New York Tic Tac

LA PAUME DE TOBIN

Un jour Tobin et moi on s’en va ensemble à Coney[2] parce qu’on avait quatre dollars à nousdeux et que Tobin avait besoin de distractions. C’était à cause deKatie Mahorner, sa bonne amie, de County Sligo, qui était perduedepuis bientôt trois mois qu’elle était partie pour l’Amérique avecdeux cents dollars d’économie, plus cent dollars qui provenaient dela vente d’un immeuble dont Tobin avait hérité – un joli cottageavec des cochons sur le Bog Shannaugh. Et depuis la lettre queTobin avait reçue, et dans laquelle elle disait qu’elle s’étaitmise en route pour venir le retrouver, Tobin n’avait plus jamaisentendu parler de Katie Mahorner. Il avait fait passer des annoncesdans les journaux, mais ça n’avait pas donné de résultats.

Alors, Tobin et moi, on s’en va tous les deux à Coney, dansl’espoir qu’un tour de manège et l’odeur des cacahuètes grilléespourraient le remonter un peu. Mais Tobin est une vraie tête debois, et le cafard colle à son crâne comme de la glu. Il grince desdents devant les derviches hurleurs, il envoie le cinéma à tous lesdiables, et, bien qu’il ne refuse jamais chaque fois que je luioffre à boire, il ricane d’un air insultant au théâtre de Guignol,et c’est tout juste s’il ne flanque pas une volée aux photographesqui insistent pour faire son portrait.

Alors je l’entraîne sur les allées en planches vers un autredistrict où les attractions sont un peu moins violentes. Arrivédevant une petite baraque de deux mètres sur trois, Tobin s’arrête,et je discerne une lueur un tantinet plus humaine dans sonregard.

« C’est ici, dit-il, que j’vais me distraire. J’vais faireexaminer la paume de ma main par la Miraculeuse Palmiste du Nil, etvoir si ce qui doit arriver arrivera. »

Tobin croit dur comme fer aux signaux cabalistiques et àl’existence du surnaturel dans la nature. Il a des convictionsillégales en son for intérieur, particulièrement en ce qui concerneles chats noirs, les nombres favorables et les prévisionsmétéorologiques des journaux.

Donc nous entrons dans le poulailler enchanté, qui a un aspectmystérieux composé de toile rouge et de mains symboliques, avec deslignes qui les traversent dans tous les sens, comme une carte dechemin de fer. L’enseigne au-dessus de la porte dit que c’est Mrs.Zozo, la Chiromancienne Égyptienne. À l’intérieur, nous trouvonsune grosse femme en robe de chambre rouge, avec des zérogliffes etdes salamandres brodées sur la devanture. Tobin donne ses dix centset tend l’une de ses mains – une main qui a l’air d’un sabot depercheron.

Mrs. Zozo s’en empare et la scrute, afin de s’assurer si c’estpour une entaille à la fourchette que le client est venu, ou pourse faire ferrer.

« Homme, dit cette Mrs. Zozo, l’art infaillible de laChiromancie supplante… »

Tobin l’interrompt d’un air digne.

« Pardon, qu’il dit, c’est pas su’la plante de mon piedqu’vous travaillez. Bien sûr c’est pas une beauté, mais c’est lapaume de ma main qu’vous tenez.

– La ligne de votre destin, reprend Madame, montre que vousavez été récemment la victime du mauvais sort. Et même que ce n’estpas fini. Votre mont de Vénus – à moins que ça ne soit uneenflure ?… – révèle que vous êtes amoureux. Votre existencevient d’être bouleversée à cause de votr’bonne amie.

– C’est à Katie Mahorner qu’elle fait allusion, murmureTobin d’une voix puissante en se tournant vers moi.

– Je vois, dit la Palmiste, un tas de soucis et detribulations dus à une personne que vous ne pouvez pas oublier. Jevois que les lignes de désignation indiquent la présence en son nomde la lettre K et de la lettre M…

– Hein ! me fait Tobin, t’entends ça ?

– Méfiez-vous, poursuit la linéamenteuse, d’un homme brunet d’une femme blonde ; car ils vous causeront du tracas. Vousferez prochainement un voyage sur l’eau et vous subirez une pertefinancière. Je vois aussi une ligne annonciatrice de bonne chance.Il y a un homme qui va traverser votre existence et vous porterabonheur. Vous le reconnaîtrez à son nez crochu.

– Est-ce que son nom n’est pas écrit aussi ? demandeTobin. Ça serait plus commode pour le saluer quand il s’présenterapour livrer le paquet d’veine…

– Son nom, dit la paumeuse d’un air pensif, ne se lit pasdans les lignes, mais celles-ci suggèrent que c’est un nom assezlong et qu’il contient la lettre O. C’est tout ce que je puis vousdire. Bonsoir. N’obstruez pas l’entrée.

– C’est merveilleux tout ce qu’elle sait », dit Tobintandis que nous nous dirigeons vers le quai d’embarquement.

Au moment où nous franchissons la grille au milieu d’une fouleépaisse, voilà qu’un nègre trop comprimé plante son cigare allumésur l’oreille de Tobin, et aussitôt il y a du grabuge. Tobin cognesur le nègre, les femmes se mettent à hurler, et c’est seulementgrâce à ma présence d’esprit que Tobin se trouve hors de la bagarreavant que la police arrive. Tobin est généralement dangereux quandil est plongé dans les distractions.

Sur le bateau qui nous ramène à New York, quand passe le garçonavec son plateau de bocks frais et mousseux, Tobin sent le besoinde refaire le plein du réservoir, et il fouille dans sa poche pouren extirper la monnaie, mais il trouve le domicile évacué :quelqu’un avait profité de la commotion générale pour luisubtiliser son argent. Alors nous sommes réduits à nous asseoir ausec, en écoutant les Dagos jouer du violon sur le pont. Si c’estpossible, Tobin paraît encore plus déprimé et plus impatient de sesmalheurs que quand nous sommes partis.

Sur une chaise, près de la rambarde, il y avait une jeune femmehabillée en polychrome, avec des cheveux couleur « pipe enécume de mer non culottée ». En passant près d’elle, Tobin luimarche sur le pied sans le faire exprès, et, toujours poli avec lesdames comme toutes les fois qu’il est un peu soûl, il s’excuse entirant son chapeau d’une manière chevaleresque et giratoire. Maisen faisant ça il heurte un poteau de la main, et le vent emporte lechapeau par-dessus bord.

Tobin retourne s’asseoir, et je commence à le regarder d’un œilméfiant, car ses malheurs deviennent un peu trop fréquents. Il estsujet, lorsque la malchance le poursuit ainsi, à des lubiesdésobligeantes ; telles que celle qui consiste à donner descoups de pied au premier monsieur bien habillé qu’il rencontre, ouencore à essayer de prendre le commandement du bateau.

Tout à coup, Tobin m’attrape le bras, l’air très excité.

« John, qu’il dit, sais-tu c’qu’on est en traind’faire ? On est en train d’faire un voyage surl’eau !

– Là, là, doucement ! dis-je. Tiens-toi un peu. Nousallons débarquer dans dix minutes.

– Regarde, reprend-il, la dame blonde sur le banc !…Et tu n’as pas oublié l’homme noir qui m’a brûlé l’oreille ?Et mon argent, un dollar soixante-cinq, est-ce qu’il n’est pasparti ? »

Je me dis qu’il ne fait qu’additionner ses catastrophes, afin detrouver une excuse à ses futures violences, selon la coutume deshommes, et je m’efforce de lui faire entendre que toutes ces chosesne sont que peccadilles.

« Écoute, dit Tobin, tu piges rien au don de prophétie niaux miracles de l’inspiration. Qu’est-ce que la paumière a ditqu’elle avait lu dans ma main ? Tout s’réalise devant nosyeux ! “Attention, qu’elle a dit, à un homme brun et à unefemme blonde, parce qu’ils vous donneront du tintouin !”Alors, qu’est-ce que tu fais de ce nègre ? C’est vrai que jelui ai rendu la monnaie, mais, est-ce qu’il n’était pas brun ?Et la petite femme à cause de qui que mon chapeau est tombé dansl’eau, y a-t-i’ plus blonde qu’elle ? Et mon argent, un dollarsoixante-cinq que j’avais dans ma poche quand on a quitté labaraque de tir – pffuitt ! – t’appelles pas ça une pertefinancière ? »

La façon dont Tobin présente les choses semble en effetcorroborer l’art de la prédiction, bien qu’à mon avis cesaccidents-là peuvent arriver à n’importe qui à Coney sans qu’onsoit forcé d’y impliquer la paumisterie.

Tobin se lève et fait le tour du pont en dévisageant fixementles passagers de ses petits yeux rouges. Je lui réclame uneinterprétation de ses mouvements. On ne sait jamais ce que Tobin adans l’esprit tant qu’il n’a pas commencé à le mettre àexécution.

« Tu devrais comprendre, dit-il, que j’suis en traind’travailler au salut promis par les lignes de ma main. Je cherchel’homme au nez crochu qui doit m’porter la veine. Y a qu’ça pour mesauver. Mais dis, John, as-tu jamais vu un sacré plus grand tas denez droits qu’ceux qu’y a sur ce bateau ? »

Il est neuf heures et demie du soir quand on débarque, et nousvoilà partis à pied dans la Vingt-Deuxième Rue, Tobin toujours sanschapeau.

Au premier carrefour, je repère un homme qui se tient sous leréverbère, et qui regarde la lune par-dessus le métro aérien. Ilest grand, correctement vêtu, et projette un cigare entre sesdents ; et je discerne avec émotion que son nez s’incurveviolemment du haut en bas, tel un serpent qui se tortille. Tobinl’aperçoit en même temps que moi, et je l’entends pousser un petitsoupir, comme celui d’un cheval à qui on vient d’enlever la selle.Il marche tout droit sur l’homme et je le suis.

« Salut bonsoir ! » fait Tobin.

L’homme décroche son cigare et retourne le compliment d’un airsociable.

« Voudriez-vous, demande Tobin, nous dire votre nom, pourqu’on jette un coup d’œil sur ses dimensions ? Ça s’pourraitbien qu’on doive absolument faire votr’connaissance.

– Mon nom, fait l’homme courtoisement, est Frieden-hausman– Maximus G. Friedenhausman.

– Y a bien la bonne distance ! dit Tobin. Est-ce queça s’écrit avec un O quelque part dans le sens de lalongueur ?

– En vérité, non ! dit l’homme.

– Est-ce que ça peut s’écrire avec un O ? demandeTobin que l’anxiété commence à gagner.

– Au cas où votre conscience, dit l’homme au nezcirconvoluté, ne serait pas familiarisée avec les idiomesétrangers, vous pourriez à la rigueur, si cela peut voussatisfaire, insinuer la lettre en question dans la syllabepénultième.

– Bon ! fait Tobin. Vous êtes en présence de JohnMalone et Daniel Tobin.

– Très honoré, dit l’homme en s’inclinant. Et maintenant,comme il m’est difficile de concevoir que vous ayez songé à donnerune petite soirée alphabétique au coin d’une rue, pourriez-vousm’expliquer pour quelle raison plausible vous êtes enliberté ? »

Tobin tente de proférer une sorte d’explication.

« C’est par les deux signes que vous exhibez, répond-il,d’après la lecture des lignes de ma plante par la grande PaumièreÉgyptienne, que vous avez été désigné par le Bon Sort pour contreravec un paquet de veine les chapelets de poisse enfilés par unnègre et une femme blonde qui allongeait ses jambes sur le pont dubateau, sans compter une perte financière d’un dollarsoixante-cinq, le tout accompli selon les règles du jeu. »

L’homme cesse de fumer et dirige ses regards sur moi.

« Avez-vous, qu’il demande, quelques amendements à apporterà cette assertion, ou en êtes-vous un aussi ? Je pensais,d’après votre configuration extérieure, qu’on vous l’avait confiéen garde.

– Rien à signaler, lui dis-je, sinon que, aussi vrai qu’unfer à sabot ressemble à un soulier de cheval, vous êtes levéritable article porte-veine annoncé par la main de mon ami.Sinon, eh bien il est possible que les lignes de la main de Dannysoient de travers, j’en sais rien.

– Ils le sont tous les deux, fait l’homme au nez crochu enjetant des deux côtés de la rue des regards en quête d’unpoliceman. Enchanté de vous avoir rencontrés. Bonnenuit. »

Là-dessus, il fourre son cigare dans sa bouche et traverse larue, d’un bon train. Mais Tobin s’agglutine à l’un de ses côtés, etmoi à l’autre.

« Quoi ! fait-il, en s’arrêtant sur le trottoiropposé, et en repoussant son chapeau en arrière. Vous mesuivez ? Je vous le répète, qu’il dit d’une voix puissante, jesuis très heureux d’avoir fait votre connaissance. Mais à présentil me serait agréable de me passer de vous. Je rentre à lamaison.

– Allez-y ! fait Tobin, qui s’appuie familièrementcontre l’homme. Rentrez à la maison. Je m’assoirai devant la portejusqu’à ce que vous sortiez demain matin. Car c’est à vous qu’ilappartient d’obvier à la malédiction du nègre, de la dame blonde etde la perte financière.

– C’est une étrange hallucination, dit l’homme en setournant vers moi, qu’il considère comme un lunatique moinsdangereux. Ne vaudrait-il pas mieux que vous le rameniez chezlui ?

– Écoutez, lui dis-je, Daniel est aussi raisonnable en cemoment qu’il ne l’a jamais été. Peut-être qu’il se trouvelégèrement désaxé par suite d’une absorption de boissonssusceptible de perturber ses esprits, plutôt que de les affermir.Mais il ne fait que suivre fidèlement le sentier légitime de sessuperstitions et présages, ainsi que j’vais vous l’expliquer.Hum ! »

Là-dessus, je lui relate les faits concernant la Femme Augure etcomment le doigt de la suspicion le désigne comme l’instrument dela bonne fortune.

« Et maintenant, dis-je en concluant, tâchez de comprendrema position dans cette bagarre. Je suis l’ami de mon ami Tobin,selon ma conviction présomptive. Il est toujours agréable d’êtrel’ami des riches, parce que ça rapporte ; ce n’est pas durd’être l’ami des pauvres, parce qu’on se sent tout gonflé degratitude et qu’on a son portrait affiché sur les murs avec un seaude charbon et un orphelin dans chaque main. Mais c’est une épreuveécrasante pour l’art de l’amitié que d’être l’ami fidèle d’un idiotde naissance. Et c’est mon cas, dis-je. Car à mon avis, en fait defortune, tout c’qu’on peut lire dans la paume de ma main y a étéimprimé par le manche d’un outil. Et, bien que vous soyez affublédu nez le plus crochu de New York, je doute qu’aucun marchand deprédilections puisse extraire cent sous de veine de vos glandeslactigènes – pardon monsieur ! Mais les lignes de la main deDanny vous ont désigné pour sûr, et je l’assisterai dans sonexpérience avec vous jusqu’à ce qu’il soit convaincu que vous êtesune nourrice sèche – excusez-moi. »

Là-dessus, l’homme se met tout à coup à éclater de rire. Ils’appuie contre un mur et rigole à perte de vue. Puis il nous donnedes claques dans le dos à Tobin et à moi ; et il nous prendpar le bras tous les deux :

« C’est ma faute ! qu’il s’écrie. Comment aurais-je pum’attendre à tomber, au coin d’une rue, sur quelque chose d’aussimerveilleux et splendide ? Un peu plus et je me montraisindigne du niveau des circonstances. À quelques pas d’ici, dit-il,se trouve un petit café confortable et propice à l’ébattement desidiosyncrasies. Allons-y boire un coup tout en discutantl’inefficacité du catégorique. »

Ayant ainsi parlé, il nous entraîne, Tobin et moi, dans la salledu fond d’un bistrot, commande les consommations et pose l’argentsur la table. Il nous contemple, Tobin et moi, comme si nous étionsses deux frères, et nous offre à chacun un cigare.

« Apprenez, dit l’homme du Destin, que la voie que j’aichoisie pour cheminer dans l’existence s’intitule littéraire. Jevagabonde la nuit à la recherche d’idiosyncrasies dans les masseset de vérités dans les cieux. Lorsque vous m’abordâtes, j’étais entrain de contempler le chemin de fer aérien dans sa conjonctionavec le principal luminaire du firmament. Le rapide véhiculereprésente l’art et la poésie ; la lune n’est qu’un corpsaride et fastidieux animé d’un banal mouvement giratoire. Mais cesont là des opinions personnelles, car, en littérature, lespropositions sont généralement interverties. C’est mon espoird’écrire un jour un livre pour expliquer les choses étranges quej’ai découvertes dans la vie.

– Vous allez me mettre dans un livre ? fait Tobindégoûté. Me mettre dans un livre, moi ?

– Non, dit l’homme, vous ne tiendriez pas sous lacouverture. Pas encore. La seule chose que je puisse faire pour lemoment est de goûter solitairement la jouissance que votre présencem’infuse, car il est encore trop tôt pour vous permettre de fairecraquer les entournures de la typographie. Imprimé, vous auriezl’air outrageusement fantastique et irréel. C’est moi tout seulqui, temporairement, siroterai cette coupe de joie. Mais je vousremercie, amis : je vous suis vraiment fort obligé.

– Votr’bagout, dit Tobin en soufflant dans la mousse debière et en frappant du poing sur la table, me fait mal au grandsynthétique. C’est du bonheur que j’devais récolter dans lesvirages de votr’nez, mais vous êtes aussi stérile qu’une baguettede tambour. Avec vos roucoulades sur les bouquins, vous me faitesl’effet du vent qui souffle à travers une fente. Et j’serais toutprêt d’penser que la paume de ma main a menti s’il n’y avait pas eul’histoire du nègre et de la dame blonde, et…

– Peuh ! fait l’homme, vous laisserez-vous égarer parla physionomie ? Mon nez fera ce qu’il pourra dans la mesurede ses moyens et dimensions. Allons ! faisons remplir cesverres : il est bon de tenir au frais les idiosyncrasies, carelles sont sujettes à se détériorer sous l’action d’une atmosphèremorale trop aride. »

Et le spécialiste en littérature prouve son identité, à monavis, en payant joyeusement toutes les consommations – le capitalde Tobin et le mien ayant été épuisés par les prédictions. MaisTobin paraît vexé, et il boit d’un air sombre, tandis que le rougecommence à lui monter aux yeux.

Comme il va être onze heures, nous sortons enfin et nous voilàtous les trois sur le trottoir. Alors l’homme nous informe qu’illui faut rentrer chez lui, et il nous invite, Tobin et moi, àl’accompagner. À deux blocs de là, nous arrivons dans une ruetransversale bordée d’une enfilade de maisons en briques, presquetoutes pareilles avec leur perron d’une altitude élevée et leurgrille en fer inouvragé. L’homme s’arrête devant l’une d’elles et,levant la tête, constate que les fenêtres des étages supérieurs nesont pas éclairées.

« C’est mon humble demeure, dit-il, et je commence àdiscerner, à certains signes infaillibles, que mon épouse s’estplongée dans le sommeil. Aussi vais-je courir le risque d’unepetite aventure hospitalière. Faites-moi le plaisir de vousintroduire dans la pièce du rez-de-chaussée, où nous allons casserla croûte en l’arrosant de rafraîchissements idoines. Il y a du bonpoulet froid, du fromage et quelques bouteilles de bière. Pénétrez,je vous en prie, et régalez-vous, je vous dois bien ça, car vousm’avez ducalement diverti. »

L’appétit et la conscience de Tobin et de moi-même s’accordentric-rac avec la proposition, bien que ce soit un coup dur pour lessuperstitions de Danny de constater que toute la bonne fortunepromise par les lignes de sa main se réduit à un souper froidarrosé de bière.

« Descendez là, dit l’homme au nez crochu. Je vais entrerpar la porte d’en haut et je viendrai vous ouvrir. Je vais,poursuit-il, dire à la nouvelle petite bonne que nous avons depuistrois mois, de vous faire un bon café que vous prendrez avant departir. Elle fait vraiment du bon café, pour une fille qui débarqueà peine de la campagne. Entrez, dit l’homme ; et je vais vousfaire descendre le jus par Katie Mahorner. »

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