eau, sans une minute d’hésitation, et me trouvaibientôt en avoir jusqu’aux genoux. Je parvins enfin à l’autre rive,et, le cœur battant à tout rompre, je me glissai dans unenchevêtrement de lianes et de fougères, attendant l’issue de lapoursuite. J’entendis le chien – il n’y en avait qu’un –s’approcher et aboyer quand il traversa les épines. Puis tout bruitcessa et je commençai à croire que j’avais échappé.

Les minutes passaient, le silence se prolongeait et enfin, aubout d’une heure de sécurité, mon courage me revint.

Je n’étais plus alors ni très terrifié, ni très misérable, carj’avais, pour ainsi dire, dépassé les bornes de la terreur et dudésespoir. Je me rendais compte que ma vie était positivementperdue, et cette persuasion me rendait capable de tout oser. Même,j’avais un certain désir de rencontrer Moreau, de me trouver face àface avec lui. Et puisque j’avais traversé l’eau, je pensai que sij’étais serré de trop près, j’avais au moins un moyen d’échapper àmes tourments, puisqu’ils ne pouvaient guère m’empêcher de menoyer. J’eus presque l’idée de me noyer tout de suite, mais unebizarre curiosité de voir comment l’aventure finirait, un intérêt,un étrange et impersonnel besoin de me voir moi-même en spectacleme retint. J’étirai mes membres engourdis et endoloris par lesdéchirures des épines ; je regardai les arbres autour de moi,et, si soudainement qu’elle sembla se projeter hors de son cadre deverdure, mes yeux se posèrent sur une face noire qui m’épiait.

Je reconnus la créature simiesque qui était venue à la rencontrede la chaloupe, sur le rivage ; le monstre était suspendu autronc oblique d’un palmier. Je serrai mon bâton dans ma main, et melevai, lui faisant face. Il se mit à baragouiner.

« Vou… vou… vou… » fut d’abord tout ce que je pusdistinguer.

Soudain, il sauta à terre et, écartant les branches, m’examinacurieusement.

Je n’éprouvais pas pour cet être la même répugnance que j’avaisressentie lors de mes autres rencontres avec les hommesanimalisés.

« Vous…, dit-il… dans le bateau… »

Puisqu’il parlait, c’était un homme, – du moins autant que ledomestique de Montgomery.

« Oui, répondis-je, je suis arrivé dans le bateau… débarqué dunavire…

– Oh ! » fit-il.

Le regard de ses yeux brillants et mobiles me parcourait despieds à la tête, se fixant sur mes mains, sur le bâton que jetenais, sur mes pieds, sur les endroits de mon corps que laissaientvoir les déchirures faites par les épines. Quelque chose semblaitle rendre perplexe. Ses yeux revinrent à mes mains. Il étendit unedes siennes et compta lentement ses doigts :

« Un, deux, trois, quatre, cinq, – eh ? »

Je ne compris pas alors ce qu’il voulait dire. Plus tard jetrouvai qu’un certain nombre de ces bipèdes avaient des mains malformées, auxquelles, parfois, il manquait jusqu’à trois doigts.Mais, m’imaginant que cela était un signe de bienvenue, je répondispar le même geste. Il grimaça avec la plus parfaite satisfaction.Alors son regard furtif et rapide m’examina de nouveau. Il eut unvif mouvement de recul et disparut : les branches de fougères qu’ilavait tenues écartées se rejoignirent.

Je fis quelques pas dans le fourré pour le suivre et fus étonnéde le voir se balancer joyeusement, suspendu par un long brasmaigre à une poignée de lianes qui tombaient des branches plusélevées. Il me tournait le dos.

« Eh bien ? » prononçai-je.

Il sauta à terre en tournant sur lui-même, et me fit face.

« Dites-moi, lui demandai-je, où je pourrais trouver quelquechose à manger.

– Manger ! fit-il. Manger de la nourriture des hommes,maintenant… Dans les huttes !

Ses yeux retournèrent aux lianes pendantes.

« Mais, où sont les huttes ?

– Ah !

– Je suis nouveau, vous comprenez. »

Sur ce, il fit demi-tour et se mit à marcher d’une vive allure.Tous ses mouvements étaient curieusement rapides.

« Suivez-moi », commanda-t-il.

Je lui emboîtai le pas, décidé à pousser l’aventure jusqu’aubout. Je devinais que les huttes devaient être quelque grossierabri, où il habitait avec certains autres de ces bipèdes.Peut-être, les trouverais-je animés de bonnes dispositions à monégard ; peut-être, aurais-je le moyen de m’emparer de leursesprits. Je ne savais pas encore combien ils étaient éloignés del’héritage humain que je leur attribuais.

Mon simiesque compagnon trottait à côté de moi, les brasballants et la mâchoire inférieure protubérante. Je me demandaisquelle faculté de se souvenir il pouvait posséder.

« Depuis combien de temps êtes-vous dans cette île ?demandai-je.

– Combien de temps… » fit-il.

Après que je lui eus répété la question, il ouvrit trois doigtsde la main. Il valait donc un peu mieux qu’un idiot. J’essayai delui faire préciser ce qu’il voulait dire par ce geste, mais celaparut l’ennuyer beaucoup. Après deux ou trois interrogations, ils’écarta soudain et sauta après quelque fruit qui pendait d’unebranche d’arbre. Il arracha une poignée de gousses garnies depiquants et se mit à en manger le contenu. Je l’observai avecsatisfaction, car, ici du moins, j’avais une indication pourtrouver à me sustenter. J’essayai de lui poser d’autres questions,mais ses réponses, rapides et babillardes, étaient la plupart dutemps intempestives et incohérentes : rarement elles se trouvaientappropriées, et le reste semblait des phrases de perroquet.

Mon attention était tellement absorbée par tous ces détails queje remarquai à peine le sentier que nous suivions. Bientôt nouspassâmes auprès de troncs d’arbres entaillés et noirâtres, puis,dans un endroit à ciel ouvert, encombré d’incrustations d’un blancjaunâtre, à travers lequel se répandait une âcre fumée qui vousprenait au nez et à la gorge. Sur la droite, par-dessus un fragmentde roche nue, j’aperçus l’étendue bleue de la mer. Le sentier serepliait brusquement en un ravin étroit entre deux masses écrouléesde scories noirâtres et noueuses. Nous y descendîmes.

Ce passage, après l’aveuglante clarté que reflétait le solsulfureux, était extrêmement sombre. Ses murs se dressaient à picet vers le haut se rapprochaient. Des lueurs écarlates et vertesdansaient devant mes yeux. Mon conducteur s’arrêta soudain.

« Chez moi », dit-il.

Je me trouvais au fond d’une fissure, qui, tout d’abord, meparut absolument obscure. J’entendis divers bruits étranges et jeme frottai énergiquement les yeux avec le dos de ma main gauche.Une odeur désagréable monta, comme celle d’une cage de singe maltenue. Au-delà, le roc s’ouvrait de nouveau sur une pente régulièrede verdures ensoleillées, et, de chaque côté, la lumière venait seheurter par un étroit écartement contre l’obscurité intérieure.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer