Une chasse à courre au Pôle Nord – Chez les esquimaux – Voyages, explorations, aventures – Volume 15

Chapitre 6ORGANISATION

 

Après le banquet d’inauguration et après lachasse à courre, il n’y avait plus qu’à laisser le premier hôtel(la première étape au pôle) l’hôtel de l’Embouchure duMackensie, en état.

Dans les Esquimaux, M. d’Ussonville avaittrouvé des domestiques subalternes dévoués.

Excellents serviteurs à tout faire.

Faciles à dresser.

Sans grandes prétentions.

Étonnés du bien-être « dont on lesaccablait », des « égards dont on lescomblait. »

Adorant leurs maîtres blancs, les koublanas,qui avaient presque tous daigné prendre leurs filles pourfemmes.

Ces koublanas (blancs) étaient ceux quidevaient constituer le personnel des hôtels.

Celui-ci, pour chaque hôtel, secomposait :

1° D’un gérant.

2° D’un maître d’hôtel.

3° D’un chef de cuisine.

4° D’un maître-piqueur.

Celui-ci avait la surveillance des chiensd’attelage et des traîneaux d’hiver, des voitures légères d’été etdu personnel.

5° D’un trappeur pour approvisionner l’hôtelde gibier.

6° D’un Esquimau pêcheur, pour approvisionnerl’hôtel de viande de morse, de phoque et d’huile de baleine.

7° Des garçons, tous Esquimaux.

Les enfants aides de cuisine, de service, depèche et de chasse.

Les femmes réparties dans les différentsservices et notamment blanchisseuses, tailleuses et surtoutbottières, les bottes imperméables en peau de morse jouent un grandrôle au pôle.

Mais au lieu de les mâcher avec leurs dentspour produire la cambrure, elles se servaient d’une petitemachine-mâchoire que d’Ussonville avait fait fabriquer et quirendit de grands services.

Chaque hôtel avait sa machine à coudre ;mais le fil était en ramie.

On connaît les propriétés de la ramie, qui estincorruptible dans l’eau et qui se gonfle à l’humidité au point quela couture est imperméable et d’une très longue durée.

Ces fils remplaçaient les nerfs de morses pourtoute couture.

On put faire non seulement des vêtements, desbottes, des bonnets très rapidement ; mais, grâce aux outils,on constitua des carcasses de kayacks et autres bateaux d’unesolidité et d’une légèreté extraordinaire et on les revêtit depeaux de morse cousues très vite et cousues très bien.

Deux Indiens, de tribus différentes, pourobvier à une entente entre eux, furent attachés comme courriers àl’hôtel et plus tard à chaque hôtel ; entre temps, ilschassaient.

Les appointements fixés étaient bien réglés etlargement établis.

Mais on achetait à part, fourrures précieuses,fourrures communes, gibier, poisson.

De cette façon, point de discussions.

Par exemple, les courses en traîneau, endehors des salaires fixes, étaient tarifées.

Point de causes de discussions.

Tout était bien combiné pour que la bonneharmonie régnât.

Du reste, comme le disait d’Ussonville, quandun sauvage se voit traité honorablement « en parentpauvre », dont on veut faire le bonheur, il devient très viteun ami dévoué.

Et il craint fort d’être rejeté dans sapremière condition.

Les remplaçants de ceux que l’on renverrait nepouvaient manquer.

Autour de l’hôtel s’étaient fixées plusieursfamilles esquimaudes et indiennes.

On les aidait.

On leur donnait un peu de poudre, des restes,des débris d’étoffe.

On leur prêtait des outils ; mais ellesdevaient toujours les rendre.

On les tenait ainsi sous la dépendance del’hôtel et des koublanas (blancs).

L’ambition suprême de ces gens-là étaitd’entrer dans le « personnel », d’y avoir au moins unmembre de la famille.

Et, si un koublanas voulait se marier, à luila plus belle fille.

Mais, quand une famille esquimaude ou indiennevoulait s’établir près de l’hôtel, on en faisait venir tous lesmembres devant le tribunal des koublanas, gravement réuni.

Il fallait jurer, par le Grand-Esprit, quel’on vivrait en bonne intelligence, en frères, avec les autresIndiens et les Esquimaux et que l’on accepterait le jugement deskoublanas, en cas de différend, jugement sans appel.

On conçoit que, Indiens, Esquimaux et mêmetrappeurs craignaient beaucoup la peine du bannissement.

On vendait bien les fourrures et l’on payaitles objets de ravitaillement à un taux très raisonnable.

Puis, les relations avec les gens de l’hôtelétaient si agréables !

L’homme est un animal sociable et la sociétélui est presque indispensable.

Quant à la défense de l’hôtel, elle étaitformidable.

Une mitrailleuse dans chaque bastion et unmitrailleur.

Bastion du chef de cuisine.

Bastion du maître d’hôtel.

Bastion du maître piqueur.

Bastion du trappeur.

Et tous ces gens-là connaissant très bien lemaniement de l’arme terrible.

Tout le reste du personnel armé de fusilsaméricains, ainsi que les alliés du dehors que l’on faisait rentrerdedans, en cas de danger ; mais on n’acceptait que ceux donton savait le concours sûr et dévoué.

Toutes ces précautions prises, le premierhôtel du Pôle Nord étant fondé, M. d’Hussonville après l’avoirravitaillé, décida de passer sur l’île de Banks pour y créer lesecond hôtel, la seconde étape vers le pôle.

Auteurs::

Les cookies permettent de personnaliser contenu et annonces, d'offrir des fonctionnalités relatives aux médias sociaux et d'analyser notre trafic. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer