Un chef de chantier à l’isthme de Suez – Une campagne en Kabylie

Un chef de chantier à l’isthme de Suez – Une campagne en Kabylie

d’ Erckmann-Chatrian
UN CHEF DE CHANTIER À L’ISTHME DESUEZ
I

 

Lorsque j’étais employé au canal de Suez, en 1865 et les années suivantes, me dit mon ami Goguel, j’avais l’habitude de me lever une ou deux heures avant le travail, pour respirer la fraîcheur du matin et voir si tout était en ordre dans nos environs.

Le campement du Sérapéum, – où se trouvaient nos chantiers, – situé sur l’emplacement de l’antique temple de Sérapis ruiné depuis deux mille ans, se composait alors de cinq maisonnettes recouvertes de béton, de la cantine, grande baraque en briques, d’une vingtaine d’autres baraques plus petites, pour loger les ouvriers, et du village arabe, formé d’un monceau de huttes sur le bord de l’embranchement qui nous amenait l’eau potable du canal d’eau douce, éloigné d’environ deux kilomètres.

Quant aux ruines de Sérapis, c’étaient quelques briques qu’on déterrait de loin en loin ; un vieux pot cassé, un tesson de cruche ou d’autres choses du même genre,que les amateurs admiraient comme des reliques, et qui ne valaient pas une pipe de tabac.

Presque toutes nos baraques étaient abandonnées depuis la mort du vice-roi Mohamet-Saïd, l’ami de M. de Lesseps, arrivée en 1863 ; son successeur,Ismaïl, ayant retiré les vingt mille fellahs qui travaillaient au canal maritime, pour les employer à la culture de la canne à sucreet du coton, il s’agissait de remplacer cette masse de gens par destravailleurs libres, recrutés dans toutes les parties du monde.

À force d’articles de gazette et de promesses,il en arrivait quelques-uns de l’Italie, de la Syrie, de laGrèce ; quelques barbarins, presque tous domestiques, garçonsde barque ou d’écurie, venaient aussi de Kenneh et d’ailleurs,mais, sauf les anciens employés de la Compagnie universelle, bienlogés et bien payés, il ne restait plus mille ouvriers dansl’isthme : c’était une véritable débâcle.

M. de Lesseps, pour monter sonpersonnel, avait dû s’adresser aux Ponts-et-Chaussées, qui avaientcommencé, grâce aux vingt mille fellahs, la première partie ducanal maritime, de Port-Saïd au lac Timsah : un petit chenal,avec cinquante à soixante centimètres d’eau, permettait aux bateauxplats d’aller de Port-Saïd à Ismaïlia ; mais, pour terminer lecanal, il fallait couper les seuils d’El-Guirs, de Toussoum, duSérapéum, de Chalouf jusqu’à Suez ; creuser la tranchée dansune partie des lacs amers et lui donner dans tout son parcours lalargeur et la profondeur nécessaires au passage des plus grospaquebots ; il fallait remuer plus de millions de mètres cubesde déblais qu’il n’en faudrait pour couvrir Paris et sa banlieuebien au-dessus des tours Notre-Dame.

D’après cela, Jean-Baptiste, tu comprends quemille ouvriers auraient eu de l’ouvrage jusqu’à la consommation dessiècles.

C’est alors que M. de Lesseps eutl’idée de traiter, pour l’achèvement du canal maritime, avec lesingénieurs Borel et Lavalley, à tant le mètre cube, et moyennant defortes avances sur les cent vingt millions d’indemnité dus par levice-roi à la Compagnie universelle, en compensation des fellahsqu’elle avait perdus.

Ces messieurs avaient leur plan : c’étaitde remplacer les bras, qui manquaient, par des machines et par desdragues, qui n’emploieraient qu’un petit nombre d’hommes etferaient chacune le travail de trois cents fellahs.

Et l’affaire entendue de la sorte, ils semirent à construire ces machines énormes dans tous les ateliers ettoutes les fonderies de l’Europe ; cela leur prit deuxans.

En attendant, nous autres employés del’Entreprise, nous creusions un petit canal, large comme celui dela Marne au Rhin, entre le Sérapéum et le lac Timsah, pour recevoirles dragues et les bateaux porteurs quand ils viendraient ;cette tranchée se développait sur la ligne même que devait suivrele canal maritime ; les dragues devaient l’élargir etl’approfondir ; seulement il fallait d’abord y faire arriverl’eau, chose qui nous paraissait assez difficile, attendu que leniveau de la Méditerranée d’un côté et celui de la mer Rouge del’autre étaient à quelques mètres au-dessous du fond.

Enfin, cela regardait l’Entreprise ; nouspoursuivions notre travail sans nous inquiéter du reste.

Et maintenant que tu connais ma position, j’enreviens à notre histoire au Sérapéum, en plein désert, à seizekilomètres d’Ismaïlia, à soixante-dix de Suez.

Je me levais donc la nuit, la chaleur du jourétant tellement grande qu’un œuf cuisait au soleil, et qu’ilsuffisait, pour se débarrasser des puces qui vous obsédaient,d’exposer sa chemise sur le sable : au bout de dix minuteselles étaient rôties.

Moi, j’étais devenu noir comme un corbeau, ettous les camarades d’Europe se trouvaient dans le même état.

Je passais simplement mon pantalon de coutilet je me mettais en route, en roulant une cigarette.

Il me semble encore y être. Voici la baraquede notre docteur arabe, Chabassi ; voici celle de mon camaradeKer-Forme, commandant l’équipe de nuit ; celle du maîtrecharpentier Gendron, un Parisien plein de bon sens ; le fourde notre boulanger Sainbois, chez lequel on allait prendre un verred’absinthe ou de raki à l’occasion ; la jolie maisonnette deM. Réné-Caillé, chef de section de la Compagnie ; cellede M. Laugaudin, le nôtre ; la chapelle, la poste, letélégraphe, tout est là qui défile sous mes yeux à la lueur desétoiles.

J’allais au hasard, à droite, à gauche ;et le plus souvent je longeais par derrière les petites baraquesdes Piémontais, Dalmates, Monténégrins, où fumait encore surl’âtre, devant les portes, un restant du feu de la veille.

En rôdant ainsi, j’arrivais près des magasinsde la Compagnie ; là, parmi les hangars, dans une sorte defenil en planches couvert de nattes en roseau, un vieux chameautout pelé, les paupières à demi fermées, les lèvres pendantes,devant une auge en bois pleine de paille hachée et de fèvesconcassées, mâchait gravement sa pitance.

Il était vieux comme Mathusalem ; seslongues dents jaunes rabotaient l’une contre l’autre pour moudreses fèves, et de temps en temps il relevait sa vieille tête depatriarche, promenant au loin un regard mélancolique sur le désert,où ses jambes s’étaient allongées pendant un demi-siècle.

Maintenant il avait sa retraite et remplissaitseulement encore les petites commissions deM. Réné-Caillé.

J’éprouvais un certain plaisir à lecontempler.

Au-dessus du fenil dormait le chamelierIousef ; ses jambes sèches et nues, couleur de chocolat,sortaient de la niche ; et, dans les environs, des milliardsde mouches tapissaient les madriers vermoulus ; elles étaientvenues s’abriter là contre la fraîcheur et devaient repartir auxpremiers rayons du soleil.

Il m’arrivait quelquefois de pousser plusloin, pour donner des ordres à nos chameliers, des bédouins du montSinaï, chargés de porter l’eau sur nos chantiers pendant letravail, les brouettes et les madriers d’un endroit à l’autre lelong de la tranchée, et d’aller chercher notre viande àIsmaïlia.

Leurs tentes grises, rayées de brun, sedétachaient sur le sable au clair de lune, à deux portées de fusildu campement, quelques chameaux et bourricots autour, et devéritables nichées d’enfants blottis dessous, comme des poussinssous les ailes de leur mère.

Ces gens ne dormaient jamais ; leurschiens-loups donnaient l’éveil ; une ou deux femmes àl’ouverture des tentes me découvraient de loin ; elles sedépêchaient, en rampant sur les mains, de rentrer à mon approche,et presque aussitôt le cheik Saad-Méhémèche, un beau vieillard àlarge barbe grise, le nez fort, les joues ridées, couvertes d’unléger duvet jusqu’aux yeux, et la grande robe blanche traînant surles talons, paraissait, me demandant ce que je désirais.

En quatre mots je lui disais ce qu’il avait àfaire avec ses gens pendant la journée, et je repartais.

Il pouvait être alors cinq heures, moment oùrentrait l’équipe de nuit, sous la conduite de mes camaradesKer-Forme et Bonifay.

En longeant l’embranchement du canal d’eaudouce, et passant devant une baraque à deux pas de la cantine jetoquais aux vitres d’une petite fenêtre, en criant :

– Hé ! Georgette, il est temps de selever… La mère Aubry s’impatiente !

Et une voix gaie, une voix de jeune fille, merépondait :

– C’est bon… c’est bon !… Merci,Goguel… Je me lève tout de suite.

C’était une pauvre enfant qui demeurait là,Georgette Lafosse, la fille d’un peintre français venu dansl’isthme dès les premiers temps, et mort l’année précédente àl’invasion du choléra.

Il était en train de badigeonner l’intérieurd’une baraque, lorsque la mort l’avait surpris, et le lendemainseulement, au milieu de cette consternation générale, un garde ducampement, voyant Georgette courir désolée, demandant son père,avait découvert le pauvre homme étendu sur les planches, auprès deses brosses et de son pot de couleur. Des milliers de papillonsblancs l’entouraient, disait le garde ; il avait fallul’enterrer tout de suite.

Georgette, âgée de treize à quatorze ans,restait seule au monde, loin du pays, sans personne pour laréclamer ; et tout le campement, tous les amis du pèrel’avaient adoptée. Elle nous tutoyait tous, et nous la tutoyions.Ce pauvre petit être, vif et gracieux comme un cabri, avec degrands yeux noirs, un fond de caractère un peu fantasque, chantantet pleurant tour à tour, nous intéressait tous et nousapitoyait.

Du reste, Georgette ne demandait rien àpersonne ; elle aidait la mère Aubry à laver sa vaisselle, àservir les clients, et se nourrissait à la cantine.

On plaisantait avec elle, mais on se souvenaitde son père, un brave ouvrier, un bon Français, et ce souvenirsauvegardait l’enfant contre toute mauvaise action.

C’est moi qui l’éveillais tous les matins, carelle était grande dormeuse ; et puis je poursuivais monchemin, en songeant à mes affaires.

Le père Surot, surveillant de la Compagnie, unancien soldat, ponctuel, matinal, avait déjà balayé sa chambre etpris son café ; il allait maintenant éveiller le conducteur deson bourricot et faire un tour sur les chantiers. À huit heures ilétait de retour et rendait compte à son chef, M. Réné-Caillé,de tout ce qu’il avait vu et du nombre des travailleurs.

Mais il ne s’agissait pas de cela : lescamarades rentrés, il fallait partir.

Abou-Gamouse (le Père des Buffles), un grandnègre efflanqué, déhanché, soi-disant gardien du jardin public, oùne poussait pas un radis, – parce qu’il ne l’arrosait jamais, –Abou-Gamouse se mettait à sonner la cloche du campement à tour debras ; il aurait réveillé des morts ; les ouvrierssortaient effarés de leurs baraques, et passaient les manches deleurs vareuses en se dirigeant vers les chantiers. Moi, je coupaisau court, près des ateliers de l’Entreprise, et j’arrivais en dixminutes à la tête de notre chenal, sur la butte du Sérapéum, oùnotre locomobile était en pression.

Cette machine, la première arrivée, le 21décembre 1865, avec son treuil et ses quarante wagons, enlevaitcinq cents mètres cubes par jour. Tous les visiteurs de l’isthmevenaient la voir : des Russes, des Anglais, des personnages detoute sorte, même le grand-duc Constantin ; pas un nel’oubliait.

En ce moment, sa cheminée, à la fraîcheur dumatin, détachait des auréoles qui tourbillonnaient jusqu’auciel.

Je faisais vite mon appel, et les ouvriers desdifférentes attaques commençaient à charger ; ceux de ladécharge attendaient au haut de la rampe ; les mulets, au fondde la tranchée, amenaient les wagons pleins au pied du planincliné, la chaîne les accrochait ; elle se tendait, et voilàtout en train.

Quelle activité tout à coup,Jean-Baptiste ! quel mouvement !… Et, ma foi, tu riras situ veux, quelle belle chose de voir ces wagons pleins de sablearriver à la rampe, de les voir monter à la file, basculerlà-haut ; d’en voir d’autres descendre à vide, d’autres roulerau-dessous à la décharge, et d’entendre ce bruit de la machine, cescris des charretiers !… Oui, c’était un grand et magnifiquespectacle !

Au bout d’un quart d’heure, on ne pensait plusqu’à l’ouvrage : les mouches, les puces, la chaleur, le soleilrouge qui s’élevait sur la plaine aride, tout disparaissait. Onétait dans le feu de la bataille, et celle-là valait bien lesautres de Crimée ou d’ailleurs : – il devait au moins enrester quelque chose…

Mais la chaleur augmentait toujours ;vers dix heures, elle devenait accablante ; deux chameaux,toujours occupés à chercher de l’eau douce à l’embranchement ducanal pour abreuver les ouvriers, ne faisaient qu’aller etvenir ; d’autres montaient de l’eau pour alimenter lamachine ; d’autres apportaient de la houille.

Les Autrichiens et les Piémontais, mêlés dequelques Arabes syriens, chargeaient les wagons, les Européens enmanches de chemise, les Arabes tout nus.

C’est là qu’il fallait voir, par cette chaleurécrasante, l’âpreté des hommes au gain ; ils ne travaillaientpas à la corvée pour le vice-roi, les nôtres, ils travaillaientpour eux, c’était facile à reconnaître ; les mulets yrésistaient à peine, ils se tenaient immobiles en attendant lechargement, la tête entre les jambes, comme affaissés ; leshommes allaient toujours… Ils en ont sué des chemises !

Et les poseurs de la voie, qui travaillaientde onze heures à une heure, pendant le repas des autres, ont-ilssouffert !…

Moi, presque toujours à l’ombre de la petitecassine qui me servait de bureau, je succombais presque ; dansces moments, l’intérieur de la tranchée, où le soleil tombaitd’aplomb, ressemblait à une fournaise.

Représente-toi cela toute l’après-midi, sansinterruption ; il fallait sortir souvent, vérifier leschargements et s’assurer s’ils étaient complets ; il fallaiten tenir note, se fâcher, s’indigner quand tout ne marchait pasrondement.

C’était une existence impossible ; ehbien, Jean-Baptiste, je ne puis m’en souvenir sansattendrissement.

De ma porte toujours ouverte, je découvraisl’immensité du désert : du côté d’Ismaïlia, le campement deToussoum ; du côté de la Syrie, vingt lieues de sablesentassés comme les flots de la mer ; vers l’Arabie, quand letemps était bien net, les cimes lointaines des contreforts duSinaï ; et, à la chute du jour, les montagnes de l’Attaka, quibordent la mer Rouge.

Tout est là comme peint devant mes yeux ;mais dans tout cela, pas un arbre, pas un brin d’herbe, ce quirépandait une grande tristesse sur cette vue imposante.

Du côté de la Syrie, je voyais quelquefoisdéfiler au loin une caravane ; on aurait dit une ligne defourmis sur la terre poudreuse ; d’autres fois un cavalierarabe galopait là-bas comme la foudre, et je medemandais :

« D’où vient-il ? – Oùva-t-il ? – Est-ce à la chasse de la gazelle ?… – Est-ceà la poursuite de quelqu’un ? »

Bientôt il avait disparu, et le grincement dela machine m’avertissait de songer à mes affaires.

Souvent, à l’approche du soir, nous voyionsarriver à cheval notre sous-chef de section, M. Saleron ;c’était un de mes bons amis.

Il venait de passer l’inspection des autreschantiers, qui se faisaient encore à la brouette, et s’arrêtaitprès de nous, penché, les mains sur le pommeau de la selle, songrand chapeau des Indes en parasol sur la nuque, regardant cemouvement d’un air satisfait. Et s’il me voyait dehors, àsurveiller un chargement, il ne manquait jamais de mecrier :

– Ça marche, Goguel ?

– Oui, monsieur Saleron, oui, luirépondais-je en m’essuyant le front ; ça roule… le travailavance !

Et l’on continuait ainsi jusqu’à six heures,moment où le soleil disparaissait brusquement, presque sanscrépuscule.

Alors l’équipe de nuit venait reprendrel’ouvrage jusqu’à six heures du matin : mules, travailleurs,surveillants, mécaniciens, tout était changé ; des torcheséclairaient le fond du chenal ; la décharge allait toute seulesans lumières, car les nuits en Orient ne sont jamais bienobscures.

Le repos du travail de nuit était de onzeheures à une heure du matin.

Tous les quinze jours environ, M. Cotard,ingénieur en chef de l’Entreprise générale Borel, Lavalley etCie, venait inspecter l’avancement des travaux ; ilécoutait les réclamations que le personnel et les ouvriers avaientà lui faire.

Ainsi se passèrent les années 1865 et1866.

Je me souviens que deux ou trois mois aprèsmon arrivée au Sérapéum, un matin que j’avais couru vers huitheures prendre mon café au campement et que je sortais de lacantine, un homme de taille moyenne, la démarche vive, le couffi desoie jaune et verte serré par la chamelière autour de la tête,comme un bédouin, en bottes et redingote, m’aborda sans façon et medemanda d’un ton familier comment j’allais, si je me plaisais dansma position, enfin tout ce que peut vous demander une ancienneconnaissance.

Et moi, tout surpris, je lui répondais demême :

– Mais ça ne va pas mal… On pourrait êtremieux… vous comprenez… On n’a pas les agréments de Paris… Enfin,espérons toujours… À la guerre comme à la guerre !

Je riais.

– Oui, faisait-il, vous avezraison ; je vois avec plaisir que vous êtes satisfait ;j’aime les caractères comme le vôtre.

Il finit par me serrer la main et s’enalla.

Moi, je pensais :

« Il faut que cet homme-là teconnaisse ; il a une bonne figure ; ses moustachescommencent à grisonner, mais il est encore vert ; où diableas-tu pu le rencontrer ? »

Et je me creusais la cervelle, lorsque Saleronsortit de la cantine à son tour et, tout en marchant vers lechantier, me demanda :

– Qu’est-ce que M. de Lessepsvous a donc dit tout à l’heure ?

– Comment !…M. de Lesseps ?… ce monsieur ?

– Hé ! oui, c’est le président. Vousne le connaissez pas ?

– Comment ?… Comment ?… c’estlui ?… Et je restai tout ébahi.

Le maître charpentier Gendron, qui noussuivait et nous entendait, se mit à rire en disant :

– Ah ! oui… cela vous étonne !…Ce ne seraient pas messieurs les ingénieurs de la Compagnie, quiviendraient comme cela vous frapper sur l’épaule et souhaiter lebonjour au premier venu… Ils auraient trop peur de manquer aurespect qu’ils se doivent.

Ce gueux de Parisien avait toujours desréflexions pareilles ; il nous faisait du bon sang à tous, cartu sauras qu’une sorte d’opposition existait entre les agents de laCompagnie universelle et ceux de l’Entreprise, ce qui devaitnaturellement arriver, les autres étant chargés de recevoir nostravaux. On se disait :

« Nous faisons tout, et ces messieurs ontles honneurs et les bénéfices ! »

Plus d’un employé aurait peut-être quittél’Entreprise ; mais M. Lavalley avait introduit un petitarticle dans son contrat avec la Compagnie : c’est qu’elle nepourrait engager aucun de ses employés sans son consentementécrit ; il ne lâchait que ceux dont il voulait sedébarrasser ! Voilà pourquoi nous restions tous, bon gré, malgré ; plus d’un faisait contre mauvaise fortune bon cœur.

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