Le Fantôme de l’Opéra

Chapitre 8Dans les dessous de l’Opéra

« La main haute, prête à tirer ! » répéta hâtivement lecompagnon de Raoul.

Derrière eux, le mur, continuant à faire un tour complet surlui-même, s’était refermé.

Les deux hommes restèrent quelques instants immobiles, retenantleur respiration.

Dans ces ténèbres régnait un silence que rien ne venaittroubler.

Enfin, le Persan se décida à faire un mouvement, et Raoull’entendit qui glissait à genoux, cherchant quelque chose dans lanuit, de ses mains tâtonnantes.

Soudain, devant le jeune homme, les ténèbres s’éclairèrentprudemment au feu d’une petite lanterne sourde, et Raoul eut unrecul instinctif comme pour échapper à l’investigation d’un secretennemi. Mais il comprit aussitôt que ce feu appartenait au Persan,dont il suivait tous les gestes. Le petit disque rouge se promenaitsur les parois, en haut, en bas, tout autour d’eux,méticuleusement. Ces parois étaient formées, à droite d’un mur, àgauche d’une cloison en planches, au-dessus et au-dessous desplanchers. Et Raoul se disait que Christine avait passé par là lejour où elle avait suivi la voix de l’Ange de la musique. Ce devaitêtre là le chemin accoutumé d’Érik quand il venait à travers lesmurs surprendre la bonne foi et intriguer l’innocence de Christine.Et Raoul qui se rappelait les propos du Persan, pensa que ce cheminavait été mystérieusement établi par les soins du Fantôme lui-même.Or, il devait apprendre plus tard qu’Érik avait trouvé là, toutpréparé pour lui, un corridor secret dont longtemps il était restéle seul à connaître l’existence. Ce corridor avait été créé lors dela Commune de Paris pour permettre aux geôliers de conduiredirectement leurs prisonniers aux cachots que l’on avait construitsdans les caves, car les fédérés avaient occupé le bâtiment aussitôtaprès le 18 mars et en avaient fait tout en haut un point de départpour les mongolfières chargées d’aller porter dans les départementsleurs proclamations incendiaires, et, tout en bas, une prisond’État.

Le Persan s’était mis à genoux et avait déposé par terre salanterne. Il semblait occupé à une rapide besogne dans le plancheret, tout à coup, il voila sa lumière.

Alors Raoul entendit un léger déclic et aperçut dans le plancherdu corridor un carré lumineux très pâle. C’était comme si unefenêtre venait de s’ouvrir sur les dessous encore éclairés del’Opéra. Raoul ne voyait plus le Persan, mais il le sentit soudainà son côté et il entendit son souffle.

« Suivez-moi, et faites tout ce que je ferai. »

Raoul fut dirigé vers la lucarne lumineuse. Alors, il vit lePersan qui s’agenouillait encore et qui, se suspendant par lesmains à la lucarne, se laissait glisser dans les dessous. Le Persantenait alors son pistolet entre les dents.

Chose curieuse, le vicomte avait pleinement confiance dans lePersan. Malgré qu’il ignorât tout de lui, et que la plupart de sespropos n’eussent fait qu’augmenter l’obscurité de cette aventure,il n’hésitait point à croire que, dans cette heure décisive, lePersan était avec lui contre Érik. Son émotion lui avait parusincère quand il lui avait parlé du « monstre » ; l’intérêtqu’il lui avait montré ne lui semblait point suspect. Enfin, si lePersan avait nourri quelque sinistre projet contre Raoul, il n’eûtpas armé celui-ci de ses propres mains. Et puis, pour tout dire, nefallait-il point arriver, coûte que coûte, auprès deChristine ? Raoul n’avait pas le choix des moyens. S’il avaithésité, même avec des doutes sur les intentions du Persan, le jeunehomme se fût considéré comme le dernier des lâches.

Raoul, à son tour, s’agenouilla et se suspendit à la trappe, desdeux mains. « Lâchez tout ! » entendit-il, et il tomba dansles bras du Persan qui lui ordonna aussitôt de se jeter à platventre, referma au-dessus de leurs têtes la trappe, sans que Raoulpût voir par quel stratagème, et vint se coucher au côté duvicomte. Celui-ci voulut lui poser une question, mais la main duPersan s’appuya sur sa bouche et aussitôt il entendit une voixqu’il reconnut pour être celle du commissaire de police qui tout àl’heure l’avait interrogé.

Raoul et le Persan se trouvaient alors tous deux derrière uncloisonnement qui les dissimulait parfaitement. Près de là, unétroit escalier montait à une petite pièce, dans laquelle lecommissaire devait se promener en posant des questions, car onentendait le bruit de ses pas en même temps que celui de savoix.

La lumière qui entourait les objets était bien faible, mais, ensortant de cette obscurité épaisse qui régnait dans le couloirsecret du haut, Raoul n’eut point de peine à distinguer la formedes choses.

Et il ne put retenir une sourde exclamation, car il y avait làtrois cadavres.

Le premier était étendu sur l’étroit palier du petit escalierqui montait jusqu’à la porte derrière laquelle on entendait lecommissaire ; les deux autres avaient roulé au bas de cetescalier, les bras en croix. Raoul, en passant ses doigts à traversle cloisonnement qui le cachait, eût pu toucher la main de l’un deces malheureux.

« Silence ! » fit encore le Persan dans un souffle.

Lui aussi avait vu les corps étendus et il eut un mot pour toutexpliquer : « Lui ! »

La voix du commissaire se faisait alors entendre avec plusd’éclat. Il réclamait des explications sur le système d’éclairage,que le régisseur lui donnait. Le commissaire devait donc se trouverdans le « jeu d’orgue » ou dans ses dépendances. Contrairement à ceque l’on pourrait croire, surtout quand il s’agit d’un théâtred’opéra, le « jeu d’orgue » n’est nullement destiné à faire de lamusique.

À cette époque, l’électricité n’était employée que pour certainseffets scéniques très restreints et pour les sonneries. L’immensebâtiment et la scène elle-même étaient encore éclairés au gaz etc’était toujours avec le gaz hydrogène qu’on réglait et modifiaitl’éclairage d’un décor, et cela au moyen d’un appareil spécialauquel la multiplicité de ses tuyaux a fait donner le nom de « jeud’orgue ».

Une niche était réservée à côté du trou du souffleur, au chefd’éclairage qui, de là, donnait ses ordres à ses employés et ensurveillait l’exécution. C’est dans cette niche que, à toutes lesreprésentations, se tenait Mauclair.

Or, Mauclair n’était point dans sa niche et ses employésn’étaient point à leur place.

« Mauclair ! Mauclair ! »

La voix du régisseur résonnait maintenant dans les dessous commedans un tambour. Mais Mauclair ne répondait pas.

Nous avons dit qu’une porte ouvrait sur un petit escalier quimontait du deuxième dessous. Le commissaire la poussa, mais ellerésista : « Tiens ! Tiens ! fit-il… Voyez donc, monsieurle régisseur, je ne peux pas ouvrir cette porte… est-elle toujoursaussi difficile ? »

Le régisseur, d’un vigoureux coup d’épaule, poussa la porte. Ils’aperçut qu’il poussait en même temps un corps humain et ne putretenir une exclamation : ce corps, il le reconnut tout de suite:

« Mauclair ! »

Tous les personnages qui avaient suivi le commissaire dans cettevisite au jeu d’orgue s’avancèrent, inquiets. « Lemalheureux ! Il est mort », gémit le régisseur.

Mais M. le commissaire Mifroid, que rien ne surprend, était déjàpenché sur ce grand corps.

« Non, fit-il, il est ivre mort ! ça n’est pas la mêmechose.

– Ce serait la première fois, déclara le régisseur.

– Alors, on lui a fait prendre un narcotique… C’est bienpossible. »

Mifroid se releva, descendit encore quelques marches et s’écria:

« Regardez ! »

À la lueur d’un petit fanal rouge, au bas de l’escalier, deuxautres corps étaient étendus. Le régisseur reconnut les aides deMauclair… Mifroid descendit, les ausculta.

« Ils dorment profondément, dit-il. Très curieuse affaire !Nous ne pouvons plus douter de l’intervention d’un inconnu dans leservice de l’éclairage… et cet inconnu travaillait évidemment pourle ravisseur !… Mais quelle drôle d’idée de ravir une artisteen scène !… C’est jouer la difficulté, cela, ou je ne m’yconnais pas ! Qu’on aille me chercher le médecin du théâtre.»

Et M. Mifroid répéta :

« Curieuse ! très curieuse affaire ! »

Puis il se tourna vers l’intérieur de la petite pièce,s’adressant à des personnes que, de l’endroit où ils se trouvaient,ni Raoul ni le Persan ne pouvaient apercevoir.

« Que dites-vous de tout ceci, messieurs ? demanda-t-il. Iln’y a que vous qui ne donnez point votre avis. Vous devez bienavoir cependant une petite opinion… »

Alors, au-dessus du palier, Raoul et le Persan virent s’avancerles deux figures effarées de MM. les directeurs, – on ne voyait queleurs figures au-dessus du palier – et ils entendirent la voix émuede Moncharmin :

« Il se passe ici, monsieur le commissaire, des choses que nousne pouvons nous expliquer. »

Et les deux figures disparurent.

« Merci du renseignement, messieurs », fit Mifroid,goguenard.

Mais le régisseur, dont le menton reposait alors dans le creuxde la main droite, ce qui est le geste de la réflexion profonde,dit :

« Ce n’est point la première fois que Mauclair s’endort authéâtre. Je me rappelle l’avoir trouvé un soir, ronflant dans sapetite niche, à côté de sa tabatière.

– Il y a longtemps de cela ? » demanda M. Mifroid, enessuyant avec un soin méticuleux les verres de son lorgnon, car, M.le commissaire était myope, ainsi qu’il arrive aux plus beaux yeuxdu monde.

« Mon Dieu !… fit le régisseur… non, il n’y a pas bienlongtemps… Tenez !… C’était le soir… Ma foi oui… c’était lesoir où la Carlotta, vous savez bien, monsieur le commissaire, alancé son fameux couac !…

– Vraiment, le soir où la Carlotta a lancé son fameuxcouac ? »

Et M. Mifroid ayant remis sur son nez le binocle aux glacestransparentes, fixa attentivement le régisseur, comme s’il voulaitpénétrer sa pensée.

« Mauclair prise donc ?… demanda-t-il d’un tonnégligent.

– Mais oui, monsieur le commissaire… Tenez, voici justement surcette planchette sa tabatière… Oh ! c’est un grandpriseur.

– Et moi aussi ! » fit M. Mifroid, et il mit la tabatièredans sa poche.

Raoul et le Persan assistèrent, sans que nul soupçonnât leurprésence, au transport des trois corps que des machinistes vinrentenlever. Le commissaire les suivit et tout le monde derrière lui,remonta. On entendit, quelques instants encore, leurs pas quirésonnaient sur le plateau.

Quand ils furent seuls, le Persan fit signe à Raoul de sesoulever. Celui-ci obéit ; mais comme, en même temps, iln’avait point replacé la main haute devant les yeux, prête à tirer,ainsi que le Persan ne manquait pas de le faire, celui-ci luirecommanda de prendre à nouveau cette position et de ne point s’endépartir, quoi qu’il arrivât.

« Mais cela fatigue la main inutilement ! murmura Raoul, etsi je tire, je ne serai plus sûr de moi !

– Changez votre arme de main, alors ! concéda lePersan.

– Je ne sais pas tirer de la main gauche ! »

À quoi le Persan répondit par cette déclaration bizarre, quin’était point faite évidemment pour éclaircir la situation dans lecerveau bouleversé du jeune homme :

« Il ne s’agit point de tirer de la main gauche ou de la maindroite ; il s’agit d’avoir l’une de vos mains placée comme sielle allait faire jouer la gâchette d’un pistolet, le bras étant àdemi replié ; quant au pistolet en lui-même, après tout, vouspouvez le mettre dans votre poche. »

Et il ajouta :

« Que ceci soit entendu, ou je ne réponds plus de rien !C’est une question de vie ou de mort. Maintenant, silence etsuivez-moi ! »

Ils se trouvaient alors dans le deuxième dessous ; Raoul nefaisait qu’entrevoir à la lueur de quelques lumignons immobiles, çàet là, dans leurs prisons de verre, une infime partie de cet abîmeextravagant, sublime et enfantin, amusant comme une boîte deGuignol, effrayant comme un gouffre, que sont les dessous de lascène à l’Opéra.

Ils sont formidables et au nombre de cinq. Ils reproduisent tousles plans de la scène, ses trappes et ses trappillons. Lescostières seules y sont remplacées par des rails. Des charpentestransversales supportent trappes et trappillons. Des poteaux,reposant sur des dés de fonte ou de pierre, de sablières ou «chapeaux de forme », forment des séries de fermes qui permettent delaisser un libre passage aux « gloires » et autres combinaisons outrucs. On donne à ces appareils une certaine stabilité en lesreliant au moyen de crochets de fer et suivant les besoins dumoment. Les treuils, les tambours, les contrepoids sontgénéreusement distribués dans les dessous. Ils servent à manœuvrerles grands décors, à opérer les changements à vue, à provoquer ladisparition subite des personnages de féerie. C’est des dessous,ont dit MM. X., Y., Z., qui ont consacré à l’œuvre de Garnier uneétude si intéressante, c’est des dessous qu’on transforme lescacochymes en beaux cavaliers, les sorcières hideuses en féesradieuses de jeunesse. Satan vient des dessous, de même qu’il s’yenfonce. Les lumières de l’enfer s’en échappent, les chœurs desdémons y prennent place.

… Et les fantômes s’y promènent comme chez eux…

Raoul suivait le Persan, obéissant à la lettre à sesrecommandations, n’essayant point de comprendre les gestes qu’illui ordonnait… se disant qu’il n’avait plus d’espoir qu’en lui.

… Qu’eût-il fait sans son compagnon dans cet effarantdédale ? N’eût-il point été arrêté à chaque pas, parl’entrecroisement prodigieux des poutres et des cordages ? Nese serait-il point pris, à ne pouvoir s’en dépêtrer, dans cettetoile d’araignée gigantesque ?

Et s’il avait pu passer à travers ce réseau de fils et decontrepoids sans cesse renaissant devant lui, ne courait-il pointle risque de tomber dans l’un de ces trous qui s’ouvraient parinstants sous ses pas et dont l’œil n’apercevait point le fond deténèbres !

… Ils descendaient… Ils descendaient encore… Maintenant, ilsétaient dans le troisième dessous.

Et leur marche était toujours éclairée par quelque lumignonlointain…

Plus l’on descendait et plus le Persan semblait prendre deprécautions… Il ne cessait de se retourner vers Raoul et de luirecommander de se tenir comme il le fallait, en lui montrant lafaçon dont il tenait lui-même son poing, maintenant désarmé, maistoujours prêt à tirer comme s’il avait eu un pistolet.

Tout à coup une voix retentissante les cloua sur place.Quelqu’un, au-dessus d’eux, hurlait.

« Sur le plateau tous les “fermeurs de portes” ! Lecommissaire de police les demande. »

… On entendit des pas, et des ombres glissèrent dans l’ombre. LePersan avait attiré Raoul derrière un portant… Ils virent passerprès d’eux, au-dessus d’eux, des vieillards courbés par les ans etle fardeau ancien des décors d’opéra. Certains pouvaient à peine setraîner… ; d’autres, par habitude, l’échine basse et les mainsen avant, cherchaient des portes à fermer.

Car c’étaient les fermeurs de portes… Les anciens machinistesépuisés et dont une charitable direction avait eu pitié. Elle lesavait faits fermeurs de portes dans les dessous, dans les dessus.Ils allaient et venaient sans cesse du haut en bas de la scène pourfermer les portes – et ils étaient aussi appelés en ce temps-là,car depuis, je crois bien qu’ils sont tous morts : « les chasseursde courants d’air. »

Les courants d’air, d’où qu’ils viennent, sont très mauvais pourla voix.[3] Le Persan et Raoul se félicitèrent en aparte de cet incident qui les débarrassait de témoins gênants, carquelques-uns des fermeurs de portes, n’ayant plus rien à faire etn’ayant guère de domicile, restaient par paresse ou par besoin, àl’Opéra, où ils passaient la nuit. On pouvait se heurter à eux, lesréveiller, s’attirer une demande d’explications. L’enquête de M.Mifroid gardait momentanément nos deux compagnons de ces mauvaisesrencontres. Mais ils ne furent point longtemps à jouir de leursolitude… D’autres ombres, maintenant, descendaient le même cheminpar où les « fermeurs de portes » avaient monté. Ces ombres avaientchacune devant elle une petite lanterne… qu’elles agitaient fort,la portant en haut, en bas, examinant tout autour d’elles etsemblant, de toute évidence, chercher quelque chose ou quelqu’un. «Diable ! murmura le Persan… je ne sais pas ce qu’ilscherchent, mais ils pourraient bien nous trouver… fuyons !…vite !… La main en garde, monsieur, toujours prête àtirer !… Ployons le bras, davantage, là !… la main àhauteur de l’œil, comme si vous vous battiez en duel et que vousattendiez le commandant de « feu !… » Laissez donc votrepistolet dans votre poche !… Vite, descendons ! (Ilentraînait Raoul dans le quatrième dessous)… à hauteur de l’œilquestion de vie ou de mort !… Là, par ici, cet escalier !(ils arrivaient au cinquième dessous)… Ah ! quel duel,monsieur, quel duel !… » Le Persan étant arrivé en bas ducinquième dessous, souffla… Il paraissait jouir d’un peu plus desécurité qu’il n’en avait montré tout à l’heure quand tous deuxs’étaient arrêtés au troisième, mais cependant il ne se départaitpas de l’attitude de la main !… Raoul eut le temps des’étonner une fois de plus – sans, du reste, faire aucune nouvelleobservation, aucune ! car en vérité, ce n’était pas le moment– de s’étonner, dis-je, en silence, de cette extraordinaireconception de la défense personnelle qui consistait à garder sonpistolet dans sa poche pendant que la main restait toute prête às’en servir comme si le pistolet était encore dans la main, àhauteur de l’œil ; position d’attente du commandant de «feu ! » dans le duel de cette époque. Et, à ce propos Raoulcroyait pouvoir penser encore ceci : « Je me rappelle fort bienqu’il m’a dit : Ce sont des pistolets dont je suis sûr. » D’où illui semblait logique de tirer cette conclusion interrogative : «Qu’est-ce que ça peut bien lui faire d’être sûr d’un pistolet dontil trouve inutile de se servir ? » Mais le Persan l’arrêtadans ses vagues essais de cogitation. Lui faisant signe de se teniren place, il remonta de quelques degrés l’escalier qu’ils venaientde quitter. Puis rapidement, il revint auprès de Raoul. « Noussommes stupides, lui souffla-t-il, nous allons être bientôtdébarrassés des ombres aux lanternes… Ce sont les pompiers qui fontleur ronde. »[4] Les deux hommes restèrent alors sur ladéfensive pendant au moins cinq longues minutes, puis le Persanentraîna à nouveau Raoul vers l’escalier qu’ils venaient dedescendre ; mais, tout à coup, son geste lui ordonna à nouveaul’immobilité. … Devant eux, la nuit remuait. « À plat ventre !» souffla le Persan. Les deux hommes s’allongèrent sur le sol. Iln’était que temps. … Une ombre qui ne portait cette fois aucunelanterne, … une ombre simplement dans l’ombre passait. Elle passaprès d’eux à les toucher. Ils sentirent, sur leurs visages, lesouffle chaud de son manteau… Car ils purent suffisamment ladistinguer pour voir que l’ombre avait un manteau qui l’enveloppaitde la tête aux pieds. Sur la tête, un chapeau de feutre mou. … Elles’éloigna, rasant les murs du pied et quelquefois, donnant, dansles coins, des coups de pied aux murs. – C’est quelqu’un de lapolice du théâtre ? demanda Raoul. – C’est quelqu’un de bienpis ! répondit sans autre explication le Persan.[5] « Ouf ! fit le Persan… nous l’avonséchappé belle… Cette ombre me connaît et m’a déjà ramené deux foisdans le bureau directorial. – Ce n’est pas… lui ? –Lui ?… s’il n’arrive pas par-derrière, nous verrons toujoursles yeux d’or !… C’est un peu notre force dans la nuit. Maisil peut arriver par-derrière… à pas de loup… et nous sommes mortssi nous ne tenons pas toujours nos mains comme si elles allaienttirer, à hauteur de l’œil, par-devant ! » Le Persan n’avaitpas fini de formuler à nouveau cette « ligne d’attitude » que,devant les deux hommes, une figure fantastique apparut. … Unefigure tout entière… un visage ; non point seulement deux yeuxd’or. … Mais tout un visage lumineux… toute une figure enfeu ! Oui, une figure en feu qui s’avançait à hauteur d’homme,mais sans corps ! Cette figure dégageait du feu. Elleparaissait, dans la nuit, comme une flamme à forme de figured’homme. « Oh ! fit le Persan dans ses dents, c’est lapremière fois que je la vois !… Le lieutenant de pompiersn’était pas fou ! Il l’avait bien vue, lui !… Qu’est-ceque c’est que cette flamme-là ? Ce n’est pas lui ! maisc’est peut-être lui qui nous l’envoie !… Attention !…Attention !… Votre main à hauteur de l’œil, au nom duCiel !… à hauteur de l’œil ! » La figure en feu, quiparaissait une figure d’enfer – de démon embrasé – s’avançaittoujours à hauteur d’homme, sans corps, au-devant des deux hommeseffarés… « Il nous envoie peut-être cette figure-là par-devant,pour mieux nous surprendre par-derrière… ou sur les côtés… on nesait jamais avec lui !… Je connais beaucoup de sestrucs !… mais celui-là !… celui-là… je ne le connais pasencore !… Fuyons !… par prudence !… n’est-cepas ?… par prudence !… la main à hauteur de l’œil. » Etils s’enfuirent, tous les deux, tout au long du long corridorsouterrain qui s’ouvrait devant eux. Au bout de quelques secondesde cette course, qui leur parut de longues, longues minutes, ilss’arrêtèrent. « Pourtant, dit le Persan, il vient rarement parici ! Ce côté-ci ne le regarde pas !… Ce côté-ci neconduit pas au Lac ni à la demeure du Lac !… Mais il saitpeut-être que nous sommes à ses trousses !… bien que je luiaie promis de le laisser tranquille désormais et de ne plusm’occuper de ses histoires. » Ce disant, il tourna la tête, etRaoul aussi tourna la tête. Or, ils aperçurent encore la tête enfeu derrière leurs deux têtes. Elle les avait suivis… Et elle avaitdû courir aussi et peut-être plus vite qu’eux, car il leur parutqu’elle s’était rapprochée. En même temps, ils commencèrent àdistinguer un certain bruit dont il leur était impossible dedeviner la nature ; ils se rendirent simplement compte que cebruit semblait se déplacer et se rapprocher avec laflamme-figure-d’homme. C’étaient des grincements ou plutôtcrissements, comme si des milliers d’ongles se fussent éraillés autableau noir, bruit effroyablement insupportable qui est encoreproduit quelquefois par une petite pierre à l’intérieur du bâton decraie qui vient grincer contre le tableau noir. Ils reculèrentencore, mais la figure-flamme avançait, avançait toujours, gagnantsur eux. On pouvait voir très bien ses traits maintenant. Les yeuxétaient tout ronds et fixes, le nez un peu de travers et la bouchegrande avec une lèvre inférieure en demi-cercle, pendante ; àpeu près comme les yeux, le nez et la lèvre de la lune, quand lalune est toute rouge, couleur de sang. Comment cette lune rougeglissait-elle dans les ténèbres, à hauteur d’homme sans pointd’appui, sans corps pour la supporter, du moins apparemment ?Et comment allait-elle si vite, tout droit, avec ses yeux fixes, sifixes ? Et tout ce grincement, craquement, crissement qu’elletraînait avec elle, d’où venait-il ? À un moment, le Persan etRaoul ne purent plus reculer et ils s’aplatirent contre lamuraille, ne sachant ce qu’il allait advenir d’eux à cause de cettefigure incompréhensible de feu et surtout, maintenant, du bruitplus intense, plus grouillant, plus vivant, très « nombreux », carcertainement ce bruit était fait de centaines de petits bruits quiremuaient dans les ténèbres, sous la tête-flamme. Elle avance, latête-flamme… la voilà ! avec son bruit !… la voilà àhauteur !… Et les deux compagnons, aplatis contre la muraille,sentent leurs cheveux se dresser d’horreur sur leurs têtes, car ilssavent maintenant d’où viennent les mille bruits. Ils viennent entroupe, roulés dans l’ombre par d’innombrables petits flotspressés, plus rapides que les flots qui trottent sur le sable, à lamarée montante, des petits flots de nuit qui moutonnent sous lalune, sous la lune-tête-flamme. Et les petits flots leur passentdans les jambes, leur montent dans les jambes, irrésistiblement.Alors, Raoul et le Persan ne peuvent plus retenir leurs crisd’horreur, d’épouvante et de douleur. Ils ne peuvent plus, nonplus, continuer de tenir leurs mains à hauteur de l’œil, – tenue duduel au pistolet à cette époque, avant le commandement de : «Feu ! » – Leurs mains descendent à leurs jambes pour repousserles petits îlots luisants, et qui roulent des petites chosesaiguës, des flots qui sont pleins de pattes, et d’ongles, et degriffes, et de dents. Oui, oui, Raoul et le Persan sont prêts às’évanouir comme le lieutenant de pompiers Papin. Mais la tête-feus’est retournée vers eux à leur hurlement. Et elle leur parle : «Ne bougez pas ! Ne bougez pas !… Surtout, ne me suivezpas !… C’est moi le tueur de rats !… Laissez-moi passeravec mes rats !… » Et brusquement, la tête-feu disparaît,évanouie dans les ténèbres, cependant que devant elle le couloir,au loin s’éclaire, simple résultat de la manœuvre que le tueur derats vient de faire subir à sa lanterne sourde. Tout à l’heure,pour ne point effaroucher les rats devant lui, il avait tourné salanterne sourde sur lui-même, illuminant sa propre tête ;maintenant, pour hâter sa fuite, il éclaire l’espace noir devantelle… Alors il bondit, entraînant avec lui tous les flots de rats,grimpants, crissants, tous les mille bruits… Le Persan et Raoul,libérés, respirent, quoique tremblants encore. « J’aurais dû merappeler qu’Érik m’avait parlé du tueur de rats, fit le Persan,mais il ne m’avait pas dit qu’il se présentait sous cet aspect… etc’est bizarre que je ne l’aie jamais rencontré.[6] «Ah ! j’ai bien cru que c’était encore là l’un des tours dumonstre !… soupira-t-il… Mais non, il ne vient jamais dans cesparages ! – Nous sommes donc bien loin du lac ?interrogea Raoul. Quand donc arriverons-nous, monsieur ?…Allons au lac ! Allons au lac !… Quand nous serons au lacnous appellerons, nous secouerons les murs, nous crierons !…Christine nous entendra !… Et Lui aussi nous entendra !…Et puisque vous le connaissez, nous lui parlerons ! –Enfant ! fit le Persan… Nous n’entrerons jamais dans lademeure du Lac par le lac ! – Pourquoi cela ? – Parce quec’est là qu’il a accumulé toute sa défense… Moi-même je n’ai jamaispu aborder sur l’autre rive !… sur la rive de lamaison !… Il faut traverser le lac d’abord… et il est biengardé !… Je crains que plus d’un de ceux – anciensmachinistes, vieux fermeurs de portes, – que l’on n’a jamais revus,n’aient simplement tenté de traverser le lac… C’est terrible… J’aifailli moi-même y rester… Si le monstre ne m’avait reconnu àtemps !… Un conseil, monsieur, n’approchez jamais du lac… Etsurtout, bouchez-vous les oreilles si vous entendez chanter la Voixsous l’eau, la voix de la Sirène. – Mais alors, reprit Raoul dansun transport de fièvre, d’impatience et de rage, que faisons-nousici ?… Si vous ne pouvez rien pour Christine, laissez-moi aumoins mourir pour elle. » Le Persan essaya de calmer le jeunehomme. « Nous n’avons qu’un moyen de sauver Christine Daaé,croyez-moi, c’est de pénétrer dans cette demeure sans que lemonstre s’en aperçoive. – Nous pouvons espérer cela,monsieur ? – Eh ! si je n’avais pas cet espoir-là, je neserais pas venu vous chercher ! – Et par où peut-on entrerdans la demeure du Lac, sans passer par le lac ? – Par letroisième dessous, d’où nous avons été si malencontreusementchassés… monsieur, et où nous allons retourner de ce pas… Je vaisvous dire, monsieur, fit le Persan, la voix soudain altérée… jevais vous dire l’endroit exact… Cela se trouve entre une ferme etun décor abandonné du Roi de Lahore, exactement, exactement àl’endroit où est mort Joseph Buquet… – Ah ! ce chef machinisteque l’on a trouvé pendu ? – Oui, monsieur, ajouta sur unsingulier ton le Persan, et dont on n’a pu retrouver lacorde !… Allons ! du courage… et en route !… etremettez votre main en garde, monsieur… Mais où sommes-nousdonc ? » Le Persan dut allumer à nouveau sa lanterne sourde.Il en dirigea le jet lumineux sur deux vastes corridors qui secroisaient à angle droit et dont les voûtes se perdaient àl’infini. « Nous devons être, dit-il ; dans la partie réservéeplus particulièrement au service des eaux… Je n’aperçois aucun feuvenant des calorifères. » Il précéda Raoul, cherchant son chemin,s’arrêtant brusquement quand il redoutait le passage de quelquehydraulicien, puis ils eurent à se garer de la lueur d’une sorte deforge souterraine que l’on finissait d’éteindre et devant laquelleRaoul reconnut les démons entr’aperçus par Christine lors de sonpremier voyage au jour de sa première captivité. Ainsi, ilsrevenaient peu à peu jusque sous les prodigieux dessous de lascène. Ils devaient être alors tout au fond de la cuve, à une trèsgrande profondeur, si l’on songe que l’on a creusé la terre àquinze mètres au-dessous des couches d’eau qui existaient danstoute cette partie de la capitale ; et l’on dut épuiser toutel’eau… On en retira tant que, pour se faire une idée de la massed’eau expulsée par les pompes, il faudrait se représenter ensurface la cour du Louvre et en hauteur une fois et demie les toursde Notre-Dame. Tout de même, il fallut garder un lac. À ce moment,le Persan toucha une paroi et dit : « Si je ne me trompe, voici unmur qui pourrait bien appartenir à la demeure du Lac ! » Ilfrappait alors contre une paroi de la cuve. Et peut-être n’est-ilpoint inutile que le lecteur sache comment avaient été construitsle fond et les parois de la cuve. Afin d’éviter que les eaux quientourent la construction ne restassent en contact immédiat avecles murs soutenant tout l’établissement de la machinerie théâtraledont l’ensemble de charpentes, de menuiserie, de serrurerie, detoiles peintes à la détrempe doit être tout spécialement préservéde l’humidité, l’architecte s’est vu dans la nécessité d’établirpartout une double enveloppe. Le travail de cette double enveloppedemanda toute une année. C’est contre le mur de la premièreenveloppe intérieure que frappait le Persan en parlant à Raoul dela demeure du Lac. Pour quelqu’un qui eût connu l’architecture dumonument, le geste du Persan semblait indiquer que la mystérieusemaison d’Érik avait été construite dans la double enveloppe, forméed’un gros mur construit en batardeau, puis par un mur de briques,une énorme couche de ciment et un autre mur de plusieurs mètresd’épaisseur. Aux paroles du Persan, Raoul s’était jeté contre laparoi, et avidement avait écouté. … Mais il n’entendit rien… rienque des pas lointains qui résonnaient sur le plancher dans lesparties hautes du théâtre. Le Persan avait à nouveau éteint salanterne. « Attention ! fit-il… gare à la main ! etmaintenant silence ! car nous allons essayer encore depénétrer chez lui. » Et il l’entraîna jusqu’au petit escalier quetout à l’heure ils avaient descendu. … Ils remontèrent, s’arrêtantà chaque marche, épiant l’ombre et le silence… Ainsi seretrouvèrent-ils au troisième dessous… Le Persan fit alors signe àRaoul de se mettre à genoux, et c’est ainsi, en se traînant sur lesgenoux et sur une main – l’autre main étant toujours dans laposition indiquée – qu’ils arrivèrent contre la paroi du fond.Contre cette paroi, il y avait une vaste toile abandonnée du décordu Roi de Lahore. … Et, tout près de ce décor, un portant… Entre cedécor et ce portant, il y avait tout juste la place d’un corps. …Un corps, qu’un jour on avait trouvé pendu… le corps de JosephBuquet. Le Persan, toujours sur ses genoux, s’était arrêté… Ilécoutait. Un moment, il sembla hésiter et regarda Raoul, puis sesyeux se fixèrent au-dessus, vers le deuxième dessous, qui leurenvoyait la faible lueur d’une lanterne, dans l’intervalle de deuxplanches. Évidemment, cette lueur gênait le Persan. Enfin, il hochala tête et se décida. Il se glissa entre le portant et le décor duRoi de Lahore. Raoul était sur ses talons. La main libre du Persantâtait la paroi. Raoul le vit un instant appuyer fortement sur laparoi comme il avait appuyé sur le mur de la loge de Christine… …Et une pierre bascula… Il y avait maintenant un trou dans la paroi…Le Persan sortit cette fois son pistolet de sa poche et indiqua àRaoul qu’il devait l’imiter. Il arma le pistolet. Et résolument,toujours à genoux il s’engagea dans le trou que la pierre, enbasculant, avait fait dans le mur. Raoul, qui avait voulu passer lepremier, dut se contenter de le suivre. Ce trou était fort étroit.Le Persan s’arrêta presque tout de suite. Raoul l’entendait tâterla pierre autour de lui. Et puis, il sortit encore sa lanternesourde et se pencha en avant, examina quelque chose sous lui etéteignit aussitôt la lanterne. Raoul l’entendit qui lui disait dansun souffle : « Il va falloir nous laisser tomber de quelquesmètres, sans bruit ; défaites vos bottines. » Le Persanprocédait déjà lui-même à cette opération. Il passa ses chaussuresà Raoul. « Déposez-les, fit-il, au-delà du mur… Nous lesretrouverons en sortant. »[7] Sur ce, lePersan avança un peu. Puis, il se retourna tout à fait, toujours àgenoux et se trouva ainsi tête à tête avec Raoul. Il lui dit : « Jevais me suspendre par les mains à l’extrémité de la pierre et melaisser tomber dans sa maison. Ensuite, vous ferez exactement commemoi. N’ayez crainte : je vous recevrai dans mes bras. » Le Persanfit comme il le disait ; et, au-dessous de lui, Raoul entenditbientôt un bruit sourd qui était produit évidemment par la chute duPersan. Le jeune homme tressaillit dans la crainte que ce bruit nerévélât leur présence. Cependant, plus que ce bruit, l’absence detout autre bruit était pour Raoul un affreux sujet d’angoisse.Comment ! d’après le Persan, ils venaient de pénétrer dans lesmurs mêmes de la demeure du Lac, et l’on n’entendait pointChristine !… Pas un cri !… Pas un appel !… Pas ungémissement !… Grands dieux ! arriveraient-ils troptard ?… Raclant, de ses genoux, la muraille, s’accrochant à lapierre de ses doigts nerveux, Raoul, à son tour, se laissa tomber.Et aussitôt il sentit une étreinte. « C’est moi ! fit lePersan, silence ! » Et ils restèrent immobiles, écoutant…Jamais, autour d’eux, la nuit n’avait été plus opaque… Jamais lesilence plus pesant ni plus terrible… Raoul s’enfonçait les onglesdans les lèvres pour ne pas hurler : « Christine ! C’estmoi !… Réponds-moi si tu n’es pas morte, Christine ? »Enfin, le jeu de la lanterne sourde recommença. Le Persan endirigea les rayons au-dessus de leurs têtes, contre la muraille,cherchant le trou par lequel ils étaient venus et ne le trouvantplus… « Oh ! fit-il… la pierre s’est refermée d’elle-même. »Et le jet lumineux de la lanterne descendit le long du mur, puisjusqu’au parquet. Le Persan se baissa et ramassa quelque chose, unesorte de fil qu’il examina une seconde et rejeta avec horreur. « Lefil du Pendjab ! murmura-t-il. – Qu’est-ce ? demandaRaoul. – Ça, répondit le Persan en frissonnant, ça pourrait bienêtre la corde du pendu que l’on a tant cherchée !… » Et,subitement pris d’une anxiété nouvelle, il promena le petit disquerouge de sa lanterne sur les murs… Ainsi il éclaira, événementbizarre, un tronc d’arbre qui semblait encore tout vivant avec sesfeuilles… et les branches de cet arbre montaient tout le long de lamuraille et allaient se perdre dans le plafond. À cause de lapetitesse du disque lumineux, il était difficile d’abord de serendre compte des choses… on voyait un coin de branches… et puisune feuille… et une autre… et à côté, on ne voyait rien du tout…rien que le jet lumineux qui semblait se refléter lui-même… Raoulglissa sa main sur ce rien du tout, sur ce reflet… « Tiens !fit-il… le mur, c’est une glace ! – Oui ! uneglace ! » dit le Persan, sur le ton de l’émotion la plusprofonde. Et il ajouta, en passant sa main qui tenait le pistoletsur son front en sueur : « Nous sommes tombés dans la chambre dessupplices ! »

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