Scène II
Dorimant,Lysandre
Dorimant
Eh quoi ! pour m’avoir vu, vous changezde dessein ?
Ne craignez point pour moi d’entrer chezHippolyte ;
Vous ne m’apprendrez rien en lui faisantvisite ;
Mes yeux, mes propres yeux n’ont que tropdécouvert
Comme un ami si rare auprès d’elle mesert.
Lysandre
Parlez plus franchement : ma rencontreimportune
Auprès d’un autre objet trouble votrefortune ;
Et vous montrez assez, par ces faiblesdétours,
Qu’un témoin comme moi déplaît à vosamours ;
Vous voulez seul à seul cajolerCélidée ;
La querelle entre nous sera bientôtvidée :
Ma mort vous donnera chez elle un libreaccès.
Ou ma juste vengeance un funeste succès.
Dorimant
Qu’est-ce-ci, déloyal ? quelle fourbe estla vôtre ?
Vous m’en disputez une, afin d’acquérirl’autre !
Après ce que chacun a vu de votre feu,
C’est une lâcheté d’en faire un désaveu.
Lysandre
Je ne me connais point à combattred’injures.
Dorimant
Aussi veux-je punir autrement tesparjures :
Le ciel, le juste ciel, ennemi desingrats,
Qui pour ton châtiment a destiné mon bras,
T’apprendra qu’à moi seul Hippolyte estgardée.
Lysandre
Garde ton Hippolyte.
Dorimant
Et toi, ta Célidée.
Lysandre
Voilà faire le fin, de crainte d’uncombat.
Dorimant
Tu m’imputes la crainte, et ton cœur s’enabat !
Lysandre
Laissons à part les noms ; disputons lamaîtresse,
Et pour qui que ce soit, montre ici tonadresse.
Dorimant
C’est comme je l’entends.