Les Paysans

Chapitre 11L’oaristys, XXVIIe églogue de Théocrite, peu goûtée en courd’assises

La sagacité de Sauvage, que son nouveau métier avait développéechez Michaud, jointe à la connaissance des passions et des intérêtsde la commune de Blangy, venait d’expliquer en partie une troisièmeidylle dans le genre grec que les villageois pauvres comme lesTonsard, et les quadragénaires riches comme Rigou, traduisent selonle mot classique, librement , au fond des campagnes.

Nicolas, second fils de Tonsard, avait amené, lors du tirage, unfort mauvais numéro. Deux ans auparavant, grâce à l’intervention deSoudry, de Gaubertin, de Sarcus-le-Riche, son frère aîné futréformé comme impropre au service militaire, à cause d’uneprétendue maladie dans les muscles du bras droit ; mais commedepuis Jean-Louis avait manié les instruments les plus aratoiresavec une facilité très-remarquée, il se fit une sorte de rumeur àcet égard dans le canton. Soudry, Rigou, Gaubertin, les protecteursde cette famille, avertirent le cabaretier qu’il ne fallait pasessayer de soustraire le grand et fort Nicolas à la loi durecrutement. Néanmoins, le maire de La-Ville-aux-Fayes et Rigousentaient si vivement la nécessité d’obliger les hommes hardis etcapables de mal faire, si habilement dirigés par eux contre lesAigues, que Rigou donna quelque espérance à Tonsard et à son fils.Ce moine défroqué, chez qui Catherine, excessivement dévouée à sonfrère, allait de temps en temps, conseilla de s’adresser à lacomtesse et au général.

– Il ne sera peut-être pas fâché de vous rendre ce service pourvous amadouer, et ce sera tout autant de pris sur l’ennemi, dit àCatherine le terrible beau-père du procureur du Roi. Si leTapissier vous refuse, eh ! bien, nous verrons.

Dans les prévisions de Rigou, le refus du général devaitaugmenter par un fait nouveau les torts du grand propriétaireenvers les paysans, et valoir à la coalition un nouveau motif dereconnaissance de la part des Tonsard, dans le cas où son espritretors fournirait à l’ancien maire un moyen de libérer Nicolas.

Nicolas, qui devait passer sous peu de jours au conseil derévision, fondait peu d’espoir sur la protection du général, àraison des griefs des Aigues contre la famille Tonsard. Sa passion,ou si vous voulez son entêtement, son caprice pour la Péchinafurent tellement excités à l’idée de ce départ qui ne lui laissaitplus le temps de la séduire, qu’il voulut essayer de la violence.Le mépris que cette enfant témoignait à son persécuteur, outre unerésistance pleine d’énergie, avait allumé chez d’un des Lovelacesde la vallée, une haine dont la fureur égalait celle de son désir.Depuis trois jours il guettait la Péchina, de son côté la pauvreenfant se savait guettée. Il existait entre Nicolas et sa proie lamême entente qu’entre le chasseur et le gibier. Quand la Péchinas’avançait de quelques pas au delà de la grille, elle apercevait latête de Nicolas dans une des allées parallèles aux murs du parc, ousur le pont d’Avonne. Elle aurait bien pu se soustraire à cetteodieuse poursuite en s’adressant à son grand-père ; maistoutes les filles, même les plus naïves, par une étrange peur,instinctive peut-être, tremblent, en ces sortes d’aventures, de seconfier à leurs protecteurs naturels. Geneviève avait entendu lepère Niseron faisant le serment de tuer un homme, quel qu’il fût,qui toucherait à sa petite-fille, tel fut son mot. Le vieillardcroyait cette enfant gardée par l’auréole blanche que soixante-dixans de probité lui valaient. La perspective de drames terriblesépouvante assez les jeunes imaginations des jeunes filles sansqu’il soit besoin de plonger au fond de leurs coeurs pour enrapporter les nombreuses et curieuses raisons qui leur mettentalors le cachet du silence sur les lèvres.

Au moment d’aller porter le lait que madame Michaud envoyait àla fille de Gaillard, le garde de la porte de Couches dont la vacheavait fait un veau, la Péchina ne se hasarda point sans procéder àune enquête comme une chatte qui s’aventure hors de sa maison. Ellene vit pas trace de Nicolas, elle écouta le silence, comme dit lepoète, et n’entendant rien, elle pensa qu’à cette heure, le drôleétait à l’ouvrage. Les paysans commençaient à scier leurs seigles,car ils moissonnent les premiers leurs parcelles, afin de pouvoirgagner les fortes journées données aux moissonneurs. Mais Nicolasn’était pas homme à pleurer la paie de deux jours, d’autant plusqu’il quittait le pays après la foire de Soulanges, et que, devenirsoldat, c’est pour le paysan entrer dans une nouvelle vie.

Quand la Péchina, sa cruche sur la tête, parvint à la moitié deson chemin, Nicolas dégringola comme un chat sauvage, du haut d’unorme où il s’était caché dans le feuillage, et tomba comme lafoudre aux pieds de la Péchina, qui jeta sa cruche et se fia, pourgagner le pavillon, à son agilité. A cent pas de là, CatherineTonsard, qui faisait le guet, déboucha du bois, et heurta siviolemment la Péchina qu’elle la jeta par terre. La violence ducoup étourdit l’enfant, Catherine la releva, la prit dans ses braset l’emmena dans le bois, au milieu d’une petite prairie oùbouillonne la source du Ruisseau d’Argent.

Catherine, grande et forte, en tout point semblable aux fillesque les sculpteurs et les peintres prennent, comme jadis laRépublique, pour modèle de la Liberté, charmait la jeunesse de lavallée d’Avonne par ce même sein volumineux, ces mêmes jambesmusculeuses, cette même taille à la fois robuste et flexible, cesbras charnus, cet oeil allumé d’une paillette de feu, par l’airfier, les cheveux tordus à grosses poignées, le front masculin, labouche rouge, aux lèvres retroussées par un sourire quasi féroce,qu’Eugène Delacroix, David d’Angers ont tous deux admirablementsaisis et représentés. Image du Peuple, l’ardente et bruneCatherine vomissait des insurrections par ses yeux d’unjaune-clair, pénétrants et d’une insolence soldatesque. Elle tenaitde son père une violence telle que toute la famille, exceptéTonsard, la craignait dans le cabaret.

– Eh ! bien, comment te trouves-tu, ma vieille ? ditCatherine à la Péchina.

Catherine avait assis à dessein sa victime sur un tertre d’unefaible élévation, auprès de la source où elle lui fit reprendre sessens sous une affusion d’eau froide.

– Où suis-je ?… demanda-t-elle en levant ses beaux yeuxnoirs par où vous eussiez dit qu’il passait un rayon de soleil.

– Ah ! sans moi, reprit Catherine, tu serais morte…

– Merci, dit la petite encore tout étourdie. Que m’est-il doncarrivé ?

– Tu as buté contre une racine et tu t’es étalée à quatre pas,lancée comme une balle… . Ah ! courais-tu ! tu couraiscomme une perdue !

– C’est ton frère qui est la cause de cet accident, dit lapetite en se rappelant d’avoir vu Nicolas.

– Mon frère ? Je ne l’ai pas aperçu, dit Catherine. Etqu’est-ce qu’il t’a donc fait, mon pauvre Nicolas, pour que tu enaies peur comme d’un loup-garou ? N’est-il pas plus beau queton monsieur Michaud ?

– Oh ! dit superbement la Péchina.

– Va, ma petite, tu te prépares des malheurs, en aimant ceux quinous persécutent ! Pourquoi n’es-tu donc pas de notrecôté ?

– Pourquoi ne mettez-vous jamais les pieds à l’église ? etpourquoi volez-vous nuit et jour ? demanda l’enfant.

– Te laisserais-tu donc prendre aux raisons desbourgeois ?… répondit Catherine dédaigneusement et sanssoupçonner l’attachement de la Péchina. Les bourgeois nous aiment,eux, comme ils aiment la cuisine, il leur faut de nouvelles platéestous les jours. Où donc as-tu vu des bourgeois qui nous épousent,nous autres paysannes ? Vois donc si Sarcus-le-Riche laisseson fils libre de se marier avec la belle Gatienne Giboulardd’Auxerre, qui pourtant est la fille d’un riche menuisier !…Tu n’es jamais allée au Tivoli de Soulanges, chez Socquard,viens-y ? tu les verras là, les bourgeois ! tu concevrasalors qu’ils valent à peine l’argent qu’on leur soutire quand nousles attrapons ! Viens donc cette année à la Foire ?

– On dit que c’est bien beau la foire à Soulanges ! s’écrianaïvement la Péchina.

– Je vas te dire ce que c’est, en deux mots, reprit Catherine.On y est reluquée quand on est belle. A quoi cela sert-il doncd’être jolie comme tu l’es, si ce n’est pas pour être admirée parles hommes ? Ah ! quand j’ai entendu dire pour lapremière fois : –  » Quel beau brin de fille !  » tout mon sangest devenu du feu. C’était chez Socquard, en pleine danse ;mon grand’père, qui jouait de la clarinette, en a souri. Tivoli m’aparu grand et beau comme le ciel ; mais c’est que, ma fille,c’est éclairé tout en quinquets à glaces, on peut se croire enparadis. Les messieurs de Soulanges, d’Auxerre et deLa-Ville-aux-Fayes sont tous là. Depuis cette soirée, j’ai toujoursaimé l’endroit où cette phrase a sonné dans mes oreilles, comme unemusique militaire. On donnerait son éternité pour entendre direcela de soi, mon enfant, par l’homme qu’on aime ?…

– Mais, oui, peut-être, répondit la Péchina d’un air pensif.

– Viens-y donc, écouter cette bénédiction de l’homme, elle ne temanquera pas ! s’écria Catherine. Dam ! il y a de lachance, quand on est brave comme toi, de rencontrer un beausort !… Le fils à monsieur Lupin, Amaury qu’a des habits àboutons d’or, serait capable de te demander en mariage ! Cen’est pas tout, va ! Si tu savais ce qu’on trouve là contre lechagrin. Tiens, le vin cuit de Socquard vous ferait oublier le plusgrand des malheurs. Figure-toi que ça vous donne des rêves !On se sent plus légère… Tu n’as jamais bu de vin cuit !…Eh ! bien, tu ne connais pas la vie !

Ce privilége, acquis aux grandes personnes de se gargariser detemps en temps avec un verre de vin cuit, excite à un si haut degréla curiosité des enfants au-dessous [ Au-dessous : Erreur possiblepour au-dessus (N.d.E.)] de douze ans, que Geneviève avait une foistrempé ses lèvres dans un petit verre de vin cuit, ordonné par lemédecin à son grand’père malade. Cette épreuve avait laissé dans lesouvenir de la pauvre enfant une sorte de magie qui peut expliquerl’attention que Catherine obtint, et sur laquelle comptait cetteatroce fille pour réaliser le plan dont une partie avait déjàréussi. Sans doute, elle voulait faire arriver la victime, étourdiepar sa chute, à cette ivresse morale, si dangereuse sur des fillesqui vivent aux champs et dont l’imagination, privée de pâture, n’enest que plus ardente, aussitôt qu’elle trouve à s’exercer. Le vincuit, qu’elle tenait en réserve, devait achever de faire perdre latête à sa victime.

– Qu’y a-t-il donc là-dedans ? demanda la Péchina.

– Toutes sortes de choses !… répondit Catherine enregardant de côté pour voir si son frère arrivait, d’abord desmachins qui viennent des Indes, de la cannelle, des herbes qui vouschangent, par enchantement. Enfin, vous croyez tenir ce que vousaimez ! ça vous rend heureuse ! On se voit riche, on semoque de tout !

– J’aurais peur, dit la Péchina, de boire du vin cuit à ladanse !

– De quoi ? reprit Catherine, il n’y a pas le moindredanger, songe donc à tout ce monde qui est là. Tous les bourgeoisnous regardent ! Ah ! c’est de ces jours qui fontsupporter bien des misères ! Voir ça et mourir, on seraitcontente !

– Si monsieur et madame Michaud voulaient y venir !…répondit la Péchina l’oeil en feu.

– Mais ton grand’père, Niseron, tu ne l’as pas abandonné, cepauvre cher homme, et il serait bien flatté de te voir adorée commeune reine… Est-ce que tu préfères ces Arminacs de Michaud et autresà ton grand’père et aux Bourguignons ? Ca n’est pas bien derenier son pays. Et puis, après, qu’est-ce que les Michaud auraientdonc à dire si ton grand’père t’emmenait à la fête deSoulanges ?… Oh ! si tu savais ce que c’est que de régnersur un homme, d’être sa folie, et de pouvoir lui dire : – Valà ? comme je le dis à Godain, et qu’il y va ! – Faiscela ? et il le fait ! Et tu es atournée , vois-tu, mapetite, à démonter la tête à un bourgeois comme le fils à monsieurLupin. Dire que monsieur Amaury s’est amouraché de ma soeur Marie,parce qu’elle est blonde, et qu’il a quasiment peur de moi… Maistoi, depuis que ces gens du pavillon t’ont requinquée, tu as l’aird’une impératrice.

Tout en faisant oublier adroitement Nicolas, pour dissiper ladéfiance dans cette âme naïve, Catherine y distillait superfinementl’ambroisie des compliments. Sans le savoir, elle avait attaqué laplaie secrète de ce coeur. La Péchina, sans être autre chose qu’unepauvre petite paysanne, offrait le spectacle d’une effrayanteprécocité, comme beaucoup de créatures destinées à finirprématurément, ainsi qu’elles ont fleuri. Produit bizarre du sangmonténégrin et du sang bourguignon, conçue et portée à travers lesfatigues de la guerre, elle s’était sans doute ressentie de cescirconstances. Mince, fluette, brune comme une feuille de tabac,petite, elle possédait une force incroyable, mais cachée aux yeuxdes paysans, à qui les mystères des organisations nerveuses sontinconnus. On n’admet pas les nerfs dans le système médical descampagnes.

A treize ans, Geneviève avait atteint toute sa croissancequoiqu’elle eût à peine la taille d’un enfant de son âge. Sa figuredevait-elle à son origine ou au soleil de la Bourgogne ce teint detopaze à la fois sombre et brillant, sombre par la couleur,brillant par le grain du tissu, qui donne à une petite fille un airvieux ? La science médicale nous blâmerait peut-être del’affirmer. Cette vieillesse anticipée du masque était rachetée parla vivacité, par l’éclat, par la richesse de lumière qui faisaientdes yeux de la Péchina deux étoiles. Comme à tous ces yeux pleinsde soleil, et qui veulent peut-être des abris puissants, lespaupières étaient armées de cils d’une longueur presque démesurée.Les cheveux, d’un noir bleu, fins et longs, abondants, couronnaientde leurs grosses nattes un front coupé comme celui de la Junonantique. Ce magnifique diadème de cheveux, ces grands yeuxarméniens, ce front céleste écrasaient la figure. Le nez, quoiquefin de forme à sa naissance et d’une courbe élégante, se terminaitpar des espèces de naseaux chevalins et aplatis. La passionretroussait parfois ces narines et la physionomie prenait alors uneexpression furieuse. De même que le nez, tout le bas de la figuresemblait inachevé, comme si la glaise eût manqué dans les doigts dudivin sculpteur. Entre la lèvre inférieure et le menton, l’espaceétait si court, qu’en prenant la Péchina par le menton, on devaitlui froisser les lèvres, mais les dents ne permettaient pas defaire attention à ce défaut. Vous eussiez prêté des âmes à cespetits os fins, brillants, vernis, bien coupés, transparents, etque laissaient facilement voir une bouche trop fendue, accentuéepar des sinuosités qui donnaient aux lèvres de la ressemblance avecles bizarres torsions du corail. La lumière passait si facilement àtravers la conque des oreilles qu’elle semblait rose en pleinsoleil. Le teint, quoique roussi, révélait une merveilleuse finessede chair. Si, comme l’a dit Buffon, l’amour est dans le toucher, ladouceur de cette peau devait être active et pénétrante comme larobe de Nessus. La poitrine, de même que le corps, effrayait par samaigreur ; mais le pied, les mains d’une petitesse provocante,accusaient une puissance nerveuse supérieure, une organisationvivace.

Ce mélange d’imperfections diaboliques et de beautés divines,harmonieux malgré tant de discordances, car il tendait à l’unitépar une fierté sauvage ; puis ce défi d’une âme puissante à unfaible corps écrit dans les yeux, tout rendait cette enfantinoubliable. La nature avait voulu faire de ce petit être unefemme, les circonstances de la conception lui prêtèrent la figureet le corps d’un garçon. A voir cette fille étrange, un poète luiaurait donné l’Yemen pour patrie, elle tenait de l’Afrite et duGénie des contes arabes. La physionomie de la Péchina ne mentaitpas. Elle avait l’âme de son regard de feu, l’esprit de ses lèvresbrillantées par ses dents prestigieuses, la pensée de son frontsublime, la fureur de ses narines toujours prêtes à hennir. Aussil’amour, comme on le conçoit dans les sables brûlants, dans lesdéserts, agitait-il ce coeur âgé de vingt ans, en dépit des treizeans de l’enfant du Monténégro, qui, semblable à cette cimeneigeuse, ne devait ni porter les fleurs du printemps ni se parerdes grâces de la jeunesse. Les observateurs comprendront alors quela Péchina, chez qui la passion sortait par tous les pores,réveillât en des natures perverses la fantaisie endormie parl’abus ; de même qu’à table l’eau vient à la bouche à l’aspectde ces fruits contournés, brouis, tachés de noir que les gourmandsconnaissent par expérience, et sous la peau desquels la nature seplaît à mettre des saveurs et des parfums de choix. PourquoiNicolas, ce manouvrier vulgaire, pourchassait-il cette créaturedigne d’un poète, quand tous les gens de cette vallée en avaientpitié comme d’une difformité maladive ? Pourquoi Rigou, levieillard, éprouvait-il pour elle une passion de jeune homme ?Qui des deux était jeune ou vieillard ? Le jeune paysanétait-il aussi blasé que le vieillard ? Comment les deuxextrêmes de la vie se réunissaient-ils dans un commun et terriblecaprice ? La force qui finit ressemble-t-elle à la force quicommence ? Les déréglements de l’homme sont des abîmes gardéspar les sphinx, ils commencent et se terminent presque tous par desquestions sans réponse.

On doit concevoir maintenant cette exclamation : -Piccina !… échappée à la comtesse, quand sur le chemin ellevit Geneviève, l’année précédente, ébahie à l’aspect d’une calècheet d’une femme mise comme madame de Montcornet. Cette fille presqueavortée, d’une énergie monténégrine, aimait le grand, le beau, lenoble garde-général ; mais comme les enfants de cet âge saventaimer quand elles aiment, c’est-à-dire avec la rage d’un désirenfantin, avec les forces de la jeunesse, avec le dévoûment quichez les vraies vierges enfantent de divines poésies. Catherinevenait donc de passer ses grossières mains sur les cordes les plussensibles de cette harpe, toutes montées à casser. Danser sous lesyeux de Michaud, aller à la fête de Soulanges, y briller,s’inscrire dans le souvenir de ce maître adoré ?… Quellesidées ! les lancer dans cette tête volcanique, n’était-ce pasjeter des charbons allumés sur de la paille exposée au soleild’août ?

– Non, Catherine, répondit la Péchina, je suis laide, chétive,mon lot est de rester dans mon coin, seule au monde…

– Les hommes aiment les chétiotes , reprit Catherine. Tu me voisbien, moi ? dit-elle en montrant ses beaux bras, je plais àGodain qui est une vraie guernouille, je plais à ce petit Charlesqui accompagne le comte, mais le fils Lupin a peur de moi. Je te lerépète. C’est les petits hommes qui m’aiment et qui disent àLa-Ville-aux-Fayes ou à Soulanges :  » Le beau brin de fille ! » Eh ! bien, toi, tu plairas aux beaux hommes…

– Ah ! Catherine, si c’est vrai, cela !… s’écria laPéchina ravie.

– Mais enfin c’est si vrai que Nicolas, le plus bel homme ducanton, est fou de toi, il en rêve, il en perd l’esprit, et il estaimé de toutes les filles… C’est un fier gars ! Si tu mets unerobe blanche et des rubans jaunes, tu seras la plus belle chezSocquard, le jour de Notre-Dame, à la face de tout le beau monde deLa-Ville-aux-Fayes. Voyons, veux-tu ?… Tiens, je faisais del’herbe, là, pour nos vaches, j’ai dans une fiole un peu de vincuit que m’a donné Socquard ce matin, dit-elle en voyant dans lesyeux de la Péchina cette expression délirante que connaissenttoutes les femmes, je suis bonne enfant, nous allons le partager…tu croiras être aimée…

Pendant cette conversation, en choisissant les places où il n’yavait que de l’herbe pour y poser les pieds, Nicolas s’étaitglissé, sans faire de bruit, jusqu’au tronc d’un gros chêne qui setrouvait à quelques pas du tertre où sa soeur avait assis laPéchina. Catherine, qui, de moment en moment, jetait les yeuxautour d’elle, finit par apercevoir son frère en allant prendre lafiole au vin cuit.

– Tiens, commence !… dit-elle à la petite.

– Ca me brûle ! s’écria Geneviève en rendant la fiole àCatherine, après en avoir bu deux gorgées.

– Bête ! tiens, répondit Catherine en vidant le flacon d’untrait, v’là comme ça passe ! c’est un rayon de soleil qui vousluit dans l’estomac !

– Et moi qui devrais avoir porté mon lait à mademoiselleGaillard ?… s’écria la Péchina ; Nicolas m’a fait unepeur !…

– Tu n’aimes donc pas Nicolas ?

– Non, répondit la Péchina, qu’a-t-il à me poursuivre ? Ilne manque pas de créatures de bonne volonté.

– Mais s’il te préfère à toutes les filles de la vallée, mapetite…

– J’en suis fâchée pour lui, dit-elle.

– On voit bien que tu ne le connais pas, reprit Catherine.

Avec une rapidité foudroyante, Catherine Tonsard, en disantcette horrible phrase, saisit la Péchina par la taille, la renversasur l’herbe, la priva de toute sa force en la mettant à plat, et lamaintint dans cette dangereuse position. En apercevant son odieuxpersécuteur, l’enfant se mit à crier à pleins poumons, et envoyaNicolas à cinq pas de là, d’un coup de pied donné dans leventre ; puis elle se renversa sur elle-même comme un acrobateavec une dextérité qui trompa les calculs de Catherine, et sereleva pour fuir. Catherine, restée à terre, étendit la main, pritla Péchina par le pied, la fit tomber tout de son long, la facecontre terre ; et cette chute affreuse arrêta les crisincessants de la courageuse Monténégrine. Nicolas, qui, malgré laviolence du coup, s’était remis, revint furieux et voulut saisir savictime. Dans ce danger, quoiqu’étourdie par le vin, l’enfantsaisit Nicolas à la gorge et la lui serra par une étreinte defer.

– Elle m’étrangle ! au secours, Catherine ! criaNicolas d’une voix qui passait péniblement par le larynx.

La Péchina jetait aussi des cris perçants, Catherine essaya deles étouffer en mettant sa main sur la bouche de l’enfant, qui lamordit au sang. Ce fut alors que Blondet, la comtesse et le curé semontrèrent sur la lisière du bois.

– Voilà les bourgeois des Aigues, dit Catherine.

– Veux-tu vivre ? dit Nicolas Tonsard à l’enfant d’une voixrauque.

– Après ? dit la Péchina.

– Dis-leur que nous jouions, et je te pardonne, reprit Nicolasd’un air sombre.

– Mâtine ! le diras-tu ?… répéta Catherine dont leregard fut encore plus terrible que la menace meurtrière deNicolas.

– Oui, si vous me laissez tranquille, répliqua l’enfant.D’ailleurs, je ne sortirai plus sans mes ciseaux !

– Tu te tairas, ou je te flanquerai dans l’Avonne, dit la féroceCatherine.

– Vous êtes des monstres !… cria le curé, vous mériteriezd’être arrêtés et envoyés en cour d’assises…

– Ah çà, que faites-vous dans vos salons, vous autres ?demanda Nicolas en regardant la comtesse et Blondet qui frémirent.Vous jouez, n’est-ce pas ? Eh ! bien, les champs sont ànous, on ne peut pas toujours travailler, nous jouions !…Demandez à ma soeur et à la Péchina ?

– Comment vous battez-vous donc, si c’est comme cela que vousjouez ?… s’écria Blondet.

Nicolas jeta sur Blondet un regard d’assassin.

– Parle donc, dit Catherine en prenant la Péchina parl’avant-bras et en le lui serrant à y laisser un bracelet bleu,n’est-ce pas que nous nous amusions ?…

– Oui, madame, nous nous amusions, dit l’enfant épuisée par ledéploiement de ses forces et qui s’affaissa sur elle-même comme sielle allait s’évanouir.

– Vous l’entendez, madame, dit effrontément Catherine en lançantà la comtesse un de ces regards de femme à femme qui valent descoups de poignard.

Elle prit le bras de son frère, et tous deux ils s’en allèrent,sans s’abuser sur les idées qu’ils avaient inspirées à ces troispersonnages. Nicolas se retourna deux fois, et deux fois ilrencontra le regard de Blondet qui toisait ce grand drôle, haut decinq pieds huit pouces, d’une coloration vigoureuse, à cheveuxnoirs, crépus, large des épaules, et dont la physionomie assezdouce offrait sur les lèvres et autour de la bouche des traits oùse devinait la cruauté particulière aux voluptueux et auxfainéants. Catherine balançait sa jupe blanche à raies bleues avecune sorte de coquetterie perverse.

– Caïn et sa femme !… dit Blondet au curé.

– Vous ne savez pas à quel point vous rencontrez juste, répliqual’abbé Brossette.

– Ah ! monsieur le curé, que feront-ils de moi ? ditla Péchina quand le frère et la soeur furent à une distance où savoix ne pouvait être entendue.

La comtesse, devenue blanche comme son mouchoir, éprouvait unsaisissement tel, qu’elle n’entendait ni Blondet ni le curé, ni laPéchina.

– C’est à faire fuir un paradis terrestre… dit-elle enfin. Mais,avant tout, sauvons cette enfant de leurs griffes.

– Vous aviez raison, cette enfant est tout un poème, un poèmevivant ! dit tout bas Blondet à la comtesse.

En ce moment, la Monténégrine se trouvait dans l’état où lecorps et l’âme fument, pour ainsi dire, après l’incendie d’unecolère où toutes les forces intellectuelles et physiques ont lancéleur somme de force. C’est une splendeur inouïe, suprême, qui nejaillit que sous la pression d’un fanatisme, la résistance ou lavictoire, celle de l’amour ou celle du martyre. Partie avec unerobe à filets alternativement bruns et jaunes, avec une collerettequ’elle plissait elle-même en se levant de bonne heure, l’enfant nes’était pas encore aperçue du désordre de sa robe souillée deterre, de sa collerette chiffonnée. En sentant ses cheveuxdéroulés, elle chercha son peigne. Ce fut dans ce premier mouvementde trouble que Michaud, également attiré par les cris, se renditsur le lieu de la scène. En voyant son Dieu, la Péchina retrouvatoute son énergie.

– Il ne m’a pas touchée, monsieur Michaud !s’écria-t-elle.

Ce cri, le regard et le mouvement qui en furent un éloquentcommentaire en dirent en un instant à Blondet et au curé, plus quemadame Michaud n’en avait dit à la comtesse sur la passion de cetteétrange fille pour le garde-général qui ne s’en apercevait pas.

– Le misérable ! s’écria Michaud.

Et par ce geste involontaire, impuissant, qui échappe aux fouscomme aux sages, il menaça Nicolas dont la haute stature faisaitombre dans le bois où il s’engageait avec sa soeur.

– Vous ne jouiez donc pas ? dit l’abbé Brossette en jetantun fin regard à la Péchina.

– Ne la tourmentez pas, dit la comtesse, et rentrons.

La Péchina, quoique brisée, puisa dans sa passion assez de forcepour marcher : son maître adoré la regardait ! La comtessesuivait Michaud dans un de ces sentiers connus seulement desbraconniers et des gardes, où l’on ne peut pas aller deux de front,mais qui menait droit à la porte d’Avonne.

– Michaud, dit-elle au milieu du bois, il faut trouver un moyende débarrasser le pays de ce méchant garnement, car cette enfantest sans doute menacée de mort.

– D’abord, répondit Michaud, Geneviève ne quittera pas lepavillon, ma femme prendra chez elle le neveu de Vatel, qui faitles allées du parc, nous le remplacerons par un garçon du pays dema femme, car il ne faut plus mettre aux Aigues que des gens de quinous soyons sûrs. Avec Gounod chez nous, et Cornevin le vieux pèrenourricier, les vaches seront bien gardées…

– Je dirai à monsieur de vous indemniser de ce surcroît dedépense, reprit la comtesse. Mais ceci ne nous défait pas deNicolas ? comment y arriverons-nous ?

– Le moyen est tout simple et tout trouvé, répondit Michaud.Nicolas doit passer dans quelques jours au conseil derévision ; au lieu de solliciter sa réforme, mon général, surla protection de qui les Tonsard comptent, n’a qu’à le bienrecommander au prône…

– J’irai, s’il le faut, dit la comtesse, voir moi-même moncousin de Castéran, notre préfet, mais d’ici là, je tremble…

Ces paroles furent échangées au bout du sentier qui débouchaitau rond-point. En arrivant à la crête du fossé, la comtesse ne puts’empêcher de jeter un cri, Michaud s’avança pour la soutenircroyant qu’elle s’était blessée à quelque épine sèche ; maisil tressaillit du spectacle qui s’offrit à ses regards.

Marie et Bonnébault assis sur le talus du fossé, paraissaientcauser, et s’étaient sans doute cachés là pour écouter. Evidemment,ils avaient quitté leur place dans le bois en entendant venir dumonde et reconnaissant des voix bourgeoises.

Après six ans de service dans la cavalerie, Bonnébault, grandgarçon sec, était revenu depuis quelques mois à Couches avec uncongé définitif qu’il dut à sa mauvaise conduite, il aurait gâtéles meilleurs soldats par son exemple. Il portait des moustaches etune virgule, particularité qui, jointe au prestige de la tenue queles soldats contractent au régime de la caserne, avait renduBonnébault la coqueluche des filles de la vallée. Il tenait, commeles militaires, ses cheveux de derrière très-courts, frisait ceuxdu dessus de la tête, retroussait les faces d’un air coquet, etmettait crânement de côté son bonnet de police. Enfin, comparé auxpaysans presque tous en haillons comme Mouche et Fourchon, ilparaissait superbe en pantalon de toile, en bottes et en petiteveste courte. Ces effets, achetés lors de sa libération, seressentaient de la réforme et de la vie des champs ; mais lecoq de la vallée en possédait de meilleurs pour les jours de fête.Il vivait, disons-le, des libéralités de ses bonnes amies, quisuffisaient à peine aux dissipations, aux libations, aux perditionsde tout genre qu’entraînait la fréquentation du Café de la Paix.Malgré sa figure ronde, plate, assez gracieuse au premier aspect,ce drôle offrait je ne sais quoi de sinistre. Il était bigle,c’est-à-dire qu’un de ses yeux ne suivait pas les mouvements del’autre, il ne louchait pas ; mais ses yeux n’étaient pastoujours ensemble, pour emprunter à la peinture un de ses termes.Ce défaut, quoique léger, donnait à son regard une expressionténébreuse, inquiétante, en ce qu’elle s’accordait avec unmouvement dans le front et dans les sourcils qui révélait une sortede lâcheté de caractère, une disposition à l’avilissement. Il enest de la lâcheté comme du courage, il y en a de plusieurs sortes.Bonnébault, qui se serait battu comme le plus brave soldat, étaitfaible devant ses vices et ses fantaisies. Paresseux comme unlézard, actif seulement pour ce qui lui plaisait, sans délicatesseaucune, à la fois fier et bas, capable de tout et nonchalant, lebonheur de ce casseur d’assiettes et de coeurs , pour se servird’une expression soldatesque, consistait à mal faire ou à faire dudégât. Au sein des campagnes, ce caractère est d’un aussi mauvaisexemple qu’au régiment. Bonnébault voulait, comme Tonsard et commeFourchon, bien vivre et ne rien faire. Aussi, avait-il tiré sonplan , pour employer un mot du dictionnaire Vermichel et Fourchon.Tout en exploitant sa tournure avec un croissant succès, et sontalent au billard avec des chances diverses, il se flattait, en saqualité d’habitué du Café de la Paix, d’épouser un jourmademoiselle Aglaé Socquard, fille unique du père Socquard,propriétaire de cet établissement, qui, toute proportion gardée,était à Soulanges, ainsi qu’on le verra bientôt, ce qu’est leRanelagh au bois de Boulogne. Embrasser la carrière de limonadier,devenir entrepreneur de bal public, ce beau sort paraissait être eneffet le bâton de maréchal d’un fainéant. Ces moeurs, cette vie etce caractère étaient si salement écrits sur la physionomie de ceviveur de bas étage, que la comtesse laissa échapper uneexclamation à l’aspect de ce couple, qui lui fit une impressionaussi vive que si elle eût vu deux serpents.

Marie, folle de Bonnébault, eût volé pour lui. Cette moustache,cette disinvoltura de trompette, cet air faraud lui allaient aucoeur, comme l’allure, les façons, les manières d’un de Marsayplaisent à une jolie Parisienne. Chaque sphère sociale a sadistinction ! La jalouse Marie rebutait Amaury, cet autre fatde petite ville, elle voulait être madame Bonnébault !

– Ohé ! les autres ! ohé ! venez-vous ?…crièrent de loin Catherine et Nicolas en apercevant Marie etBonnébault.

Ce cri suraigu retentit dans les bois comme un appel deSauvages.

En voyant ces deux êtres, Michaud frémit, car il se repentitvivement d’avoir parlé. Si Bonnébault et Marie Tonsard avaientécouté la conversation, il ne pouvait en résulter que des malheurs.Ce fait, minime en apparence, dans la situation irritante où setrouvaient les Aigues vis-à-vis des paysans, devait avoir uneinfluence décisive comme dans les batailles la victoire ou ladéfaite dépendent d’un ruisseau qu’un pâtre saute à pieds joints etoù s’arrête l’artillerie.

Après avoir salué galamment la comtesse, Bonnébault prit le brasde Marie d’un air conquérant et s’en alla triomphalement.

– C’est le La clé-des-coeurs de la vallée, dit Michaud tout basà la comtesse en se servant du mot de bivouac qui veut dire donJuan. C’est un homme bien dangereux. Quand il a perdu vingt francsau billard, on lui ferait assassiner Rigou !… L’oeil luitourne aussi bien à un crime qu’à une joie.

– J’en ai trop vu pour aujourd’hui, répliqua la comtesse enprenant le bras d’Emile, revenons, messieurs ?

Elle salua mélancoliquement madame Michaud en voyant la Péchinarentrée au pavillon. La tristesse d’Olympe avait gagné lacomtesse.

– Comment, madame, dit l’abbé Brossette, est-ce que ladifficulté de faire le bien ici vous détournerait de letenter ? Voici cinq ans que je couche sur un grabat, quej’habite un presbytère sans meubles, que je dis la messe sansfidèles pour l’entendre, que je prêche sans auditeurs, que je suisdesservant sans casuel ni supplément de traitement, que je vis avecles six cents francs de l’Etat, sans rien demander à Monseigneur,et j’en donne le tiers en charités. Enfin je ne désespèrepas ! Si vous saviez ce que sont les hivers, ici, vouscomprendriez toute la valeur de ce mot ! Je ne me chauffe qu’àl’idée de sauver cette vallée, de la reconquérir à Dieu ! Ilne s’agit pas de nous, madame, mais de l’avenir. Si nous sommesinstitués pour dire aux pauvres : –  » Sachez être pauvres ! « c’est-à-dire  » souffrez, résignez-vous et travaillez !  » nousdevons dire aux riches : –  » Sachez être riches ! « c’est-à-dire  » intelligents dans la bienfaisance, pieux et dignesde la place que Dieu vous assigne !  » Eh ! bien, madame,vous n’êtes que les dépositaires du pouvoir que donne la fortune,et, si vous n’obéissez pas à ses charges, vous ne le transmettrezpas à vos enfants comme vous l’avez reçu ! vous dépouillezvotre postérité. Si vous continuez l’égoïsme de la cantatrice qui,certes, a causé par sa nonchalance le mal dont l’étendue vouseffraie, vous reverrez les échafauds où sont morts vosprédécesseurs pour les fautes de leurs pères. Faire le bienobscurément, dans un coin de terre, comme Rigou, par exemple, yfait le mal !… Ah ! voilà des prières en action quiplaisent à Dieu !… Si, dans chaque commune, trois êtresvoulaient le bien, la France, notre beau pays, serait sauvée del’abîme où nous courons : une irréligieuse indifférence à tout cequi n’est pas nous !… Changez d’abord, changez vos moeurs, etvous changerez alors vos lois !..

Quoique profondément émue en entendant cet élan de charitévraiment catholique, la comtesse répondit par le fatal : Nousverrons ! des riches qui contient assez de promesses pourqu’ils puissent se débarrasser d’un appel à leur bourse, et quileur permet plus tard de rester les bras croisés devant toutmalheur, sous prétexte qu’il est accompli.

En entendant ce mot, l’abbé Brossette salua madame de Montcornetet prit une allée qui menait directement à la porte de Blangy.

– Le festin de Balthasar sera donc le symbole éternel desderniers jours d’une caste, d’une oligarchie, d’unedomination !… se dit-il quand il fut à dix pas. MonDieu ! si votre volonté sainte est de déchaîner les pauvrescomme un torrent pour transformer les sociétés, je comprends quevous aveugliez les riches !…

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