Micah Clarke – Tome I – Les Recrues de Monmouth

IV – Sur le poisson étrange que nousprimes à Spithead.

Un soir de mai 1685, vers la fin de lapremière semaine du mois, mon ami Ruben Lockarby et moi nousempruntâmes le bateau de plaisance de Ned Marley, et nous allâmespêcher hors de la baie de Langston.

J’avais alors bien près de vingt et un ans, etmon camarade était d’un an plus jeune que moi.

Nous étions devenus des amis très intimes,grâce à une estime réciproque ; car n’ayant pas atteint toutesa croissance, il était fier de ma force et de ma taille, tandisque moi, avec mes dispositions mélancoliques et mon esprit un peulourd, je me plaisais à l’énergie et à l’humeur joviale qui nel’abandonnaient jamais, et à l’esprit qui brillait avec l’éclatinoffensif d’un éclair d’été dans tout ce qu’il disait.

Physiquement, il était petit et gros avec lafigure ronde, les joues colorées, et à dire vrai, assez porté àl’embonpoint, bien qu’il ne voulut avouer rien de plus qu’uneagréable rondeur, ce qui d’après lui, était le dernier mot de labeauté chez les Anciens.

La rude épreuve du danger et des privationscommunes m’autorisent à affirmer que nul n’eut jamais camarade plusattaché, plus sûr. Comme il était destiné à se trouver avec moi parla suite, il était fort à propos qu’il s’y trouvât aussi dans cettesoirée de mai, qui fut le point de départ de nos aventures.

On dépassa à force de rames les sables deWarner pour atteindre un endroit qui se trouvait à mi-chemin duNab, et où d’ordinaire nous prenions du bar en quantité.

Nous y jetâmes la grosse pierre qui nousservait d’ancre, et nous mîmes nos lignes en place.

Le soleil, se couchant lentement derrière unbanc de brouillards, avait paré tout le ciel d’occident de bandesécarlates sur lesquelles se détachaient en contours vaporeux etpourpres les cimes boisées de l’île de Wight.

Une fraîche brise soufflait du sud-est etfaisait aux longues vagues vertes des panaches d’écume, enrépandant sur nos yeux et nos lèvres la sensation salée del’embrun.

Aux environs de la Pointe Sainte-Hélène, unvaisseau du Roi suivait le goulet, en même temps qu’un grand brickisolé qui virait de bord à un mille au plus de l’endroit où nousnous trouvions.

Nous en étions si près que nous pouvonsentrevoir les figures qui se mouvaient sur son pont, pendant qu’ildonnait à la bande sous la brise.

Nous entendions même le craquement de sesvergues, et le battement de ses voiles salies par des intempéries,au moment où il fut sur le point de reprendre sa route.

– Regardez donc, Micah, dit mon compagnon, enlevant les yeux de sa ligne, voilà un navire qui ne sait guère cequ’il veut faire… un navire qui ne fera pas son chemin dans lemonde. Voyez-vous cette attitude irrésolue sous le vent. Il ne saits’il doit virer de bord ou aller de l’avant. C’est un courtisan descirconstances, un Lord Halifax de la mer.

– Non, dis-je en regardant fixement, les yeuxabrités sous ma main, c’est qu’il y a quelque accident à son bord.Il vacille comme s’il n’y avait personne à la barre. Sa grandevergue descend ! Non, voilà qu’il se met en marchemaintenant ! Les gens, qui sont sur le pont, m’ont l’air de sebattre ou de danser. Relevons l’ancre, Ruben, et ramons de soncôté.

– Relevons l’ancre et ramons pour nous enéloigner, répondit Ruben, l’œil toujours fixé sur le navireinconnu. Qu’est-ce que cette manie que vous avez de vous fourrertoujours dans quelque danger ? Il porte pavillon hollandais,mais qui sait d’où il vient réellement ? Ce serait une jolieaffaire si nous étions capturés et vendus aux plantations.

– Un boucanier dans le Solent !m’écriai-je d’un ton moqueur. Il ne nous manque plus que de voir lepavillon noir dans la Crique d’Elmsworth. Mais écoutez :qu’est-ce que cela ?

Du brick arriva le bruit d’un coup demousquet.

Il y eut un instant de silence.

Puis un second coup de mousquet résonna, suivid’un chœur d’exclamations et de cris.

En même temps les vergues tournèrent pour semettre en place, les voiles reçurent une fois de plus la brise, etle navire fila dans une direction qui devait lui faire dépasser laPointe de Bembridge et le faire entrer dans le Canal anglais.

Et comme il filait, sa barre fut brusquementtournée, un nuage de fumée s’éleva de sa hanche, et un boulet passaau-dessus des vagues, faisant jaillir l’eau, à moins de cent yardsde nous.

Et après nous avoir aussi fait ses adieux, lenavire revint dans le vent et reprit sa marche vers le sud.

– Cœur de grâce ! s’écria Ruben, leslèvres béantes de saisissement ; les assassins, lesbandits !

– Je donnerais bien quelque chose pour que lenavire du Roi les cueille au passage, m’écriai-je avec fureur, carcette agression était si peu justifiée qu’elle émouvait ma bile.Que veulent donc ces coquins ? Certainement ils sont ivres oufous.

– Tirez sur l’ancre, l’ami, tirez surl’ancre ! cria mon camarade, en se levant brusquement de sonsiège. Je comprends, tirez sur l’ancre.

– Qu’y a-t-il donc ? demandai-je enl’aidant à remonter la grosse pierre, jusqu’à ce qu’elle sortit del’eau toute ruisselante.

– Ce n’est pas sur nous qu’ils font feu, mongarçon. Ils visaient quelqu’un qui se trouve dans l’eau entre euxet nous. Tirez, Micah ! un bon coup de reins. C’est peut-êtrequelque pauvre diable qui se noie.

– Oui, oui, dis-je en regardant entre deuxcoups de rames derrière moi. Je vois sa tête à la crête d’unevague. Doucement, ou nous allons passer sur lui. Encore deux coups,et tenez vous prêt à le saisir. Tenez bon, l’ami. On vient à votreaide.

– Offrez votre aide à ceux qui ont besoind’aide ! dit une voix partant de la mer. Diantre, l’ami,faites attention à votre rame. J’ai plus de peur d’en recevoir uncoup que je n’ai peur de l’eau.

Ces mots étaient prononcés avec tant de calmeet de sang-froid que toutes nos craintes au sujet du nageurdisparurent.

Nous rentrâmes les rames, et nous noustournâmes pour jeter un coup d’œil sur lui.

La barque, en dérivant, s’était rapprochée delui au point qu’il aurait pu saisir le bord s’il avait jugé àpropos de le faire.

– Sapperment ! s’écria-t-il d’un tonbourru, dire que c’est mon frère Nonus qui me joue un pareiltour ! Qu’aurait dit notre sainte mère si elle avait vucela ? Tout mon équipement perdu, sans parler de ma part dansles profits du voyage ! Et maintenant voilà que j’ai jeté unepaire de bottes à l’écuyère toute neuve, qui coûtent seizerixdollars chez Vanseddar’s à Amsterdam ! Avec cela,impossible de nager ! Sans cela, impossible demarcher !

– Est-ce que vous ne voulez pas sortir del’eau, monsieur ? demanda Ruben.

Il avait grand-peine à garder son sérieux envoyant la tournure de l’inconnu et entendant ses propos.

Au-dessus de l’eau sortaient de longsbras.

En un instant, avec des mouvements flexiblesde serpent, l’homme entra dans la barque et étendit son long corpssur les planches de l’arrière.

Il était efflanqué à l’extrême, très grêle,avec une figure taillée à coup de hache, d’expression dure, raséede près, recuite par le soleil, et avec mille petites rides quis’entrecroisaient en tous sens.

Il avait perdu son chapeau et sa courte etraide chevelure, légèrement grisonnante, se dressait en brosse surtoute sa tête.

Il était malaisé de deviner son âge, mais ildevait avoir bien près de la cinquantaine, malgré l’agilité aveclaquelle il était entré dans notre barque, preuve qu’il n’avaitrien perdu de sa vigueur et de son énergie.

De tous les traits qui le caractérisaient,celui qui attira le plus mon attention, ce furent ses yeux, quipresque recouverts par l’abaissement des paupières, apparaissaientnéanmoins à travers l’étroite fente avec un éclat, une vivacitéremarquable.

Un regard superficiel pouvait faire croirequ’il était dans un état de langueur, de demi-sommeil, mais avecplus d’attention, on apercevait ces lignes brillantes, mobiles, etl’on y voyait un avertissement de se tenir en garde contre sespremières impressions.

– J’aurais pu nager jusqu’à Portsmouth, dit-ilen fouillant dans les poches de sa jaquette trompée d’eau. Jepourrais nager jusqu’à n’importe quel endroit. Une fois j’aidescendu le Danube à la nage depuis Gran jusqu’à Bude, pendantqu’une centaine de janissaires trépignaient de rage sur l’autrebord. Je l’ai fait, oui, par les clefs de Saint Pierre ! LesPandours de Wessenburg pourraient vous dire si Decimus Saxon saitnager. Suivez mon conseil, jeune homme. Tenez toujours votre tabacdans une boite de métal, pour que l’eau ne puisse pas entrer.

En parlant ainsi, il tira de sa poche uneboite plate et plusieurs tubes de bois, qu’il vissa bout à bout demanière à en faire une longue pipe.

Il la bourra de tabac, l’alluma au moyen d’unsilex et d’un briquet, avec un morceau de papier amadou, qu’ilavait dans sa boîte.

Puis il ploya ses jambes sous lui à la façonorientale, et s’assit pour fumer sa pipe à son aise.

Il y avait dans tout cet incident quelquechose de si bizarre, l’homme et ses actes avaient une apparence siabsurde que nous partîmes tous les deux d’un éclat de rire qui durajusqu’à ce que l’épuisement y mit fin.

Il ne prit aucune part à notre gaîté, maisn’en parut nullement blessé.

Il continua à fumer jusqu’au bout d’un airparfaitement insensible et impassible, à cela près que ses yeux àdemi voilés brillaient en nous regardant tour à tour.

– Vous nous excuserez d’avoir ri, monsieur,dis-je enfin, mais mon ami et moi nous ne sommes pas habitués à detelles aventures, et nous sommes joyeux que celle-ci ait fini aussiheureusement. Puis-je demander qui nous avons recueilli ?

– Je me nomme Decimus Saxon, réponditl’inconnu. Je suis le dixième fils d’un digne père, ainsi quel’indique mon nom latin. Il n’y a que neuf hommes entre moi et unhéritage. Qui sait ? La petite vérole ou la peste pourraients’en mêler.

– Nous avons entendu un coup de feu sur lebrick ? demanda Ruben.

– C’était Nonus, mon frère qui tirait sur moi,fit remarquer l’inconnu, en hochant la tête avec tristesse.

– Mais il y a eu un second coup de feu.

– C’était moi qui tirais sur mon frèreNonus.

– Grands Dieux ! m’écriai-je, j’espèreque vous ne l’avez pas atteint.

– Oh ! tout au plus une éraflure enpleine chair, répondit-il. Mais j’ai jugé préférable de partir, depeur que l’affaire ne tournât en querelle. Je suis sûr que c’estlui qui a fait partir le canon de neuf livres quand j’étais àl’eau. Le boulet a passé si près qu’il a séparé ma chevelure. Il atoujours été excellent tireur au fauconneau, ou au mortier. Il nepouvait avoir grand mal, puisqu’il a eu le temps de descendre de lapoupe sur le pont.

Il y eut ensuite un instant de silence,pendant lequel l’inconnu prit dans sa ceinture un long couteau,dont il se servit pour nettoyer sa pipe.

Ruben et moi, nous primes nos rames, nousrelevâmes nos lignes emmêlées, qui avaient traîné derrière lebateau, et nous nous mîmes en mesure de regagner la côte.

– Il s’agit maintenant de savoir où nousallons, dit l’inconnu.

– Nous descendons la baie de Langston,répondis-je.

– Nous descendons, nous descendons… fit-ild’un ton moqueur. En êtes-vous bien sûrs ? Êtes-vous certainsque nous n’allons pas en France ? Nous avons un mât et unevoile ici, à ce que je vois, et de l’eau dans le réservoir. Tout cequ’il nous faut, c’est un peu de poisson, et j’ai oui dire qu’ilabonde dans ces parages, et nous pourrions faire un tour du côté deBarfleur.

– Nous descendons la baie de Langston,répétai-je avec froideur.

– Vous savez, sur l’eau la force prime ledroit, expliqua-t-il avec un sourire qui couvrit sa figure derides. Je suis un vieux soldat et un rude combattant. Vous êtesdeux béjaunes. J’ai un couteau et vous n’avez pas d’armes.Voyez-vous où aboutit ce raisonnement ? Il s’agit maintenantde savoir où nous allons.

Je me tournai, vers lui une rame dans lesmains :

– Vous vous êtes vanté de pouvoir atteindrePortsmouth à la nage, dis-je, et c’est ce que vous ferez. À l’eau,vipère de mer, ou je vais vous y jeter, aussi vrai que je m’appelleMicah Clarke.

– Jetez votre couteau, ou je vous passe lagaffe à travers le corps, s’écria Ruben en la poussant jusqu’àquelques pouces de la gorge de l’homme.

– Par mon plongeon, voilà qui est fortlouable ! dit-il en remettant son couteau dans sa gaine, etriant sous cape, j’aime à faire jaillir le courage des jeunes gens.Voyez-vous, je suis le briquet qui fait jaillir de votre silexl’étincelle de la valeur. C’est une comparaison remarquable, etdigne à tous les points de vue de Samuel Butler, le plus spiritueldes hommes… Ceci, reprit-il en donnant de petites tapes sur unebosse que j’avais remarquée sur sa poitrine, ce n’est point unedifformité naturelle. C’est un exemplaire de cet incomparableHudibras, qui unit la légèreté d’Horace à la gaîté plusample de Catulle. Eh ! que dites-vous de cetteappréciation ?

– Donnez ce couteau, dis-je, d’un ton sec.

– Certainement, répondit-il en me le tendantavec une inclinaison de tête polie. Avez-vous à me faire quelqueautre demande raisonnable qui me permettrait de vous obliger. Jedonnerais n’importe quoi pour vous être agréable, excepté ma bonneréputation et mon renom de soldat, ou cet exemplaired’Hudibras, dont je ne me sépare jamais, non plus que d’untraité en latin sur les usages de la guerre, composé par un Flamandet imprimé à Liège, dans les Pays-Bas.

Je m’assis à côté de lui, le couteau à lamain.

– Vous, jouez des rames, dis-je à Ruben,pendant que j’aurai l’œil sur notre homme, et que je veillerai à cequ’il ne nous joue pas de tour. Je crois que vous avez raison etque ce n’est rien de mieux qu’un pirate. Nous le livrerons auxjuges de paix, quand nous arriverons à Havant.

Je crois que le sang-froid de notre passagerl’abandonna un instant et qu’une expression d’inquiétude parut sursa figure.

– Attendez un instant, dit-il, vous vousnommez Clarke, et vous habitez Havant, à ce que j’apprends.Êtes-vous un parent de Joseph Clarke, l’ancien Tête-Ronde de cetteville ?

– C’est mon père, répondis-je.

– Écoutez bien, maintenant, s’écria-t-il,après un fort éclat de rire. J’ai un talent particulier pourretomber sur mes pieds. Regardez cela, mon garçon, regardezcela.

Il tira de sa poche intérieure une liasse delettres enveloppée dans un carré de toile cirée, en prit une, et lamit sur mon genou.

– Lisez, dit-il, en la montrant de son longdoigt maigre.

L’adresse, en gros caractères bien nets, étaitainsi conçue :

« À Joseph Clarke, marchand de cuirs àHavant. Par les mains de Maître Decimus Saxon, propriétaire pourune part du vaisseau La Providence, allant d’Amsterdam àPortsmouth ».

Elle était scellée des deux côtés d’un groscachet rouge, et consolidée en outre par une large bande desoie.

– J’en ai vingt-trois autres à remettre dansle pays, remarqua-t-il. Voilà qui indique ce que l’on pense deDecimus Saxon. J’ai dans mes mains la vie et la liberté devingt-trois personnes. Ah ! mon garçon ; ce n’est pas decette façon que sont faits les connaissements et les billets dechargement. Ce n’est point une cargaison de peaux flamandes qu’onenvoie au vieux. Dans les peaux, il y a de braves cœurs anglais, etils ont au poing des épées anglaises pour conquérir la liberté. Jerisque ma vie en portant cette lettre à votre père, et vous sonfils, vous me menacez de me livrer aux juges ! C’est honteux,honteux ! J’en rougis pour vous.

– Je ne sais pas à quoi vous faites allusionrépondis-je. Il faut parler plus clairement si vous voulez que jevous comprenne.

– Pouvons-nous nous fier à lui ? dit-ilen me montrant Ruben d’un brusque mouvement de tête.

– Comme à moi-même.

– Voilà qui est charmant ! dit-il avecune grimace qui tenait du sourire et de la raillerie. David etJonathan, ou… soyons plus classique et moins biblique, Damon etPythias, hein ? Donc ces papiers viennent des fidèles quihabitent à l’étranger, des exilés de Hollande, vousm’entendez ? Ils songent à partir et à venir rendre visite auroi Jacques, leurs épées bouclées à la ceinture. Les lettres sontadressées à ceux dont ils espèrent la sympathie, et les informentde la date et de l’endroit où ils opéreront un débarquement.Maintenant, mon cher garçon, vous reconnaîtrez que ce n’est pas moiqui suis en votre pouvoir, et qu’au contraire vous êtes si bienentre mes mains qu’un mot de moi suffit pour anéantir toute votrefamille. Mais Decimus Saxon est un homme éprouvé, et ce mot ne serajamais dit.

– Si tout cela est vrai, dis-je, et si votremission est réellement celle dont vous parlez, pourquoi nousavez-vous proposé, il n’y a qu’un instant, de gagner laFrance ?

– Voilà une question fort bien faite etpourtant la réponse est assez claire, répondit-il. Vos figures sontagréables et intelligentes, mais il ne m’était pas possible d’ylire que vous étiez réellement des Whigs, des amis de la bonnevieille cause. Vous auriez pu me conduire dans quelque endroit oùdes douaniers et d’autres auraient éprouvé le besoin de regarder deprès, de fureter, ce qui aurait fait courir des risques à mamission. Plutôt un voyage en France dans une barque non pontée quecela.

– Je vous conduirai auprès de mon père, dis-jeaprès avoir réfléchi quelques instants. Vous pourrez lui remettrevotre lettre et expliquer votre affaire. Si vous êtes de bonne foi,vous serez accueilli avec empressement, mais s’il se découvre quevous êtes un scélérat, ainsi que je le soupçonne, ne comptez suraucune pitié.

– Ah ! ce petit ! Il parle comme leLord grand chancelier d’Angleterre. Que dit doncl’ancien :

Il ne pouvait ouvrir la bouche

Qu’il n’en tombât un trope.

« Non, c’est une menace qu’il faudrait,c’est la marchandise que vous aimez le plus à débiter :

Il ne pouvait laisser passer une minute

Sans faire une menace.

« N’est-ce pas ? Waller en personnen’aurait pas trouvé de meilleure rime.

Pendant ce temps, Ruben avait manœuvrévigoureusement ses rames. Nous étions rentrés dans la baie deLangston, au milieu des eaux abritées, et nous avancionsrapidement.

Assis sur un des bancs, je tournais etretournais dans mon esprit tout ce que ce naufragé avait dit.

J’avais jeté par-dessus son épaule un coupd’œil sur les adresses de quelques lettres : Steadman, deBasingstoke ; Wintle, d’Alresford ; Fortescue, de Bognor,tous des chefs parmi les Dissenters.

Si elles étaient telles qu’il lesreprésentait, il n’exagérait nullement en disant qu’il tenait entreses mains la fortune et le sort de ces hommes.

Le gouvernement ne serait que trop heureux deposséder un motif plausible pour frapper fort sur les hommes qu’ilredoutait.

Tout bien considéré, il fallait s’avancer d’unpas prudent en cette affaire.

Je rendis donc à notre prisonnier son couteauet le traitai avec plus de déférence.

Il était presque nuit quand nous mines lebateau à sec, et il faisait très noir avant notre arrivée à Havant,et ce fut heureux car l’état de notre compagnon, ruisselant d’eau,sans bottes, sans chapeau, n’aurait pas manqué de mettre leslangues en mouvement, et peut-être aussi d’attirer la curiosité desautorités.

Mais nous ne rencontrâmes âme qui vivejusqu’au moment de notre arrivée à la porte de mon père.

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