La Dégringolade, Tome 1

V

C’était la seconde fois que cette formidableaccusation d’assassinat montait aux lèvres deMme Delorge.

Mais sur le premier moment, ç’avait été un cridésespéré, dont elle n’avait pas conscience, dont la portée luiéchappait, et arraché par l’horreur du sang qui rougissait sesmains…

Tandis que cette fois…

– Krauss, commanda-t-elle, faitesprévenir le commissaire de police de ce qui arrive, et qu’ilvienne… qu’il vienne vite.

Une de ses servantes, à ce moment, luiapportait sa fille, qui pleurait et qu’on ne pouvait consoler.

Elle la prit entre ses bras, et, la couvrantde baisers convulsifs :

– Va, pauvre enfant, lui dit-elle, commesi elle eût pu la comprendre, ton père sera vengé ! Tout ceque j’ai d’intelligence et de forces…

Elle n’acheva pas. Elle remit l’enfant à sabonne, en disant : « Emportez-la. »

Le commissaire de police entrait.

C’était un homme long et maigre, avec un grandnez mélancolique, de petits yeux mobiles et de lèvres pincées.Démarche, port de tête, geste, voix, tout en lui trahissaitl’opinion démesurée qu’il avait de lui-même et de sa missionici-bas.

Un vieux monsieur, tout ratatiné dans unpaletot de fourrures, venait derrière lui d’un air profondémentennuyé. C’était le médecin qu’il avait requis.

Gravement, ce commissaire tira d’un étui etétala sur la table des papiers, une plume et un encrier. Puiss’étant assis :

– Je vous écoute, madame, dit-il àMme Delorge.

Rapidement et le plus clairement qu’elle put,l’infortunée lui dit les angoisses des vingt-quatre mortellesheures qui s’étaient écoulées depuis que le général avait reçu lalettre fatale, comment son mari lui avait été rapporté mort ;l’étonnement de son voisin, M. Ducoudray, qui refusaitd’admettre un combat de nuit ; enfin, les soupçons de Krausset les siens, basés, non plus sur des probabilités, mais sur desfaits positifs…

– C’est tout ? demanda l’impassiblecommissaire.

Alors il prit la parole, et d’un ton deréquisitoire se mit à lui démontrer l’injustice fréquente dessoupçons précipités. Pour sa part, il était loin de partager lacrédulité du sieur Ducoudray, homme d’ailleurs peu compétent. Ilavait eu en sa carrière connaissance de plus de dix duels de nuit.Si de tels combats sont rares entre bourgeois, ils ne le sont pasentre militaires, gens qui ont la tête près du bonnet, et qui,portant une épée au côté, ont vite fait de la tirer sans se soucierdu lieu ni du moment…

Et il n’en finissait, car il soignait sespériodes, prenait du temps et scandait ses mots, quêtant de l’œill’approbation du docteur.

Mme Delorge sentait son sangbouillir dans ses veines.

– Bref, monsieur, interrompit-elle…

Il lui imposa silence du geste, et sanschanger de ton :

– Ce que j’en dis, du reste,poursuivit-il, n’est que pour mémoire… Maintenant, je vais, commec’est mon devoir, procéder avec M. le docteur, ici présent,aux constatations… et si madame veut bien nous faire conduire àl’endroit où se trouve le défunt…

La courageuse femme déclara qu’elle les yconduirait elle-même. Et sans s’arrêter aux avis du commissaire,qui l’exhortait à ménager sa sensibilité, elle ouvrit la porte dela chambre à coucher.

Tout y était changé, grâce à Krauss.

Sur le lit, retiré de l’alcôve, gisaittoujours le corps du général, mais dépouillé de ses habits,souillés de boue et de sang.

Un drap le couvrait, qui dessinait la forme dela tête, qui se creusait à partir des épaules et qui, se relevantaux orteils, retombait en plis roides autour des matelas.

À la tête du lit, sur une table recouverted’une nappe blanche, était un crucifix entre deux flambeauxallumés, et une coupe remplie d’eau bénite où trempait une branchede buis…

Deux prêtres de la paroisse, qu’on était alléchercher, étaient agenouillés et récitaient les prières desmorts…

– Eh bien ! procédons, dit lecommissaire au médecin…

Déjà le docteur avait rabattu le drap et mis ànu le torse du général, et tout en procédant, selon l’expression ducommissaire, il dictait…

« … Sur le côté droit de la poitrine,au-dessous de l’aisselle et même un peu en arrière, à douzecentimètres du mamelon, se trouve une blessure semi-lunaire, longuede quatre centimètres et large de trois, avec des bords très nets,secs et non ecchymosés, ayant pénétré très profondément, et allantde haut en bas… »

Il constatait ensuite que le corps du défuntne présentait aucune trace de violence… puis il décrivait diversescicatrices déjà anciennes, dont une très considérable au brasdroit.

Sa conclusion était qu’il ne découvrait rienqui empêchât d’admettre un duel loyal… Que si pourtant la mortétait le résultat d’un crime, ce crime avait été commis sans luttepréalable, par une personne placée près du général et dont il ne sedéfiait pas. C’est tout ce que put supporter l’honnête Krauss.

– Eh ! monsieur, s’écria-t-il, lapreuve du crime est toute dans cette circonstance que mon général areçu sa blessure du côté droit… Vous devez bien voir qu’il nepouvait pas tenir une épée au bras droit…

Le docteur hocha la tête.

– Cette question n’est pas de monressort, répondit-il… Je ne puis, moi, constater que ce que jevois… Le défunt a une large cicatrice au bras droit, je la signale…Maintenant, se servait-il difficilement de ce bras, était-il mêmeincapable de s’en servir, c’est ce que je ne puis déterminer d’unefaçon absolue…

Plus décisif, jusqu’à un certain point, futl’examen de l’épée du général.

Elle était neuve, ainsi que l’avait ditKrauss, et les arêtes en étaient si vives, que le moindre choc leseût ébréchées. Or, il ne s’y voyait aucune brèche. Donc ellen’avait reçu aucun de ces chocs qui résultent d’un engagement.

– Il est clair, prononça le commissaire,que cette épée n’a pas servi à un combat… Mais je dois ajouterqu’on ne se bat pas toujours avec ses armes… je sais plusieursexemples…

D’un brusque mouvement,Mme Delorge arrêta court ses citations.

– Soit, fit-elle, j’admets pour un momentque mon mari s’est battu et s’est battu avec l’arme d’unautre ; mais alors pourquoi son épée était-elle hors dufourreau ?

Mais le commissaire de police n’était pas d’unnaturel à souffrir qu’on discutât ses appréciations.

– En voici assez, prononça-t-il d’un tonrogue. Je ne pense pas que personne ici ait la prétention de réglerma conduite. Ce qui doit être fait sera fait ; la justice nes’endort jamais, et si un crime a été commis il sera certainementpuni…

Tout en parlant, il avait remis au fourreaul’épée du général, et il l’y scellait, faisant fondre sa cire auxcierges qui brûlaient au chevet du mort, à cette fin, déclara-t-il,qu’elle pût au besoin servir de pièce à conviction.

Le docteur, de son côté, avait achevé salugubre tâche, et rabattu le drap sur le corps du général.

Ils expédièrent alors rapidement les formulesobligées de leur procès-verbal, et, saluant, ils se retirèrent dumême pas solennel dont ils étaient venus…

Mille détails lamentables réclamaient alorsMme Delorge : il n’y a que dans les romans queles grandes douleurs ne sont jamais troublées par les soucisvulgaires et les exigences odieuses de la civilisation. La vieréelle présente mille déboires.

Seule, sans parents, sans amis pour luiépargner ce surcroît de douleur, la malheureuse veuve avait à sepréoccuper des déclarations à la mairie, des dispositions pourl’enterrement, des lettres de faire-part…

Et pour comble, l’impression que Raymond avaitressentie de la mort de son père avait été si violente, qu’il avaitfallu le coucher, en proie à une horrible crise nerveuse.

Du moins, tous ces tracas eurent-ils cetavantage que Mme Delorge n’eut pas le loisir des’inquiéter de l’inconcevable retard de M. Ducoudray, lequel,parti à dix heures du matin, n’était pas encore de retour à quatreheures du soir.

Il faisait nuit depuis longtemps lorsqu’ilarriva enfin.

Et en quel état !… Blême, défait, tout ensueur, mouillé et crotté jusqu’à l’échine.

– Mon Dieu ! murmuraMme Delorge, qu’est-il arrivé ?

Bonnement le digne rentier crut que c’était delui qu’elle s’inquiétait, et s’inclinant avec un sourirepâle :

– Il est arrivé, fit-il, que je n’ai pastrouvé de voiture, que j’ai attendu inutilement une douzained’omnibus, et que j’ai été forcé de revenir à pied, avec une boue,oh ! mais une boue !… Mais ce n’est rien, madame, mamission est remplie, et je vais, si vous le voulez bien, commencerpar le commencement…

Il s’était posé sur son fauteuil, en narrateurqui en a pour longtemps. Il s’essuya le front, et après avoirrepris haleine :

– Donc, commença-t-il, c’est chez ledocteur Buiron que j’ai couru en sortant d’ici. Il était absent, etson domestique m’a dit qu’il ne rentrerait que vers une heure poursa consultation. Ayant deux heures devant moi, j’en profitai pourdéjeuner. Revenu chez le docteur à l’heure indiquée, je le trouvai,cette fois…

« Ce docteur Buiron m’a paru un honnêtehomme. Dès qu’il a su que j’étais envoyé par la familleDelorge : « Monsieur, m’a-t-il dit, je pressentais qu’onme demanderait compte des événements de cette nuit, et comme je medéfie de ma mémoire, je les ai couchés par écrit pendant que je lesavais encore très présents… »

« C’était vrai, et il a eu l’obligeancede me communiquer sa relation. Il a fait plus, il me l’a confiée,et je vais, madame, vous la lire.

Ce disant, M. Ducoudray chaussa seslunettes, tira un papier de sa poche et lut :

« RELATION DE CE QUI M’EST ARRIVÉ DANS LA NUIT DU 30 NOVEMBREAU 1er DÉCEMBRE 1851 :

« Il pouvait être deux heures du matin,et je dormais, lorsqu’on sonna violemment à ma porte. L’instantd’après, mon domestique introduisit dans ma chambre à coucher unjeune officier de cavalerie qui me parut fort troublé, et qui medit : « Docteur, un grand malheur vient d’arriver… un denos généraux vient d’être blessé mortellement… Au nom du ciel,venez vite !… » M’étant habillé en toute hâte, je suiviscet officier.

« C’est à l’Élysée, au palais du princeprésident, qu’il me conduisit. Mais nous n’entrâmes pas par lagrande porte. Il me fit passer par une espèce de poterne, traverserune cour, et enfin, il m’introduisit, au rez-de-chaussée, dans unevaste pièce qui me parut un ancien corps de garde. Un quinquet,emprunté à l’écurie voisine, l’éclairait…

« Trois hommes y étaient debout, causantavec une certaine animation, et qui me parurent appartenir auxclasses élevées de la société. Ils étaient en habit noir.

« Ils eurent à mon arrivée uneexclamation de satisfaction, et me montrèrent, dans un des anglesde la pièce, étendu sur un grand manteau, un homme revêtu del’uniforme de général, et qu’ils me dirent être le généralDelorge.

« Du premier coup d’œil, je vis qu’ilétait mort depuis un couple d’heures. Cependant je défis son habit,et je constatai qu’il avait reçu un coup d’épée au côté droit,lequel avait dû déterminer une mort immédiate.

« Aussitôt, je demandai ce qui étaitarrivé.

« On me répondit que le général Delorgeet un de ses collègues, à la suite d’une violente altercation,étaient descendus dans le jardin et s’y étaient battus à la lueurd’un quinquet que leur tenait un garçon d’écurie.

« Aucune réponse ne fut faite à diversesquestions que je posai, mais on me pria d’accompagner celui de cesmessieurs qui allait reporter le corps du général à son domicile,et je ne crus pas pouvoir refuser.

« On envoya donc chercher un fiacre où lecorps fut porté et où je pris place avec un de mes inconnus…

« Durant le trajet, qui fut long, ce futen vain que j’essayai d’arracher un renseignement à mon compagnon.Et lorsque nous sortîmes de la maison après avoir rempli notremission : « Prenez le fiacre pour rentrer, me dit-il, moije reste par ici où j’ai affaire. » Et il me remit deuxbillets de cent francs…

« Et moi, aussitôt rentré, j’ai écritcette relation, que je jure sur l’honneur absolumentexacte. »

Plus blanche qu’un linge, et les yeux pleinsd’éclairs, Mme Delorge se soulevait des deux mainssur les bras de son fauteuil, et le buste tendu en avant, en proieà d’indicibles angoisses, elle écoutait…

Il n’était pas un mot de cette relation,saisissante en son incorrecte brièveté, qui ne lui parût laconfirmation de ses soupçons.

Pourquoi ce mystère, s’il n’y avait pas eu decrime ? Pourquoi ce corps caché dans une salle basse, laconférence de ces hommes en habit noir, cette recherche tardived’un médecin, ces allées et venues, par des portes dérobées, cerefus obstiné de répondre à toutes les questions ?…

Ainsi pensait la pauvre femme, lorsqueM. Ducoudray cessa de lire.

– Malheureusement, murmura-t-elle, ilfaudrait plus que des présomptions si concluantes qu’elles puissentêtre, il faudrait de ces preuves décisives qui démontrent le crimeet écrasent le coupable… Pourquoi ne se pas enquérir d’un autrecôté ?…

C’était pour le digne rentier l’instant detriompher.

– Je me suis enquis, dit-il, et pourvotre service, madame, et en mémoire de mon ami le général, je suiscapable de bien autre chose.

Il huma une large prise de tabac, – car ilprisait dans les grandes occasions, – et d’un tonimportant :

– En deux mots, voici les faits :Certain d’avoir tiré du docteur tout ce qu’il savait, je sortis dechez lui. J’étais satisfait… sans l’être, sentant l’insuffisance demes renseignements. Alors, réfléchissant, « Pourquoi, medis-je, ne remonterais-je pas à la source des informations ?Pourquoi n’irais-je pas à l’Élysée ?… »

Mme Delorge tressaillit.

– Ah ! monsieur, commença-t-elle,comment reconnaître jamais…

Il l’interrompit d’un geste bienveillant, etplus vite :

– Quand une idée me vient, continua-t-il,et que je la juge bonne, je n’hésite pas. Je me trouvais rue desSaussayes : en trois minutes j’arrivais au palais de laprésidence. J’avais décidé que je m’adresserais à l’officiercommandant le poste. C’était un grand bel homme à moustachesnoires, qui tout d’abord me toisa d’un air peu amical, et qui meparut ne rien comprendre à mes questions. Il n’y comprenait rien,en effet, n’ayant point passé la nuit à l’Élysée. Il avait pris lagarde à midi, et l’officier qu’il relevait ne lui avait parlé derien. Et comme néanmoins j’insistais, courtoisement, maispéremptoirement, il me pria de lui laisser la paix et de sortir duposte.

« Ce début n’était pas encourageant. Maisje suis têtu.

« M’était-il possible d’entrer dans lepalais ? J’en voulus faire l’épreuve, et bravement je franchisla grande porte, en criant : « Fournisseur ! »Les factionnaires ne dirent mot. Malheureusement le suisseveillait. Il courut après moi, et m’empoignant par le bras, il memit dehors en me disant que les fournisseurs ne traversent pas lacour d’honneur, et que j’eusse à m’adresser à l’hôtel voisin…

M. Ducoudray eût pu être plus bref,peut-être. Mais il disait ses efforts ; l’interrompre eût étéde l’ingratitude.

– Battu encore de ce côté, poursuivit-il,je pris un grand parti. Je me plantai sur le trottoir, résolu àaccoster tous les officiers qui sortiraient. Ah ! madame, lesmilitaires de ma jeunesse étaient plus polis que ceuxd’aujourd’hui. Tous ceux à qui je m’adressais me toisaient du hautde leurs épaulettes, et me répondaient brutalement :« Qu’est-ce que vous me chantez là ?… Que me parlez-vousde duel !… Est-ce que je sais, moi !… »

Ceci, pour Mme Delorge, étaitune preuve que le fatal événement n’avait pas été ébruité.

Elle savait son mari trop aimé dans l’arméepour que la nouvelle de sa mort, et dans des circonstances siterribles, n’y produisit pas une grande émotion.

– Toujours éconduit, disaitM. Ducoudray, je commençais à me décourager, quand enfin jevis venir un homme d’une quarantaine d’années, en bourgeois, maisqu’à ses grandes moustaches, sa tournure et ses décorations, jejugeai être un militaire. J’allait droit à lui, et brutalement,sans le saluer, ni rien : « Monsieur, lui dis-je, je suisle plus proche parent du général Delorge !… » Au sautqu’il fit en arrière, je vis qu’il n’était pas si mal informé queles autres, celui-là, et du même ton brusque :

« – Monsieur, continuai-je, on nous l’arapporté mort ce matin au petit jour, tué en duel, soi-disant… Maison ne nous a dit ni le nom de son adversaire ni les noms de sestémoins… et nous voulons les savoir !

« Je parlais très haut, je gesticulais,les passants s’arrêtaient, mon homme se troubla.

« – Plus bas, donc ! me dit-il enregardant de tous côtés d’un air d’inquiétude, plus bas ! Jesuis un peu au courant de cette affaire : mais je ne vois nulinconvénient à vous dire ce que j’en sais… Hier soir,Mme Salvage, l’ancienne amie de la reine Hortense,et qui fait, vous ne l’ignorez pas, les honneurs de la résidenceprésidentielle, recevait quelques personnes… J’étais au nombre desinvités. Vers minuit, je causais avec un ami dans le vestibule,quand j’entendis les éclats de voix d’une altercation violente,dans l’escalier… Deux hommes que je ne reconnus pas, et qui meparurent fous de colère, descendirent, et l’un d’eux disait :« Sortons, monsieur, sortons, le jardin est là, nous avons nosépées, un des hommes de l’écurie nous éclairera… » Ilssortirent, en effet, et ce matin, j’ai appris que ce pauvre Delorgeavait été tué…

Roide, et tout d’une pièce,Mme Delorge se dressa.

– Mais l’autre, s’écria-t-elle,l’assassin… quel est son nom ?…

– Hélas ! réponditM. Ducoudray, c’est ce que n’a pas voulu ou pu me dire cethomme que j’interrogeais… Et cependant je menaçais, et cependant jedisais que ce vainqueur d’un duel sans témoins est un assassin… Àcela, il a répondu que le duel avait eu un témoin.

– Lequel ?

– L’homme des écuries qui a tenu lalanterne… C’est cet homme qu’il faut retrouver… Il sait la vérité,lui…

Écrasée sous le sentiment de son impuissance,Mme Delorge se taisait. Veuve, sans amis, sansappui, abandonnée par le commissaire de police qui traitait sessoupçons de chimères, que pouvait-elle ?

– À votre place, madame, repritM. Ducoudray, je m’adresserais à quelqu’un des amis dugénéral… Il devait en avoir dans de hautes situations… et si je lesconnaissais…

– Attendez !… fitMme Delorge.

Et s’étant élancée dehors, elle ne tarda pas àreparaître avec le petit agenda où le général inscrivait l’adressedes personnes de ses relations…

– Écoutez, dit-elle…

Et elle lut : le comte de Commarin, ruede l’Université ; le duc de Champdoce, rue de Varennes ;le général Changarnier, rue du Faubourg-Saint-Honoré ; legénéral Lamoricière, rue Las-Cases ; le général Bedeau, rue del’Université…

– C’est assez, dit M. Ducoudray.Qu’un seul de ces généraux que vous venez de nommer consente àprendre en main votre cause, et si un crime a été commis, comme jele crois, le général Delorge sera vengé !…

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