Là-bas

Chapitre 15

 

Le souvenir de ces abominables magistères lui trotta par latête, le lendemain, et, tout en fumant des cigarettes au coin deson feu, Durtal songea à la lutte de Docre et de Johannès, à cesdeux prêtres se battant sur le dos de Gévingey, à coupsd’incantations et d’exorcismes.

Dans la symbolique chrétienne, se dit-il, le poisson est une desformes figurées du Christ; c’est sans doute à cause de cela et afind’aggraver ses sacrilèges, que le chanoine bourre des poissonsd’hosties pleines. Ce serait alors le système retourné dessorcières du Moyen Age qui choisissaient, au contraire, une bêteimmonde, vouée au diable, le crapaud, par exemple, pour lui donnerle corps du sauveur à digérer.

Maintenant qu’y a-t-il de vrai dans cette prétendue puissancedont les chimistes déicides disposent? Quelle foi ajouter à cesévocations de larves tuant, sur un ordre, une personne désignée,avec des huiles corrosives et des sangs vireux? Tout cela semblebien improbable, voire même un peu fol!

Et pourtant! quand on y réfléchit, ne retrouve-t-on pas,aujourd’hui inexpliqués et se survivant sous d’autres noms, lesmystères que l’on attribua si longtemps à la crédulité du MoyenAge? A l’hôpital de la Charité, le Dr Luys transfère d’une femmehypnotisée à une autre des maladies. En quoi cela est-il moinssurprenant que les sorts jetés par des magiciens ou des bergers?Une larve, un esprit volant, n’est pas, en somme, plusextraordinaire qu’un microbe venu de loin et qui vous empoisonne,sans qu’on s’en doute; l’atmosphère peut, tout aussi bien charrierdes esprits que des bacilles. Il est bien certain qu’elle véhiculesans les altérer, des émanations, des effluences, l’électricité parexemple, ou les fluides d’un magnétiseur qui envoie à un sujetéloigné, l’ordre de traverser tout Paris pour le rejoindre. Lascience n’en est même plus à contester ces phénomènes. D’un autrecôté, le Dr Brown-Séquard rajeunit des vieillards infirmes, ranimedes impuissants avec des injections de parties distillées de lapinset de cobayes. Qui sait si ces élixirs de longue vie, si cesphiltres amoureux que les sorcières vendaient aux gens épuisés ouatteints de ligature, n’étaient pas composés de substancessimilaires ou analogues? On n’ignore point que la semence del’homme entrait presque toujours, au Moyen Age, dans la confectionde ces mixtures. Or, le Dr Brown-Séquard, après des expériencesréitérées, n’a-t-il pas récemment démontré les vertus de cettematière enlevée à un homme et instillée à un autre?

Enfin, les apparitions, les dédoublements de corps, lesbilocations, pour parler ainsi que les spirites, n’ont pas cesséd’exister depuis l’antiquité qu’ils terrifièrent. Il est, malgrétout, difficile d’admettre que les expériences poursuivies pendanttrois années et devant témoins, par le Dr Crookes soientmensongères. Et alors, s’il a pu photographier de visibles et detangibles spectres, nous devons reconnaître la véracité desthaumaturges du Moyen Age. Tout cela demeure évidemment incroyable;- comme était incroyable, il y a seulement dix ans, l’hypnose, lapossession de l’âme d’un être par un autre qui le voue aucrime!

Nous balbutions dans des ténèbres, cela est sûr. Et puis desHermies le remarquait justement, il importe moins de savoir si lessacrilèges pharmaceutiques des cercles démoniaques sont puissantsou débiles, que de constater ce fait indéniable, absolu: il existeà notre époque des agences sataniques et des prêtres déchus qui lespréparent.

Ah! s’il y avait moyen de joindre de chanoine Docre, des’insinuer en sa confiance, peut-être finirait-on par voir un peuclair, dans ces questions. Au reste, il n’y a d’intéressants àconnaître que les saints, les scélérats et les fous; ce sont lesseuls dont la conversation puisse valoir. Les personnes de bon senssont forcément nulles puisqu’elles rabâchent l’éternelle antiennede l’ennuyeuse vie; elles sont la foule, et elles m’embêtent! Oui,mais comment approcher de ce monstrueux prêtre? – Et, tout entisonnant le feu, Durtal se dit: par Chantelouve, s’il le voulait,mais il ne le veut pas. Reste sa femme qui a dû le fréquenter. Ilfaut que je l’interroge, celle-là, que je sache si elle correspondavec lui, si elle le voit encore.

Cette entrée de Mme Chantelouve dans ses réflexions l’assombrit.Il tira sa montre et murmura: quelle scie, tout de même! Elle vavenir et il va encore falloir… s’il y avait seulement possibilitéde la convaincre de l’inutilité des soubresauts charnels! En toutcas, elle ne doit pas être satisfaite, car à sa lettre frénétiquesollicitant un rendez-vous, j’ai répondu, après trois jours, par unpetit mot sec, l’invitant à venir, ici, ce soir. J’ai manqué delyrisme, trop, peut-être!

Il se leva, s’en fut vérifier dans sa chambre à coucher si lefeu flambait, et il retourna s’asseoir, sans même arranger, commeles autres fois, sa chambre. Maintenant qu’il ne tenait plus àcette femme, toute galanterie fuyait, tout gêne. Il l’attendaitsans impatience, les pieds dans ses pantoufles.

En somme, se disait-il, je n’ai eu avec Hyacinthe de bon que lebaiser échangé, près de son mari, chez elle. Je ne retrouveraicertainement plus la senteur de sa bouche et sa flamme! Ici, legoût de ses lèvres est fade.

Mme Chantelouve sonna plus tôt que d’habitude.

– Eh bien, fit-elle, en s’asseyant, vous m’avez écrit une jolielettre!

– Comment cela?

– Allons, avouez-le sincèrement, mon ami, vous avez assez demoi!

Il se récria, mais elle hochait la tête.

– Voyons, reprit-il, que me reprochez-vous? de vous avoir envoyéun billet bref? Mais j’avais quelqu’un ici, j’étais pressé, jen’avais pas le temps d’assembler des phrases! – De ne pas vousavoir désigné un rendez-vous plus proche? Mais je ne le pouvais! Jevous l’ai dit, notre liaison exige des précautions et elle ne peutêtre fréquente; je vous en ai laissé entendre clairement lesmotifs, je pense…

– Je suis si sotte que je ne les ai probablement pas compris,ces motifs; vous m’avez parlé de raisons de famille, je crois…

– Oui.

– C’est un peu vague!

– Je ne puis cependant mettre les points sur les i, vous direque…

Il s’arrêta, se demandant si l’occasion n’était pas venue derompre, sans plus tarder, avec elle; mais il songea auxrenseignements qu’elle devait posséder sur le chanoine Docre.

– De quoi? allons, dites.

Il secoua la tête, hésitant, non à lâcher un mensonge, mais uneinsolence ou une vilenie.

– Soit, reprit-il, puisque vous m’y forcez, je vous avouerai,bien qu’il m’en coûte, que j’ai une maîtresse depuis des années;j’ajoute tout de suite que nos relations sont maintenant purementamicales…

– Très bien, fit-elle, en l’interrompant, vos raisons de familles’expliquent.

– Et puis, poursuivit-il d’une voix plus basse, si vous désireztout savoir, eh bien, j’ai un enfant avec elle!

– Vous avez un enfant! … ô mon pauvre ami.

Elle se leva. – Je n’ai plus qu’à me retirer. Adieu, vous ne mereverrez plus.

Mais il lui saisit les mains et, satisfait tout à la fois de sonmensonge et honteux de sa brutalité, il la supplia de resterencore.

Elle refusait. Alors il l’attira à lui, l’embrassa sur lescheveux, la cajola. Elle plongea dans ses yeux ses prunellestroubles.

– Ah! viens, dit-elle; – non, laisse-moi me déshabiller!

– Mais non, à la fin!

– Si!

– Bon, voilà la scène de l’autre soir qui recommence,murmura-t-il en s’affaissant, accablé, sur une chaise. Il sesentait terrassé par une tristesse indicible, accablé d’ennui.

Il se déshabilla près du feu, se chauffa, attendant qu’elle futcouchée. Une fois dans le lit, elle l’enroula de ses membressouples et froids.

– Alors, c’est bien vrai, je ne viendrai plus?

Il ne répondait rien, comprenant qu’elle ne voulait pas du touts’en aller, appréhendant d’avoir décidément affaire à uncrampon.

– Dis?

Il s’enfouit la tête dans sa gorge qu’il embrassa, pour sedispenser de répondre.

– Dis-moi cela dans mes lèvres!

Il l’éperonna furieusement pour la faire taire; et il demeuradésabusé, las, heureux que ce fût fini. Quand ils se furentrecouchés, elle lui entoura le cou d’un bras et lui vrilla labouche; mais il se souciait peu de ses caresses, restait triste etfaible. Alors elle se courba, l’atteignit, – et il poussa desgémissements.

– Ah! s’exclama-t-elle, tout à coup, en se redressant, jet’entends donc enfin crier!

Il gisait, esquinté, fourbu, incapable de réunir deux idées danssa cervelle qui lui semblait battre, décollée, sous la peau ducrâne.

Il se recolligea pourtant, se mit debout et, pour la laissers’habiller, il s’en fut dans son cabinet où il se vêtit.

Au travers de la portière tirée séparant les deux pièces, ilapercevait le trou de lumière percé par la bougie, placée derrièrele rideau, sur la cheminée en face.

Hyacinthe, en passant et repassant, éteignait ou allumait laflamme de cette bougie.

– Ah! fit-elle, mon pauvre ami, vous avez un enfant!

– Tiens, ça a porté, se dit-il. – Oui, une petite fille.

– Et quel âge a-t-elle?

– Elle va avoir six ans; – et il la dépeignit, une blondine trèsintelligente, vive, mais de santé fragile, elle exigeait demultiples précautions, de constants soins.

– Vous devez avoir des soirs bien douloureux, reprit-elle, d’unevoix émue, derrière le rideau.

– Oh oui! pensez donc, si demain je mourais, que deviendraientces malheureuses?

Il s’emballa, finit par croire à l’existence de l’enfant,s’attendrit sur la mère et sur elle; sa voix trembla; des larmeslui vinrent presque aux yeux.

– Il n’est pas heureux, mon ami, dit-elle en soulevant laportière et en rentrant habillée, dans la pièce. C’est donc pourcela que même lorsqu’il sourit, il a l’air si triste!

Il la regardait; à coup sûr, à ce moment, son affection ne ledupait pas; elle tenait vraiment à lui, pourquoi fallait-il qu’elleéprouvât ces rages de luxure; on aurait peut-être pu sans celarester camarades, pécher modérément ensemble, s’aimer mieux quedans la voirie des chairs; mais non, cela n’est pas possible,conclut-il, voyant ces yeux sulfureux, cette bouche spoliatrice,terrible.

Elle était assise près de son bureau et jouait avec unporte-plume.

– Vous étiez en train de travailler quand je suis venue? Où enêtes-vous sur Gilles de Rais?

– Il avance, mais je suis retardé; pour bien faire le satanismeau Moyen Age, il faudrait se mettre dans ce milieu, s’en fabriquerau moins un, en connaissant les affidés du diabolisme qui nouscerne; – car l’état d’âme est en somme identique, et si lesopérations diffèrent, le but est le même. Et, la fixant bien enface, jugeant que l’histoire de l’enfant l’avait amollie, il mittoute voile dehors et l’aborda.

– Ah! si votre mari voulait se dessaisir des renseignementsqu’il possède sur le chanoine Docre!

Elle demeura immobile mais ses yeux s’enfumèrent. Elle nerépondit pas.

– Il est vrai, que Chantelouve qui se doute de notreliaison…

Elle l’interrompit. – Mon mari n’a rien à voir dans les rapportsqui peuvent exister entre vous et moi; il souffre évidemmentlorsque je sors, ainsi que ce soir, car il sait où je vais; mais jen’admets aucun droit de contrôle, ni de sa part, ni de la mienne.Il est comme moi libre d’aller où bon lui semble. Je dois tenir samaison, veiller à ses intérêts, le soigner, l’aimer en dévouéecompagne, cela je le fais et de grand coeur. Quant à s’occuper demes actes, cela n’est pas son affaire, pas plus à lui, du reste,qu’à tout autre…

Elle dit cela d’un ton décidé, d’une voix nette.

– Diable! fit Durtal, vous restreignez singulièrement le rôled’un mari, dans un ménage.

– Je sais que ces idées ne sont pas celles du monde où je vis,et elles ne paraissent pas non plus être les vôtres; elles furentd’ailleurs, pendant mon premier mariage, une cause de malheurs etde troubles; – mais j’ai une volonté de fer, et je ploie ceux quim’aiment. Avec cela, je hais le mensonge; aussi, quand aprèsquelques années de ménage, je fus éprise d’une personne, je l’aidit très franchement à mon mari et je lui ai avoué ma faute.

– Oserai-je vous demander comment il reçut cette confidence?

– Il eut un tel chagrin qu’en une nuit ses cheveux blanchirent;il ne put jamais accepter ce qu’il appelait, à tort, selon moi, unetrahison et il se tua.

– Ah! fit Durtal, interloqué par l’allure placide et résolue decette femme. – Mais s’il vous avait tout d’abord étranglée?

Elle haussa les épaules, enleva un poil de chat qui s’était fixésur sa robe.

– De sorte que, reprit-il, après un silence, maintenant vousêtes à peu près libre, votre second mari tolère…

– Laissons là, s’il vous plaît, mon second mari; c’est un hommeexcellent qui mériterait d’avoir une meilleure femme. Je n’aiabsolument qu’à me louer de Chantelouve et je l’aime autant qu’ilm’est permis; et puis, parlons d’autre chose, car j’ai suffisammentde tracas à se sujet avec mon confesseur qui m’interdit dem’approcher de la Sainte-Table.

Il la contemplait, voyait encore une nouvelle Hyacinthe, unefemme pertinace et dure qu’il ignorait. Pas un accent ému, rien,pendant qu’elle racontait le suicide de son premier mari; elle neparaissait même pas se douter qu’elle avait à se reprocher uncrime. Elle demeurait impitoyable, et pourtant, tout à l’heure,alors qu’elle le plaignait, lui, Durtal, à cause de son illusoirepaternité, il l’avait sentie tressaillir. Après tout, c’estpeut-être bien une comédie qu’elle jouait; – comme lui, alors!

Il restait étonné de la tournure qu’avait prise cetteconversation; il chercha un joint pour en revenir à ce point dedépart d’où Hyacinthe l’avait écarté, au satanisme du chanoineDocre.

– Enfin, ne pensons plus à cela, dit-elle en s’approchant. Ellesouriait, redevenait la femme qu’il avait connue.

– Mais, si vous ne pouvez plus communier à cause de moi…

Elle l’interrompit. – Vous plaindrez-vous de n’être pas aimé? -et elle l’embrassa sur les yeux.

Il la serra poliment dans ses bras, mais il la trouvafrémissante et, par prudence, il s’écarta.

– Il est donc bien inexorable, votre confesseur?

– C’est un homme incorruptible, des anciens temps. Je l’ai, dureste, choisi exprès.

– Si j’étais femme, il me semble que j’en prendrais un, aucontraire, qui serait câlin et souple, qui n’écartèlerait pas avecde gros doigts les petits paquets de mes péchés. Je le voudraisindulgent, huilant le ressort des aveux, amorçant avec des gestestout doux les méfaits qui rentrent. Il est vrai que l’on risquealors de s’amouracher d’un confesseur qui est peut-être, lui-même,sans défense, et…

– Et c’est l’inceste, car le prêtre est un père spirituel, etc’est aussi le sacrilège, car le prêtre est consacré. Oh! J’ai étéfolle de tout cela! fit-elle, subitement exaltée, se parlant àelle-même.

Il l’observa. Des étincelles filaient dans ses extraordinairesyeux de myope. Il venait évidemment, sans s’en douter, de lafrapper en plein vice.

– Voyons, et il sourit, – me trompez-vous toujours avec un fauxmoi-même?

– Je ne comprends pas.

– Oui, recevez-vous, la nuit, la visite de l’incube qui meressemble?

– Non, puisque je vous possède en chair et en os, je n’ai nulbesoin d’évoquer votre image.

– Savez-vous que vous êtes une jolie satanique?

– Cela se peut, j’ai tant fréquenté de prêtres!

– Vous allez bien! Répondit-il en s’inclinant; mais,écoutez-moi, et rendez-moi service, ma chère Hyacinthe, en merépondant. Vous connaissez le chanoine Docre?

– Eh bien oui!

– Mais enfin, quel est cet homme, dont j’entends constammentparler?

– Par qui?

– Par Gévingey et des Hermies.

– Ah! vous fréquentez l’astrologue. Oui, celui-là s’est jadisrencontré, dans mon salon même, avec Docre, mais j’ignorais que lechanoine eût des relations avec des Hermies qui ne venait pas dansce temps-là chez moi.

– Il n’en a aucune. Des Hermies ne l’a jamais vu; il n’a, luiaussi, entendu que les racontars de Gévingey; en somme, qu’y a-t-ilde vrai dans tous les sacrilèges dont on accuse ce prêtre?

– Je l’ignore. Docre est un galant homme, savant, et bien élevé.Il a même été confesseur d’une altesse royale et il seraitcertainement évêque, s’il n’avait pas quitté le sacerdoce. J’aientendu dire bien du mal de lui, mais, dans le monde cléricalsurtout, l’on dit tant de choses!

– Mais enfin, vous l’avez personnellement connu!

– Oui, je l’ai même eu pour confesseur.

– Alors, il n’est pas possible que vous ne sachiez à quoi vousen tenir sur son compte?

– C’est en effet, présumable. Enfin, voici des heures que voustournez autour du pot; que voulez-vous apprendre, au juste?

– Mais tout ce que vous voudrez bien me confier; est-il jeune,beau ou laid, pauvre ou riche?

– Il a quarante ans, il est bien de sa personne et il dépensebeaucoup d’argent.

– Croyez-vous qu’il se livre aux envoûtements, qu’il célèbre laMesse Noire?

– C’est fort possible.

– Pardonnez-moi de vous forcer ainsi dans vos retranchements, devous arracher de même qu’avec un davier les mots; puis-je même êtretout à fait indiscret? … cette faculté de l’incubat…

– Parfaitement; c’est de lui que je la tiens; j’espère que vousêtes satisfait maintenant.

– Ooui et non. Je vous remercie de votre bonne grâce à merépondre, – je sens que j’abuse, – une dernière question pourtant.Ne connaîtriez-vous pas un moyen qui me permettrait de voir enpersonne le chanoine Docre?

– Il est à Nîmes.

– Pardon, il est à Paris, pour l’instant.

– Ah! vous savez cela! Eh bien, si je connaissais ce moyen, jene vous l’indiquerais pas, soyez-en sûr. Il ne vous serait pas bonde fréquenter ce prêtre!

– Vous avouez donc qu’il est dangereux?

– Je n’avoue, ni ne nie; je dis simplement que vous n’avez rienà faire avec ce prêtre!

– Mais si; j’ai des renseignements à lui demander pour mon livresur le Satanisme.

– Vous vous les procurerez d’une autre manière. D’ailleurs,reprit-elle, en mettant son chapeau devant une glace, mon mari arompu toute relation avec cet homme qui l’effraye; il ne vient doncplus comme autrefois chez nous.

– Ce ne serait pas une raison pour…

– Pour quoi? dit-elle, en se retournant.

– Pour… rien. – Il retint cette réflexion: mais pour que vous nele fréquentiez point.

Elle n’insista pas; elle se tapotait les cheveux sous savoilette. – Mon Dieu, comme je suis faite! – il lui prit les mainset les embrassa. – Quand vous verrai-je?

– Je ne croyais plus venir.

– Allons, vous savez bien que je vous aime ainsi qu’une bonneamie, dites, quand viendrez-vous?

– Après-demain, à moins que cela vous dérange.

– Du tout!

– Alors, au revoir. Ils se baisèrent sur la bouche.

– Et surtout ne rêvez pas au chanoine Docre, fit-elle, en lemenaçant du doigt, au moment où elle partit.

– Que le diable t’emporte, avec tes réticences! Se dit-il, enrefermant la porte.

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