La Machine à assassiner

La Machine à assassiner

de Gaston Leroux

Avant-propos

 « La machine à assassiner ! » quelle est cette invention nouvelle ?et le besoin s’en faisait-il réellement sentir ?

Il ne s’agit peut-être, après tout, que de cette vieille invention, sortie des mains de Dieu, aux plus beaux jours d’Éden, et qui devait s’appeler :l’Homme !

En vérité, l’Histoire, depuis ses premières empreintes aux parois des cavernes jusqu’aux plus récents rayons de nos bibliothèques, est là pour attester que l’on n’a point encore trouvé de meilleure mécanique à répandre le sang !

Vouloir faire mieux que le Créateur,c’est là le fait d’un génie diabolique, une nouvelle forme de la lutte éternelle entre le Prince des lumières et celui des ténèbres !

Le Malin se glisse où il veut !Pour ceux qui ont lu La Poupée sanglante qui est à l’origine de ce récit, il ne peut faire de doute qu’il ait élu domicile dans la boutique du vieil horloger de l’Île-Saint-Louis,ni que ce soit lui qui anime de ses maléfices le triple mystère qui, dans cet antique quartier, tout gris encore de la poussière des siècles, met aux prises, d’une part : l’inquiétante famille du vieux Norbert, lequel passe pour chercher le mouvement perpétuel, aidé de sa fille, la belle Christine, et de son neveu,le prosecteur Jacques Cotentin, – et, d’autre part : lemarquis de Coulteray, cet être éternellement jeune, qui a quaranteou deux cents ans, on ne sait au juste, et qui fait, à côté de lamarquise, sa femme (si pâle et toujours agonisante), une singulièrefigure d’empouse, – vieux mot qui, dans le langage satanique,désigne les vampires, tout simplement, – enfin, en troisièmelieu : le terrible Bénédict Masson, le relieur d’art de la ruedu Saint-Sacrement, qui vient d’être condamné à mort et exécutépour avoir brûlé dans son poêle, une demi-douzaine de jeunes etjolies femmes – au moins !

Et, à ce propos, il convient de citerici la dernière phrase du volume précédent, intitulé La Poupéesanglante. L’auteur avait traité de « sublime »l’aventure de Bénédict Masson. En quoi donc pouvait être sublimeune aventure qui conduisit son héros à une mort aussiignominieuse ? – « En ce que cette aventure, répliquaitl’auteur, ne faisait que commencer… » Voilà des lignes qui,s’appliquant à un homme qui vient d’avoir la tête tranchée,apparaissent bien étranges… Aussi n’a-t-il pas moins fallu d’unsecond volume que voici et que nous appelons : La Machineà assassiner, pour qu’elles soient expliquées d’une façonpeut-être redoutable, mais à coup sûr, normale…

… Normale, car nous avons laScience avec nous qui nous protège, nous soutient, nous encouragedans cette incursion vertigineuse aux bords du GrandAbîme…

– La Science, dites-vous ?…Tout à l’heure, vous parliez de Satan ?…Satan ?…

– Eh bien ?… eh bien ?…eh bien ?… Peut-être s’entendra-t-on un jour sur le nom qu’ilfaut donner à tout ce qui nous éloigne de la CandeurPremière…

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