Scène XIII
La Lingère,Florice, leMercier, le Libraire,Cléante
La Lingère
De tout loin je vous ai reconnue.
Florice
Vous vous doutez donc bien pourquoi je suisvenue ?
Les avez-vous reçus, ces points-coupésnouveaux ?
La Lingère
Ils viennent d’arriver.
Florice
Voyons donc les plus beaux.
LeMercier, à Cléante quipasse.
Ne vous vendrai-je rien, monsieur ? desbas de soie,
Des gants en broderie, ou quelque petiteoie ?
Cléante, aulibraire.
Ces livres que mon maître avait fait mettre àpart,
Les avez-vous encor ?
LeLibraire, empaquetant seslivres.
Ah ! que vous venez tard !
Encore un peu, ma foi, je m’en allais lesvendre.
Trois jours sans revenir ! je m’ennuyaisd’attendre.
Cléante
Je l’avais oublié. Le prix ?
Le Libraire
Chacun le sait ;
Autant de quarts d’écu, c’est un marché toutfait.
LaLingère, à Florice.
Eh bien, qu’en dites-vous ?
Florice
J’en suis toute ravie,
Et n’ai rien encor vu de pareil en ma vie.
Vous aurez notre argent, si l’on croit monrapport.
Que celui-ci me semble et délicat etfort !
Que cet autre me plaît ! que j’en aimel’ouvrage !
Montrez-m’en cependant quelqu’un à monusage.
La Lingère
Voici de quoi vous faire un assez beaucollet.
Florice
Je pense, en vérité, qu’il ne serait paslaid ;
Que me coûtera-t-il ?
La Lingère
Allez, faites-moi vendre,
Et pour l’amour de vous, je n’en voudrai rienprendre,
Mais avisez alors à me récompenser.
Florice
L’offre n’est pas mauvaise, et vaut bien ypenser.
Vous me verrez demain avecque mamaîtresse.