Le Dernier Jour d’un condamné

XX

Il ne croit pas, ce geôlier, que j’aie à meplaindre de lui et de ses sous-geôliers. Il a raison. Ce serait malà moi de me plaindre ; ils ont fait leur métier, ils m’ontbien gardé ; et puis ils ont été polis à l’arrivée et audépart. Ne dois-je pas être content ?

Ce bon geôlier, avec son sourire bénin, sesparoles caressantes, son œil qui flatte et qui espionne, sesgrosses et larges mains, c’est la prison incarnée, c’est Bicêtrequi s’est fait homme. Tout est prison autour de moi ; jeretrouve la prison sous toutes les formes, sous la forme humainecomme sous la forme de grille ou de verrou. Ce mur, c’est de laprison en pierre ; cette porte, c’est de la prison enbois ; ces guichetiers, c’est de la prison en chair et en os.La prison est une espèce d’être horrible, complet, indivisible,moitié maison, moitié homme. Je suis sa proie ; elle me couve,elle m’enlace de tous ses replis. Elle m’enferme dans ses muraillesde granit, me cadenasse sous ses serrures de fer, et me surveilleavec ses yeux de geôlier.

Ah ! misérable ! que vais-jedevenir ? qu’est-ce qu’ils vont faire de moi ?

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