L’Île du docteur Moreau

Chapitre 11UNE CATASTROPHE

Six semaines environ se passèrent, au bout desquelles jen’éprouvais, à l’égard de ces résultats des infâmes expériences deMoreau, d’autre sentiment que de l’aversion et du dégoût. Ma seulepréoccupation était de fuir ces horribles caricatures de l’image duCréateur, pour revenir à l’agréable et salutaire commerce deshommes. Mes semblables, dont je me trouvais ainsi séparé,commencèrent à revêtir dans mes souvenirs une vertu et une beautéidylliques. Ma première amitié avec Montgomery ne progressa guère :sa longue séparation du reste de l’humanité, son vice secretd’ivrognerie, sa sympathie évidente pour les bêtes humaines, me lerendaient suspect. Plusieurs fois, je le laissai aller seul dansl’intérieur de l’île, car j’évitais de toute façon d’avoir lemoindre rapport avec les monstres. Peu à peu j’en vins à passer laplus grande partie de mon temps sur le rivage, cherchant des yeuxquelque voile libératrice qui n’apparaissait jamais, et, un jour,s’abattit sur nous un épouvantable désastre qui revêtit d’uneapparence entièrement différente l’étrange milieu où je metrouvais.

Ce fut environ sept on huit semaines après mon arrivée –peut-être plus, car je n’avais pas pris la peine de compter letemps – que se produisit la catastrophe. Elle eut lieu de grandmatin – vers six heures, je suppose. Je m’étais levé et j’avaisdéjeuné tôt, ayant été réveillé par le bruit que faisaient troisbipèdes rentrant des provisions de bois dans l’enclos.

Quand j’eus déjeuné, je m’avançai jusqu’à la barrière ouvertecontre laquelle je m’appuyai, fumant une cigarette et jouissant dela fraîcheur du petit matin. Bientôt Moreau parut au tournant de laclôture et nous échangeâmes le bonjour. Il passa sans s’arrêter etje l’entendis, derrière moi, ouvrir puis refermer la porte de sonlaboratoire. J’étais alors si endurci par les abominations quim’entouraient que j’entendis, sans la moindre émotion, sa victime,le puma femelle, au début de cette nouvelle journée de torture,accueillir son persécuteur avec un grognement presque tout à faitsemblable à celui d’une virago en colère.

Alors quelque chose arriva. J’entendis derrière moi un cri aigu,une chute, et, me tournant, je vis arriver, droit sur moi, une faceeffrayante, ni humaine ni animale, mais infernale, sombre, couturéede cicatrices entrecroisées d’où suintaient encore des gouttesrouges, avec des yeux sans paupières et en flammes. Je levai lebras pour parer le coup qui m’envoya rouler de tout mon long avecun avant-bras cassé, et le monstre, enveloppé de lin et de bandagestachés de sang qui flottaient autour de lui, bondit par-dessus moiet s’enfuit. Roulant plusieurs fois sur moi-même, je dégringolai aubas de la grève, essayai de me relever et m’affaissai sur mon brasblessé. Alors Moreau parut, sa figure blême et massive d’apparenceplus terrible encore avec le sang qui ruisselait de son front. Lerevolver à la main, sans faire attention à moi, il s’élançaimmédiatement à la poursuite du puma.

Avec mon autre bras, je parvins à me relever. La bêteemmaillotée courait à grands bonds dégingandés au long du rivage,et Moreau la suivait. Elle tourna la tête et l’aperçut ;alors, et avec un brusque détour, elle s’avança vers le taillis. Àchaque bond, elle augmentait son avance et je la vis s’enfoncerdans le sous-bois ; Moreau, courant de biais pour lui couperla retraite, tira et la manqua au moment où elle disparut. Puis,lui aussi s’évanouit dans l’amas confus des verdures.

Je restai un instant immobile, les yeux fixes ; enfin ladouleur de mon bras cassé se fit vivement sentir et avec ungémissement, je me mis sur pied.

À ce moment, Montgomery parut sur le seuil, le revolver à lamain.

« Grand Dieu ! Prendick ! s’écria-t-il, sansapercevoir que j’étais blessé. La brute est lâchée ! Elle aarraché la chaîne qui était scellée dans le mur. Les avez-vousvus ?… Qu’est-ce qu’il y a ? ajouta-t-il brusquement, enremarquant que je soutenais mon bras.

– J’étais là, sur la porte… », commençai-je.

Il s’avança et me prit le bras.

« Du sang sur la manche », dit-il en relevant la flanelle.

Il mit son arme dans sa poche, tâta et examina mon bras fortendolori et me ramena dans la chambre.

« C’est une fracture », déclara-t-il ; puis il ajouta : «Dites-moi exactement ce qui s’est produit… »

Je lui racontai ce que j’avais vu, en phrases entrecoupées pardes spasmes de douleur, tandis que, très adroitement et rapidement,il me bandait le bras. Quand il eut fini, il me le mit en écharpe,se recula et me considéra.

« Ça va, hein ? demanda-t-il. Et maintenant… »

Il réfléchit un instant, puis il sortit et ferma la barrière del’enclos. Il resta quelque temps absent.

Je n’avais guère, en ce moment, d’autre inquiétude que mablessure et le reste ne me semblait qu’un incident parmi toutes ceshorribles choses. Je m’allongeai dans le fauteuil pliant, et, jedois l’avouer, je me mis à jurer et à maudire cette île. Lasouffrance sourde, qu’avait d’abord causée la fracture, s’étaittransformée en une douleur lancinante. Lorsque Montgomery revint,sa figure était toute pâle et il montrait, plus que de coutume, sesgencives inférieures.

« Je ne vois ni n’entends rien de lui, dit-il. Il m’est venu àl’idée qu’il pouvait peut-être avoir besoin de mon aide… C’étaitune brute vigoureuse… Elle a arraché sa chaîne, d’un seul coup…»

Il me regardait, en parlant, avec ses yeux sans expression : ilalla à la fenêtre, puis à la porte, et là, il se retourna.

« Je vais aller à sa recherche, conclut-il ; il y a unautre revolver que je vais vous laisser. À vous parler franchement,je me sens quelque peu inquiet. »

Il prit l’arme et la posa à portée de ma main sur la table, puisil sortit, laissant dans l’air une inquiétude contagieuse. Je nepus rester longtemps assis après qu’il fut parti, et, le revolver àla main, j’allai jusqu’à la porte.

La matinée était aussi calme que la mort. Il n’y avait pas lemoindre murmure de vent, la mer luisait comme une glace polie, leciel était vide et le rivage semblait désolé. Dans mon état desurexcitation et de fièvre, cette tranquillité des chosesm’oppressa.

J’essayai de siffler et de chantonner, mais les airs mouraientsur mes lèvres. Je me repris à jurer – la seconde fois ce matin-là.Puis, j’allai jusqu’au coin de l’enclos et demeurai un instant àconsidérer le taillis vert qui avait englouti Moreau et Montgomery.Quand reviendraient-ils ? Et comment ?

Alors, au loin sur le rivage, un petit bipède gris apparut,descendit en courant jusqu’au flot et se mit à barboter ; jerevins à la porte, puis retournai au coin de la clôture etcommençai ainsi à aller et venir comme une sentinelle. Une fois, jem’arrêtai, entendant la voix lointaine de Montgomery qui criait : «Oh-hé ! Mo-reau ! » Mon bras me faisait moins mal, maisil était encore fort douloureux. Je devins fébrile, et la soifcommença à me tourmenter. Mon ombre raccourcissait : j’épiai auloin le bipède jusqu’à ce qu’il eût disparu. Moreau et Montgomeryn’allaient-ils plus revenir ? Trois oiseaux de mercommencèrent à se disputer quelque proie échouée.

Alors j’entendis, dans le lointain, derrière l’enclos, ladétonation d’un coup de revolver ; puis, après un longsilence, une seconde ; puis, plus proche encore, un hurlementsuivi d’un autre lugubre intervalle de silence. Mon imagination semit à l’œuvre pour me tourmenter. Puis, tout à coup, une détonationtrès proche.

Surpris, j’allai jusqu’au coin de l’enclos, et aperçusMontgomery, la figure rouge, les cheveux en désordre et une jambede son pantalon déchirée au genou. Son visage exprimait uneprofonde consternation. Derrière lui, marchait gauchement le bipèdeM’ling, aux mâchoires duquel se voyaient quelques taches brunes desinistre augure.

« Il est revenu ? demanda-t-il.

– Moreau ? non.

– Mon Dieu ! »

Le malheureux était haletant, prêt à défaillir à chaquerespiration.

« Rentrons ! fit-il en me prenant par le bras. Ils sontfous. Ils courent partout, affolés. Qu’a-t-il pu se passer ?Je ne sais pas. Je vais vous conter cela… dès que j’aurai reprishaleine… Où est le cognac ? »

Il entra en boitant dans la chambre et s’assit dans le fauteuil.M’ling s’allongea au-dehors sur le seuil de la porte et commença àhaleter, comme un chien. Je donnai à Montgomery un verre de cognacétendu d’eau. Il restait assis, regardant de ses yeux mornes droitdevant lui et reprenant haleine. Au bout d’un instant, il commençaà me raconter ce qui lui était arrivé.

Il avait suivi, pendant une certaine distance, la piste deMoreau et de la bête. Leur trace était d’abord assez nette, à causedes branchages cassés ou écrasés, des lambeaux de bandages arrachéset d’accidentelles traînées de sang sur les feuilles des buissonset des ronces. Pourtant, toutes foulées cessaient sur le solpierreux qui s’étendait de l’autre côté du ruisseau où j’avais vuun bipède boire, et il avait erré au hasard, vers l’ouest, appelantMoreau. Alors M’ling l’avait rejoint, armé de sa hachette ;M’ling n’avait rien vu de l’affaire du puma, étant au-dehors àabattre du bois, et il avait seulement entendu les appels. Ilsavaient marché et appelé ensemble. Deux bipèdes s’étaient avancésen rampant et les avaient épiés à travers les taillis, avec uneallure et des gestes furtifs dont la bizarrerie avait alarméMontgomery. Il les interpella, mais ils s’enfuirent comme s’ilsavaient été pris en faute. Il cessa ses appels et, après avoir erréquelque temps d’une manière indécise, il s’était déterminé àvisiter les huttes.

Il trouva le ravin désert.

De plus en plus alarmé, il revint sur ses pas. Ce fut alorsqu’il rencontra les deux Hommes-Porcs que j’avais vus gambader lesoir de mon arrivée ; ils avaient du sang autour de la boucheet paraissaient vivement surexcités. Ils avançaient avec fracas àtravers les fougères et s’arrêtèrent avec une expression férocequand ils le virent. Quelque peu effrayé, il fit claquer son fouet,et, immédiatement, ils se précipitèrent sur lui. Jamais encore unede ces bêtes humanisées n’avait eu cette audace. Il fit sauter lacervelle du premier, et M’ling se jeta sur l’autre ; les deuxêtres roulèrent à terre, mais M’ling eut le dessus et enfonça sesdents dans la gorge de l’autre ; Montgomery l’acheva d’un coupde revolver, et il eut quelque difficulté à ramener M’ling aveclui.

De là, ils étaient revenus en hâte vers l’enclos. En route,M’ling s’était tout à coup précipité dans un fourré, d’où il ramenaune de ces espèces d’ocelot, tout taché de sang lui aussi etboitant à cause d’une blessure au pied. La bête s’enfuit uninstant, puis se retourna sauvagement pour tenir tête, etMontgomery – assez inutilement à mon avis – lui avait envoyé uneballe.

« Qu’est-ce que tout cela veut dire ? » demandai-je.

Il secoua la tête et avala une nouvelle rasade de cognac.

Quand je vis Montgomery ingurgiter cette troisième dose, je prissur moi d’intervenir. Il était déjà à moitié gris. Je lui fisremarquer que quelque chose de sérieux avait certainement dûarriver à Moreau, sans quoi il serait de retour, et qu’il nousincombait d’aller nous assurer de son sort. Montgomery soulevaquelques vagues objections et finit par y consentir. Nous prîmesquelque nourriture et nous partîmes avec M’ling.

C’est sans cloute à cause de la tension de mon esprit à cemoment que, même encore maintenant, ce départ, dans l’ardentetranquillité de l’après-midi tropical, est demeuré pour moi uneimpression singulièrement vivace. M’ling marchait en tête, lesépaules courbées, son étrange tête noire se mouvant avec de rapidestressaillements, tandis qu’il fouillait du regard chacun des côtésde notre chemin. Il était sans armes, car il avait laissé tomber sahachette dans sa lutte avec l’Homme-Porc. Quand il se battait, sesdents étaient de véritables armes. Montgomery suivait, l’alluretrébuchante, les mains dans ses poches et la tête basse. Il étaithébété et de méchante humeur avec moi, à cause du cognac. J’avaisle bras gauche en écharpe – heureux pour moi que ce fût le brasgauche –, et dans la main droite je serrais mon revolver.

Nous suivîmes un sentier étroit à travers la sauvage luxuriancede l’île, nous dirigeant vers le nord-ouest. Soudain M’lings’arrêta, immobile et aux aguets. Montgomery se heurta contre lui,et s’arrêta aussi. Puis, écoutant tous trois attentivement, nousentendîmes, venant à travers les arbres, un bruit de voix et de pasqui s’approchaient.

« Il est mort, disait une voix profonde et vibrante.

– Il n’est pas mort, il n’est pas mort, jacassait une autre.

– Nous avons vu, nous avons vu, répondaient plusieurs voix.

– Hé ! … cria soudain Montgomery, hé !…là-bas !

– Que le diable vous emporte ! » fis-je en armant monrevolver.

Il y eut un silence suivi de craquements parmi les végétationsentrelacées, puis, ici et là, apparurent une demi-douzaine defigures, d’étranges faces, éclairées d’une étrange lumière. M’lingfit entendre un rauque grognement. Je reconnus l’Homme-Singe – àvrai dire, j’avais déjà identifié sa voix – et deux des créaturesbrunes emmaillotées de blanc que j’avais vues dans la chaloupe. Ily avait, avec eux, les deux brutes tachetées et cet être gris ethorriblement contrefait qui enseignait la Loi, avec de longs poilsgris tombant de ses joues, ses sourcils épais et les mèches grisesdégringolant en deux flots sur son front fuyant, être pesant etsans visage, avec d’étranges yeux rouges qui, du milieu desverdures, nous épiaient curieusement.

Pendant un instant nul ne parla.

« Qui… a dit… qu’il était mort ? » demanda Montgomery entredeux hoquets.

L’Homme-Singe jeta un regard furtif au monstre gris.

« Il est mort, affirma le monstre : ils ont vu. »

Il n’y avait en tout cas rien de menaçant dans cette troupe. Ilsparaissaient intrigués et vaguement terrifiés.

« Où est-il ? demanda Montgomery.

– Là-bas, fit le monstre en étendant le bras.

– Est-ce qu’il y a une Loi maintenant ? demanda leSinge.

– Est-ce qu’il y aura encore ceci et cela ? Est-ce vraiqu’il est mort ? Y a-t-il une Loi ? répéta le bipède vêtude blanc.

– Y a-t-il une Loi, toi, l’Autre avec le fouet ?

Est-il mort ? » questionna le monstre aux poils gris.

Et tous nous examinaient attentivement.

« Prendick, dit Montgomery en tournant vers moi ses yeux mornes,il est mort… c’est évident. »

Je m’étais tenu derrière lui pendant tout le précédent colloque.Je commençai à comprendre ce qu’il en était réellement, et, meplaçant vivement devant lui, je parlai d’une voix assurée :

« Enfants de la Loi, il n’est pas mort. »

M’ling tourna vers moi ses yeux vifs.

« Il a changé de forme, continuai-je – il a changé de corps.Pendant un certain temps, vous ne le verrez plus. Il est là… là –je levai la main vers le ciel – d’où il vous surveille. Vous nepouvez le voir, mais lui vous voit. Redoutez la Loi. »

Je les fixais délibérément : ils reculèrent.

« Il est grand ! Il est bon ! dit l’Homme-Singe, enlevant craintivement les yeux vers les épais feuillages.

– Et l’autre Chose ? demandai-je.

– La Chose qui saignait et qui courait en hurlant et en pleurant– elle est morte aussi, répondit le monstre gris, qui me suivait duregard.

– Ça, c’est parfait, grommela Montgomery.

– L’Autre avec le fouet… commença le monstre gris.

– Eh bien ? fis-je.

– … a dit qu’il était mort. »

Mais Montgomery n’était pas assez ivre pour ne pas avoir comprisquel mobile m’avait fait nier la mort de Moreau.

« Il n’est pas mort, confirma-t-il lentement. Pas mort du tout.Pas plus mort que moi.

– Il y en a, repris-je, qui ont transgressé la Loi. Ilsmourront. Certains sont morts déjà. Montrez-nous maintenant où setrouve son corps, le corps qu’il a rejeté parce qu’il n’en avaitplus besoin.

– C’est par ici, Homme qui marche dans la mer », dit lemonstre.

Alors, guidés par ces six créatures, nous avançâmes à travers lechaos des fougères, des lianes et des troncs, vers le nord-ouest.Tout à coup, il y eut un hurlement, un craquement parmi lesbranches, et un petit homoncule rose arriva vers nous en poussantdes cris. Immédiatement après parut un monstre tout trempé de sang,le poursuivant à toute vitesse et qui fut sur nous avant d’avoir puse détourner. Le monstre gris bondit de côté ; M’ling sautasur l’autre en grondant, et fut renversé, Montgomery tira, manquason coup, baissa la tête, tendit le bras en avant et fit demi-tourpour s’enfuir. Je tirai alors, et le monstre avança encore ;je tirai, de nouveau, à bout portant dans son horrible face. Je visses traits s’évanouir dans un éclair, et sa figure fut commeenfoncée. Pourtant, il passa contre moi, saisit Montgomery et, sansle lâcher, tomba de tout son long, l’entraîna dans sa chute, tandisque le secouaient les derniers spasmes de l’agonie.

Je me retrouvai seul avec M’ling, la brute morte et Montgomerypar terre. Enfin, ce dernier se releva lentement et considéra, d’unair hébété, la tête fracassée de la bête auprès de lui. Cela ledégrisa à moitié et il se remit d’aplomb sur ses pieds. Alorsj’aperçus le monstre gris qui, avec précaution, revenait versnous.

« Regarde ! et je montrai du doigt la bête massacrée. Il ya encore une Loi, et celui-ci l’avait transgressée. »

Le monstre examinait le cadavre.

« Il envoie le feu qui tue », dit-il de sa voix profonde,répétant quelque fragment du rituel.

Les autres se rapprochèrent et regardèrent.

Enfin, nous nous mîmes en route dans la direction de l’extrémitéoccidentale de l’île. Nous trouvâmes le corps rongé et mutilé dupuma, l’épaule fracassée par une balle, et, à environ vingt mètresde là, nous découvrîmes celui que nous cherchions. Il gisait laface contre terre, dans un espace trépigné, au milieu d’un fourréde roseaux. Il avait une main presque entièrement séparée dupoignet et ses cheveux argentés étaient souillés de sang. Sa têteavait été meurtrie par les chaînes du puma, et les roseaux, écraséssous lui, étaient tout sanglants. Nous ne pûmes retrouver sonrevolver. Montgomery retourna le corps.

Après de fréquentes haltes et avec l’aide des sept bipèdes quinous accompagnaient – car il était grand et lourd – nousrapportâmes son cadavre à l’enclos. La nuit tombait. Par deux foisnous entendîmes d’invisibles créatures hurler et gronder, aupassage de notre petite troupe, et une fois l’homoncule rose vintnous épier, puis disparut. Mais nous ne fûmes pas attaqués. Àl’entrée de l’enclos, la troupe des bipèdes nous laissa – et M’lings’en alla avec eux. Nous nous enfermâmes soigneusement et noustransportâmes dans la cour, sur un tas de fagots, le cadavre mutiléde Moreau.

Après quoi, pénétrant dans le laboratoire, nous achevâmes toutce qui s’y trouvait de vivant.

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