Au pays des brumes

APPENDICE

Note au chapitre II : – La clairvoyance dansles temples du spiritisme

Ce phénomène, tel qu’on peut le voir dans lestemples du spiritisme, varie grandement en qualité. Il est siincertain que de nombreuses congrégations l’ont complètementabandonné, car il devenait plutôt une cause de scandale qued’édification. En revanche, en diverses occasions – les conditionsétant bonnes, l’assistance en sympathie et le médium bien disposé –les résultats ont été surprenants. J’étais présent le jour oùM. Tom Tyrell, de Blackburn, ayant été appelé soudainement àDoncaster, ville qu’il ne fréquentait pas, obtint non seulement lesdescriptions mais même les noms de plusieurs personnes qui furentreconnues par les différents assistants à qui elles étaientdésignées. J’ai entendu aussi M. Vout Peters donner quarantedescriptions dans une ville étrangère (Liège) où il n’avait jamaismis les pieds, avec un seul échec qui s’expliqua par la suite. Detels résultats dépassent de loin les coïncidences. Leur vraieraison d’être reste à déterminer, quelle qu’elle soit. J’ai euquelquefois l’impression que la vapeur qui devient visible comme unsolide dans l’ectoplasme peut dans son état le plus volatil remplirla salle, et qu’un esprit venant dans elle peut faire acte deprésence, de même qu’une étoile filante invisible se fait voirquand elle traverse l’atmosphère de la Terre. Cet exemple n’estévidemment qu’une analogie, mais il suggérera peut-être une lignede pensée.

Je me rappelle avoir assisté en deux occasionsdans Boston (Massachusetts) au spectacle d’un clergyman donnant dela clairvoyance avec plein succès sur les marches de l’autel. Celame frappa en tant qu’admirable reproduction de ces conditionsapostoliques où on enseignait « non seulement par le verbe,mais aussi par le pouvoir ». Tout ceci doit être réintégrédans la religion chrétienne pour que celle-ci soit revitalisée etrecouvre son prestige. Ce n’est pas, toutefois, l’œuvre d’un jour.Nous avons moins besoin de foi que de savoir.

Note au chapitre VIII : – Les esprits liés à laterre

Ce chapitre sera peut-être considéré commesensationnel, mais en fait il ne contient nul incident dont je nepuisse citer la référence. L’incident de Nell Gwynn, mentionné parlord Roxton, me fut relaté par le colonel Cornwallis West, qui mecertifia qu’il s’était produit dans l’une de ses maisons decampagne. Des visiteurs avaient rencontré l’apparition dans lescouloirs, et ensuite, lorsqu’ils ont vu le portrait de Nell Gwynnsuspendu dans le salon, s’étaient écriés : « Voilà lafemme que nous avons rencontrée ! »

L’aventure du terrible occupant de la maisondésertée a été tirée, avec très peu de modifications, d’uneexpérience de lord Saint-Audries dans une maison hantée près deTorquay. Ce vaillant soldat a lui-même conté l’anecdote dans leWeekly Dispatch (décembre 1921), et elle a étéadmirablement reprise par Mme Violet Tweedale dansPhantoms of the Dawn. Quant à la conversation entre leclergyman et l’esprit lié à la terre, le même auteur en a décritune semblable dans son récit des aventures de lord et lady Wynfordau château de Glamis (Ghosts I haveseen).

D’où un tel esprit tire-t-il ses ressourcesd’énergie matérielle ? C’est un problème qui reste à résoudre.Il les tire probablement d’un individu médiumnique du voisinage.Dans le cas intéressant cité dans le récit par le révérend CharlesMason et très attentivement observé par la Société de recherchespsychiques à Reykjavik, en Islande, la formidable créature liée àla terre a proclamé d’où elle avait tiré sa vitalité. L’homme, deson vivant, était un pécheur au caractère rude et violent ; ilse suicida. Il s’était attaché au médium, le suivait dans lesséances de la société, provoquait des frayeurs et des troublesindescriptibles ; il fut enfin exorcisé par les moyens quej’ai reproduits dans mon récit. Un long compte rendu a été publiédans Proceeding of the American Society of PsychicResearch, et aussi dans l’organe du Collège psychique,Psychic Research, de janvier 1925. Signalons que l’Islandeest très en avance pour la science psychique, si l’on tient comptede sa population et des possibilités, elle est probablement à latête de tous les pays du monde ! L’évêque de Reykjavik présidela Société psychique : voilà une leçon pour nos propresprélats, dont l’ignorance de problèmes pareils frise le scandale.Bien que ce sujet traite de la nature de l’âme et de son destindans l’au-delà, on trouve moins de gens pour l’étudier parmi nosguides spirituels que dans toute autre profession.

Notes aux chapitres IX et X : – Les cercles desauvetage

Les scènes contenues dans ce chapitre sonttirées de l’expérience personnelle ou de rapports émanantd’expérimentateurs consciencieux et dignes de foi. Parmi ceux-ci,je citerai notamment M. Tozer, de Melbourne, etM. McFarlane, de Southsea ; tous deux ont tenu descercles méthodiquement voués à ce but : procurer de l’aide auxesprits liés à la terre. Des récits détaillés d’expériences quej’ai personnellement vécues dans ses cercles figurent dans leschapitres IV et VI de mes Wanderings of aSpiritualist[11]. Je puis ajouter que dans moncercle familial, avec ma femme pour médium, nous avons eu leprivilège d’apporter de l’espoir et du savoir à quelques-uns de cesêtres malheureux.

Des comptes rendus complets d’un certainnombre de ces entretiens dramatiques pourront être trouvés dans lescent dernières pages du livre de feu l’amiral Usborne Moore,Glimpses of the New State. Il doit être précisé quel’amiral n’était pas personnellement présent à ces séances, maisqu’elles lui furent racontées par des gens en qui il avait touteconfiance et que la confirmation lui en fut donnée par lesdéclarations manuscrites des assistants. « Le caractèresupérieur de M. Leander Fisher, a dit l’amiral, suffit àtémoigner de leur authenticité. » Le même compliment peuts’appliquer à M. E. G. Randall, qui a livré à la publicitébeaucoup de cas semblables : il est l’un des plus grandsavocats de Buffalo, et M. Fisher est professeur de musiquedans cette ville.

L’objection naturelle est que, compte tenu del’honnêteté des enquêteurs, toute l’expérience peut être de quelquefaçon subjective et n’avoir aucun rapport avec les faits réels.Traitant de cela, l’amiral déclare : « J’ai fait desrecherches pour savoir si l’un de ces esprits, amenés pourcomprendre qu’ils avaient pénétré dans un nouvel état deconscience, avait été identifié de manière satisfaisante. Laréponse est celle-ci : beaucoup ont été repérés, mais, aprèsque plusieurs vérifications ont été faites, on a jugé inutile depoursuivre les enquêtes touchant les parents et les lieuxd’habitation sur terre des autres. De semblables recherches exigentbeaucoup de temps et de peine ; chaque fois qu’on y a procédé,elles ont toujours abouti au même résultat. » Dans les cascités, il y a le prototype de la femme du monde qui mourut pendantson sommeil, comme mon récit l’a dépeinte. Dans tous ces exemples,l’esprit qui retournait sur la terre n’avait pas réalisé que sa vieterrestre était terminée.

Le cas du clergyman et du marin duMonmouth a été soulevé en ma présence au cercle deM. Tozer.

Le cas dramatique où l’esprit d’un homme –c’était le cas de plusieurs à l’origine – s’est manifesté au momentmême de l’accident qui a provoqué sa mort, et où les noms ont étéensuite vérifiés dans un article de journal, est donné parM. Randall. Un autre exemple, fourni par la même source, ferapeut-être réfléchir ceux qui n’ont pas réalisé combien l’évidenceest manifeste, et comme il nous est nécessaire de reconsidérernotre opinion sur la mort. C’est dans The Dead have NeverDied :

« Je rappelle un incident que je dédieaux matérialistes à l’état pur. J’étais l’un des exécutantstestamentaires de mon père ; après sa mort et le partage deses biens, il me parla de l’au-delà et me dit que j’avais négligéun détail qu’il tenait à me signaler. Je répondis :

– Vous avez toujours eu l’esprit axé sur lathésaurisation. Pourquoi occuper un temps qui est si limité àdiscuter de votre bien ? Il a été divisé et réparti.

– Oui, m’a-t-il répondu. Je le sais, mais j’aitrop durement travaillé pour amasser de l’argent, et je ne veux pasqu’il soit perdu ; il y a un avoir qui subsiste et que tu n’aspas découvert.

– Eh bien ! fis-je, si c’est exact,donnez-moi les détails. Il m’a dit :

– Quelques années avant ma mort, j’ai prêtéune petite somme à Suzanne Stone, qui habitait en Pennsylvanie, etje lui fis signer un billet à ordre au vu duquel, d’après les loisde cet État, j’étais autorisé à réclamer un jugement tout de suitesans procès. J’étais vaguement anxieux à propos de ce prêt :avant que la date ne fût venue à expiration, j’ai pris le billet àordre et je l’ai expédié au greffier d’Erie, en Pennsylvanie ;il a obtenu aussitôt le jugement, qui s’est traduit par unehypothèque sur sa propriété. Dans mes livres de comptes, il n’y aaucune référence à ce billet ni au jugement. Si tu te rends chez legreffier d’Erie, tu trouveras le jugement enregistré, et je tiens àce que tu récupères la somme. Il y a encore beaucoup d’autreschoses que tu ne connais pas ; en voilà une.

Ce renseignement, venu par un tel canal, mesurprit grandement. Je réclamai une copie du jugement ; ilavait été enregistré le 21 octobre 1896, et, avec la preuve de ladette, j’obtins du débiteur soixante-dix dollars avec les intérêts.Je me pose une question : quelqu’un avait-il été au courant dela transaction en dehors des signataires du billet à ordre et dugreffier à Erie ? Moi, en tout cas, je l’ignorais. Je n’avaisaucune raison de soupçonner qu’elle avait existé. La voix de monpère a été en cette occasion parfaitement reconnaissable. Je citecet exemple à l’intention de ceux qui mesurent tout du point de vuede l’argent. »

Les plus frappantes, toutefois, de cescommunications posthumes sont relatées dans Thirty Years Amongthe Dead par le Dr Wickland, de Los Angeles.

Le Dr Wickland et son héroïque épouse ontfait un travail qui mérite de la part de tous les médecinsaliénistes la plus vive attention. S’il poursuit son idée, et toutporte à croire qu’il le fera, non seulement il révolutionneratoutes nos conceptions sur la folie, mais encore il modifieraprofondément notre système de criminologie, il montrera que nousavons puni des gens comme criminels alors qu’ils étaient plusdignes de compassion que de réprimandes.

Il a formulé l’avis que de nombreux cas defolie étaient dus à une obsession d’entités non développées et il atrouvé, par une méthode d’investigation qui ne m’apparaît pasclairement, que ces entités étaient excessivement sensibles à del’électricité statique, quand celle-ci traverse le corps qu’ellesont envahi. Il a basé son traitement sur cette hypothèse, et il aobtenu des résultats remarquables. Le troisième facteur dans sonsystème a été la découverte que ces entités acceptaient plusfacilement de se laisser déloger si un corps vacant se trouvait àproximité pour leur offrir un refuge temporaire. Et là s’expliquele qualificatif « héroïque » que j’ai accolé au nom deMme Wickland : cette dame charmante etcultivée s’assied en transe hypnotique à côté du sujet, prête àaccueillir l’entité quand elle est chassée de sa victime. Et c’està travers les lèvres de Mme Wickland que sedéterminent l’identité et le caractère des esprits nondéveloppés.

Le sujet est attaché sur une chaiseélectrique ; il faut l’attacher, car beaucoup de fous sontviolents ; le courant est mis et passe ; il n’affecte pasle malade, puisqu’il s’agit d’électricité statique, mais il causede gros soucis à l’esprit parasite, qui court se réfugier bientôtdans la forme inconsciente de Mme Wickland. Alorss’engagent les stupéfiantes conversations qui sont rapportées dansle livre. L’esprit est mis par le docteur sur la sellette,admonesté, instruit, et finalement renvoyé soit sous la garde d’unesprit secourable qui supervise l’interrogatoire, soit à la charged’un assistant plus solide qui lui fera échec s’il ne se repentpas.

Pour le savant qui n’est pas familiarisé avecles problèmes psychiques, une argumentation semblable paraîtinsensée, et je ne saurais moi-même certifier que leDr Wickland a prouvé en fin de compte sa théorie maisj’affirme que nos expériences dans les cercles de sauvetagetournent autour de la même idée générale, et qu’il a effectivementguéri des cas désespérés. De temps à autre une confirmationformelle se produit : ainsi, dans le cas d’un esprit femellequi se lamentait parce qu’elle n’avait pas assez pris de phénol lasemaine précédente, le nom et l’adresse avaient été correctementdonnés.

Apparemment, tout le monde n’offre pas unchamp libre à cette invasion, seuls sont disposés à l’accueillirles hommes et les femmes qui sont d’une manière ou d’une autre dessensibles psychiques. Quand cette découverte sera pleinementvérifiée, elle sera à la base de la psychologie et de lajurisprudence de l’avenir.

Note au chapitre XII : – Les expériences duDr Maupuis

Le Dr Maupuis du récit est, comme toutamateur de recherche psychique l’aura deviné, feu le Dr Geley,auquel un travail splendide assure une réputation immortelle.C’était un cerveau de premier ordre, et son courage moral luipermettait de faire face avec tranquillité au cynisme et à lalégèreté de ses critiques. Avec un jugement rare, il n’alla jamaisau-delà du point où les faits le portaient, mais il ne recula pasd’un pouce du point le plus extrême que justifiaient sa raison etl’évidence. Grâce à la munificence du M. Jean Meyer[12], il avait été placé à la tête del’Institut métapsychique, qui était admirablement équipé pour letravail scientifique, et il utilisa à plein cet équipement. Quandun Jean Meyer anglais apparaît, il n’obtient rien contre son argents’il ne choisit pas un cerveau ouvert au progrès pour diriger samachine. La grosse dotation faite à la Stanford University deCalifornie a été pratiquement gaspillée parce que ses dirigeantsn’étaient ni des Geley ni des Richet.

L’histoire du pithécanthrope est tirée duBulletin de l’Institut métapsychique. Une dame bien connuem’a décrit comment ce monstre s’était placé entre elle et savoisine ; elle avait osé poser sa main sur la peau aux poilshirsutes. Un compte rendu de cette séance a été inséré dans lelivre de Geley : L’Ectoplasme et la Clairvoyance. Ony voit une photographie représentant un étrange oiseau de proie surla tête du médium. Il ne saurait évidemment pas être question icid’imposture.

Ces divers animaux peuvent prendre des formestrès bizarres. Dans un manuscrit non publié du colonel Ochorowitz,que j’ai eu le privilège de lire, il y a des descriptions dedéveloppements qui sont formidables, mais qui ne présentent aucunsigne de parenté avec les créatures que nous connaissons.

Puisque des formes animales de cette natureont été matérialisées sous le pouvoir médiumnique aussi bien deKluski que de Guzik, leur formation semble dépendre plutôt de l’undes assistants que du médium, à moins que nous ne puissions lesdisjoindre entièrement du cercle. Un axiome est très répandu chezles spirites : les visiteurs spirituels d’un cerclereprésentent en gros la tendance mentale et spirituelle du cercle.Ainsi, en près de quarante années d’expériences, je n’ai jamaisentendu un mot obscène ou blasphématoire à une séance, parce queces séances étaient conduites d’une manière respectueuse etreligieuse. Une question peut donc se poser : les assistantsqui viennent pour des buts purement scientifiques et expérimentaux,mais qui ne reconnaissent nullement la signification religieuse quicoiffe tous ces phénomènes, ne suscitent-ils pas les manifestationsles moins désirables du pouvoir psychique ? Cependant, letempérament supérieur d’hommes tels que Richet et Geley permettaitd’escompter que la tendance générale serait bonne.

Sans doute avancera-t-on qu’un problème quiimplique des possibilités pareilles devrait être laissé de côté. Laréponse serait, me semble-t-il, que ces manifestations sontheureusement assez rares, alors qu’au contraire le réconfortqu’apportent les esprits illumine quotidiennement des milliers devies. Nous n’interromprons pas notre exploration parce que le paysexploré contient quelques créatures néfastes. Renoncer à l’étudedes phénomènes psychiques équivaudrait à les abandonner aux forcesmauvaises, tandis que nous nous priverions de ce savoir qui nousaide à les comprendre et à en mesurer toutes les conséquences.

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