Une chasse à courre au Pôle Nord – Chez les esquimaux – Voyages, explorations, aventures – Volume 15

Chapitre 13OEIL-DE-LYNX

 

Le Sioux Œil-de-Lynx, depuis son mariage avecmistress Morton, s’habillait en gentleman.

Il laissait pousser sa barbe comme faisaientd’Ussonville et ses officiers.

Bel homme, cet ex-sauvage, et de très belletenue, très soucieux de correction.

Mistress Morton en prenait le plus grand soinet elle en avait la coquetterie.

Elle lui attachait sa cravate et elle ciraitelle-même ses moustaches.

Très claire semée, une barbe de Peau-Rouge etde poils rudes et noirs.

Œil-de-Lynx, par ces moustaches en croc trèslongues, mais très maigrement fournies, par ses favoris hérissés,avait l’air d’un chat en colère.

– Ne trouvez-vous pas, disait fièrementmistress Morton que master Morton ressemble à unmousquetaire ?

On était trop poli pour lui dire qu’il avaitplutôt l’air d’un matou.

Notez que mistress Morton avait donné son nom,à elle, au Sioux.

Celui-ci était du coup passé maître etmangeait avec les officiers.

Il en était très fier.

Peu, très peu parleur, il ne se mêlait à laconversation que quand il comprenait…

Il ne comprenait pas souvent…

Mais enfin il ne disait que des chosesjudicieuses, parfois originales.

Quand il racontait une aventure à lui arrivée,il la commençait ainsi :

– Quand j’étais Sioux…

Mistress Morton, si elle était là, ne manquaitjamais de se récrier :

– Inutile de rappeler ce souvenir !

D’autres fois, il disait :

– Je ne pourrais plus vivre dans une tribu depauvres sauvages.

Ou encore :

– Depuis que je suis un gentleman blanc…

On ne riait pas.

C’était un si brave homme et si brave.

Il se conduisait très bien avec mistressMorton ; mais il buvait…

Comme, après tout, c’est un vice anglais etque le Sioux portait très bien le rhum, ne paraissant pas ivre,mistress Morton passait là-dessus.

Mais elle avait fait son éducation et lacomplétait chaque jour.

Le Sioux se montrait très docile et trèsreconnaissant.

– John (elle l’avait baptisé John), on ne faitpas ceci.

» Schoking, John !

» On ne dit pas ça !

Éternel et monotone refrain !

Il y était habitué.

Deux choses le charmèrent dansMlle de Pelhouër qu’il portait dans soncœur.

D’abord, elle prenait parti pour lui, disant àsa tante qu’elle assommait son mari d’observations puériles.

Puis elle l’appelait son oncle.

Aussi, l’aimait-il de tout son cœur.

Il s’était mis à sa recherche et lui seuln’était pas rentré.

Il ne revint que six heures après lesautres.

On ne l’appelait pas pour rienŒil-de-Lynx.

Il avait vu, lui.

Il avait vu ce qui avait échappé aux regardsdes autres !

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