Agatha Christie Le crime de l’Orient-Express

— Il me semble que oui, monsieur.

Poirot murmura quelques mots à l’oreille de M. Bouc. Celui-ci se leva et alla à la porte pour donner un ordre.

Poirot continua l’interrogatoire sur le même ton cordial.

— Avez-vous été en Amérique, Frau Schmidt ?

— Jamais, monsieur. Ce doit être un beau pays.

— On vous a sans doute appris que l’homme assassiné cette nuit était coupable d’avoir tué un enfant ?

— Oui, monsieur, je le sais. C’est un crime affreux… abominable. Le Bon Dieu ne devrait pas permettre de telles infamies. On ne voit pas de gens aussi cruels dans mon pays.

Des larmes jaillirent des yeux de cette Allemande au cœur sensible.

— En effet, ce crime est horrible, appuya Poirot d’une voix grave.

Il tira de sa poche un petit chiffon de batiste et le lui tendit.

— Ce mouchoir est-il à vous, Frau Hildegarde Schmidt ?

La femme l’examina en silence. Au bout d’une minute, elle leva la tête, le visage légèrement empourpré.

— Non, monsieur. Ce mouchoir ne m’appartient pas.

— Il est marqué d’un « H ». C’est pourquoi je pensais qu’il était à vous.

— Ah ! monsieur, ce joli mouchoir ne peut appartenir qu’à une personne riche. Il est brodé à la main, et on a dû l’acheter à Paris.

— Alors, vous ne savez pas qui est sa propriétaire ?

— Moi ? Pas du tout, monsieur.

Des trois hommes présents, seul Poirot saisit la légère hésitation d’Hildegarde Schmidt.

M. Bouc glissa quelques mots à l’oreille de Poirot.

— Les trois conducteurs des wagons-lits vont venir, annonça le détective à Frau Schmidt. Je vous prierai de me dire lequel vous avez vu cette nuit au moment où vous portiez une couverture à la princesse.

Les trois employés entrèrent, Pierre Michel en tête, puis le grand blond du sleeping Athènes-Paris et le gros gaillard de la voiture de Bucarest.

Hildegarde Schmidt les regarda tour à tour, puis hocha la tête.

— Non, monsieur. Je ne reconnais pas l’homme que j’ai vu cette nuit.

— Pourtant, ce sont les seuls conducteurs du train ! Voyons, rassemblez vos souvenirs. Vous faites certainement erreur.

— Je vous jure, monsieur, que ce n’est aucun d’eux. Tous trois sont grands et forts, alors que l’autre était un petit brun, avec un bout de moustache. Lorsqu’il s’excusa, je remarquai nettement sa voix douce, une voix de femme. Je m’en souviens parfaitement, monsieur.

XIII

RÉSUMÉ DE L’ENQUÊTE

— Un petit homme brun à la voix de femme, répéta M. Bouc.

Les trois conducteurs et Hildegarde Schmidt venaient de quitter le wagon-restaurant.

M. Bouc fit un geste de découragement.

— Je n’y comprends rien… Rien de rien ! Cet ennemi dont parlait Ratchett se trouvait donc dans le train ? Où est-il passé ? S’est-il évanoui en fumée ? J’y perds la tête ! Voyons, mon ami, parlez, dites quelque chose ! Montrez-nous que l’impossible peut devenir possible.

— Voilà une excellente phrase, dit Poirot. L’impossible ne peut se produire, donc l’impossible doit devenir possible, malgré les apparences.

— Alors, expliquez-moi vite ce qui s’est passé cette nuit dans le train.

— Je ne suis pas un sorcier, mon cher. Vous me voyez aussi perplexe que vous-même. Cette affaire avance de façon bizarre.

— Elle n’avance pas du tout. Nous piétinons sur place.

— Comment ? Ne possédons-nous pas les dépositions des voyageurs ?

— Elles ne nous apportent rien d’utile.

— Je ne partage pas votre avis.

— J’exagère peut-être. L’Américain Hardman et la femme de chambre allemande ont enrichi nos connaissances, allez-vous dire ? Eh bien, moi je prétends qu’ils ont encore compliqué l’affaire.

— Non, non et non !

— Alors, parlez, supplia M, Bouc. Nous écoutons l’Oracle !

— Ne vous ai-je pas dit, voilà un instant, que j’étais moi-même très perplexe ? Mais, du moins, nous pouvons tabler sur des faits, les examiner et les classer avec ordre et méthode.

— Je vous en prie, continuez, implora le docteur Constantine.

Poirot s’éclaircit la gorge et rangea les papiers étalés devant lui sur la table.

— Revoyons les faits comme ils se présentent en ce moment. Tout d’abord, la victime, Ratchett, alias Cassetti, frappée de douze coups de couteau, meurt cette nuit. Voilà un fait tangible.

— Je vous l’accorde, mon ami, acquiesça M. Bouc avec une certaine ironie.

Sans se démonter pour si peu, Hercule Poirot reprit :

— Je négligerai certains détails que le docteur Constantine et moi avons remarqués et sur lesquels nous reviendrons en temps voulu. La seconde question par ordre d’importance est, selon moi, l’heure du crime.

— Nous la connaissons, affirma M. Bouc. Tout s’accorde à démontrer que le crime a été commis ce matin à une heure et quart.

— Pardon. Ne précipitons rien. Il y a, je le reconnais, plusieurs choses qui viennent corroborer votre assertion.

— Ah ! vous l’admettez tout de même !

Sans tenir compte de cette interruption, Poirot continua :

— Trois hypothèses s’offrent à nous :

« 1° Le crime a été commis, comme nous le supposons, à une heure et quart. Cela est confirmé par la déposition de Mrs. Hubbard, par celle d’Hildegarde Schmidt et enfin par le témoignage du docteur Constantine ;

« 2° Le crime a été commis plus tard et les aiguilles de la montre ont été déplacées intentionnellement ;

« 3° Le crime a été commis plus tôt et l’heure modifiée à la montre comme dans l’hypothèse n°2, dans le dessein d’embrouiller l’enquête.

« Si nous admettons la première hypothèse comme la plus vraisemblable, nous devons accepter les conséquences qui en découlent. Si le meurtre a été perpétré à une heure et quart, l’assassin n’a pu quitter le train. Alors, où se trouve-t-il ? Et qui est-il ?

« Examinons sérieusement les faits. L’existence de l’individu petit et brun, à la voix féminine, nous est une première fois révélée par Hardman. Celui-ci prétend que Ratchett lui a parlé de cet homme en lui demandant protection. Mais devons-nous ajouter foi à ce que dit Hardman ? Est-il réellement un détective d’une importante agence de police new-yorkaise ?

« A mon sens, ce qui rend cette affaire des plus passionnantes est l’absence des facilités que procure d’ordinaire la police. Dans l’impossibilité où nous sommes de vérifier l’identité d’aucun des voyageurs, force nous est de déployer à tout instant notre perspicacité et notre jugement. Tout d’abord je me dis : Hardman voyage avec un faux passeport… ce qui le rend suspect. Dès que la police entrera en jeu, elle enverra un câble pour s’assurer si les explications de Hardman sur son identité sont véridiques.

— Ainsi vous le déchargez de tout soupçon ?

— Nullement. Un détective américain peut avoir ses raisons pour tuer Ratchett. Je veux dire que nous pouvons admettre comme probablement vrai le fait que Ratchett ait engagé Hardman pour le protéger. Le portrait que donne Hildegarde Schmidt de l’homme en uniforme de conducteur des wagons-lits correspond au signalement fourni par Ratchett à Hardman. La découverte du bouton par Mrs. Hubbard dans son compartiment vient confirmer ces deux dépositions. Et, je ne sais si vous l’avez remarqué, il existe d’autres témoignages à l’appui de ces déclarations.

— Lesquels ?

— Celui du colonel Arbuthnot et d’Hector MacQueen. Tous deux ont affirmé que le conducteur avait passé devant leur compartiment. Ils n’attachent aucune importance à ce détail. Or, remarquez, messieurs, que suivant la déposition du conducteur Pierre Michel lui-même, en aucune des circonstances où il a quitté son siège il ne s’est rendu à un compartiment de l’autre extrémité de la voiture où se trouvaient Arbuthnot et MacQueen.

« L’histoire du petit homme brun, à la voix de femme et vêtu d’un uniforme des wagons-lits repose donc, directement ou indirectement, sur le témoignage de quatre personnes.

— Pardon, un léger détail me chiffonne, observa le docteur Constantine. Si le récit d’Hildegarde Schmidt est exact, comment expliquer que le conducteur n’ait pas vu cette personne lorsqu’il vint répondre au coup de sonnette de Mrs. Hubbard ?

— Rien de plus facile. Quand il arriva pour répondre à Mrs. Hubbard, la femme de chambre se trouvait déjà auprès de sa maîtresse, et lorsqu’elle retourna vers son propre compartiment, le conducteur était chez Mrs. Hubbard.

M. Bouc attendait impatiemment le moment de soumettre à Poirot une question difficile.

— J’admire votre façon prudente de procéder point par point, mais vous ne touchez pas encore au but ! Puisque nous sommes tous d’accord sur l’existence du personnage, j’aimerais à savoir où il est passé ?

Poirot secoua la tête énergiquement.

— Vous mettez la charrue avant les bœufs, mon cher ! Avant de demander où est cet homme, je me pose cette autre question : « Cet homme existe-t-il ? » Si cet individu n’était qu’une invention, comme il serait aisé de le faire disparaître ! Toutefois, j’essaie d’établir qu’il existe en chair et en os.

— Et y étant parvenu, vous cherchez à savoir où il se dissimule à présent ?

— Mon cher, de deux choses l’une : ou il est dans le train, au fond d’une cachette si ingénieuse que nous ne réussirons pas à le dénicher, ou bien il possède une double personnalité : l’assassin redouté de Mr. Ratchett est un voyageur si bien déguisé que… Ratchett lui-même ne l’a pas reconnu.

— Ça, c’est une idée ! s’exclama M. Bouc, le visage radieux.

Mais bientôt ses traits s’assombrirent.

— J’y découvre malheureusement un point faible.

— La taille du quidam, se hâta de dire Poirot. C’est là votre objection, n’est-ce pas ? À part le domestique de Mr. Ratchett, les autres voyageurs sont plutôt grands et forts : l’Italien, le colonel Arbuthnot, Hector MacQueen, le comte Andrenyi. Et souvenez-vous de la « voix de femme » ; il s’agit peut-être d’une femme déguisée en homme. Vêtue d’habits masculins, une grande femme paraît petite.

— Ratchett l’aurait su…

— Qui vous dit qu’il l’ignorait ? Si cette femme s’était déjà habillée en homme pour atteindre plus facilement son but, Ratchett, craignant qu’elle n’usât du même stratagème, avait prévenu Hardman qu’un homme devait attenter à ses jours, sans omettre de spécifier « un homme avec une voix de femme ».

— C’est encore possible, dit M. Bouc. Toutefois…

— Ecoutez, mon ami, je vais vous révéler à présent certaines constatations bizarres relevées par le docteur Constantine.

Et il lui fit part des conclusions auxquelles la nature des blessures de la victime les avait amenés, lui et le docteur. M. Bouc émit un grognement d’incrédulité.

— Oh ! je vous comprends, cette fois, s’écria Poirot avec commisération. La tête vous tourne, n’est-ce pas ?

— Votre imagination vous travaille trop, mon cher Poirot.

— Evidemment. Mon hypothèse paraît absurde… irréelle ! Et pourtant, mon ami, les faits sont là.

— C’est de la pure fantaisie.

— N’est-ce pas ? Parfois, je suis tenté de me dire que je complique à souhait les choses les plus simples… Cependant…

— Deux assassins dans l’Orient-Express ! gémit M. Bouc.

Il en aurait pleuré d’indignation.

— Maintenant, pénétrons davantage dans le domaine de la fantaisie, dit Poirot gaiement. La nuit dernière, deux mystérieux personnages voyagent dans ce train : le conducteur répondant au signalement fourni par Mr. Hardman et qui a été vu par Hildegarde Schmidt, le colonel Arbuthnot et Mr. MacQueen ; puis une femme grande et mince, vêtue d’une robe de chambre rouge et qui a été vue par Pierre Michel, Miss Debenham, Mr. MacQueen, et moi-même… et, si j’ose m’exprimer ainsi, sentie par le colonel Arbuthnot ! Qui était cette femme ? Celle-là aussi a disparu comme par enchantement, aucune des voyageuses ne se reconnaît la propriétaire de ce vêtement rouge. Ne formait-elle qu’une seule et même personne avec le faux conducteur du wagon-lit ? Où sont passés ces deux personnages ? Et, accessoirement, où se trouvent à l’heure actuelle l’uniforme des wagons-lits et le peignoir rouge ?

— Ah ! voilà enfin quelque chose de sensé ! s’écria M. Bouc en se levant. Fouillons les bagages de tous les voyageurs.

Poirot quitta également son siège.

— Je vais vous faire une prédiction.

— Vous savez où se cachent ces vêtements ?

— J’en ai une vague idée.

— Nous vous écoutons.

— Vous découvrirez le peignoir rouge dans les bagages d’un homme et l’uniforme des wagons-lits dans la valise d’Hildegarde Schmidt.

— Hildegarde Schmidt ? Vous croyez donc…

— Non, ce n’est pas ce que vous supposez. Suivez-moi bien. Si Hildegarde Schmidt est coupable, l’uniforme se découvrira peut-être dans ses bagages, mais si elle est innocente, il y sera certainement.

— Mais, voyons…

M. Bouc s’interrompit.

— Quels sont ces cris ? ajouta-t-il. On dirait quelqu’un qu’on égorge.

Une femme poussait des cris perçants dans le couloir. La porte du wagon-restaurant s’ouvrit toute grande et Mrs Hubbard entra en trombe. Elle hurlait :

— Quelle horreur ! C’est affreux ! Un grand couteau dans mon sac à éponge… dans mon sac à éponge ! Un grand couteau… couvert de sang !

Et, tombant en avant, elle s’évanouit sur l’épaule de M. Bouc.

XIV

L’ARME DU CRIME

Avec plus d’énergie que de galanterie, M. Bouc déposa la dame évanouie dans le fauteuil, la tête appuyée sur la table. Le docteur Constantine appela un des serveurs qui arriva en courant.

— Soutenez-la, et dès qu’elle reprendra connaissance, faites-lui avaler un doigt de cognac, recommanda le médecin.

Et il courut rejoindre ses deux compagnons. Une vieille dame « qui tombait dans les pommes » le passionnait moins que la recherche de l’assassin.

Quoi qu’il en fût, sa méthode s’avéra d’une efficacité remarquable. Au bout de quelques minutes, Mrs. Hubbard revenait à elle et buvait à petites gorgées un verre de cognac que le serveur approchait de ses lèvres. Bientôt la dame recouvrait l’usage de la parole.

— Je ne saurais vous décrire ma frayeur. Personne dans ce train ne peut se rendre compte de ma sensibilité. J’ai toujours été très nerveuse. La vue du sang… Oh ! rien que d’y penser, je me trouve mal.

Le serveur lui offrit de nouveau le verre.

— Encore un peu, madame ?

— Vous me le conseillez ? De ma vie je n’ai bu de vin ni de liqueur. Toute ma famille appartient à une ligue antialcoolique. Toutefois, comme il s’agit ici d’un médicament…

Elle but encore un bon petit coup.

Pendant ce temps, Poirot et M. Bouc, suivis de très près par le docteur Constantine, se précipitaient vers le compartiment de Mrs. Hubbard.

Tous les voyageurs du train semblaient s’être donné rendez-vous devant la porte, Le conducteur, les traits tirés par la fatigue, les repoussait doucement.

— Il n’y a rien à voir, dit-il, et il répéta cette phrase en plusieurs langues.

— Laissez-moi passer, je vous prie.

Se frayant un chemin entre les voyageurs, le ventripotent M. Bouc, suivi de ses deux compagnons, pénétra dans le compartiment.

— Ah ! je suis heureux de vous voir arriver, monsieur, dit le conducteur avec un soupir de soulagement. Tout le monde voulait entrer. La dame américaine poussait de tels cris que je la croyais entre les griffes d’un assassin. Je me suis précipité et elle était là, seule, qui hurlait comme une démente. Elle voulait vous voir ; elle s’est sauvée en criant à tue-tête qu’elle avait trouvé un couteau.

Avec un geste de la main, il ajouta :

— Il est là, monsieur. Je n’y ai pas touché.

À la poignée de la porte donnant accès au compartiment voisin était suspendu un sac en tissu caoutchouté à carreaux blancs et noirs. Juste au-dessous, à même le parquet, à l’endroit où Mrs. Hubbard l’avait laissé échapper de sa main, on voyait un poignard à lame droite et effilée… un article de bazar, imitation de dague orientale, au manche damasquiné. Des taches rougeâtres en maculaient la lame.

Poirot le ramassa.

— Il n’y a pas d’erreur possible. Voici bien l’arme du crime. Qu’en pensez-vous, docteur ?

Le docteur Constantine examina le poignard sans oser y toucher.

— Inutile de prendre tant de précautions, docteur. On n’y découvrira pas d’autres empreintes digitales que celles de Mrs. Hubbard.

Après un moment, le docteur déclara :

— Cette arme a pu produire n’importe laquelle des blessures relevées sur le cadavre.

— Je vous en supplie, ne dites pas cela.

Le docteur parut étonné.

— Nous ne constatons déjà que trop de coïncidences dans cette affaire. Deux personnes ont décidé de tuer Mr. Ratchett hier soir. Il serait vraiment surprenant qu’elles eussent choisi des armes identiques.

— Quant à cela, la coïncidence n’est pas aussi étrange qu’on pourrait le croire. Ces simili dagues orientales sont expédiées par milliers, aux bazars de Constantinople.

— Vous me rassurez un peu… rien qu’un peu.

Poirot observa longuement la porte devant lui, puis, enlevant le sac à éponge, il saisit la poignée, La porte ne bougea pas. À trente centimètres au-dessus de la poignée se trouvait le verrou fermé. Il le tira et tenta encore d’ouvrir. La porte ne remua pas davantage.

— Nous avons poussé le verrou de l’autre côté, vous en souvenez-vous ? dit le docteur.

— En effet, fit Poirot d’un air distrait.

Le sourcil froncé, il semblait penser à autre chose.

— Cela corrobore vos premières constatations, annonça M. Bouc. L’homme s’enfuit par ce compartiment. En refermant la porte, il pose la main sur ce sac à éponge. Il lui vient à l’esprit d’y fourrer son arme sanglante. Ignorant qu’il a éveillé Mrs. Hubbard, il sort par l’autre porte dans le couloir.

— Oui, c’est bien ainsi que les choses ont dû se passer.

Cependant Poirot gardait un air perplexe.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda M. Bouc. Vous ne paraissez pas convaincu.

Poirot lui lança un rapide coup d’œil.

— Rien ne vous choqué ici ? Non, bien sûr… c’est un mince détail.

Le conducteur avança la tête dans le couloir.

— Voici la dame américaine qui revient.

Le docteur Constantine parut un peu embarrassé. Il avait traité Mrs. Hubbard de façon plutôt cavalière. Pourtant elle ne lui adressa aucun reproche. Son énergie mentale se concentrait sur un autre sujet.

— Je vais tout de suite vous dire que je ne reste pas une minute de plus dans ce compartiment ! déclara-t-elle. Vous m’offririez un million de dollars que je n’y dormirais pas cette nuit.

— Voyons, madame…

— Je sais d’avance ce que vous allez me raconter, mais je vous préviens que je ne vous écouterai pas. Je préférerais passer la nuit dans le couloir.

Elle se mit à pleurer.

— Ah ! si ma fille me voyait en ce moment, si elle…

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